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3,65

sur 2835 notes
Expression brute du mal être d'un homme dans la société occidentale moderne, ce livre ne peut laisser indifférent. Perte de sens générale, solitude, matérialisme sordide, inhumanité de l'individualisme et du libéralisme, hypersexualisation, aliénation au travail, disparition de toute valeur morale, le narrateur nous fait part de ses tourments au fil d'un quotidien finalement très banal.
La critique de l'ultralibéralisme prêtée à ce livre n'est pas d'une grande finesse, j'ai eu plutôt le sentiment d'un livre de témoignage. Témoignage triste, sordide, réac, témoignage qui bien sûr ne parlera pas, ne touchera pas certains d'entre nous mais qui fera mouche pour beaucoup d'autres!
Je comprend que l'on puisse ne pas aimer du tout cet auteur. Par contre, je ne comprend pas que l'on puisse le juger totalement nul, vide ou le traiter carrément d'imposteur (comme on peut le voir dans certaines critiques). Mauvaise foi ou éloignement de certaines réalités?
"Ce n'est pas un signe de bonne santé d'être bien adapté à une société profondément malade".
Krishnamurti.

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J'ai été finalement positivement surprise par ce court roman de Houellebecq. certes l'outrance des mots et des situations est bien telle qu'on me l'a décrite, mais il décrit surtout la société avec un cynisme empreint d'une certaine vérité. Même si elle ne fait pas forcément plaisir.

L'informaticien est le type même du gars qui ne s'insère pas dans la société présente alors qu'il en est pourtant le pivot. En faire le chantre de la contre-modernité est intéressant.

Mais en étant si critique envers tout conformisme, n'est-ce pas déjà un conformisme ?
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Houellebecq fascine comme il heurte. Force est néanmoins de reconnaître qu'il est un des meilleurs analystes de notre monde désenchanté en panne d'idéal.
Ce récit qui date déjà de 1994 est le récit désabusé du quotidien d'un informaticien plus ou moins dépressif, anti-héros dont on ne connaît jamais le nom. Sa misère affective, sexuelle, professionnelle dans un monde dépourvu de sens.
La lutte des hommes pour l'argent, l'affection, le sexe s'étend à tous les domaines. Le récit est le constat de notre société libérale anonyme et désincarnée et dépourvue de sens.
Un humour caustique, distancié
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Convaincue !

J'ai découvert et apprécié Houellebecq grâce à La Carte et le territoire. Je n'aime pas tous ses romans, mais celui là, je l'ai dévoré.

J'ai aimé l'atmosphère et le ton du narrateur, un trentenaire discret et désabusé. Informaticien, seul, sans passion, sans amour (il peine à sortir d'une rupture 2 ans auparavant), sans ami, il se laisse porter par la vie. Rien ne semble l'intéresser ou le motiver. Il sombre lentement.

L'ambiance réaliste et dépressive s'infiltre petit à petit jusqu'à mettre mal à l'aise. A certains moments, j'ai pensé : Ouf, même quand je vais mal, j'ai une vision moins pessimiste du monde. Ce n'est ni violent, ni horriblement scabreux (n'en déplaise à ses détracteurs) mais l'on ressent avec puissance la lourdeur du quotidien et la triste vision que le narrateur porte sur les autres et sur la société dans laquelle il tente de vivre.

Pourtant, ce livre m'a paru fluide et facile à lire, car Houellebecq parvient à un juste équilibre entre les propos décourageants du narrateur et un style vif, direct et percutant. Son anti-héros adopte une position d'observateur cynique qui est une merveille de réussite. le roman est truffé de tournures, de formules grinçantes bien trouvées, qui prêtent souvent à sourire, certes, dans des tonalités jaunâtres, mais à sourire malgré tout et grâce à ce parti pris, on parvient à affronter la profonde tristesse qui émane de ce livre.
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Alors que je trouve le personnage profondément désagréable, je dois admettre que Michel Houellebecq a de grandes qualités d'écrivain.
Avec ce premier roman "Extension du domaine de la lutte" il raconte les pérégrinations morbides d'un informaticien à l'esprit torturé et obsédé par le déclin du corps et de la société.
Et bien, même avec ce programme, la lecture est intéressante. Je me demande même comment je fais pour apprécier un livre dont le narrateur est un dépressif décrit par un "néo-réac" qui plombe l'ambiance. Je pense que c'est parce qu'il sait décrire un monde que l'on connait avec une grande lucidité.
C'est l'histoire d'un homme seul qui se perd dans une vie monotone, sans aucun élan et encore moins de passion y compris pour son travail. Il a l'occasion de partir à Rouen pour installer un logiciel dans les services du ministère de l'Agriculture avec un jeune collègue, caricature du
dragueur lourd sans aucun attrait et qu'aucune fille ne veut dépuceler. Notre antihéros dont la vie sexuelle est au point mort réussira à le désenchanter en lui démontrant qu'il est victime de la loi du marché. Car il s'agit bien d'une critique du système capitaliste. Tout comme le libéralisme économique, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation.
On en arrivera donc au pire dans un monde détesté.
Il y a beaucoup d'amertume et une absence totale d'espoir dans ce roman et pourtant un titre qui laisse à penser que la lutte est possible, alors ne baissons pas les bras.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
Challenge ABC 2021-2022
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Si tout va mal dans votre entreprise en pleine restructuration, si vous vous êtes cassé les deux poignets d'un coup au ski ce qui a eu pour conséquence l'installation de votre belle-mère à la maison pour donner un coup de main, si vous venez de découvrir que votre femme vous trompe avec votre meilleur ami depuis dix ans, si vous venez de découvrir également que votre fils aîné deale du shit et que votre deuxième fils sèche tous les cours depuis un mois, si votre fille de 15 ans vous apprend qu'elle est enceinte, si votre candidat vient de perdre les élections, si vous avez un dégât des eaux plus votre domicile visité par des cambrioleurs la nuit dernière, alors n'hésitez pas : ce livre est fait pour vous. Vous saurez qu'on peut toujours faire pire.
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"Aucune civilisation, aucune époque n'ont été capables de développer chez leurs sujets une telle quantité d'amertume." Qu'en sait-il celui qui écrit ces lignes ? Généralité naît d'une profonde déception de celui qui se sent le plus marginalisé dans la société dans laquelle il vît et ne peut que penser que ce sentiment n'a jamais submergé d'autres civilisations, d'autres époques que la sienne.

Première oeuvre que je lis de cet auteur et qui m'a séduite par la qualité de son écriture. Et puis, c'est ce que j'attends d'un écrivain : qu'il me fasse entrer dans un univers qu'il construit, élabore pour mieux découvrir d'autres façon de voir le monde.

Hasard des lectures, cette citation : "Dans sa relation à la terre, l'homme devient de plus en plus homme" qui me semble être le reflet lumineux de ce court roman de M. Houellebecq, tout en brume et désespérance et cynisme.

Ce récit entraîne le lecteur dans les pensées de plus en plus sombres d'un jeune homme qui jusque là avait réalisé un parcours presque sans faute.. en apparence. Sauf que l'échec de son couple le précipite dans un début de dépression dont il n'a pas conscience, ou dont il ne veut pas affronter la réalité. Il s'isole, accumule les petites lâchetés, accable, noircit la société et ses concitoyens avec un cynisme pourfendeur. Sa victime "collatérale" sera un de ses collègues, ce Raphaël Tisserand, laid, généreux qui malgré son énergie est toujours repoussé par les femmes et qui à son contact perdra ce désir de vivre.
Certes je ne lis pas assez mais c'est la première fois que je rencontre un auteur parlant de l'abstinence sexuelle - sujet quasiment tabou dans ce siècle où la soi-disante "norme" serait la jouissance sexuelle. La difficulté de se savoir laid et d'essayer de s'en accommoder inspire beaucoup plus d'auteurs...
Quant à la fin, elle ramène à cette pensée qu'être humain, devenir homme et de plus en plus homme c'est renouer sa relation à la terre qui permettra, peut être un jour, de renouer avec les autres hommes...et femmes.
Bref un beau roman, avec beaucoup de délicatesse, bien cachée sous une écriture parfois rude et brutale.
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Je me retrouve bien embêtée pour cette chronique : j'ai aimé ou pas ? Pour cette première rencontre avec Houellebecq, je suis venue à reculons. Non pas parce que j'aurais suivi une psychanalyse et je serais bousillée pour l'amour, mais parce que je recule devant le marasme qui suinte de cet auteur et de son univers.
Je ne vis pas dans le monde des bisounours, tant s'en faut, et ce n'est pas ignorer la réalité de notre société, les difficultés rencontrées, sociales et professionnelles, que de préférer des romans qui offrent des personnages avec une attitude plus combattive, plus positive et surtout moins manichéenne que celle présentée par l'auteur et son héros anonyme.
Ai-je totalement détesté ? Cette lecture fut elle une torture ? Et bien non. J'ai apprécié l'humour utilisé dans de nombreux passages (l'incipit est drôlissime) et j'ai éprouvé de l'empathie pour ce pauvre homme incapable de voir la beauté de la nature l'entourant.
Une première rencontre donc mais je ne suis pas sûre de vouloir renouveler l'expérience !
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Mon premier Houellebecq. le personnage me déplaît tellement que je n'avais nulle envie de lire sa prose, mais il est au programme du Challenge solidaire 2023 et j'ai donc donc «  séparé l'homme de l'artiste » en m'attaquant à son premier roman.

Peinture cynique de notre société libérale où tout est compétition, apparence et performance, avec un héros neurasthénique qui ne voit autour de lui que la médiocrité humaine et la misère affective et sexuelle, (avec une petite dose de misogynie en prime).

Une écriture assez plate qui colle parfaitement au sujet, avec quelques bonnes formules : « Tisserand me l'a dit l'autre jour (il avait bu) : "J'ai l'impression d'être une cuisse de poulet sous cellophane dans un rayon de supermarché."

Je n'ai pas trouvé ça très original (ça l'était peut-être plus en 1994 ?) et me suis pas mal ennuyée à cette lecture . Vite lu, vite oublié.
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En tant qu'individu, M. Houellebecq parait être un personnage déroutant, assez cynique, politiquement incorrect. En tant qu'écrivain, il est controversé. J'ai déjà lu plusieurs romans qu'il a signés et mon impression personnelle n'a pas été défavorable. Cette fois-ci, je me suis attaqué à une des oeuvres anciennes, "Extension du domaine de la lutte". Je reste assez perplexe mais, en fait, je ne regrette pas de l'avoir lu.

Le narrateur est un ingénieur trentenaire, qui travaille sans aucun entrain pour une entreprise d'informatique. Il mène une existence vide de joies, sans relations, sans aucune conquête féminine depuis sa rupture avec Véronique. Il passe le temps comme il le peut, c'est-à-dire très médiocrement. En fait, les quelques personnes qu'il fréquente sont ses collègues, pour lesquels il n'éprouve aucun sentiment d'amitié. Son travail l'amène à s'intéresser un peu à un jeune employé nommé Tisserand, très laid et maladroit, terriblement frustré sur le plan sexuel: cette rencontre lui démontre en quelque sorte qu'il existe des individus encore plus malheureux que lui (Tisserand n'échappera d'ailleurs pas à sa malédiction). Lui-même finira par "disjoncter", vers la fin du récit.
Dans le roman, on trouve une charge très sévère (mais exempte de tout esprit militant) contre la société moderne, aussi bien sur le plan socio-économique que sur le plan individuel. En particulier, Houellebecq dénonce l'effrayante misère affective et sexuelle qui accable tous les perdants de la compétition où nous nous trouvons tous impliqués de gré ou de force. Il s'avance même à parsemer son livre de théories à ce sujet. Dans le même esprit, il s'attaque à la psychanalyse avec une extrême violence. L'auteur ne travaille pas dans la nuance...
Ce qui est peut-être plus intéressant, c'est le narrateur du roman qui m'évoque vaguement le personnage principal dans "L'étranger" d'Albert Camus. Notre informaticien traverse la société un peu "en contrebande"; isolé, il observe froidement et sans indulgence les travers de ceux qui l'entourent mais il ne s'insurge pas; il est à la fois dégoûté et résigné devant ce qu'il voit et ce qu'il vit. L'auteur lui fait dire: « J'ai si peu vécu que j'ai tendance à m'imaginer que je ne vais pas mourir; il parait invraisemblable qu'une vie humaine se réduise à si peu de chose; on s'imagine malgré soi que quelque chose va advenir tôt ou tard. Profonde erreur. Une vie peut fort bien être à la fois vide et brève ».
Ce qui le distingue peut-être de Meursault, c'est son cynisme, son absence totale "d'innocence" morale. Lui, qui n'a pas vraiment vécu, n'a déjà plus aucune illusion sur la vie; mais il n'avoue jamais qu'il est profondément malheureux.

Quoique court, ce roman présente des longueurs; mais certains passages m'ont semblé très bien venus. En général l'écriture de Houellebecq semble sans relief, volontairement, pour cadrer avec l'état d'esprit du "héros"; mais il n'hésite pas à utiliser des mots crus, s'il le juge nécessaire, notamment dans le domaine de la sexualité. L'atmosphère reste grisâtre tout au long du récit: ce n'est donc pas un livre à faire lire à un dépressif !
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