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3,89

sur 407 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
je croyais que ce mince livre de 120p meublerait agréablement 3h de transports en commun, il en fut autrement. Mince, peut être mais très dense, très riche en allusions, en réflexions philosophiques de Lao-Tseu à Nietzsche, en passant par Hegel ou Schopenhauer, comme en sous-entendus politiques qu'on aime chercher et décoder.
Roman sentimental aussi, amours passées, inachevées...

Hymne aux livres, paradoxal, puisqu'il s'agit de destruction. Hanta le héros, travaille dans une presse, au pilon, pour le recyclage du papier. Tout papier, aussi bien les beaux exemplaires reliés venant d'une bibliothèque sacrifiée que du papier de boucherie abritant des essaims de mouche. Livres d'art, aussi. Hanta sauve certains livres, il ne les sacrifiera qu'après les avoir lus, les avoir soigneusement empaqueté. L'ouvrier est donc d'une grande culture.

Lecture lente, donc pour décoder les sens cachés. Sens cachés en absurdie quand interviennent les guerres des rats ou les villes de souris. Je pense alors à Kafka.

Amour du travail bien fait, amour de l'ouvrier pour sa machine la presse quand se construit une monstrueuse usine de recyclage de papier où les ouvriers "jeunes gens nouveaux" d'un idéal socialiste travaillent machinalement avec des gants, ne touchent plus aux livres qui sont recyclés industriellement, boivent du lait et rêvent aux vacances au soleil du comité d'entreprise. Irruption d'un monde nouveau!
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Suite à ma lecture de Jonas Fink tome 2 : le libraire de Prague, il m'a été suggéré de relire "Une trop bruyante solitude" de Bohumil Hraba, un livre lu il y a une petite quarantaine d'années. J'avoue que mes souvenirs étaient plutôt très flous.
Cette lecture est une vraie redécouverte.

Prague, les sous sols de Prague où dans les égouts, deux clans se repoussent en une guerre absurde, des mots qui claquent, qui font très mal et qui sont toutefois écrits "des anges déchus travaillent dans les caves, des hommes cultivés, vaincus dans une bataille qu'ils ne menèrent jamais, mais qui, malgré tout, ne cessent de perfectionner la description du monde".

Prague, les sous sols de Prague où des tombereaux de livres juste édités sont détruits dans la machine à pilonner, des accusations implacables contre la bêtise : "ces oeuvres là, pourtant, quelqu'un avait dû les écrire, quelqu'un les corriger, les lire, les illustrer, puis les faire imprimer avant de les relier; et quelqu'un d'autre avait dû décider qu'elles n'étaient pas lisibles, les censurer, les expédier à la décharge".

Prague, les sous sols de Prague où une gigantesque machine prenait la ville dans sa gueule, une machine qui avec ses mâchoires gigantesques dévoraient les immeubles, "écrasaient, détruisaient, rejetaient devant elles tout ce qui pouvait leur barrer la route".

Mon édition datant de 1983, propose des versions différentes de la fin ... curiosité mais je crois que la fin d'une histoire n'est pas le plus important ... c'est plutôt le contenu de ce qui c'est passé qui lui, ne change pas ... et c'est certainement ce qui fait le plus de mal !
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Quel petit livre étonnant ! Truffé de références littéraires et artistiques, il envoûte par son vocabulaire répétitif et son personnage principal atypique, ancré à sa presse autour de laquelle gravite sa propre interprétation de la vie et du monde.
Une belle découverte.
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La première phrase annonce la couleur : "Voilà trente cinq ans que je travaille dans le vieux papier et c'est toute ma love story".
Hanta, personnage principal et narrateur, nous plonge dans l'univers sale et collant du recyclage papier, où le travail se fait les mains nues dans le pilon, dans les vieux emballages sanguinolents des boucheries, les tâches d'encre, les pintes de bière, et les souris endormies. Mais Hanta aime passionnément ce travail parce que chaque jour, il découvre la beauté au milieu de toute cette brutalité : des livres lui apparaissent et il s'y laisse emporter. Il cite Hegel ou Nietzsche et discute avec Jésus et Lao Tseu. Dans chaque boule de papier compressé qu'il forme avec sa presse, il depose un de ces précieux livres, il les entoure de belles reproductions picturales ; il crée à sa manière une autre vie pour ces mots voués à la destruction.
Jusqu'au jour où apparaît une toute nouvelle machine, gigantesque et rapide, qui impose un travail à la chaîne sans plus de souci des mots, de la découverte, ni de l'homme...

Parlant de découverte, quel étonnement que ce tout petit livre de Bohumil Hrabal ! Dans une langue à la fois touchante, presque poétique et frappante, il tape le rythme de la machine et délivre un tragi-comique talentueux qui semble nous dire : "Attendez, n'allez pas si vite, réfléchissez". Hanta, ce personnage crasse et alcoolique, prend pourtant le temps et chérit encore l'être et la culture comme le coeur de toute chose - à l'image de ce livre qu'il place au centre des papiers recyclés. Mais la société moderne, avec un toujours plus généralisé, abrutit, asservit et retourne en arrière à force d'avancer sans considération. Les nouveaux ouvriers ne lisent plus les mots qu'ils vouent au néant, et les enfants ne connaissent plus le livre avec délectation. L'homme, lui-même, devient dispensable et tout un humanisme s'éteint avec Hanta.
Un très beau texte sensible, parfois halluciné, mais terriblement éclairé qui prête à la réflexion, au rêve, à la différence (oserais-je dire à la résistance?). A découvrir de toute urgence !


Lien : http://lapetitemarchandedepr..
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Trente-cinq ans durant, il a écrasé du vieux papier à la presse mécanique. Sysiphe, le fils d'Éole, était condamné à pousser une pierre au haut d'une montagne, d'où elle finissait par retomber sempiternellement. le narrateur, lui, reproduit les mêmes gestes, au fond d'une cave, enseveli sous les vestiges de papiers de toute nature, les pieds dans un magma innommable, retourné, sous l'action de l'humidité, quasiment à la bouillie de cellulose originelle, côtoyant les souris, environné d'un nuage de mouches agglutinées sur l'immonde provende sanguinolente d'emballage de boucherie. L'homme n'est pas insensible à cette matière destinée au rebut, il ouvre les volumes, sélectionne les reproductions d'oeuvres d'art qui orneront le produit de son labeur, des balles de papier compressé; son appartement croule littéralement sous les livres qu'il a sauvé de l'holocauste.

Une Trop bruyante solitude est une oeuvre du ressassement, traduisant le soliloque d'un homme solitaire. Ce remâchement du propos, ce processus digestif de rumination, s'inscrit dans un univers fermentant et grouillant, où règne de manière obsessionnelle - ce livre se prêterait fort bien à cet égard à une analyse psychopathologique, le déchet, la matière en putréfaction, l'excrémentiel. C'est très spécial, çà n'est guère ragoutant, il stagne sur ce court opus un remugle permanent.
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Voilà un court roman à l'ambiance particulière mais qui m'a bien plu.
Le narrateur travaille à Prague sur une presse, chargé de compresser les déchets de papier destinés à être dissous et recyclés.
Il passe une bonne partie de sa vie dans un sous-sol, une cave dans laquelle sont déversés aussi bien des emballages des abattoirs maculés de sang que des fleurs fanées ou des livres précieux.
Cet homme mène une vie solitaire mais c'est un poète qui a décidé que chaque bloc de papier qu'il presserait serait une oeuvre d'art dans laquelle il enferme un livre précieux.
Il a aussi sauvé trois tonnes de livres qui remplissent son domicile menaçant de l'étouffer et rêve de leur offrir une seconde vie lorsqu'il sera à la retraite.
Mais la modernisation de la vie et de la société laisse peu de place pour des marginalités créatives de ce type...
Une lecture qui m'a marquée.
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C'est clairement un Hrabal bien plus mature qui parle ici que dans ses premiers «Trains Etroitement Surveillés» : tout est plus élaboré, plus condensé, bourré de références littéraires, mais surtout encore beaucoup plus sombre. Car là où dans le premier roman le jeune protagoniste pouvait trouver du réconfort dans un acte d'héroïsme (discutable), cette histoire-ci se termine par une ferveur très détaillée et en même temps tragique du protagoniste Haňtá envers la société déshumanisée. L'ironie désarmante de ce livre est qu'il est un «écraseur professionel de livres» (« trente-cinq ans j'écrase du vieux papier et des livres ») qui nous confronte à cette déshumanisation: Haňtá broie/écrase des livres en vieilles ballots, mais il chérit aussi ces livres, en extrait les meilleurs et les plus beaux, cite par exemple Kant, Rimbaud et Hegel, et décore les ballots de vieux papiers qui sortent de sa machine de belles couvertures de livres d'art. Donc, le travailleur manuel Haňtá est à la fois un artiste-intellectuel et, à travers ses voyages dans les égouts de Prague, également un expert du côté sordide de la société moderne. Ses descriptions rappellent involontairement le Kafka des ‘Métamorphoses' et ‘La Colonie Pénitentiaire', bien que cela puisse être une comparaison trop évidente, peut-être que l'oeuvre la plus sombre de Piranèse est une meilleure référence. La chose intelligente est que Hrabal évoque tout un monde somnolent en seulement 90 pages et y ajoute à la fin un point saisissant et dramatique, un règlement avec le monde désenchanté et aveuglement mécanisant.
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Un personnage qui considère que mettre des livres au pilon est un crime contre l'humanité et qui a du mal à se frayer un chemin dans son appartement envahi par les livres sauvés, ça peut déjà éveiller votre intérêt. Si j'ajoute sa déploration du manque de curiosité de ses contemporains pour la culture classique, c'est sans doute un plus.
Mais attention ! Ce livre n'est pas un Farenheit 451 tchèque : il n'y a pas de gitanes délurées ni de scatologie chez Bradbury. Et puis les personnes qui tentent de sauver les livres ici sont des doux dingues dont l'entreprise est vouée à l'échec, quand ce n'est pas carrément pour mettre les livres au tombeau.
PS : aucune des fins alternatives présentées dans la collection Pavillons chez Robert Laffont n'arrive à la cheville de la fin stupéfiante de beauté et de cruauté retenue dans toutes les éditions.
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Un court roman qui se déroule à Prague, après la Seconde Guerre mondiale, sur fond de révolution industrielle. On y suit un homme qui compresse du papier, donc des livres et autres affiches, depuis 35 ans, dans une machine qui les transforme en blocs destinés à être recyclés. Toutefois, il a une façon de procéder, de réaliser ces cubes, à un rythme et dans une démarche artistique qui ne correspondent pas forcément aux attentes de son patron... Une belle oeuvre écrite avec beaucoup de sensibilité et une pointe de mélancolie.
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Une trop bruyante solitude est un court roman, étonnant et bouleversant. Il raconte l'histoire d'Hanta à Prague. le narrateur Hanta, est un ouvrier qui travaille dans une usine de recyclage de papier. Il passe ses journées à boire, dans un cloaque sale et puant, où vivent aussi une multitude de rongeurs. Il est entouré d'ouvrages, de brochures et de papiers qu'il doit réduire en miette à l'aide de son pilon. Mais Hassan adore la littérature et les écrivains... et lit tant qu'il peu. Tout se mélange dans sa tête, lecture, alcool, bruit incessant.
Dans son long monologue, Hanta exprime son refus de pilonner l'art pour la censure, il se mets en danger contre la barbarie en place.
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