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sur 282 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Me voici, après la lecture du dernier roman d'Anna Hope, bien décontenancée.

Voilà un projet de roman intéressant : une unité de lieu (un rocher quasi magique) et des scènes liées à plusieurs époques dans ce même endroit. Mais …

On commence par le portrait d'une écrivaine, qui semble bien être le reflet de l'autrice elle-même. Et elle est mauvais point cette écrivaine : dotée d'une fille à qui elle passe tout (comme regarder des dessins animés sur le téléphone portable de sa Maman, mais qui ne l'a pas fait ?) et en passe de ne plus être dotée de compagnon (il semble que celui-ci prenne la tangente à l'issue de leur voyage) la voilà embarquée pour une destination improbable au Mexique, en bus, afin d'honorer une promesse faite à un chaman de suivre un rite ancestral afin de le remercier de son intervention spirituelle qui lui a permis de tomber enceinte alors qu'elle s'épuisait en tentatives vaines jusque-là.

Bon.

Mais cette femme est anglaise, elle a sa famille en Angleterre, et elle attend d'avoir du réseau pour avoir des nouvelles d'Europe. Il faut dire qu'on entend dire qu'un méchant virus sévit là-bas, et qu'il semble qu'on ne puisse plus trouver à manger dans les supermarchés.

A peine s'est-on intéressés à cette femme et à tous ses soucis, qu'on passe à la page 63 à une autre histoire. Celle d'un chanteur qui, en 1969, a fui les paparazzi et la foule qui le traque pour débarquer dans cette île au bout du monde. Et oui, vous l'avez compris : il (on découvre assez facilement qu'il s'agit de Jim Morrison) a entendu parler du fameux rocher blanc, et mise sur ce voyage improvisé pour tourner une page et préparer un nouveau départ. Mais …

Et puis on plonge page 97 dans l'histoire sans doute la plus touchante.
Nous sommes en 1907, la fille s'appelle Maria -Luisa et nous suivons la trace de cette fillette yoeme arrachée à sa terre qui s'accroche à sa soeur, mais aussi à tout ce qui la rattache à son origine et à sa culture. Il faut dire que cette tranche de l'histoire est détestable : la période de 1907 a connu il s'agit d'une atroce déportation où le peuple Yoeme s'est retrouvé vendu comme esclave dans des plantations du Yucatan avec de nombreux morts en conséquence, avec pour objectif alors de « faire de la place » aux américains.

S'il est indispensable de remettre cette période historique en visibilité pour rappeler l'horreur de la situation, Anne Hope nous la fait revivre au travers du personnage de Maria-Luisa, habitée par le personnage de sa grand-mère, et entourée de fantômes qui vont la guider dans son parcours lorsqu'elle arrive près du Rocher blanc.

Et puis on part encore en arrière, avec une histoire qui se situe en 1775 : là, 4 marins formés à la lecture de cartes marines, s'apprête à partir cartographier une partie de l'Amérique du Nord encore méconnue à cette époque. Entre eux règne un mélange de solidarité et de compétition, mais le départ va être source d'aventures imprévues au pied du Rocher blanc.

Je comprends le projet d'Anna Hope : partir d'un lieu unique, et retracé les évènements phares dans l'histoire qui ont pu s'y dérouler.
Mais je suis désolée, je n'ai pas adhéré aux différentes histoires qui nous sont comptées.

L'histoire du chanteur en compagnie de ce gamin des rues qui l'emmène chercher son alcool et sa drogue s'étire en longueur et n'en finit plus. A l'inverse on aimerait en savoir plus sur les marins et sur leurs rêves de carte marine. Ou bien encore lire un documentaire sur cette population Yoeme décimée.

Mais c'est l'écrivaine qui pose le plus de problèmes. Tout semble fichu : le couple, la famille, le virus qui advient, et même le rite en compagnie de ce chaman local semble une mascarade, un alibi pour ne pas reconnaître que tout est foutu. Il paraît – selon la Quatrième de Couverture – qu'elle réfléchit à la course du monde, et à l'écriture de son prochain roman. Je crois surtout qu'elle cherche désespérément un sujet pour son roman et qu'elle ne parvient pas à écrire.

J'avais été déjà mal à l'aise après la lecture de « Salle de bal », et je dois dire que ce « Rocher blanc » m'a bien déconcertée. Malgré les critiques louangeuses de plusieurs de mes amis Babeliotes, je reste sur ma faim, contemplant un rocher particulier face à une mer dans laquelle je n'aurais pas plongée.

Le rendez-vous avec le rocher blanc est un rendez-vous raté pour moi – dommage.
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J'ai découvert cette auteure grâce à Netgalley et Lizzie, qui propose toujours des romans intéressants. Celui-ci a quatre narrateurs pour les quatre personnages de l'histoire, j'apprécie beaucoup cette manière de faire, ainsi on identifie chacun à une voix différente. Je suis sûre que la forme audio m'a permis de mieux profiter de ce texte qui m'aurait moins plu en version texte.

Il s'agit d'un roman choral qui nous emmène au sud du Mexique là où se dresse un rocher blanc dont les Indiens pensent qu'il est l'origine du monde. Les quatre récits sont séparés par de nombreuses années et se divisent tous en deux parties, d'abord on parcourt le temps à reculons de 2020 au dix-septième siècle, puis dans l'ordre chronologique. Je trouve la forme originale, elle me rappelle la trilogie que Max Gallo a consacrée à la ville de Nice, une des lectures que j'avais beaucoup aimé dans mon adolescence. Ici nous allons découvrir quatre récits qui ont pour centre ce rocher et sa région. Les narrateurs n'ont pas de nom, contrairement aux autres personnages de leurs histoires, encore un point de vue original, même si le chanteur est assez facile à reconnaître.

Il y a d'abord L'écrivaine, une Anglaise qui voyage au Mexique pour faire des recherches sur la médecine traditionnelle. Elle se rend au rocher avec son mari et sa fille de trois ans ainsi que d'autres passagers dans un minibus. Elle ne pouvait pas avoir d'enfant, mais elle est tombée enceinte après une cérémonie chamanique et revient remercier les dieux ou l'univers selon un rite indien. On est en 2020, juste au début de l'épidémie de Covid, au moment où les frontières se ferment.

En 1969 un chanteur américain alcoolique, drogué et en conflit avec son groupe s'enfuit au Mexique, il se rend dans un hôtel plutôt luxueux situé près du fameux rocher, il y connaîtra une remise en question. On reconnaît facilement Jim Morrison, mais la suite de son histoire prouve qu'il n'a pas vraiment changé ses mauvaises habitudes. Il est déprimé et ne supporte plus la pression médiatique.

Le troisième personnage s'appelle La fille, c'est une jeune Indienne déportée en 1907 avec de nombreuses autres personnes. L'Etat mexicain parle d'assimiler les Indiens, mais vise plutôt leur extermination. On les force à quitter leurs terres ancestrales pour les vendre comme esclaves dans les plantations du Yucatan. Son histoire et celle de sa soeur Maria Luisa m'a bouleversée. Je ne savais rien de ce génocide.

Le dernier narrateur est le lieutenant, un jeune noble mal aimé que son père oblige à devenir marin. Il sera le premier à cartographier la baie de San Francisco, mais avant ce haut fait il connaîtra un long et dur apprentissage. Il se verra obligé de trahir son meilleur ami qui a pris conscience des horreurs de la colonisation, contrairement à lui. Il est inspiré d'un personnage historique dont on ne sait pas grand chose.

J'ai trouvé ce roman d'une qualité inégale. Les deux parties modernes sont bien moins intéressantes. Par contre les deux parties historiques le sont beaucoup plus. Je ne connaissais pas le génocide dont ont été victimes les Yoemés. On voit que les mêmes mécanismes sont à l'oeuvre à travers le temps pour détruire les plus faibles. On peut dire que la tragédie de ce peuple commence avec la colonisation espagnole. Les Conquistadors n'avaient aucune conscience de la valeur des autres civilisations qu'ils ont détruite sans scrupule. Miguel, l'ami du lieutenant est le premier à prendre conscience de cette horreur, mais les autres dirigeants de la flotte ne peuvent l'entendre, il le considère comme fou et sont prêts à l'exécuter. Malgré leur amitié, le narrateur n'essaie pas de le sauver, l'idéologie dominante est la plus forte et la vie des Indiens n'a aucune valeur pour lui, il n'a pas hésité à tuer un enfant pour l'exemple. J'ai beaucoup aimé ces réflexions sur la colonisation et leurs conséquences tragiques. Les thèmes évoqués dans les deux récits les plus récents ont moins de profondeur. le chanteur en perdition et défoncé en permanence ne m'inspire guère de compassion. Il est certes victime de son succès mais ne se remet ps en question. Il rêve d'autre chose sans s'en donner les moyens, puisqu'il mourra d'une overdose deux ans plus tard. L'écrivaine et son côté New Age ne m'inspire pas non plus, son couple est sur le point de se séparer et ses réflexions sur l'écologie et la fin de la civilisation restent très superficielles. Les deux personnages les plus marquants sont Miguel et la jeune Indienne qui sauront se montrer solidaires.

J'ai un avis mitigé sur ce livre dont la forme est originale mais dont le contenu ne me plaît qu'à moitié. toutefois sous forme audio il passe très bien, mais je pense que dans un autre format j'aurais trouvé les deux parties modernes bien trop longues et peu intéressantes.

#LeRocherblanc #NetGalleyfrance !

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Un lieu, 4 siècles d'Histoire. Un rocher auquel la tribu des Wixarikas attribue l'origine du monde. Dans un minibus, aux confins du Mexique, une dizaine d'individus se rend sur place, avec pour offrandes bougies et calebasses. Parmi eux, une écrivaine partant à la recherche de l'inspiration pour son prochain roman, tout en prenant soin de sa fille et en voyant son mariage se désintégrer. Autour de ce rocher se sont déroulées d'autres histoires qui pourraient bien l'inspirer.
Anna Hope nous dépose un roman vertigineux de poésie, dans lequel récit et dialogues se mêlent avec la plus grande virtuosité. L'autrice fait fi de la ponctuation, inventant ses propres règles pour un voyage artistique novateur. Dense au premier abord, le lecteur se laisse pourtant embarquer dans cette expérience littéraire inédite. En tous cas pour moi !
Ce récit pyramidal a pour clé de voûte le Rocher lui-même. le chapitre médian lui est consacré : « C'est le lieu où pour la première fois, l'informe s'est épris de la forme. »
Autour de cette unité de lieu, 4 siècles d'Histoire et d'histoires nous sont contés. Quatre personnages, leur approche de ce rocher et ses conséquences : l'écrivaine, le chanteur rappelant Jim Morrison sans jamais le nommer, les soeurs Yoeme et le lieutenant. Débutant en 2020 au début de la pandémie de coronavirus pour remonter chronologiquement jusqu'en 1775, Anna Hope dépeint quatre destins puissants liés au rocher, quatre épisodes qui verront leur intrigue résolue dans un mouvement inverse de 1775 à 2020, comme si le rocher touchait à ce point au sacré qu'il apportait à tous paix et harmonie.
L'héroïne de 2020 fait inévitablement penser à l'autrice, qui ne cache d'ailleurs pas son voyage sur place. Cette mise en abyme du travail d'écriture se couple d'une recherche plus profonde, sur le sens de la vie même, nos actes aux conséquences parfois catastrophiques. Mais point d'atermoiement. On pourrait même le qualifier d'écologiste, tant il est actif dans sa volonté de re-créer un lien fort, presque ésotérique entre la Terre et les hommes.
Un texte intense, talentueux mais exigeant.
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C'est le premier roman que je lis de cette auteure et c'est un abandon aux 3/4 de la lecture. Des histoires différentes à des époques différentes et toutes autour d'un même rocher, je trouvais l'idée pas mal. Aucun des personnages ne m'a touchée. J'ai trouvé le contenu plat, monotone. Ça manquait de surprise, d'inattendus, de rythme. Déception…
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Chronique vidéo ; https://www.youtube.com/watch?v=-qA5S8M3XjM
Le livre se découpe en plusieurs parties, d'abord en chronologie inversée, on suit d'abord une écrivaine de nos jours, dont le couple bat de l'aile, et qui va au Mexique porter des offrandes à un rocher blanc censé lui apporter la félicité, une rockstar au bout du rouleau dans les années 60, une jeune fille amérindienne au début du 20 siècle arrachée à sa terre, et au 18ème, un lieutenant espagnol, navigateur qui va découvrir cette nouvelle terre inquiétante, puis on reprend les mêmes, on secoue, et on suit de manière chronologique cette fois-ci.

Vous suivez ? Parce que l'accumulation des personnages est l'un des problèmes du roman. A chaque fois qu'on commence un peu à se mettre dans le bain, le roman se coupe pour passer à quelqu'un d'autre. Et cette petite frustration qu'on ressent à chacune de ces coupures serait pardonnée si à côté le style était vraiment original ou recherché, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je trouve qu'Anna Hope écrit bien, je trouve qu'elle frôle l'organique dans ses images, une simplicité et une pertinence dans la manière de décrire et le concret et les affects de ses personnages, c'est une autrice talentueuse, mais je me sens obligée de nuancer car peu de phrases me donnent envie d'être retenue ou notée — ça coule un peu trop, et j'ai peur de ne pas retenir grand-chose une fois le livre refermé.
Si la construction avait permis peut-être de plus s'attacher aux personnages, n'avait pas reproduit une structure presque canonique du roman actuel, c'est-à-dire plusieurs destins qui se recoupent, une structure qui parait presque écrite pour être retranscrite dans une série, avec ses procédés comme le cliffhanger qui dans le bouquin devient prévisible et agaçant à cause de son systématisme, je ne serais pas passée à côté de ce bouquin. Je dirais même que c'est écrit pour une mini-série, ces formats de 55 minutes sur 6 à 8 épisodes. On imagine presque la date inscrite à chaque début d'épisode, les plans larges sur les paysages du Mexique, peut-être désaturé pour le contemporain, Jimi Hendrix ou Gimme shelter des Rollings stones pour la partie sur le chanteur, les sous-titres pour les passages en 1907 où la jeune fille parle en yoeme, et pourquoi pas en noir et blanc, un noir et blanc très contrasté, très propre et stylisé, qui fait carton-pâte. Autre chose qui pèche, on perçoit carrément les notes préparatoires d'Anna Hope sur les coutumes des amérindiens du début de siècle. En fait, on a envie de dire ce qu'on a l'habitude de lire pour les séries soignées et un peu ennuyeuses qu'on regarde pour s'endormir : une belle reconstruction, un soin particulier pour les accessoires et les costumes — et ce qui finalement dépasse difficilement cette notion de décor. Car le reste me parait vide, je ne me suis sentie engagée pour aucun des personnages, qui la plupart n'ont pas de nom, avec un présent de narration qui se concentre tout le temps sur l'action et empêche de se poser, de prendre le temps de faire durer une scène. L'impression que j'ai en lisant ce livre, c'est donc d'un talent gâché, d'un manque de souffle aussi. Comme si le fait de brasser beaucoup de personnages était un aveu d'échec — celui de ne pas pouvoir en invoquer un seul qui ait assez d'épaisseur pour tenir le livre sur ses seules épaules. Et je pense que pour moi aussi ça peut-être une leçon, car c'est quelque chose que j'ai déjà fait dans un de mes romans, et je pense pouvoir percevoir la manière dont Anna Hope envisage son livre : un roman, c'est plein d'angles morts qu'on ne perçoit plus à force d'écrire, c'est l'impression d'avoir tout aplani, tout mis en lumière alors qu'il reste des pages et des pages dans l'ombre, et je suis persuadée qu'elle a la sensation d'avoir suffisamment éclairé ces destins pour qu'on s'y attache, mais qu'il y a eu un hic de traduction, de transmission entre l'auteur et le lecteur à un moment donné — comme si le livre n'avait pas encore été complètement écrit. J'ai pu lire que ses autres romans étaient chouettes, donc c'est loin d'être un livre rédhibitoire pour m'intéresser à ce qu'elle a pu faire avant, mais je suis passée à côté de celui-ci.

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Dans ce nouveau roman, Anna Hope nous fait voyager dans le temps et dans l'histoire, autour d'un rocher blanc, petite île rocheuse au large de la côté ouest du Mexique, considéré comme l'origine du monde par les autochtones, et donc lieu sacré : 4 périodes : 2020, 1969, 1907 et 1775 et 4 personnages : l'écrivaine, le chanteur, la fille et le lieutenant.
Le roman est composé de 9 chapitres, allant du présent vers le passé pour les 4 premiers, un chapitre central sur le rocher blanc, puis 4 chapitres allant du passé vers le présent.
"L'écrivaine" voyage au Mexique avec son mari et sa fille. Ils sont là en pèlerinage, dans un minibus avec un chaman et un groupe de touristes, pour déposer des offrandes près du Rocher blanc. Leur couple bat de l'aile.
"Le chanteur", inspiré par Jim Morrison, a abandonné l'équipe de sa tournée à Mexico. Il est las, alcoolique et drogué.
"La fille" est une Yoeme (peuple amérindien). Elle et sa soeur aînée, Maria-Luisa, blessée, ont été enlevées et emmenées en bateau, dans des conditions très dures, pour devenir esclaves.
"Le lieutenant" est un capitaine d'expédition sur un navire espagnol, en 1775. Il est accompagné d'autres explorateurs dont le capitaine Manrique, qui devient fou en prenant conscience des conséquences de la colonisation sur les populations indigènes.
La structure du roman m'a un peu déroutée, et je ne me suis attachée à aucun des personnages, même si la partie avec les deux soeurs est celle qui m'a le plus intéressée.
Je suis allée jusqu'au bout, malgré les longueurs, pour découvrir où l'autrice voulait nous emmener, comment ce rocher blanc allait relier ces 4 histoires. Je suis arrivée à la fin sans avoir compris, sans avoir trouvé le lien entre ces 4 histoires, disparates et saucissonnées, qui en fait sont des nouvelles sans vrai lien, et je n'aime pas les nouvelles..
Même le rocher blanc est resté loin et dans la brume.
Anna Hope évoque les méfaits de la colonisation, mais de manière assez superficielle.
Bref, c'est bien écrit, mais décevant.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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"Le Rocher Blanc" est un roman symphonique à quatre voix où les narrateurs racontent successivement leur histoire liée au Rocher Blanc, symbole de l'origine du monde pour la tribu locale des Wixarikas. Ce récit choral se situe au Mexique sur la côte nord de l'Etat de Nayarit et se déroule au cours de quatre siècles différents : pour l'écrivaine en 2020 ; pour le chanteur en 1969 ; pour la fille en 1907 et pour le lieutenant en 1775.

La structure cyclique originale de ces quatre récits de vie s'ouvre dans un ordre décroissant de 2020 à 1775, puis se poursuit dans un ordre croissant, de 1775 à 2020. Au milieu de ces deux flux narratifs se trouve le chapitre du Rocher Blanc. Cette rupture dans le flux du récit est assez déroutante car elle perturbe la compréhension de prime abord. Mais, cette structure atypique permet aussi de donner plus d'ampleur au récit, lui donnant une nouvelle perspective.

J'ai été tout particulièrement touchée par le récit de la fille yoeme en 1907 qui raconte un épisode de la déportation du peuple amérindien. Cette "Petite Ombre" est arrachée à sa terre et à sa culture pour être vendue comme esclave dans les plantations du Yucatan. Sur le bateau qui la transporte, elle essaye de survivre avec sa soeur Maria Louisa gravement blessée à la jambe, entre la vie et la mort.

Le seul bémol est qu'il est plutôt difficile de savoir où veut réellement en venir Anna Hope avec ces différents personnages à ces différentes époques. J'ai un peu perdu le fil conducteur, même si le point d'ancrage est clairement ce Rocher Blanc, mêlant quête de spiritualité et besoin de repentance face au réchauffement climatique dans un contexte de coronavirus.

Je recommande ce roman à celles et ceux qui s'intéressent à la culture mexicaine en général. Je remercie @lizzielivresaudio de m'avoir permis de découvrir ce roman qui se prête parfaitement à une lecture audio car les narrateurs parviennent à insuffler beaucoup d'émotions aux différents personnages qu'ils incarnent.
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Avec son nouveau roman « le Rocher blanc », Anna Hope nous fait une nouvelle fois voyager dans le temps et dans L Histoire avec une poignée de personnages dont le point de mire est un Rocher blanc, bout d'île minuscule et rocailleuse au large de la côté ouest du Mexique, considéré comme l'origine du monde par les populations autochtones.

On y suit tour à tour un lieutenant en expédition sur un navire espagnol (1775), deux soeurs yoemes déportées (1907), une star de rock en perdition (1969) et une écrivaine en pèlerinage, en quête de sens et d'un sujet pour son prochain roman (2020).

Tous convergent vers le même point, le Rocher blanc, une petite île rocheuse située au large de San Blas, sur la côte ouest du Mexique dans la région de Narayit. le Rocher blanc un lieu sacré pour les Wixaricas, qui le considèrent comme l'origine du monde. San Blas fut aussi point de départ d'un grand nombre d'expéditions dans le Pacifique.

Judicieusement construit en “entonnoir” avec plusieurs parties qui alternent les différents récits, remontant puis redescendant dans le temps, ce roman choral d'Anna Hope embrasse tout autant le récit des péripéties et tourments des différents personnages, que L Histoire avec un grand H.

Au delà d'une galerie de personnages diversifiée, on soulignera que le personnage principal est avant tout le Mexique, un pays qui fascine cette romancière britannique, alter-ego d'Anna Hope. Celle-ci entreprend un pèlerinage chamanique avec sa famille dans l'Etat de Nayarit et embarque le lecteur dans ce voyage littéraire au sein duquel se mêlent les histoires des peuples spoliés et martyrisés, des histoires d'amour, d'autres de terres volées et pillées, de conquérants oppresseurs et d'êtres qui cherchent à fuir.

Dans les dernières pages, Anna Hope explique la genèse de ce texte étroitement lié à son histoire personnelle. À l'instar de son double littéraire, et après de nombreuses années à essayer sans succès de concevoir, Anna Hope et son mari mexicain ont pris part à une cérémonie chamanique au cours de laquelle ils ont été encouragés à prier pour un enfant. En quelques mois, elle était enceinte. Quand sa fille avait deux ans, elle est retournée avec sa famille au Mexique et au Rocher Blanc pour présenter des offrandes de gratitude à la déesse Hamarara. C'est en faisant des recherches sur San Blas pour son voyage qu'elle a découvert l'histoire compliquée et troublée de la ville. En réalité, ce sont toutes les histoires du roman qui sont inspirées de faits réels.

Il s'agit en réalité d'un roman à clef c'est l'ensemble des principaux protagonistes du récit qui sont librement inspirés de personnes réelles, tel Juan de Ayala (1745-1797), officier andalou, qui repris à Don Manuel Manrique le capitanat du San Carlos. Dans la fiction, ce dernier se saborde lui-même, écrasé par un sentiment de culpabilité vis-à-vis des autochtones maltraités. Quelques dizaines de pages plus loin, on croise Jim Morrison, amputé des autres membres des Doors. Entre questionnement existentiel et escapade nocturne hallucinée, le chanteur-poète cherche la force de vivre. La dernière voix, nous rappelle le destin tragique des Yoemes (Yakis), victimes de répressions sanglantes et de déportations massives sous le régime de Porfirio Díaz.

En résumé, un roman dans l'air du temps, introspectif et exigeant qui malgré sa construction sophistiquée, risque de dérouter plus d'un lecteur à cause d'une trame narrative décousue.
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Roman sans pretention que notre écrivaine fait démarrer et finir par un épisode de sa propre vie : remercier le Rocher blanc de la naissance de sa fille. Ce Rocher blanc est situé au Mexique et serait selon certaines traditions l'origine du Monde. En racontant quatre périodes différentes de l'histoire, on se retrouve au croisement de quatre destinées qui se voit rappeler ce qui est essentiel, écouter l'âme du monde et les esprits anciens, respecter les végétaux ou cesser l'esprit de conquête ou de compétition... autant de préoccupations qui font écho à nos sociétés : le sens de tout cela est-ce simplement de détruire ? Et quel héritage à nos enfants ? Notre autrice nous rappelle à nouveau dans ce nouveau livre (mais autrement), ce que l'Homme fait à l'Homme, sans parler à la Nature. C'est toujours surprenant que dans les notes finales elle soit obligée de se justifier et d'expliquer ses choix sur les peuplades mexicaines pour éviter les procès d'intention de ce truc horrible et très américain qu'on appelle appropriation culturelle !
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À peine remise de ma lecture de "Nos espérances", je me plonge dans "Le Rocher blanc", le nouveau roman d'Anna Hope. Au coup de coeur absolu se succède une déception, ou en tout cas, une impression d'être passée à côté de quelque chose.

Nous suivons 4 personnages à 4 époques différentes, dans un même lieu de pélerinage, une « montagne magique » située au large du Mexique, vénéré par les indiens Wixarikas : le Rocher Blanc. Il aura son importance dans chacune de ces histoires...

La première se déroule en 2020. Nous sommes à bord d'un mini-bus sillonnant les routes du Nord-ouest du Mexique, en compagnie d'une romancière en mal d'inspiration, de sa fille et de son mari. À bord, d'autres touristes. Et un chaman.

1969. Après une tournée au Mexique, un chanteur superstar trouve domicile dans un hôtel luxueux. Sex, drugs, rock'n'roll and jijenes...

1907. Deux jeunes indiennes yoemes sont vouées à l'esclavage dans les plantations du Yucatan.

1775. Nous suivons le lieutenant d'une équipe de cartographes espagnols, qui ne semblent s'accorder sur rien... Près de leur embarcation se hisse, majestueux, le Rocher.

Chacun partage une rencontre, une histoire avec ce mystérieux rocher qui semble exercer sur eux une véritable fascination.

Apparaissant au tournant de leur vie, comme un personnage à part entière, il est cet élément qui permet de relier ces 4 destins à mille lieues les uns des autres, ces trajectoires de vie parallèles qui n'auraient jamais pu se télescoper. J'imagine que ce livre n'était pas celui auquel je m'attendais et crains d'être passée à côté, déçue que j'étais de ne pas avoir le temps de m'attacher aux personnages - si ce n'est aux deux jeunes yoemes. de ne pouvoir me saisir des ambiances dans lesquelles l'autrice nous plongeaient.

Je salue en tout cas le talent d'Anna Hope pour éveiller des images par la qualité de ses descriptions, sa manière fine d'insérer des sujets qui la touchent au sein de son histoire - la difficulté d'avoir un enfant, la sauvegarde pour la planète - et les préoccupations d'une époque. Son style d'écriture continue à me séduire.

Merci Babelio et le Bruit du Monde pour cette découverte. Je compte bien poursuivre mon exploration de l'oeuvre de l'autrice !
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