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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ennemis public. Ennemis de qui ? L'assourdissant déferlement médiatique qui a précédé le lancement de ce livre me fait émettre de sérieuses réserves sur les raisons et les objectifs de la démarche. Sont-ils plus éditoriaux et économiques que littéraires ? Cela n'aurait rien de scandaleux, le monde de la littérature est souvent très sensible à la grande diffusion, et est soucieuse de rentabilité.

Il s'agit ici d'un dialogue épistolaire de deux hommes publics en recherche d'une plus grande reconnaissance. Les deux auteurs savent dès le départ que la correspondance sera publiée. Ce ne sont bien sur pas des missives ordinaires mais des lettres qui explorent et justifient les choix éthiques existentiels effectués par leurs auteurs. Ceux-ci ne laissent jamais indifférent, ils divisent les critiques et le public et participent activement à la scène culturelle et médiatique française depuis de nombreuses années.
Dès le début du livre les auteurs pratiquent l'ironie et l'auto-flagellation : « Tout, comme on dit, nous sépare – à l'exception d'un point fondamental : nous sommes l'un comme l'autre des individus assez méprisables ».
Les premières lettres trahissent une certaine méfiance qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, toutefois après quelques échanges, ils se livreront avec moins de retenue. Ainsi, cette correspondance, qui a duré six mois, de janvier 2008 à juin 2008, propose des chapitres où se succèdent confidences et arguments, nous assistons à une sorte de partie d'échecs où les deux personnages avancent tour à tour leurs pions.
Houellebecq frappe fort dès le début en jouant le jeu de la sincérité : « Philosophe sans pensée, mais non sans relations, vous êtes en outre l'auteur du film le plus ridicule du cinéma français ». Le ton est donné.
Les deux écrivains déclarent vouloir respecter un contrat de sincérité et de vérité. Houellebecq rappelle ainsi que « Schopenhauer note avec surprise qu'il est relativement difficile de mentir par lettres ».
L'enjeu de l'échange n'est ni de persuader, ni de susciter une adhésion. Comme ils le reconnaissent, chacun arrive avec ses convictions et repart avec les mêmes. Le but du dialogue est une confrontation d'idées pour une meilleure compréhension de la vision du monde de l'autre.
Ce qui est gênant, c'est qu'ils ont des avis trop tranchés sur tout, abandonnant toute volonté de construction objective argumentée nécessaire à tout exposé clair. Il aurait été intéressant que ces deux hommes intelligents et cultivés cessent de se considérer comme des ennemis publics et abandonnent plus souvent leur côté narcissique pour parler un peu moins d'eux afin d'élargir le débat et de mieux confronter leurs idées sur le monde et son évolution.

De littérature, nulle trace ici, mais ce n'était pas le but. Ce livre laisse transmettre qu'ils sont tous deux animés d'un sentiment d'injustice par rapport au sort qu'il leur est généralement attribué. En définitive, les deux auteurs ont gagné leur pari, le pire pour un écrivain c'est l'anonymat et l'absence cruelle de lecteurs, ceci leur est épargné. L'opération est surtout payante pour BHL en mal de crédibilité alors que Houellebecq va obtenir le prix Goncourt deux ans plus tard, en 2010.
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En préambule nécessaire, je dois reconnaître que si ce bouquin paru en 2008 ne m'était pas tombé par hasard entre les mains et contre ma volonté, je ne l'aurais pas lu. Pour de bonnes et de mauvaises raisons.
Les mauvaises raisons d'abord, car elles ne sont ni honorables, ni de l'ordre du littéraire mais tiennent de la personne, en l'occurrence ces deux écrivains bien particuliers. On voit là poindre le débat jamais clos, faut-il ou non distinguer l'écrivain en tant qu'homme de son oeuvre ? Encore qu'ici, ne s'agissant pas d'un roman donc d'une fiction, mais d'un débat entre deux intellectuels bien réels, leurs personnalités ne puissent être ignorées étant au centre de ce livre.
Michel Houellebecq je l'ai lu et plusieurs de ses romans sont chroniqués ici. En tant qu'écrivain j'hésite entre bon et très bon, en tout cas toujours intéressant. Par contre son oeuvre révèle des aspects de sa personnalité qui me troublent ou me mettent mal à l'aise, étonnant effet miroir entre ses écrits et son physique malingre et souffreteux, voire maladif. Ses livres m'attirent, sa personnalité me repousse un peu.
Bernard-Henri Lévy lui, je ne l'ai jamais lu. Trop présent depuis toujours dans les médias, de son opposition en tant que « nouveau philosophe » à André Glucksmann il y a une éternité, jusqu'à sa caricature assumée de lui-même, la chemise blanche immaculée ouverte sur son bréchet glabre, le cheveu romantique frémissant sous la brise venue du désert. L'image prenant le pas sur le personnage.
La bonne raison enfin et surtout, pour ne pas vouloir lire ce bouquin à priori, je ne suis pas amateur de correspondances. Car ce texte se présente comme une série d'échanges épistolaires entre Houellebecq et Lévy, des lettres se répondant l'une à l'autre, écrites entre janvier et juillet 2008.
Le titre et l'entame du livre n'étaient pas faits pour contredire mon apriori négatif. « Ennemis Publics », déjà perce une fanfaronnade prétentieuse. Quand on parle d'ennemi public, on songe à un dangereux personnage qui met en péril la société ou ses citoyens quels qu'ils soient, or Houellebecq et Levy ne concourent pas dans cette catégorie. Au mieux ou au pire ( ?) pour eux, ils le sont mais dans l'espace clos autant qu'étroit des intellectuels parisiens. Quant à la première ligne du texte, « nous sommes l'un comme l'autre des individus assez méprisables » écrit Houellebecq, vantardise provocante permettant de désamorcer par avance les critiques négatives qu'il attend, qu'il espère, car sans elles, ce livre n'a aucune raison d'exister. Là aussi, l'affirmation s'adresse aux mêmes intellectuels, car le lecteur lambda lui, est surtout en droit de s'interroger, pourquoi perdre mon temps à lire une paire d'individus méprisables ? Cette seule phrase dépeint assez bien une facette de Michel Houellebecq, balancer du glauque à la gueule du lecteur et le mettre au défi de s'y enfoncer en continuant sa lecture.
Passer cette première barre d'écueils n'était donc pas rien mais j'ai poursuivi ma lecture jusqu'à son terme et ce, je peux le dire, en y trouvant une part d'intérêt. Certains passages m'ont franchement ennuyé, d'autres me sont passés au-dessus de la tête car pas assez calé en concepts philosophiques ou connaissances littéraires, j'avais du mal à suivre. Mais quand les deux écrivains abordent des sujets comme la création littéraire et la poésie ou encore la religion ou du moins ce qui peut y ressembler, l'entretien devient passionnant. Sinon, il est aussi question de leur enfance, de souvenirs personnels, de la misère du monde et de politique, de lynchage médiatique etc.
On serait tenté de vouloir savoir qui des deux écrivains s'en tire le mieux à l'issue de cette rencontre, même si cette réaction est un peu ridicule je l'avoue. Néanmoins, j'ai trouvé Houellebecq plus « petit joueur » comparé à Lévy dont la prose ne manque pas de belles envolées exaltantes faisant appel à des sentiments nobles. Houellebecq est un pessimiste qui se demande « si l'humanité est une expérience qui mérite d'être poursuivie », Lévy est plus combatif. Houellebecq a la rancune tenace, limite radotage, contre les journalistes qui l'ont cassé (Assouline, Demonpion…) alors que Lévy semble (nous faire croire qu'il peut) oublier plus facilement, un choix tactique qui lui pourrit moins la vie. Tout du long de ce recueil de lettres, BHL a le mérite de tenter d'élever le débat et son écriture insuffle un vent de culture encyclopédique qui n'est pas désagréable.
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A priori, ce livre est une bonne idée. Lévy, Houellebecq, belle affiche! On attend un débat animé.
En outre, la forme est originale: on ressuscite un genre littéraire ancien, celui de la correspondance, tombé en désuétude comme la lettre qui en est le support.
Sur la forme, la promesse est tenue: on sait bien que cette correspondance n'est pas tout à fait spontanée, on soupçonne que les thèmes ont été débattus, et les arguments triés d'un commun accord. Mais c'est la loi du genre.
Sur le fond, hélas, il n'y a pas débat: la concertation des auteurs est évidente, les aspérités ont été gommées, et le livre se transforme en exercice d'admiration réciproque.
Encore Houellebecq y tient-il bien sa partie: s'il parle avec courtoisie et même chaleur de son interlocuteur, il n'en profite pas pour faire sa propre apologie.
BHL, hélas...Pour être charitable, disons qu'il reste égal à lui-même. Ce n'est pas encore cette fois qu'il descendra du socle de sa statue. Pour en juger, il suffit de lire la quatrième de couverture.
Dans ces conditions, j'ai écourté ma lecture.
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