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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l'histoire pour la première fois des clés inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés de femmes et d'hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. Ces histoires ancestrales ne sont pas seulement juives, mais je les énonce dans le langage de cette tradition. Elles créent des ponts entre les temps et entre les générations, entre ceux qui ont été et ceux qui seront. Nos récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte. »

S'habitue-t'on à la mort lorsque l'on est rabbin, c'est l'une des premières questions que pose Delphine Horvilleur dans cet essai, récit, témoignage personnel – l'ouvrage est en effet difficile à classer-. le texte aborde la question du deuil, de l'au-delà, de la survie après la mort, en s'appuyant toujours avec justesse et précision sur des extraits de la Thora à partir desquels l'autrice mène une réflexion d'une grande finesse. Ainsi, les morts ne sont pas morts comme le dit Aimé Césaire dans un de ses poèmes. C'est le message de consolation que Delphine tente de donner à la fille d' Elsa Cayat, l'une des victimes de l'attentat contre Charlie. Ce message prendra toute sa valeur symbolique deux ans après lorsqu'elle officie aux funérailles de Marc, ami d'Elsa avec laquelle il entretenait une correspondance. L'étymologie de mots hébreux permet aussi à l'auteur de montrer ce lien qui unit les vivants aux morts. Dans le rite juif, on dépose un caillou sur la tombe du mort. Or, le mot caillou en Hébreu, Ebben, quand on le scinde en deux, signifie à la fois le parent et l'enfant. le caillou dit donc la filiation. Autant dire que ce livre porte une parole d'espoir, d'autant que Delphine Horvilleur ne manque pas d'humour. le texte devient parfois plus intime lorsqu'elle aborde son séjour en Israël et sa présence lors de l'assassinat d'Isaac Rabbin. Quelque chose est définitivement mort ce jour là en elle, entraînant la rupture avec son amoureux de l'époque tant la politique et l'amour sont chez elle intimement liés. Sa condamnation de l'extrémisme religieux est sans appel et ce drame aura pour conséquence son retour en France.

Que l'on soit croyant, agnostique ou athée, Vivre avec nos morts est un livre attachant dont la résonance en nous se fait universelle et qui nous invite à célébrer la vie.

« J'ai dit à la fille d'Elsa qu'elle ne reviendrait pas, en ajoutant qu'elle était tout autour de nous. Dans ce manteau sophistiqué porté par une enfant qui semblait promettre au monde » je serai ce que j'ai décidé d'être », dans l'Inconscient de ses patients qui grâce à elle raconteraient d'autres histoires, dans les fous rires d'amis inconsolables qui ne renonceraient pas à l'humour, et ne laisseraient pas la mort gagner. »
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« L'histoire de deux rescapés des camps qui font de l'humour noire sur la Shoah. Dieu qui passe par là, les interrompt : Mais comment osez-vous plaisanter sur cette catastrophe ? Et les survivants de lui répondre : Toi tu ne peux pas comprendre, tu n'étais pas là ! ».

Une blague juive que se racontaient souvent Marceline et Delphine. Marceline, prénom inséparable de celui de Simone. Deux rescapées qui ont incarné pour Delphine Horvilleur, la possibilité de reprendre la parole, de dire sans gêne non seulement ce qu'elles avaient vécu mais ce que chacune d'elles avait choisi d'en faire. Mais pour nous aussi, elles sont une référence, un symbole pour la condition féminine sans oublier qu'elles ont été « les filles de Birkenau ».

Dans cet essai d'une infinie portée philosophique sur notre finitude, Delphine Horvilleur se métamorphose en conteuse lumineuse pour mieux nous faire pénétrer le sens de la parole qui console les endeuillés, le Verbe créateur, l'importance du choix des mots, une attention toute particulière à la réception de la douleur de l'affligé. En sa qualité de rabbin, elle accompagne les endeuillés et son essai compte onze chapitres, onze histoires différentes mais qui relatent tous une manière d'approcher la mort, une façon de lui donner du sens nous qui fuyons aujourd'hui la mort comme si ne pas en parler l'écartait de nos vies, comme l'histoire de Myriam, américaine, dépressive, qui ne cessait d'organiser ses obsèques sans omettre jusqu'à la couleur des fleurs. Myriam dont un imprévu lui a joué un tour. Son histoire est surprenante !

L'auteure évoque aussi bien des anonymes que des personnalités qui se sont retrouvées confrontées au mystère de la mort et à chaque fois, elle sait s'adapter à ses interlocuteurs. Elle a une écoute de qualité qui lui permet d'entendre ce que les endeuillés ne disent pas. Elle nous décrit son expérience toute en délicatesse, c'est simple, fluide, apaisant. Je ne sais pas si cet essai peut consoler une personne qui est terrassée par la douleur de la perte, mais c'est un récit qui fait du bien dans ce monde de brutes !

Delphine Horvilleur est issue d'une famille paternelle juive d'Alsace-Lorraine et d'une famille maternelle originaire des Carpates. Son grand-père Alsacien était rabbin mais il était très attaché à l'esprit Républicain ce qui lui fait dire qu'elle est un rabbin laïc. Elle appartient à l'organisation juive libérale « Mouvement juif libéral de France » et « Union Libérale Israelite de France ».

Après avoir étudié la médecine en Israël, puis passée au journalisme, elle intègre le séminaire rabbinique libéral de New York avant de revenir en France.

Jeune femme qui écrit avec son coeur, elle possède les qualités indispensables à un rabbin. La délicatesse se dégage de son écriture. Il y a de très belles pages où affleure son empathie. A la fois femme et rabbin, mère de famille, c'est d'abord la « Vie » qu'elle honore. Elle nous offre une réflexion d'une grande profondeur sur ses rencontres avec les endeuillés mais elle nous expose, de façon très intelligente et avec beaucoup d'humilité, maniant l'humour, ses questionnements, ses doutes. de ses confidences suinte une pointe de mélancolie (elle est ashkénaze). Elle relate avec beaucoup d'émotion contenue mais qui m'a gagnée, l'assassinat d'Yitzhak Rabin, ce jour maudit où sa vie a basculé avec ces quatre mots en hébreu prononcé à la radio :

« Memshelet Israël modia betadhema… »

« le gouvernement israélien annonce avec stupeur »…..la mort de son Premier ministre.
A la radio, des hurlements couvrirent sa voix. Les nôtres stoppèrent la voiture, au bord d'une route, tout près d'un village nommé Motza. C'est là, à Motza, ce lieu qui en hébreu signifie « l'issue » que pour moi, il est mort. Ni sur une place de Tel-Aviv, ni à l'hôpital où il fut transporté, mais sur une colline de Jérusalem, au bord d'un village. Mon rêve a cessé de respirer et avec lui mon amour. Mon sionisme s'est trouvé dans une impasse, au point mort. »

Dans cet essai philosophique, l'auteure entremêle la philosophie, l'humour juif et ce que j'ai apprécié, l'exégèse des récits religieux qu'elle sait parfaitement rendre accessible à tout lecteur. L'Hébreu à ceci de passionnant, qu'en fonction de la place de la lettre hébraïque, le mot change de sens et nous pénétrons ainsi dans une pluralité d'interprétations.

L'expérience de Delphine Horvilleur s'adresse à toute personne qu'elle soit athée, agnostique, croyante et de toute confession. Cet ouvrage est riche d'enseignement sur la Tradition Hébraïque mais aussi sur la Vie. Il nous réconcilie avec nos fantômes et nos démons. En terminant cette lecture, j'ai eu le sentiment d'avoir vécu un grand moment de Paix. Je n'ai pas ressenti la présence d'Azraël mais plutôt celle de la lumière de Mikhaël

« Les juifs prennent très au sérieux un verset de la Thora, formulé dans le livre du Deutéronome, sous la forme d'un ordre de divin : j'ai placé devant toi la vie et la mort, dit l'Eternel. Et toi, tu choisiras la vie !. Alors pour prouver qu'ils appliquent le Commandement à la lettre, ils la convoquent en toutes circonstances.

LeH'ayim « A la Vie ».
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J'ai été tant et tant de fois choquée, révoltée, dégoûtée par le judéo-christianisme que je flirte depuis l'adolescence avec l'idée d'apostasie. Consacrer du temps à un livre dont l'auteur est officier de culte, rabbin ou plutôt rabine en l'occurrence, n'était donc pas vraiment ma tasse de thé. Mais j'ai vu Delphine Horvilleur en entrevue à La grande Librairie et j'ai été assez impressionnée par l'intelligence, la douceur et l'ouverture de ses propos que je me suis lancée à l'aventure dans la lecture de Vivre avec nos morts qui non seulement s'est avéré être un réel petit traité de consolation mais aussi et surtout un puissant hymne à la vie.
Nous cherchons à limiter la place de la mort dans nos vies, à la tenir éloignée par des gestes conjuratoires ou des rites obsessifs compulsifs, nous dit Delphine Horvilleur mais la mort est là, dans nos vies; il y a de la mort dans la vie et de la vie dans la mort. le pouvoir du rabbin comme celui de tout accompagnateur spirituel consiste à choisir les mots et les gestes que l'on prononcera au moment où elle surgira. Et c'est par les mots qu'elle adresse aux morts et aux endeuillés que notre rabine se transforme en magicienne . Elle puise dans sa tradition religieuse, comme nous pourrions d'ailleurs le faire dans d'autres traditions religieuses ou bien encore dans les grands mythes qui fondent les cultures, des éléments qui nous permettent de donner sens à la mort, donner sens à chaque mort particulière. À travers onze situations de deuil, l'auteure nous propose un récit, établit des liens avec des textes sacrés et nous invite à écouter comment ces récits résonnent en nous.
Léger et profond à la fois. Nourrissant.
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je l'ai découverte dans les émissions littéraires, et sa parole, sa recherche dans l'échange avec l'autre, m'a donné envie de la lire, comme autrice et sur les sujets qu'elle aborde, la question de la femme, de la spiritualité, de l'histoire, du lien qu'elle a en tant que femme juive avec la transmission... son écriture est brillante, vivante, pleine d'humour et de savoirs, de ceux que l'on partage parce qu'ils ont traversés votre vie.
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Le cimetière en hébreu se dit "maison de la vie".
Dans la Bible on dit que les morts vont dans un lieu qui s'appelle le "sheol" ; le "sheol" veut dire en hébreu "la question". En fait, quand on meurt on tombe dans la "question".
Je crois que cette introduction pose les bases à partir desquelles le rabbin auteur Delphine Horvilleur, dont le métier consiste - pour partie - à accompagner les endeuillés ou les mourants, peut appréhender les questions obsédantes et récurrentes qui sont les trois questions essentielles des uns et des autres :
- "Où vais-je aller ?" Traduisez qu'y a-til après la mort ?
- Et "Où est-il ou où est-elle ?" Là, il faut traduire : y at-il une vie au-delà de la vie terrestre et à quoi ressemble-t-elle ?
- "Le, la retrouverai-je ?" La grande question sur la résurrection et l'immortalité de l'âme.
Dans cet ouvrage de témoignage et de réflexion, DH nous conte - parce qu'un rabbin n'est en somme qu'un conteur - les rencontres qu'elle a été amené à faire via les endeuillés ou les mourants.
Se référant à sa culture "théologique", mais globalement à son incontestable érudition - elle a fait quelques études de médecine qu'elle n'a pas achevées c'est lors d'une séance en salle de dissection qu'elle a eu affaire à son premier contact avec un corps mort... une femme dont les ongles fraîchement vernis lui ont fait toucher du doigt ( pas de vilain jeu de mots ) l'impermanence de l'existence et la superfluité de l'instant -, des études de journalisme, de philo et a obtenu un diplôme de rabbin à New York - , à son parcours de vie, à son héritage d'enfant juive dont une partie de la famille n'est pas revenue d'Auschwitz, à son engagement politique à gauche, à son militantisme sioniste inscrit dans l'héritage d'Yitzhak Rabin, à son identité de "rabbin laïque"... adopté lors des obsèques d'Elsa Cayat, la "psy de Charlie" assassinée par les frères Kouachi (vous lirez et comprendrez ), à "l'enfant d'Israël" - elle est née à Nancy mais avait voulu fuir les cimetières d'Europe - qui a définitivement choisi la France, à la mère française dont l'un des fils veut aller vivre en Israël, à l'amie intime d'une des "deux filles de Birkenau" ( Simone Veil - un modèle - et Marceline Loridan... davantage qu'une amie ), à la petite-nièce d'un grand- oncle enterré au cimetière alsacien de Westhoffen - cimetière profané ...
"Dans ce minuscule village alsacien, sont enterrés les ancêtres d'illustres familles : les aïeux de Robert Debré, mais aussi ceux de Karl Marx, et de Léon Blum. Y reposent les ancêtres du Grand Rabbin Guggenheim, ceux du mathématicien Laurent Schwartz ou de la journaliste Anne Sinclair.
Le tout petit cimetière israélite de Westhoffen fait un peu figure de Who's Who funéraire des grandes lignées juives françaises."
En passant par le témoin de notre époque où la mère d'Ilan Halimi fait exhumer la dépouille de son enfant martyrisé par "le gang des barbares", pour que son fils puisse reposer en paix en terre d'Israël ( j'ai repensé à Zemmour... beurk !!! ), parce qu'en France les stèles à sa mémoire sont régulièrement vandalisées, qu'elle craint qu'on ne s'en prenne à sa sépulture et qu'on continue à s'acharner sur son malheureux enfant, et que dans ce pays, comme dans d'autres, certains haïssent tout autant les Juifs vivants que les Juifs morts...
Delphine Horvilleur nous raconte onze histoires qui tournent autour de la mort et de la vie.
Du passage entre les deux.
De la trace laissée en chacun de ceux qui l'on connu par celui ou celle qui est parti(e).
Avec sérieux, gravité mais aussi distance et humour.
"Car si nous ne savons pas ce qu'il y a après la mort... après la mort il y a ce que nous ne savons pas."
Et parce qu'aussi, comme disait Romain Gary : "Au fond, si la mort n'existait pas, la vie perdrait son caractère comique"
Le tout fait un livre brillant, sans aucun prêchi-prêcha religieux, sans aucun prosélytisme, sans moraline.
Des questions, du doute auxquels répond l'humilité de " ceux qui ont pris le parti de ceux qui ne sont pas sûrs d'avoir raison."
"La mort ne se dit pas. Ce qu'on peut dire, c'est la vie de ceux qui partent et essayer de faire entendre à une oreille ce qu'une bouche a dit et n'a pas pu entendre. Comprendre ce qui fait qu'une vie qui est partie se tisse à la nôtre."
Onze vies d'anonymes ou de personnalités.
Onze témoignages où l'on est invité à ne pas oublier que " Buée des buées, tout est buée !", mais que cela ne doit pas nous empêcher de lever notre verre et de porter un toast " le H'ayim !"... " À la vie !"
J'aurais aimé que Delphine Horvilleur me raconte la vie de Christelle, ma fille aînée et de Monette, ma maman... parce que lorsque je les ai racontées, je ne les ai pas entendues.
Un livre de chevet.
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Très bon bouquin, dont la réputation flatteuse n'est pas usurpée. DH passe bien à la télévision, mais cette qualité ne dissimule pas, comme parfois chez les invités de Busnel, une inconsistance de l'écrit. Sa réflexion sur la mort et l'accompagnement de ceux qui restent est intelligente, subtile et profonde à la fois, surtout, cerise sur le cercueil, empreinte d'un humour bienvenu. le goy y apprend plein de choses passionnantes sur la mystique juive, et revisite avec bonheur les figures classiques de l'ancien testament. Dommage que cette personnalité si aimable ne soit, comme toujours avec les religieux de tous poils, que peu représentative des thuriféraires de sa croyance.
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C'est en regardant récemment Delphine Horvilleur à la TV dans l'émission la Grande Librairie où elle était invitée avec Leila Slimani, que j'ai été convaincue qu'il me fallait lire au plus tôt, cet ouvrage – Ce « Petit Traité de Consolation. »

C'est un très beau livre touchant, instructif et profondément humain, pas triste du tout malgré la gravité du sujet. L'autrice, une des rares femmes rabbins en France et porte-parole du judaïsme libéral, nous offre ici une réflexion sur la mort mais aussi sur la vie. Elle écrit si justement :

"La biologie m'a appris combien la mort fait partie de nos vies. Mon métier de rabbin m'enseigne chaque jour qu'il nous est donné de faire que l'inverse soit tout aussi vrai."

La mort, Delphine Horvilleur la côtoie régulièrement, elle s'en approche de très près pour accompagner au cimetière les familles endeuillées et rendre un dernier et vibrant hommage aux défunts. Cela fait partie de ses fonctions de rabbin. « Quand les gens meurent » rappelle-t-elle, « ce n'est jamais de leur fin ou de leur tragédie qu'il faut parler, mais de la vie et la façon dont ils l'ont célébrée ».

Dans Vivre avec nos Morts
Delphine Horvilleur rassemble donc « quelques histoires qu'il lui a été donné de raconter, des vies et des deuils qu'il lui a fallu vivre ou qu'elle a pu accompagner ». Avec sagesse, sobriété et humanité, mais aussi parfois avec humour, par le biais de onze chapitres, elle nous conte le destin de personnes illustres comme Elsa Cayat, Simone Veil, Marceline Loridan ou bien totalement inconnues mais proches d'elle.

Outre les quelques vies évoquées, le lecteur en apprend beaucoup sur le judaïsme, ses textes sacrés, ses rites. Delphine Horvilleur nous informe de manière très simple avec sensibilité, sans jamais tomber dans le pathos ou le prosélytisme. Elle nous dévoile également une partie d'elle-même, son quotidien, son parcours, ses doutes, ses émotions… elle revient en particulier sur l'assassinat d'Yitzhak Rabin qui l'a énormément marquée dans sa jeunesse.

Vivre avec nos morts est un livre que j'ai lu avec plaisir et que je conseille à tous. Il est agréable et réconfortant.

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Quel formidable talent de conteuse ! Ce récit se dévore comme une succession d'histoires agrémentées de passages tirés de textes religieux, de croyances, d'anecdotes personnelles. Delphine Horvilleur nous amène à nous poser les bonnes questions sur notre relation aux morts, elle nous aide par ces récits à appréhender la mort autrement, mieux sans doute, en s'aidant des textes sacrés et de leur interprétation, comme elle sait si bien le faire !

A travers l'histoire, la fin, et la cérémonie d'enterrement de personnalités connues comme Simone Veil ou Marceline Loridan Ivens, inconnus ou intimes de l'autrice, Delphine Horvilleur nous fait part de son expérience, de son érudition, et c'est tant mieux pour nous.

Inutile d'être de confession juive pour suivre ce récit qui se veut laïc malgré les nombreuses références au judaïsme. C'est instructif, intelligent, fort, accessible à tous, et de très bonne facture. Un petit précis de qualité, que l'on peut reprendre à n'importe quel moment par envie ou besoin ; à ouvrir au hasard des pages ; à garder sous la main, dans sa bibliothèque. J'ai hâte de vous lire encore, rabbin Horvilleur !

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L'autrice, Delphine HORVILLER est une rabbin du Judaïsme en Mouvement. Quand elle définit son rôle, elle parle, bien sûr, du temps consacré à officier et enseigner en synagogue ou traduire des textes anciens pour qu'ils soient audibles et compréhensibles par la génération actuelle. Mais, plus que tout, elle se définit comme conteuse. Une grande partie de son temps, dit-elle, elle accompagne en effet les vivants touchés par la mort d'un proche. Elle leur raconte des histoires issues de l'Ancien Testament ou de la tradition juive pour qu'ils trouvent du sens (à la fois direction et signification) que la vie prend face à la mort.
Son approche de la célébration des funérailles juives est donc bien de se centrer sur ceux qui restent. Ceux qui vivent dans la perte de repères (repaires), dans le désarroi, qui ont une vie à reconstruire tout en faisant mémoire du mort. Elle aime rappeler que les cimetières, dans l'étymologie du mot hébreux qui les désigne, se traduit par « jardin des vivants ». C'est donc un lieu non destiné aux défunt mais à ceux qui restent, lieu où ils pourront évoquer et garder mémoire de ce mort, ce proche qui a été partie intégrante de leurs vies.
Delphine Horviller puise donc dans la tradition les histoires qui permettent, moyennant une explication et un éclairage de notre temps, d'appréhender les forces, les valeurs, les questions et les parcours de vie des défunts. Chargés de symboliques, ces textes ouvrent à un à-venir.
Face à la mort, on entre dans ce livre sans angoisse et on en sort enrichi du sens qu'une Tradition peut donner à la vie. Et, ce qui ne gâte rien, elle délivre toutes ces approches, chargées de connaissances, avec de nombreuses anecdotes mettant en exergue l'humour juif et le sens de la vie qu'il recèle. Bien des expressions, passées dans le langage courant, trouveront ici leurs origines et aideront les uns et les autres à se situer sereinement face à la mort, cette mort qui n'est autre qu'un moment de vie !
J'ai beaucoup aimé ce livre, très accessible et non anxiogène sur un sujet aussi important que nos morts et les vivants qui continuent à les faire vivre.

Lien : https://frconstant.com
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Ce livre est d'une magnifique et tendre épaisseur spirituelle. « Buée des buées, tout est buée » : cette buée m'habitera longtemps. Delphine Horvilleur, rabbin, nous raconte avec beaucoup d'élégance et de sensibilité comment elle accompagne les endeuillés lors des funérailles des défunts, et ainsi nous fait en plus découvrir les rites sacrés et leur sens.
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