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Citations sur Sérotonine (428)

Ces restaurants auraient d'ailleurs été supportables si les serveurs n'avaient récemment acquis la manie de déclamer la composition du moindre amuse-bouche, le ton enflé d'une emphase mi-gastronomique mi-littéraire, guettant chez le client des signes de complicité ou au moins d'intérêt, dans le but j'imagine de faire du repas une expérience conviviale partagée, alors que leur seule manière de lancer "bonne dégustation !"à l'issue de leur harangue gourmande suffisait en général à me couper l'appétit.
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Je le remerciai avant de quitter son bureau, il m’affirma que ce n’était rien, c’était vraiment le moins qu’il puisse faire, je sentis qu’il avait envie de se lancer dans une diatribe sur ces connards qui nous pourrissent la vie mais finalement il se tut, cette diatribe sans doute il l’avait déjà trop lancée, et il savait que ça ne servait à rien, les connards étaient les plus forts.
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Je raccrochai, furieux: quel était le connard de la DRAF qui avait pu l'envoyer là? Je connaissais parfaitement cet élevage, c'était un élevage énorme, plus de trois cent mille poules, qui exportait ses oeufs jusqu'au Canada et en Arabie Saoudite, mais surtout il avait une réputation infecte, une des pires de France, toutes les visites avaient conclu à un avis négatif sur l'établissement: dans des hangars éclairés en hauteur par de puissants halogènes, des milliers de poules tentaient de survivre, serrées à se toucher, il n'y avait pas de cages, c'était un "élevage au sol", elles étaient déplumées, décharnées, leur épiderme irrité et infesté de poux rouges, elles vivaient au milieu des cadavres décomposés de leurs congénères, passaient chaque seconde de leur brève existence - au maximum un an- à caqueter de terreur.
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Et le pire est qu'à quarante-six ans je m'apercevais que j'avais eu raison à l'époque, les filles sont des putes si on veut, on peut le voir de cette manière, mais la vie professionnelle est une pute bien plus considérable, et qui ne vous donne aucun plaisir.
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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé comme disait l'autre, encore le terme de « dépeuplé » est-il bien faible, il sonne encore un peu son XVIIIe siècle à la con, on n'y trouve pas encore cette saine violence du romantisme naissant, la vérité est qu'un seul être vous manque et tout est mort, le monde est mort et l'on est soi-même mort, ou bien transformé en figurine de céramique, et les autres aussi sont des figurines de céramique, isolant parfait des points de vue de vue thermique et électrique, alors plus rien absolument ne peut vous atteindre, hormis les souffrances internes, issues du délitement de votre corps indépendant, mais je n'en étais pas encore là, mon corps se comportait pour l'instant avec décence, il y a juste que j'étais seul, et que je ne tirais aucune jouissance de ma solitude, ni du libre fonctionnement de mon esprit, j'avais besoin d'amour et d'amour sans une forme très précise, j'avais besoin d'amour en général mais en particulier j'avais besoin d'une chatte, il y avait beaucoup de chattes, des milliards à la surface d'une planète pourtant de taille modérée, c'est hallucinant ce qu'il y a comme chattes quand on y pense, ça vous donne le tournis, chaque homme je pense a pu ressentir ce vertige, d'un autre côté les femmes avaient besoin de bites, enfin du moins c'est ce qu'elles s'étaient imaginées, en principe la question est soluble mais en pratique elle ne l'est plus, et voilà comment une civilisation meurt, sans tracas, sans dangers ni sans drames et avec très peu de carnage, une civilisation meurt juste par lassitude, par dégoût d'elle-même, que pouvait me proposer la social-démocratie évidemment rien, juste une perpétuation du manque, un appel à l'oubli.
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Sur la première photographie son visage est illuminé par un sourire radieux, elle éclate littéralement de bonheur – et il me paraît aujourd'hui insensé de me dire que la source de son bonheur, c'est moi. […] J'étais bouleversé, jusqu'à en avoir le souffle coupé, littéralement, chaque fois que je lisais dans son regard posé sur moi la gravité, la profondeur de son engagement – une gravité, une profondeur dont j'aurais été bien incapable à l'âge de dix-neuf ans. […] Le fait que nous nous rendions chaque vendredi soir dans une brasserie vieillotte, plutôt que dans un bar à tapas d'Oberkampf, me paraît symptomatique du rêve dans lequel nous essayions de vivre. Le monde extérieur était dur, impitoyable aux faibles, il ne tenait presque jamais ses promesses, et l'amour restait la seule chose en laquelle on puisse encore, peut-être, avoir foi (pp. 173, 179, 180).
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Il est mauvais que des aimés parlent la même langue, il est mauvais qu'ils puissent réellement se comprendre, qu'ils puissent échanger par des mots, car la parole n'a pas pour vocation de créer l'amour, mais la division et la haine, la parole sépare à mesure qu'elle se produit, alors qu'un informe habillage amoureux, semi-linguistique, parler à sa femme ou à son homme comme l'on parlerait à son chien, crée les conditions d'un amour inconditionnel et durable.
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le nombre d’objets qui lui étaient indispensables pour maintenir son statut de femme était proprement sidérant, les femmes l’ignorent en général mais c’est une chose qui déplaît aux hommes, qui les écœure même, qui finit par leur donner la sensation d’avoir acquis un produit frelaté dont la beauté ne parvient à se maintenir que par d’infinis artifices, artifices que l’on en vient vite (…) à tenir pour immoraux (...)
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Enfin je m'égare, revenons à mon sujet qui est moi, ce n'est pas qu'il soit spécialement intéressant, mais c'est mon sujet.
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De mon côté, avant de franchir la porte, je m'excusai du dérangement, et au moment où je prononçais ces mots banals je compris que c'était à cela, maintenant, qu'allait se résumer ma vie : m'excuser du dérangement.
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