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3,67

sur 1486 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est vrai, il est très vrai, que certaines scènes nous dérangent.
L'enlèvement d'un vieillard en EHPAD, par exemple ... Cet épisode rocambolesque était-il vraiment nécessaire?
Mais qu'importe: ne regardons pas le doigt, mais bel et bien ce que nous désigne le doigt. A savoir: sauf exception d'un chef de service très dévoué, les mauvaises conditions de vie en EHPAD, dans la France du XXI ème siècle, et le regard consterné que porte une jeune infirmière d'origine africaine sur le traitement que les pays prétendument riches réservent à leur quatrième âge...
Ou bien encore cette autre scène avec la jeune escort girl... Elle relève d'une coïncidence que l'on pourra trouver passablement extraordinaire, et pour tout dire assez peu vraisemblable. Bien sûr. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est là, avant tout, pour désigner la réalité envahissante de la prostitution étudiante, que notre auteur constate sans pour autant porter de jugement moral.

Au final, faut-il le préciser, un livre sombre, morbide. Sinistrose à tous les étages, puisque: délitement des couples, marasme économique, neurasthénie, AVC, suicide, cancer... A peu près rien ne nous sera épargné.
Il est pourtant très clair que , dans ce couloir de la mort (personnel, générationnel et civilisationnel) la vacillante petite lumière de la tendresse, de l'amour ( familial, conjugual...) constitue une fragile dernière planche de salut.
Et puis de jolis, et même très beaux personnages féminins. ...
Comme quoi Houellebecq ne serait peut-être pas l'abominable misogyne qu'on a dit?...

Au demeurant, et quoi qu'aient pu en dire les critiques, le récit est ponctué de ces remarques platement décalées qui caractérisent l'humour façon Houellebecq. Et puis, que d'aperçus mordants, tranchants, et qui donnent à penser sur l'époque qui est la nôtre ! A la façon de l'un de ses personnages, particulièrement dépressif mais avant tout passionné par l'art de la tapisserie médiévale, Houellebecq brasse les thèmes, entremêle les fils, tricote les perspectives.
Pour ma part, j'ai trouvé ce roman captivant, et ne me suis pas ennuyée une seconde.


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Anéantir est un grand roman, pas seulement un grand Houellebecq. Son personnage central Paul Raison, fonctionnaire du Ministère de l'économie au service d'un certain Bruno Juge - dont la vie maritale est désormais à l'état de mort cérébrale, et la vie sexuelle se résumant au sexe tarifé, est plongé professionnellement dans la tourmente d'une campagne électorale présidentielle ( celle de 2027 ), et voit sa propre vie peu à peu chamboulée par une série d'évènements d'ordre terroriste ( catégorie cyber ), familial et personnel. Il va découvrir malgré lui le monde aseptisé des EPHAD - comme d'habitude très renseigné chez l'auteur des Particules élémentaires - , de la maladie, du désamour . Il déambule malgré lui à travers une France, devenue le temps encore d'un roman, le laboratoire grandeur nature d'une véritable étude sociologique de la France, mais comme dans l'avant dernier roman Sérotonine, tout n'est pas noir, et une lueur d'espoir plane autour de ce personnage attachant et finalement très humain.
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Après avoir lu Soumission, qui avait été pour moi une découverte de cet auteur sur lequel on a déjà tant débattu, je n'avais pas relu de livre écrit de sa plume.
Voici chose faite !!! Je retrouvait MH dans les premières pages qui campaient les personnages, l'histoire. L'histoire dans l'histoire nous pourrions même dire. Franchement le démarrage était prometteur et puis, au bout de 200 pages, il y a eu comme un trou d'air, j'éprouvais une certaine lassitude et j'en étais presque à me dire que je m'ennuyais et que franchement, MH n'était plus ce qu'il était !!! Mais en fait, c'était juste pour ménager le suspens, ou pour permettre au lecteur de reprendre son souffle, de se poser un peu, avant la suite !!! Et la suite est fantastique !! certains paragraphes, certaines analyses et regards portés sur la société, sur la nature humaine sont à relire !!! du grand MH car en plus, il a laissé tomber la vulgarité pour plus de douceur et d'humanité !!! En devenant ainsi plus humain, il en devient grandiose. Je pense que je relirai ce livre. Il le faut.
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Une petite semaine pour lire les 720 pages d'un livre dont l'aspect cartonné comme un classique le distingue des autres, d'autant plus que la densité d'une écriture claire et parfaitement documentée, la diversité des thèmes nous emmènent évidemment au-delà des productions ordinaires.
Nous suivons un chemin plein d'ombres traversant l'époque sans être étourdis de trop de péripéties et pouvons regarder en face les interrogations de toujours.
« On jette enfin la terre sur la tête, et en voilà pour jamais » Pascal
En attendant, se déroule une sacrée « comédie », morne et prenante.
« La vie change alors de nature, et se met à ressembler à une course de haies : des examens médicaux de plus en plus fréquents et variés scrutent l'état de vos organes. Ils concluent que la situation est normale, ou du moins acceptable, jusqu'à ce que l'un d'entre eux rende un verdict différent. »
L'anticipation n'est que de cinq ans de quoi rendre plus criants les problèmes des réfugiés, des attentats et des piratages informatiques, sans l'apocalypse d'artifice annoncée.
Sur fond économique apaisé, les solitudes s'arrangent entre elles.
« L'Europe dans sa totalité était devenue une province lointaine, vieillissante, dépressive et légèrement ridicule des Etats Unis d'Amérique »
Enigme diplomatique et coulisses du pouvoir, rêves, et beauté de la campagne française, EHPAD, l'ennui est parsemé de coup d'élastique à des baudruches branchées. Les questions fondamentales en prennent de l'évidence :
« tout ce que nous avons réussi à accomplir, nos réalisations, nos oeuvres, rien de tout cela n'a plus le moindre prix aux yeux du monde »
Le boomer s'y retrouve. J'ai bien aimé la progression désinvolte jusqu'à la fin poignante, d'autant plus qu'elle n'est pas surjouée et que la littérature apparait une fois de plus comme le meilleur des remèdes au désespoir.
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Drôle de bouquin. Il y a au moins le contenu de trois ou quatre romans différents dans ce livre - y compris un thriller écologique. Un romancier économe aurait pu consacrer toute sa carrière littéraire à diluer le contenu de ce roman et le distiller ensuite livre après livre. Pas Houellebecq - qui se paie même le luxe de laisser une partie de l'intrigue inaboutie, comme dans les meilleurs romans à suite...
Houellebecq donne en tout cas beaucoup à moudre dans ce roman, que j'ai adoré. Je sens, je sais que je le relirai patiemment très vite. Et je ne serai pas le seul. A recommander donc.
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Le plaisir de la lecture de ce roman est venu en... lisant !
Au fur et à mesure que ce livre se déploie, le collectif (la politique, les attentats numériques) et l'intime (l'amour, conjugal ou non, une épouvantable maladie) se croisent et s'entrelacent comme dans la "vraie" vie.
2027, donc demain.
Des attentats non revendiqués de plus en plus redoutables et incohérents (extrême gauche, extrême droite, éco-terrorisme ?), nous n'en saurons pas plus.
Un candidat-homme de paille à la prochaine élection présidentielle afin que l'actuel président puisse se représenter en 2032 (serait-il influencé par l'épisode Poutine-Medvedev ?).
Puis l'intime prend la main.
Une famille qui se retrouve autour du père, ancien des Services Secrets, victime d'un AVC.
Et Paul Raison, haut fonctionnaire au ministère de l'économie et des Finances dont le ministre, techno bourreau de travail, porte comme prénom... Bruno.
Non, les années n'ont pas tué l'amour, Paul et sa femme se retrouvent tant sur le plan sentimental que physique (Ah ! le sexe chez Houellebecq...)
Et la mort s'invite, sous l'aspect d'une terrifiante "longue maladie", qui dans le cas de Paul ne sera apparemment pas si longue que cela.
Rien ne nous sera épargné des choix médicaux (plutôt des non-choix, en réalité), des rendez-vous médicaux, de
l'évolution de la maladie, des questionnements, des révoltes, des refus.
A la fois thriller et réflexion métaphysique désenchantée sur le cynisme et la médiocrité de notre société.
Michel Houellebecq est décidément un excellent écrivain !
PS. Pourquoi cet enlèvement de L'HEPAD ?
Edouard, un ancien de la DGSI, le père de Paul, Cécile et Aurélien, n'était pas sous tutelle, comment se fait-il qu'il n'aient pu l'en retirer légalement ?
Pour Houellebecq on peut être catholique pratiquant, voter RN , comme Céline, la soeur de Paul et avoir plus de coeur et de compassion que beaucoup qui les portent ostensiblement en bandoulière. Les choses ne seraient pas aussi simplistes qu'on voudrait nous le faire croire ? Etonnant, non ?
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Jeudi, 19h, je repose ce pavé de 730 pages qui a accompagné ma semaine de lecture.

Je voudrais rédiger mon avis "à chaud".

Impossible: ça part dans tous les sens!

Je décide de laisser infuser un peu.

Vendredi, 8h, les doigts posés sur le clavier de mon portable, le constat est le même...

Et si ce joyeux bordel était, en fin de compte, ce qui caractérise le livre de Houellebecq?

Cet ouvrage est déroutant en ce qu'il est impossible à résumer!

Plusieurs intrigues sont imbriquées les unes aux autres, sans que leur déroulé n'obéisse à une construction narrative classique.

Curieusement, pourtant, ce n'est pas dérangeant: on se ballade avec bonheur au gré du récit, qui a pour fil d'ariane la figure de Paul, quinqua un brin dépressif à la vie monotone, qui traverse l'existence sans en goûter la saveur.

Les personnages sont admirablement bien décrits: Houellebecq a un don pour croquer les caractères de ceux auxquels il donne vie!

Plusieurs thèmes sont abordés et l'auteur se fait, tour à tour, philosophe, analyste politique, psychologue, enquêteur...

Deux bémols: d'une part, les digressions parfois interminables qui peuvent finir par perdre ou lasser le lecteur et, d'autre part, les rêves de Paul qui, décidément, n'apportent rien au récit.

J'ai parfois été tentée de considérer que l'auteur était (trop) long, ayant occasionnellement l'impression de lire l'épreuve non retravaillée de son manuscrit.

Sauf que...

Sauf que la plume est belle, tonique, sensible, efficace, caustique, cynique, profonde.

Elle saisit admirablement bien l'âme des protagonistes et dynamise le récit qu'elle rend vif et truculent.

Lire cet auteur, c'est une "expérience": il ne ressemble à aucun autre et ce qui perturbe le lecteur n'entame en rien son plaisir, c'est étonnant!

J'ai lu quelques part que Houellebecq était animé d'un « désenchantement apaisé ».

Je trouve que cette expression sied parfaitement pour décrire l'impression générale qui se dégage de l'histoire, en particulier les 50 dernières pages qui invitent à la réflexion (…).

Un coup de coeur pour moi et un livre qui me hantera, probablement, encore un moment...
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Dans ce roman, l'obsession de Houellebecq pour la misère sexuelle du quinqua occidental est moins apparente. Et ce roman permet de réfléchir à la fragilité de l'existence humaine face à la maladie et à la mort. Après un deuxième tiers qui tourne politique, l'auteur nous rappelle à la condition humaine avec une dernière partie particulièrement bouleversante.
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J'ai dévoré ce livre.
Bien sûr, beaucoup de critiques s'accordent à le dire, il n'a pas le peps des autres mais, à mon sens, ce n'est pas grave.
On a affaire à un écrivain vieillissant que hante l'idée de la mort.
J'ai beaucoup aimé ses réflexions autour de la vieillesse, du déclin et de la mort.
L'écrivain, toute son oeuvre, a tourné autour des carences affectives et de son souhait de les guérir auprès des femmes. Enfin, dans ce livre, il y parvient.
Enfin, il décrit des rapports de couple harmonieux ou qui finissent par devenir harmonieux. Enfin, aussi, il fait la paix avec le père.
Michel, vieillissant, approchant la mort, a enfin, semble-t-il trouvé la paix et l'amour. ça fait du bien de lire ce livre après avoir lu tous les autres.
L'histoire politique montre l'opposition entre la vie publique, où l'on cherche gloire, réussite et reconnaissance, et la vie privée où il ne peut être que question d'affects et d'amour.
Je crois, que, là aussi, il y a un constat de la part de l'écrivain. Face à la mort, seule la réussite de la vie privée compte.
Livre moins bien écrit, moins percutant, moins provoc que les autres, mais tellement plus sincère et réconfortant.
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Un vrai plaisir à retrouver le naturel du style de M. Houellebecq, sa précision documentaire, ses notations qui tapent dans le mille de notre époque, son questionnement éthique. On voit nettement aussi dans ce roman, mieux que dans les autres, son empathie pour « les gens bien » ou ceux qui essaient comme ils le peuvent de se dépatouiller de la vie.
C'est fluide, c'est riche, ça se lit « comme un roman ».
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