Jeudi, 19h, je repose ce pavé de 730 pages qui a accompagné ma semaine de lecture.
Je voudrais rédiger mon avis "à chaud".
Impossible: ça part dans tous les sens!
Je décide de laisser infuser un peu.
Vendredi, 8h, les doigts posés sur le clavier de mon portable, le constat est le même...
Et si ce joyeux bordel était, en fin de compte, ce qui caractérise le livre de
Houellebecq?
Cet ouvrage est déroutant en ce qu'il est impossible à résumer!
Plusieurs intrigues sont imbriquées les unes aux autres, sans que leur déroulé n'obéisse à une construction narrative classique.
Curieusement, pourtant, ce n'est pas dérangeant: on se ballade avec bonheur au gré du récit, qui a pour fil d'ariane la figure de Paul, quinqua un brin dépressif à la vie monotone, qui traverse l'existence sans en goûter la saveur.
Les personnages sont admirablement bien décrits:
Houellebecq a un don pour croquer les caractères de ceux auxquels il donne vie!
Plusieurs thèmes sont abordés et l'auteur se fait, tour à tour, philosophe, analyste politique, psychologue, enquêteur...
Deux bémols: d'une part, les digressions parfois interminables qui peuvent finir par perdre ou lasser le lecteur et, d'autre part, les rêves de Paul qui, décidément, n'apportent rien au récit.
J'ai parfois été tentée de considérer que l'auteur était (trop) long, ayant occasionnellement l'impression de lire l'épreuve non retravaillée de son manuscrit.
Sauf que...
Sauf que la plume est belle, tonique, sensible, efficace, caustique, cynique, profonde.
Elle saisit admirablement bien l'âme des protagonistes et dynamise le récit qu'elle rend vif et truculent.
Lire cet auteur, c'est une "expérience": il ne ressemble à aucun autre et ce qui perturbe le lecteur n'entame en rien son plaisir, c'est étonnant!
J'ai lu quelques part que
Houellebecq était animé d'un « désenchantement apaisé ».
Je trouve que cette expression sied parfaitement pour décrire l'impression générale qui se dégage de l'histoire, en particulier les 50 dernières pages qui invitent à la réflexion (…).
Un coup de coeur pour moi et un livre qui me hantera, probablement, encore un moment...