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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais vu l'adaptation de Zhang Yimou, il y a une vingtaine d'années. C'était magnifique comme tous les films de Zhang Yimou. Mon défi de remplir ma carte du monde littéraire, m'a donné envie, pour la Chine, de lire Vivre !
C'est triste mais magnifique. J'ai appris beaucoup de choses sur une partie de l'Histoire de Chine. Et tandis qu'à la fin, on nous explique la chronologie de l'avènement communiste, nous nous rendons compte, que les personnages subissaient, vivaient sans les informations.
Fugui aura vécu le deuil, la famine, la richesse, la pauvreté, la maladie, la guerre mais n'aura jamais manqué d'Amour. Et nous nous attacherons à tous ses personnages, plein d'Amours et de gentillesses, laissant nos larmes couler durant les passages les plus durs. Un beau récit sans aucun doute.
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Vivre ! Comme un cri d'espoir, et de désespoir, lancé à travers la campagne chinoise des années Mao. C'est le récit d'une histoire familiale marquée par le dur labeur aux champs, l'amour et la solidarité intra-familiale, des épreuves et des deuils terribles, et quelques joies, magnifiées par la simplicité et les capacités de résilience de ce peuple attachant. C'est le roman de la famille Xu s'inscrivant sur près de quatre décennies dans le grand roman de la Chine maoïste. Un chef d'oeuvre !

Le premier narrateur est un voyageur parti recueillir des chansons populaires dans la campagne chinoise. Il va y rencontrer Fugui, un vieux paysan qui l'intrigue, parlant à son buffle en lui donnant plusieurs noms (Fugui, Jiazhen, Fengxia...). Fugui va lui raconter l'histoire de sa vie, depuis le jour où elle a basculé une première fois. Au départ fils unique d'une famille aisée, marié à une femme également de bonne famille, Jiazhen, il se rend régulièrement en ville où il profite d'abord des plaisirs des bordels, puis plus dangereusement des jeux d'argent, dont il devient accroc...jusqu'à être ruiné.
Sa femme savait ces travers, a subi, mais fait preuve de dignité et d'une formidable compréhension en lui pardonnant. Malgré la perte de leur maison et l'obligation de se mettre à travailler une terre qui ne leur appartient pas, le couple devenu pauvre restera uni, aura deux enfants, Fengxia puis son petit frère Youqin. Pour manger, et pas toujours à sa faim, la famille doit trimer sans cesse dans les champs, travail de la terre souvent épuisant et terriblement frustrant quant aux résultats des récoltes, trop tributaires de facteurs extérieurs, aléas climatiques et orientations politiques sous les expérimentations successives de l'ère Mao. Les parents se saignent aux quatre veines dans l'espoir que leurs enfants connaissent un meilleur sort dans la société...Mais lorsque la chance semble enfin sourire, de dramatiques coups du sort vont anéantir ces joies trop brèves et disloquer bien malgré elle cette famille unie.

Ce roman est voué à rester très longtemps dans ma mémoire, tant il m'a marqué. Tout y est admirable. Le rythme, les surprises, le sens du réalisme et du tragique, et même si les personnages versent beaucoup de larmes, je n'ai pas eu la sensation d'excès, tellement le destin s'acharne sur la famille, m'amenant moi-même au bord du craquage. L'émotion est omniprésente, tellement on vit avec cette famille, partageant ces joies dans le regard d'un enfant, mais aussi et surtout leurs peines immenses dans des deuils répétés comme une malédiction. Car l'auteur sait aussi nous rendre ses personnages formidablement attachants. Sans pour autant les décrire véritablement, nous apprenons à les connaître au travers de leur comportement, de leurs réactions dans l'enchaînement des scènes familiales. Ce parti pris allège le récit de descriptions superflues, et renforce la tension dramatique autour de la destinée de ces personnages.
L'auteur nous montre des êtres extraordinairement courageux, et des portraits de femmes admirables, en particulier Jiazhen, mère de famille exemplaire se sacrifiant jusqu'au bout pour les siens, véritable pilier de sérénité dans la famille. Car son homme Fugui, qui en tant que narrateur dresse finalement lui-même son portrait, apparaît bien imparfait. Souvent dur avec ses enfants et pas toujours bien inspiré dans ses choix pour sa famille, cet homme humble devant l'adversité et sans doute pudique a au moins le mérite d'avoir vraiment aimé les siens et fait de son mieux pour atténuer la difficulté de leurs conditions de vie. Il souffrira toute sa vie d'en avoir été responsable par son comportement initial irréfléchi, et ce sentiment de n'avoir pas vraiment été à la hauteur. Mais il se sera battu et comme par miracle, seul, il est toujours en vie...

Ce roman est aussi un témoignage très instructif sur les phases successives de l'ère Mao, à travers le vécu de cette famille, et le sort réservé à des personnages plus périphériques qu'elle va côtoyer. L'enrôlement forcé de dizaines de milliers d'hommes dans le Guomindang de Chiang Kaï-shek, qui connaîtra la déroute face aux forces communistes de Mao au sortir du second conflit mondial, le Grand Bond en avant lancé en 1957 (tout le monde doit donner son acier ménager pour fabriquer des petits hauts-fourneaux qui produiront de l'acier), politique de développement qui conduira finalement à la Grande famine en 1961, et enfin la terrible répression engagée en 1966 avec la Révolution culturelle et ses intraitables gardes rouges.

Sans projeter cette impression sur la version originale chinoise, la traduction française nous livre un style d'écriture à la fois fluide et simple, sans pour autant concéder en qualité littéraire.

Au total, si j'avais déjà fait de belles découvertes de littérature chinoise, ce roman de Yu Hua, leçon d'humilité devant la vie et le destin, mais aussi de ténacité, emporte tout sur son passage...A tel point que j'ai finalement décidé de le ranger dans cette mini-sélection contrainte des six livres pour une île déserte. Et une forte envie de découvrir l'adaptation cinématographique du même titre signée du grand Zhang Yimou ! Ainsi bien sûr que d'autres oeuvres de Yu Hua.


PS : pour la petite histoire, avec ma très modeste expérience pratique du chinois, prononcer Fugui "Fougoueille", et Jiazhen "Tiadjeune"...enfin, jusqu'à contradiction qui sera volontiers au minimum débattue !


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C'est l'histoire de Fugui et de sa famille. C'est l'histoire de la campagne chinoise de 1940 à la chute de Mao en 76.
Fugui est l'héritier d'un vaste domaine mais passe son temps à courir les filles et à jouer. S'il garde sa femme , il ne va pas tarder à perdre sa fortune et ses terres.
Yu Hua est un auteur chinois qui compte et si certains de ses livres sont assez difficiles d'accès, ce n'est pas du tout le cas ici.
Écriture fluide, histoire sans fioriture, l'auteur va à l'essentiel pour raconter à travers Fugui les malheurs des campagnes chinoises : Conditions de vie très dures, enrôlement de force dans l'armée, collectivisation, grand bond en avant (l'idée était entre autre de produire le plus d'acier possible et donc de réquisitionner tout ce qui pouvait se fondre..), famine, violence, révolution culturelle et arrestation arbitraire...Tout y passe.

De plus, l'auteur s'évertue à montrer comment l'on pouvait avoir droit de vie ou de mort sur le "péquin " moyen.
Il y a beaucoup d'humanité, comme souvent dans la littérature chinoise, beaucoup de fatalité et cette volonté de vivre malgré tout, d'avancer vers un avenir qui s'il n'est pas sur d'être meilleur , ne peut être pire.
La fin est juste magnifique, un hymne à la vie , une preuve que l'être humain, quand il est bon , le restera au fond de lui quelque soit les coups qu'il aura reçus.
Une façon simple et très agréable de faire un tour rapide de la vie en Chine de 40 à 76.
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Publié en Chine en 1993, ce deuxième roman d'un ex-dentiste né en 1960, YU Hua (余華), fut immédiatement porté à l'écran par ZHANG Yimou en 1994 (l'acteur principal en est You Ge -- qui sera primé à Cannes -- et sa partenaire est la délicieuse et grave Gong Li), film qui connut un succès international amplement mérité...

Du mandarin, le roman a été traduit en français dès 1994 (Librairie Générale Française : "Le Livre de Poche" pour sa première édition) puis en une vingtaine d'autres langues...

C'est peu dire d'affirmer que cette oeuvre (se présentant sous la forme d'un court roman) mérite d'être mieux connue : la déchéance de Fugui, fils de famille "privilégiée" tombant avec son épouse Jiazhen dans la ruine complète (Ah, la passion du jeu...), ne devant sa survie qu'au théâtre d'ombres où il excelle, soldat déserteur de l'armée nationaliste de Tchang-Kaï-chek (蔣介石), puis -- avec tous ses proches -- livré au chaos des décennies maoistes, incluant la sinistre "révo-cul"...

Oeuvre marquante, riche d'un humour solaire bienvenu dans ses moments les plus sombres, l'auteur gardant imperturbablement -- tout comme son personnage principal "spectateur du déroulement de sa propre vie" -- un regard bienveillant et détaché ; presque "philosophe" quant aux destinées de ces pauvres insectes humains (que nous demeurons collectivement)...

La traduction française de Yang Ping en est magnifique : à la fois lyrique et au plus près des "mots-matière" -- particulièrement inspirée...
Une oeuvre profondément émouvante -- à l'instar du film.

Alors ? Vive "Vivre !" de YU Hua !!! :-)

[Extraits des fiches de présentation de l'éditeur "Actes Sud" (réédition, 2013, pour sa collection de poche "Babel") et de l'éditeur "Librairie Générale Française"(Le Livre de Poche, 1994) :]

Né en 1960 à Hangzhou (Zhejiang), Yu Hua a commencé à écrire en 1983. Outre "Vivre !" ont été traduits en français : "Un monde évanoui" (Philippe Picquier, 1994), "Le Vendeur de sang" (Actes Sud, 1997 ; Babel n° 748), "Un amour classique" (Actes Sud, 2000), "Cris dans la bruine" (Actes Sud, 2003), 1986 (Actes Sud, 2006) et "Brothers" (Actes Sud, mars 2008).

“ Celui que les lecteurs américains comparent à Hemingway privilégie en effet la simplicité du style : phrases courtes et nombreuses onomatopées. Un texte qui colle à ses personnages populaires, tel Xu Sanguan, le petit vendeur de sang, ou encore l'héroïne de "Vivre !" ” (La Tribune de Genève)

" J'ai eu le coup de foudre en lisant le roman de YU Hua. ce livre retrace la vie de millions de familles chinoises. Il montre la société chinoise, son histoire et sa culture de façon simple et authentique, la Chine profonde au quotidien à travers une famille ordinaire. [...] Garder l'espoir face aux problèmes et aux temps difficiles. Voilà de quoi il s'agit quand il s'agit de vivre... " (ZHANG Yimou)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Je suis depuis quelque temps à la recherche de lecture nippone.
J'ai rencontré ou entraperçu sur Babelio un de vous qui lisez ce genre de lecture (@osmanthe).
J'ai donc par indiscrétion parcourue ses romans préférés (les 5 étoiles) et je suis tombé sur ce petit ouvrage chinois. (oui, il m'arrive de regarder vos lectures « sur une île déserte » ou vos « 5 étoiles », je suis hyper curieuse…).

Je l'ai lu en une journée. J'ai adoré même si je suis troublée ou plutôt triste ou plutôt abasourdie sur cette vie si mouvementée.

Alors, je dirais merci à @Osmanthe de m'avoir fait découvrir ce livre… Je fouillerai encore…
Il restera longtemps gravé dans ma tête.

Un auteur que je continuerai de découvrir !

Bonne lecture !

Lien : https://angelscath.blogspot...
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Le vieil homme est assis à l'ombre d'un arbre. Il se remémore ses années passées. le parcours de Fugui, c'est un peu le parcours de million de paysans chinois, dicté par les diverses réformes agraires imposées par Pékin. J'ai ressenti un vrai dépaysement avec cette lecture.Cela a été une véritable découverte, la Chine étant restée longtemps hermétique à la vue des occidentaux. L'auteur nous retrace une vie entière, se sont généralement les histoires que je préfère, elles permettent à la fin, accompagné du personnage principale de se retourner et de voir le chemin parcouru.
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Quarante ans de la vie d'un paysan chinois, ayant traversé les épreuves qui ont marqué chaque habitant de l'empire du milieu : la guerre entre communistes et nationalistes, la collectivisation forcée, la grande famine de 1961 et la sinistre révolution culturelle. Quarante années de privations mais aussi de joies, vues à travers le prisme d'un "naïf", Fugui, qui ne cessera de s'adapter à toutes les vicissitudes de la vie, de rebondir face aux malheurs qui frapperont successivement toutes les personnes chères à son coeur. On pleure beaucoup à la lecture de ce récit, rapporté par un jeune étudiant parti dans la campagne chinoise à la recherche de chansons populaires, selon le procédé narratif cher à Stefan Zweig. Mais le ton est vrai et les petites joies de ces êtres si accordés l'un à l'autre rendent le récit attachant. Un véritable cri d'amour pour le peuple chinois, avant la fuite en avant de l'ère Deng Xiaoping.
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A travers l'histoire et les malheurs de Fugui et de sa famille, Yu Hua va nous dépeindre avec beaucoup de réalisme la révolution chinoise dans les campagnes.
Nous allons y découvrir les conditions de vie très dures, la politique du « Grand Bond en avant » avec l'idée de réquisitionner tout l'acier que possèdent les familles, la famine qui s'en suit, les enrôlements de force dans l'armée, les arrestations arbitraires, les tortures, la misère, la cruauté ; en un mot, un passage en revue des drames issus de la révolution culturelle de Mao.
L'écriture est fluide, les personnages attachants et l'histoire est captivante. Pourtant, il ne s'agit pas de sombrer dans le mélo lorsqu'on voit la série d'épreuves qui s'abat sur cette famille. Je crois plutôt qu'il faut comprendre que l'auteur l'a choisie comme prétexte pour nous faire partager toutes les horreurs de cette révolution.

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L'histoire de ce livre est très belle mais dure. D'ailleurs la littérature chinoise est magnifique, mais jamais très joyeuse. J'aime donc beaucoup l'histoire de ce livre, malgré le style assez simple de l'auteur. Nous suivons Fugui tout au long des péripéties et des soubresauts de l'Histoire chinoise depuis les années 40 (à peu près) et ce jusqu'aux années 70. Nous avons donc un aperçu historique et politique de l'époque, puisque les évènements impactent toujours la vie de la famille du personnage principal. Ce dernier est un bon à rien, qui vit aux crochets de son père au tout début du roman, puis doit petit à petit se débrouiller pour survivre et nourrir sa famille. On le voit malmené par L Histoire, impuissant face à tous ces changements politiques et aux décisions ridicules parfois prises par le gouvernement. Sans vous dévoiler l'ensemble, nous allons de tragédies en tragédies.
Si vous aimez le livre, je vous conseille vivement l'adaptation cinématographique de Zhang Yimou avec les très bons acteurs Gong Li et Ge You.
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J'ai terminé Vivre ! à la faveur d'un week-end à la montagne, et il est clair que son atmosphère me hantera longtemps. C'était ma troisième lecture de cet auteur, et c'était encore une très grosse claque. En refermant ce livre, je n'avais pas d'autre envie que d'en ouvrir un autre de Yu Hua, pour rester dans son univers et son style si simple, direct et fluide.
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Il est impossible de ne pas penser à Brothers, tant on retrouve de nombreux échos, une façon semblable d'aborder les personnages et le récit. On a même parfois l'impression que les deux histoires se passent dans le même village, traversé par plusieurs décennies de métamorphoses politiques.
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Les turpitudes de la Chine rurale du 20ème siècle sont données à voir à hauteur d'homme. Ici, la violence surgit au détour d'une phrase, un destin bascule le temps d'une course à l'épicerie, le sort d'une famille entière se joue sur un coup de dé. C'est toute la fragilité des existences sous le joug des totalitarismes qui s'écrit dans ces pages. Notamment certaines, désarmantes, sur les enrôlements de force et la vie dans les tranchées.
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Considéré comme un classique en Chine, cet extraordinaire roman m'aura arraché quelques larmes. le seul reproche que je peux lui adresser est de ne faire que 250 pages, ce qui est bien trop court… Mais la très belle fin douce-amère ne peut que laisser une splendide impression : celle d'avoir pris une leçon. Et on referme le livre avec la sensation d'avoir été traversé par les personnages comme par des météores.
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