Le titre de cet essai pourrait être "pourquoi
Lovecraft est un Dieu absolu et tous ceux qui pensent l'inverse sont stupides".La promesse de la 4e de couverture n'est pas tenue :
Michel Houellebecq ne retrace pas l'itinéraire de
Lovecraft. Il s'emploie avec force et jugement à expliquer que
Lovecraft a tout créé et est le meilleur en tout, dans un argumentaire assez peu fourni et non documenté. L'essayiste manque ici de clairvoyance et de recul considérables, et balaye d'un revers de la plume tout ce qui entacherait la réputation, pourtant déjà pas fameuse, de son auteur fétiche (à ce niveau d'adoration c'est du fétichisme).Le point de vue des personnes qui n'aiment pas le style d'écriture de
Lovecraft est qualifié de "stupide", mais ceux qui ont raison sont ceux qu'il qualifie, avec toute la notion d'élite que cela induit, de "vrais amateurs". L'essai devient véritablement insupportable quand la partie biographie s'emploie à excuser le racisme et le sexisme de
Lovecraft, le pardonnant parce qu'il n'est que "vieux jeu" et "naturellement réac" (se contre disant
lui même 20 pages plus tard en affirmant que même pour son époque
Lovecraft avait des idées désuètes).
Houellebecq prend même un malin plaisir à savourer le racisme violent de
Lovecraft car sa haine est à l'origine du mythe de Cthulhu (qu'il s'acharne à écrire Ctulhu), allant même jusqu'à écrire qu'on a "souvent sous estimé l'importance de la haine raciale dans l'oeuvre de
Lovecraft". Ceux qui saluent cette haine sont qualifiés de courageux et d'honnêtes.
Lui ne prend même pas la peine de mettre des guillemets à ses mentions de "races" (et même "représentants des autres races") comme il le fait pourtant pour "nègre". Si
Houellebecq voulait nous démontrer en 150 pages ce que c'est d'être condescendant comme l'était
Lovecraft, dont j'aime pourtant les récits, c'est réussi.