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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme très souvent j'ai écouté l'interview de Delphine Horvilleur chez François Busnel, et immédiatement j'en ai noté le titre sur ma liste à lire. Quand il a croisé ma route la semaine dernière je n'ai pas hésité un instant à l'emprunter à la bibliothèque. D'autant plus interpellant qu'il apparait à ma disposition la semaine où je suis en visite à Paris et par conséquent en longue balade au cimetière du Père Lachaise.

Je ne vais pas vous faire un xième résumé du livre, tout à déjà été dit et magnifiquement bien par d'autres chroniqueurs amateurs ici. Je vous parlerai donc d'une de mes passions qui est en lien avec la lecture de cet ouvrage: la visite des cimetières, la découverte de rites funéraires et dans une moindre mesure la participation à des funérailles ou à des veillées funéraires.

Rien de plus reposant que de me promener dans un cimetière, observer les tombes, la simplicité d'un bouquet de fleurs déposé dans un vase ou la complexité de certaines sépultures. Mon préféré est celui de Weimar, en allemand cimetière se dit: friedhof, que je traduirais par "jardin de paix".

J'ai retrouvé écrit dans le texte de Delphine Horvilleur ce que j'expérimente depuis plus de 30 ans en vivant cette passion: créer du lien, réfléchir sur notre condition de mortel, d'être de passage, la facilité que certains ont à accepter le départ alors que d'autres feront tout pour le repousser.

J'ai vraiment apprécié la lecture de ces rencontres, de ces portraits de défunts (ou de futur défunt). Pourquoi vouloir à tout prix organiser ses funérailles, prévoir les textes qui seront lus, les musiques, les photos? Pour garder le contrôle tout simplement, pour être encore présent même lorsque l'on ne sera plus là, pour repousser le moment le plus longtemps possible.

Pourquoi avoir besoin d'un officiant (ici il s'agit d'un rabbin mais cela peut être une autre personne, un laïc, un prêtre … ) pour accompagner la personne qui s'en va? Tout simplement pour la faire vivre encore un peu, pour entendre d'une autre voix son parcours de vie, pour se remémorer des moments importants que nous avons eu le bonheur de vivre ensemble.
Ces moments sont pour moi extrêmement importants.

J'ai découvert ma maman le jour de ses funérailles. Je me suis rendu compte que je la connaissais peu et surtout très mal. Nos rapports étaient très conflictuels mais le jour de ses funérailles, ses cousins, ses ami.e.s ont pris la parole pour la raconter, et leurs souvenirs me l'ont fait apparaitre sous un tout autre jour. Très récemment pour les funérailles de mon papa nous avons préparé quelques hommages, choisi des chants … Nous l'avons accompagné joyeusement vers l'au-delà. Je ne suis pas croyante, pour moi après ici, il n'y a plus rien. Et donc pour aller vers le rien, il est important que le trajet soit rempli d'amour et de gaieté car après tout, on ne sait jamais, s'il y avait vraiment quelque chose ensuite, autant que le défunt aborde le voyage de bon pied.

Pour en revenir au texte de Delphine Horvilleur, j'ai aussi beaucoup apprécié l'analyse des extraits de la thora, des textes sacrés, les explications données en relation avec la religion, une exégèse érudite mais très abordable par n'importe quel quidam.

Une magnifique lecture, beaucoup d'émotions mais aussi beaucoup d'humour et d'autodérision, en effet l'autrice est certes rabbin mais elle n'est pas du tout conventionnelle, et encore moins extrême. Elle serait presque rabbine laïque, plus philosophe que rabbin finalement.
J'ai bien évidemment maintenant envie de découvrir ses autres textes.
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Qui aurait pensé que la laïcarde, anticléricale aurait été enchantée par le livre d'une rabbine?

Qui aurait pensé que la voyageuse, bien matérialiste, éloignée de toute préoccupation funéraire aurait choisi un titre comme "Vivre avec nos morts"?

Et pourtant c'est un véritable coup de coeur que ce livre !

Delphine Horvilleur est une merveilleuse conteuse. Une de ses fonctions de rabbine est d'accompagner au cimetière les familles avec le kaddish, et quelques paroles pour les vivants. Aucune formule toute faite. Une évocation toute en humanité de celui ou celle qui a quitté ce monde.



Le premier chapitre, Azraël, l'ange de la mort, nous entraîne en salle de dissection. Avant d'être rabbine, Delphine Horvilleur a étudié la médecine. Elle démontre que la mort se trouve au coeur de la vie, avant même la naissance, in utero, la mort cellulaire est nécessaire à la formation des doigts de la main...

"La biologie m'a appris combien la mort fait partie de nos vies."

Les autres chapitres ont pour titre un prénom, ou deux, et présentent une personne  : Elsa Cayat "la psy ce Charlie" 

"je vous présente Delphine, notre rabbin. Mais ne vous inquiétez pas, C'est un rabbin laïc!"

Cérémonie rappelant les attentats de Charlie Hebdo, occasion de rappeler la place dans le judaïsme de la laïcité et de la place d'une juive non croyante. Occasion aussi de raconter des traditions juives, comme celle de déposer un caillou sur les tombes.

Marc, l'homme du 3ème chapitre est un anonyme. A son propos, Delphine Horvilleur nous raconte des histoires de fantômes, histoires de revenants dont la tenue blanche rappelle le linceul. Et elle nous enseigne les traditions d'inhumations et la vieille légende du Dibbouk. Merveilleuse conteuse qui allie souvenirs d'enfances, textes bibliques, et histoire juive récente.

Sarah et Sarah évoquent le "panier des générations" ou comment se transmet l'histoire familiale. Histoire qui pourrait être tragique puisque Sarah est née en Hongrie avant guerre et se trouve déportée à Auschwitz.  Jamais le récit ne cède  au pathos il est allégé par des blagues juives;

Marceline et Simone, les "fille de Birkenau" est sans doute mon chapitre préféré, leçon de vie illustrée par la Légende de Skotzel, avocate des femmes auprès du Tout-Puissant portée par la pyramide des femmes.

Je ne  peux résumer en quelques ligne chaque partie du livre, ni m'étendre sur les référence à la Bible, comme la mort de Moïse et les interprétations rabbiniques.

j'ai été très touchée par le récit de la journée qu'elle a passé avec son ami le jour de la mort de Rabin et son rapport à la terre d'Israël et à l'hébreu. Pouvoir des mots, rapport du sacré

"Et si, interroge-t-il (Gershom Sholem) en s'imaginant rendre profane un langage ancestral religieux et apocalyptique, on enclenchait un processus inévitable, le retour de la violence messianique? "

Cette violence se traduit dans l'attentat de Hébron dans le caveau des patriarches, le jour de Pourim

"Dans son geste et à coup de mitraillette, tentait-il de réveiller Abraham, Isaac et Jacob de leur repos éternel pour qu'ils assistent à la scène? N'avait-il pas déjà convié Esther pour qu'ils assistent à al scène? [...] toute une littérature messianique se joignait à la fête pour propulser la fin du monde. C'était écrit, il restait à faire..."

Le livre se termine par Edgar, l'oncle de la conteuse qui place cette histoire sous le signe de la conscience et les vers de Victor Hugo de la légende des siècles . Elle nous conduit dans le petit cimetière alsacien de Westhoffen où son oncle Edgar repose. Cimetière profané le 3 décembre 2019.

Une lecture très agréable, une surprise!









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un livre subtil sur la mort et la vie, la relation que nous avons avec nos disparus et la place de la mort dans notre vie aujourd'hui. C'est aussi une longue promenade dans la vie de Delphine Horvilleur et un travail sur ses racines, le tout accompagné de belles légendes bibliques (métaphores) et de témoignages de partage avec des vivants.
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L'auteur de cet étonnant ouvrage est une femme rabbin, et dit-elle, un conteur, rapprochant ces deux facettes du contact avec la mort et les endeuillés, le conteur répondant au besoin de récits des proches du disparu. Elle puise le plus souvent ces récits dans la tradition juive.

L'auteur, qui a une formation de médecin, évoque la mort cellulaire qui façonne le renouvellement de de nos cellules, cette apoptose dont le cancer est une forme de résistance. Mais, elle dépasse largement la physiologie, et si elle n'a pas réussi à domestiquer le sujet, à banaliser la mort, elle l'affronte avec des doutes et ses propres frayeurs.
Elle-même a eu une expérience fondatrice à dix ans, après avoir mangé par effraction un bout de plastique « qui devait la faire mourir ». Elle se mit à prier Dieu, mais ce qui la sauva ce fut son grand-père, rabbin de formation, qui en avalant un morceau de ce même plastique, lui fit prendre conscience qu'on pouvait ne pas être seul dans l'épreuve de la mort.

Delphine Horvilleur raconte au fil des chapitres, ses rencontres avec diverses personnalités inconnues ou célèbres (Simone Veil, Elsa Cayat…), des endeuillés, religieux ou non, “bons“ ou “mauvais“ juifs (l'autorisant à penser qu'il n'y a que des mauvais juifs, elle incluse) Afin de préparer la cérémonie des funérailles, moment sacré qui ne s'improvise pas, elle fait raconter aux vivants ce qu'ils savent de la personne décédée, et le restitue le jour de l'enterrement avec ses mots entremêlés de ses “récits“ mythologiques tirés de la Bible, du Talmud, de la tradition orale ou d'histoires juives. Pénétrant ce qui constituait la vie du disparu pour en faire un destin, elle ne s'attarde pas sur les circonstances de sa mort ou sur les moments tragiques, mais au contraire donne du sens à ce qu'on peut voir comme une suite romantique, un conte mythologique, une existence avec des passages saillants. Il s'agit parfois de convoquer des fantômes, dont l'existence remonte aux morts de la tradition juive recouverts d'un linceul blanc. Les dibbouks sont des fantômes craints ou célébrés dans les récits traditionnels.
C'est souvent drôle et surtout intelligent, c'est vivant et diablement réfléchi.

Curieusement, en hébreu, le cimetière se traduit par Beit haH'ayim
(“Maison de la vie“), et la religion hébraïque tend à masquer, à éloigner la mort, comme un intrus. La religion ne dit d'ailleurs pas nettement où vont les corps et les âmes après la mort.
Delphine Horvilleur souligne l'importance que peut avoir pour le juif la récitation du Kaddish sur sa tombe, cette prière énoncée en araméen, dite par un des fils du (de la) défunt(e). Simone Veil y a eu droit, par ses fils et deux rabbins, dont l'auteure, ce qui suscita la réprobation de conservateurs pour qui une femme ne peut pas dire le Kaddish. La rabbin évoque alors l'importance pour le juif, au moins cette fois dans l'année, de se rendre à la synagogue le jour de Kippour, pour le Grand Pardon. Une histoire juive surgit, un croyant en conversation avec Dieu, lui avoue qu'il n'a pas grand chose à se faire pardonner, au contraire de Lui, qui devrait s'y soumettre pour les souffrances du monde. L'homme dit alors : « Je te pardonne, tu me pardonnes, on est quittes ». À quoi un rabbin lui rétorque : « Mais enfin, espèce d'idiot, pourquoi as-tu laissé Dieu s'en tirer à si bon compte ? »


« La laïcité à la française empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l'espace…L'identité juive repose aussi sur une vacance… parce qu'elle n'est pas prosélyte… et peine à formuler ce qui la fonde. » Dans les espaces libres que préserve le judaïsme, il y a place pour de multiples définitions de ce dernier : le judaïsme de croyant de Delphine Horvilleur peut ainsi cohabiter avec l'athéisme d'une Elsa Cayat, psychanalyste et journaliste à Charlie Hebdo où elle a été assassinée au cours de l'attentat du 07 janvier 2015. Présentée comme un « rabbin laïc » lors de ses obsèques, elle accepte cette formule paradoxale. Et rend compte d'un débat rapporté par le Talmud entre des rabbins dont l'un fit appel à Dieu pour le trancher. Dieu invoqua la Loi mais les rabbins lui rétorquèrent : « Tu nous as donné la Loi au mont Sinaï ; dorénavant, elle est entre nos mains et non entre les tiennes » C'est aux hommes d'interpréter la Loi, y compris contre l'avis du divin. Et Dieu s'amusa d'avoir été “vaincu“. Ce Dieu est grand qui accepte l'échec, à l'inverse de celui brandi par les tueurs islamistes, qui s'offusque d'être moqué.

Les Juifs ne fleurissent pas les tombes, mais posent des cailloux, en souvenir des sépultures qui devaient être ainsi signalées, en particulier aux “Cohen“, membres de la famille sacerdotale, qui ne devaient pas s'approcher des morts pour rester purs pendant leurs offices.
Avec le Covid, l'ange (de la mort, Azraël) que nous voulions éloigner exige qu'on lui fasse de la place dans nos existences et dans nos sociétés. Il connaît notre nom, notre adresse et ne se laissera pas tromper.
Ainsi voyageons-nous dans la pensée et les histoires de cette femme rabbin libérale, éclairée et docte. le texte est limpide, le propos édifiant, l'hymne à la vie transparaît à chque page. La religion juive est omniprésente, mais légère, elle a largué son corpus dogmatique pour s'ouvrir à la modernité, tout en extrayant sa sève du Livre et de la tradition.
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J'aime beaucoup écouter les interviews de Delphine Horvilleur que je trouve toujours très intéressante.

« Vivre avec nos morts » est un témoignage de son rapport quotidien avec la mort dans son rôle de rabbin.

Honorer la mémoire de ceux qui partent, accompagner les vivants, voilà ce qu'elle accomplit tous les jours.

Lire ce livre m'a procuré un apaisement, un bonheur de lecture dans un moment où j'avais besoin d'un peu de sérénité.

» Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts : le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte. Et permettre ainsi à chacun de faire la paix avec ses fantômes. »
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Avec son essai Vivre avec nos morts, Delphine Horvilleur signe un livre profondément lumineux. Mort et lumière, me direz-vous sont-elles compatibles pour cohabiter ? Pour vivre ensemble ? Et bien oui vous répondrai-je, à la lecture de ces pages, à travers les mots de cette femme rabbin à tendance libérale, j'en suis désormais convaincue.
Elle nous éclaire sur ce qui est écrit, sur ce qui semble être écrit, car parfois la réalité peut revêtir une interprétation plus subliminale, plus acceptable que ce qu'en disent les mots. Dans la religion ou la culture et ses traditions, ses rites.
Delphine Horvilleur raconte - avec parfois un brin d'humour respectueux - les enterrements pour lesquels elle officie. Ses rencontres avec les familles endeuillées, les doutes qu'elle émet souvent à opter pour un hommage plutôt qu'un autre. Aucune certitude ne l'habite. Quoi qu'elle choisisse, elle décide de toujours raconter la vie, et non la mort. Elle se définit comme conteuse. Offrant à ceux qui restent, une version de la vie du disparu par un récit susceptible de les accompagner et mieux appréhender leur propre histoire.
J'ai trouvé cette approche extrêmement douce, sensible et passionnante.
Il est question bien entendu de judaïsme mais aussi d'une parole qui va bien au-delà de l'enveloppe qui ceint cette religion. Modernité, religion, féminisme, transmission, laïcité, et surtout ouverture d'esprit constituent la mosaïque de pensées de Delphine Horvilleur.
Un livre intelligent, tendre, iconoclaste et empreint d'une humanité écrit par une femme qui doit en être grandement pourvue pour aborder un tel sujet avec autant de grâce, de profondeur et de simplicité à la fois.
Rarement un livre m'a accompagnée avec la si forte sensation d'être aux côtés de son auteur, de l'entendre ne parler que pour moi. Il est des livres dont on a hâte de terminer la lecture pour connaître la fin et qui en même temps se laissent savourer doucement pour prolonger cette intimité. Il est des livres pour lesquels on rabat la dernière page en se disant simultanément : Que lire après ça ?

Ce titre a été proclamé l'une des meilleurs de cette année 2021 par le magazine Lire, et a reçu le Prix des Savoirs 2021.

Lien : https://laparenthesedeceline..
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Parler de la mort, c'est aussi parler de la vie. J'avoue l'avoir oublié quand j'ai reculé devant le thème de Vivre avec nos morts. Un sujet dans lequel je n'avais pas envie d'entrer. Erreur réparée grâce à une amie qui m'a prêté le livre.
Le rôle d'un rabbin, c'est officier, accompagner et enseigner, mais c'est aussi raconter des histoires qui ouvrent un passage entre les vivants et les morts.
Un rôle parfaitement illustré par les paroles de Delphine Horvilleur à l'enterrement d'Elsa Cayat, psychanalyste assassinée le 7 janvier 2015 (attentat contre Charlie Hebdo).
Elle parle de Marceline et Simone, deux femmes aux antipodes l'une de l'autre, mais unies par leur statut de rescapées des camps et par leurs engagements.
Et de tellement d'autres choses
L'auteur partage un peu de la sagesse juive. Et peu importe la confession à laquelle on appartient (voire aucune), ce livre touchera beaucoup de gens.


Lien : https://dequoilire.com/vivre..
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Aborder la mort plus sereinement, plus paisiblement, qu'on soit croyant, agnostique ou athée, c'est l'objectif de Delphine Horvilleur, rabbin à Paris

11 chapitres, 11 rencontres différentes avec la mort, dont Simone Veil et Marceline Loridan, que l'auteure accompagne dans le Kaddish ( la prière des morts ) avec beaucoup d'attention, d'intelligence et d'humour.

Ce livre permet surtout de mieux appréhender et comprendre la culture et la religion juives.

Comprendre et apprécier sa position sur la laïcité, le respect d'une autre croyance, l'absence de prosélytisme :
« La laïcité française n'oppose pas la foi à la croyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu'il est mort ou inventé. (..) Elle n'est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide, ni sur celle qu'il est habité, mais sur la défense d'une terre jamais pleine, la conscience qu'il y reste toujours une place pour une croyance qui n'est pas la nôtre. (…) Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l'espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu'il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d'un autre venu y respirer. »

Comprendre la pensée juive. L'importance de la transmission, y compris le jour de la mort
« Est-il possible d'apprendre à mourir ? Oui, à condition de ne pas refuser la peur, d'être prêt, comme Moïse, à se retourner pour voir l'avenir. L'avenir n'est pas devant nous, il est derrière, dans les traces de nos pas sur le sol d'une montagne que l'on vient de gravir, des traces dans lesquelles ceux qui nous suivent et nous survivront liront ce qu'il ne nous est pas encore donné d'y voir. »

Comprendre l'humour juif, la relation du croyant envers Dieu.
Contrairement aux religions chrétiennes et musulmans où la soumission est de mise, la religion juive conserve une certaine liberté envers Dieu.
Le croyant ne se prive pas de L'apostropher quand il comprend pas quelque chose ou quand Dieu parait dur, notamment en termes de catastrophes.

Un livre intelligent, qui ne veut surtout pas donner de leçon, mais parler d'une expérience de vie au service des croyants.
Il y a beaucoup de thèmes de réflexions dans cet ouvrage et je sais déjà que je le relirai.


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LeH'ayim, « À la vie ! »
Tout a été dit ou presque sur cet essai de Delphine Horvilleur, rabinne ou femme rabin, appartenant à une organisation juive libérale "Judaïsme en mouvement".
De part ses fonctions, Delphine Horvilleur est très souvent confrontée à la mort . Elle accompagne les familles et les proches des défunts jusqu'au cimetière qui en hébreu se dit « Beit haH'ayim », en français "la maison des vivants ».
Mais, et c'est assez surprenant, ce livre n'est pas un ouvrage sur la mort mais plutôt un essai qui rend hommage à la vie, aux vies de certains qu'elle nous propose de rencontrer en racontant certaines anecdotes, quelquefois drôles, toujours émouvantes, et à travers le prisme de la tradition juive.
Ce livre, sous titré "petit traité de consolation" m'a profondément touchée, moi qui ne suis pas juive -je ne suis même pas (plus) croyante au sens religieux du terme. Pourtant, je suis certaine que la mort n'est pas une fin, que les morts que nous pleurons sont près de nous, d'une manière ou d'une autre.
C'est un ouvrage qui m'a aidée, alors que je vis un deuil très cruel.
Je ne peux que le conseiller à tous, croyants, ou athées.
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Petit manuel de Judaïsme pour les nuls, me permettrait-on un tel raccourci ?

Delphine Horvilleur est rabbine.
Avec toute sa bienveillance et son empathie elle accompagne des hommes et des femmes au moment où le livre de la vie se referme. Elle interroge la famille, les vivants parfois survivants, elle écoute jusque dans les silences, elle s'imprègne d'une petite lumière, elle recoud les fils de la vie, ensuite elle formule le Kaddish, cette prière araméenne énoncé pour les morts mais qui chante le sacré, une première étape vers le deuil.
Dans ce roman sous-titré « Petit traité de consolation », Delphine Horvilleur raconte les rencontres et ce que la mort n'enlève pas. Elle conte :
L'ange Azraël qui tient la vie et la mort dans la main.
Elsa Cayat et son dernier projet avec Marc, mais bizarrement Marc ne survivra pas longtemps à Elsa...
Les filles de Birkenau, la facétieuse Marceline Loridan intarissable en blagues juives et sa courageuse amie Simone Veil.
Isaac qui voulait savoir où était parti son frère mort...
Cela fait des années que Delphine Horvilleur côtoie la mort de près pourtant le doute toujours l'accompagne, parfois certains espèrent d'elle un mot, une révélation sur le secret de l'après et elle a l'humilité de ne pas répondre à la question ni même évoquer une amorce.
Elle sait expliquer les textes sacrés, dire la nécessité des rites d'accompagnement, évoquer les coutumes et parfois il lui arrive de revisiter la tradition en s'adaptant devant les choix qui de ceux qui restent et qui vont préférer les cendres à la terre, contre toute logique judaïque.

Ce livre me rappelle combien quel que soit la religion, les morts (ou les fantômes) vivent à travers nous.
Ce livre est un soleil pour ceux qui traversent la nuit du deuil et de la mort et pour ceux qui s'interrogent.
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