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Ping Yang (Traducteur)
EAN : 9782742773992
248 pages
Actes Sud (09/04/2008)
4.2/5   165 notes
Résumé :
Fugui, enfant gâté et unique héritier de la famille Xu, est un fils prodigue qui dilapide son bien dans les jeux d'argent, au grand dam de son épouse Jiazhen.

Ruiné, il est contraint de travailler la terre. Mais ce revers de fortune se révèle une chance au moment de l'avènement de la Chine communiste : autrefois fils de propriétaire foncier, désormais simple paysan, il échappe au triste sort réservé aux nantis. Les tourmentes successives qui secouent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais vu l'adaptation de Zhang Yimou, il y a une vingtaine d'années. C'était magnifique comme tous les films de Zhang Yimou. Mon défi de remplir ma carte du monde littéraire, m'a donné envie, pour la Chine, de lire Vivre !
C'est triste mais magnifique. J'ai appris beaucoup de choses sur une partie de l'Histoire de Chine. Et tandis qu'à la fin, on nous explique la chronologie de l'avènement communiste, nous nous rendons compte, que les personnages subissaient, vivaient sans les informations.
Fugui aura vécu le deuil, la famine, la richesse, la pauvreté, la maladie, la guerre mais n'aura jamais manqué d'Amour. Et nous nous attacherons à tous ses personnages, plein d'Amours et de gentillesses, laissant nos larmes couler durant les passages les plus durs. Un beau récit sans aucun doute.
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Vivre ! est un peu la version chinoise de l'histoire de Job. Vous savez, ce personnage biblique dont la Foi est constamment mise à l'épreuve par une série de pertes, de deuils, de maladies et de souffrances pour ne finir que dans le plus grand dépouillement. Eh bien, c'est un peu ce que vit ici Fugui Xu. Né dans une famille très aisée, il perd sa fortune au jeu. C'est un mal pour un bien car, quelques années plus tard, le communisme s'implante partout en Chine et le nouveau propriétaire terrien se fait pendre à sa place pour crime capitaliste. Fugui finit par se complaire dans sa petite vie rangée de paysan, travaillant à la sueur de son front. Mais une série de malheurs s'abat sur lui. Et les rares moments lumineux, où la fortune semble enfin tourner à nouveau en sa faveur, ils sont rapidement transformés en drames encore plus terribles. Mais toujours, Fugui retrousse ses manches. Était-il insouciant, inconscient, dépassé par les événements ?

Ce roman de Hua Yu fut primé, et son adaptation cinématographique connut un succès encore plus retentissant. On sait qu'on a affaire à une grande oeuvre. C'est que, à travers les péripéties de Fugui, c'est un peu l'histoire de la Chine moderne qui est racontée. La vie dans la campagne chinoise au début du siècle, la lutte entre les nationalistes de Tchang-Kaï-Chek, la victoire des communistes et tous les bouleversement que cela a apportés. L'implantation du système maoïste, la collectivisation, la réforme agraire, la famine qui s'ensuivit, les dérives et les exactions des autorités locales, la révolution culturelle, etc. Tout y passe. Ce fut très instructif.

J'ai été un peu étonné par le style de l'auteur, très dépouillé – quoique c'est plutôt approprié pour cette oeuvre ! En effet, si Hua Yu a réussi à dépeindre avec justesse et avec réalisme tous les enjeux mentionnés plus haut, son écriture plutôt simple, ordinaire, loin de la poésie qu'on associe généralement à la littérature d'Extrême-Orient. Exit les jolies tournures, l'attention portée aux petits détails, aux rafinements. Quoique, il est difficile de jouer dans la poésie quand il est question de misère et de cruauté. Certains événments étaient racontés parfois de manière très crue. Et, au final, je me demande bien quelle en est la morale ? On retrouve Fugui, un homme seul, âgé prématurément, plié par le travail, encore souriant et satisfait de son moins que rien. Il a fait la paix avec le destin ? Cette humilité et cet optimiste sont tout bonnement révoltant ! Ou c'est du courage ? N'empêche, cela ne rend l'oeuvre que plus profonde et riche en enseignement.
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Vivre ! Comme un cri d'espoir, et de désespoir, lancé à travers la campagne chinoise des années Mao. C'est le récit d'une histoire familiale marquée par le dur labeur aux champs, l'amour et la solidarité intra-familiale, des épreuves et des deuils terribles, et quelques joies, magnifiées par la simplicité et les capacités de résilience de ce peuple attachant. C'est le roman de la famille Xu s'inscrivant sur près de quatre décennies dans le grand roman de la Chine maoïste. Un chef d'oeuvre !

Le premier narrateur est un voyageur parti recueillir des chansons populaires dans la campagne chinoise. Il va y rencontrer Fugui, un vieux paysan qui l'intrigue, parlant à son buffle en lui donnant plusieurs noms (Fugui, Jiazhen, Fengxia...). Fugui va lui raconter l'histoire de sa vie, depuis le jour où elle a basculé une première fois. Au départ fils unique d'une famille aisée, marié à une femme également de bonne famille, Jiazhen, il se rend régulièrement en ville où il profite d'abord des plaisirs des bordels, puis plus dangereusement des jeux d'argent, dont il devient accroc...jusqu'à être ruiné.
Sa femme savait ces travers, a subi, mais fait preuve de dignité et d'une formidable compréhension en lui pardonnant. Malgré la perte de leur maison et l'obligation de se mettre à travailler une terre qui ne leur appartient pas, le couple devenu pauvre restera uni, aura deux enfants, Fengxia puis son petit frère Youqin. Pour manger, et pas toujours à sa faim, la famille doit trimer sans cesse dans les champs, travail de la terre souvent épuisant et terriblement frustrant quant aux résultats des récoltes, trop tributaires de facteurs extérieurs, aléas climatiques et orientations politiques sous les expérimentations successives de l'ère Mao. Les parents se saignent aux quatre veines dans l'espoir que leurs enfants connaissent un meilleur sort dans la société...Mais lorsque la chance semble enfin sourire, de dramatiques coups du sort vont anéantir ces joies trop brèves et disloquer bien malgré elle cette famille unie.

Ce roman est voué à rester très longtemps dans ma mémoire, tant il m'a marqué. Tout y est admirable. Le rythme, les surprises, le sens du réalisme et du tragique, et même si les personnages versent beaucoup de larmes, je n'ai pas eu la sensation d'excès, tellement le destin s'acharne sur la famille, m'amenant moi-même au bord du craquage. L'émotion est omniprésente, tellement on vit avec cette famille, partageant ces joies dans le regard d'un enfant, mais aussi et surtout leurs peines immenses dans des deuils répétés comme une malédiction. Car l'auteur sait aussi nous rendre ses personnages formidablement attachants. Sans pour autant les décrire véritablement, nous apprenons à les connaître au travers de leur comportement, de leurs réactions dans l'enchaînement des scènes familiales. Ce parti pris allège le récit de descriptions superflues, et renforce la tension dramatique autour de la destinée de ces personnages.
L'auteur nous montre des êtres extraordinairement courageux, et des portraits de femmes admirables, en particulier Jiazhen, mère de famille exemplaire se sacrifiant jusqu'au bout pour les siens, véritable pilier de sérénité dans la famille. Car son homme Fugui, qui en tant que narrateur dresse finalement lui-même son portrait, apparaît bien imparfait. Souvent dur avec ses enfants et pas toujours bien inspiré dans ses choix pour sa famille, cet homme humble devant l'adversité et sans doute pudique a au moins le mérite d'avoir vraiment aimé les siens et fait de son mieux pour atténuer la difficulté de leurs conditions de vie. Il souffrira toute sa vie d'en avoir été responsable par son comportement initial irréfléchi, et ce sentiment de n'avoir pas vraiment été à la hauteur. Mais il se sera battu et comme par miracle, seul, il est toujours en vie...

Ce roman est aussi un témoignage très instructif sur les phases successives de l'ère Mao, à travers le vécu de cette famille, et le sort réservé à des personnages plus périphériques qu'elle va côtoyer. L'enrôlement forcé de dizaines de milliers d'hommes dans le Guomindang de Chiang Kaï-shek, qui connaîtra la déroute face aux forces communistes de Mao au sortir du second conflit mondial, le Grand Bond en avant lancé en 1957 (tout le monde doit donner son acier ménager pour fabriquer des petits hauts-fourneaux qui produiront de l'acier), politique de développement qui conduira finalement à la Grande famine en 1961, et enfin la terrible répression engagée en 1966 avec la Révolution culturelle et ses intraitables gardes rouges.

Sans projeter cette impression sur la version originale chinoise, la traduction française nous livre un style d'écriture à la fois fluide et simple, sans pour autant concéder en qualité littéraire.

Au total, si j'avais déjà fait de belles découvertes de littérature chinoise, ce roman de Yu Hua, leçon d'humilité devant la vie et le destin, mais aussi de ténacité, emporte tout sur son passage...A tel point que j'ai finalement décidé de le ranger dans cette mini-sélection contrainte des six livres pour une île déserte. Et une forte envie de découvrir l'adaptation cinématographique du même titre signée du grand Zhang Yimou ! Ainsi bien sûr que d'autres oeuvres de Yu Hua.


PS : pour la petite histoire, avec ma très modeste expérience pratique du chinois, prononcer Fugui "Fougoueille", et Jiazhen "Tiadjeune"...enfin, jusqu'à contradiction qui sera volontiers au minimum débattue !


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Vivre est un roman qui fouille au plus profond de nos contradictions.

Yu Ha signe un premier roman , troublant, touchant et vibrant qui déjoue les clichés et bouscule le lecteur dans ses certitudes.
La construction de la narration et sa tonalité faussement détachée peuvent étonner car les drames sont certes racontés avec mélancolie et avec tristesse, mais sans apitoiement, de manière assez factuelle.

La saga familiale est un prétexte pour couvrir des décennies de l'Histoire chinoise pendant la révolution culturelle.
L'auteur abordera la thématique des classes sociales, de la famine qui sévit, d'une vie de dur labeur et de la perte des êtres chers.

La langue simple et touchante est empreinte d'un certain décalage.
La distance mise entre des drames absolument épouvantables et les émotions est plutôt déstabilisante, mais le message principal est universel et transmis avec émotion et compassion.

Ce court roman insolite vous choquera peut-être par son côté un peu fataliste du point de vue occidental, mais il vous fera rire, pleureur, analyser, il vous brisera certainement le coeur mais il ne vous laissera pas indifférent.

C'est un exercice de lecture différent, toutefois l'on retient les bribes de ce qui nous constitue en tant qu'être humains, la force et la rage de continuer à vivre envers et contre tout, malgré les épreuves, d'apprendre à accueillir les grandes misères et les petites joies sans jamais perdre l'espoir.

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Vivre ! c'est imposé à moi comme une évidence.


Fruit du hasard devenu nécessité. Je l'avais pense-bêtisé il y a des mois, suite à une chronique, probablement celle de Sachenka, à moins que ce ne fût de DanD ou d'Endymion, tous deux évanouis sans nous laisser leurs belles critiques en héritage. Une 4ème de couverture sobrement prometteuse .


Vivre ! Comment échapper à un tel titre ? Une évidence ! Quoique Yu Hua aurait tout aussi bien titrer son court roman le Père en pendant à La Mère de Pearl Buck. Tout y est semblable, à commencer par cette campagne chinoise sous la révolution, et pourtant tout y est différent. Chaque vie est unique, sous Mao aussi, à chacun son petit livre.^^ Dans les deux cas les mots sont autant comptés que les grains de riz suite au Grand Bond. A savourer à petites doses donc, faire durer pour mieux profiter.


J'ai beaucoup aimé les deux niveaux de narration offrant une certaine distanciation et rythmant le récit. « C'est au début de cet été-là que j'ai rencontré un vieil homme, du nom de Fugui. » p.10 « le vieux avait la peau du dos aussi tannée que celle de son buffle » p.11 Buffle qu'il a baptisé de son prénom Fugui : « Grand bonheur ».


Fugui raconte à ce jeune bâilleur venu de la ville, pendant ses pauses entre les labours, sa dure vie avec Jiazhen sa femme et leurs enfants Youqin, Fengxia, son gendre Erxi et son petit-fils Kugen. Après avoir été dépouillé au jeu de sa fortune, de ses terres, de sa ferme ce qui par une ironie toute communiste lui sauve la vie, un destin funeste lui valut de perdre ses proches, un à un. Confidence pour confidence, dans ma jeunesse j'ai été formidablement marqué par le poème de R. Kipling, If, d'où une lecture tout en symbiose.


De toute évidence de Fugui et de Jiazhen je peux dire de ces deux-là : Ils s'aiment, comme dans la chanson de Daniel Lavoie.
« Ils s'aiment comme avant
Avant les menaces et les grands tourments »
Voilà toute l'histoire alors …
« Laissons-les, laissons-les
Laissons-les s'aimer »


https://www.youtube.com/watch?v=8tkCNRLXf-Q
https://www.youtube.com/watch?v=qJPxlP3m4DM
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque Youqin eut six mois, Jiazhen rentra à la maison. Elle n'avait pas pris le palanquin. Elle avait marché une dizaine de lis, son fils ficelé comme un paquet sur son dos. Youqin, les yeux fermés, balançait sa petite tête sur l'épaule de sa mère.
Jiazhen était très belle ce jour-là avec sa robe chinoise couleur cerise et son balluchon, à fleurs blanches sur fond bleu, au bras. Dans les champs, le long de la route, le colza doré était en fleur et les abeilles bourdonnaient dans un va-et-vient incessant. En arrivant devant la maison, Jiazhen resta un instant à la porte et sourit à ma mère.
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La Révolution culturelle faisait rage en ville. Les murs étaient couverts de dazibaos. Ceux qui les placardaient étaient des paresseux. Ils ne se donnaient même pas la peine d'arracher les vieux pour coller les nouveaux. Ainsi superposés, les dazibaos finissaient par ressembler à des poches, tellement ils étaient gonflés. Erxi et Fengxia avaient leur porte entièrement couverte de slogans. Et on imprimait des citations du président Mao sur les objets d'usage courant. C'est ainsi que l'on pouvait lire sur un oreiller qu'"Il ne faut jamais oublier la lutte des classes", et sur un drap de lit qu'il faut "Naviguer dans les grandes tempêtes révolutionnaires". Erxi et Fengxia couchaient donc sur les citations du président Mao.
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C’est moi qui ai enterré tous les membres de ma famille. Quand ma mort viendra, je n’aurai plus à me faire de souci pour qui que ces soit. Je ne suis pas obsédé par l’idée de la mort car j’aurai l’esprit tranquille à ce moment-là. Je n’aurai même pas à me préoccuper de savoir qui m’enterrera. Je sus sûr qu’il se trouvera quelqu’un pour s’en occuper. Si on me laissait pourrir, l’odeur incommoderait tout le monde.
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- Je vais bientôt mourir, me dit-elle. Je suis satisfaite de ma vie, car tu m'as beaucoup aimée. D'ailleurs, je t'en ai rendu grâce en te donnant deux enfants. J'espère que nous nous retrouverons dans notre vie future.
Sa dernière phrase me tira des larmes, qui tombèrent de mes yeux sur son visage. Elle sourit.
- Puisque mes enfants sont morts avant moi, je pars en paix, poursuivit-elle. Je n'ai plus à me soucier d'eux. Quoi qu'il en soit, ils m'ont respectée de leur vivant. Qu'est-ce qu'une mère peut souhaiter de plus ?
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Plus tard, nous nous retrouvâmes de nouveau assis à l'ombre des arbres. Je lui demandai de continuer son récit. Emu, il me regarda comme si je lui faisait le plus beau des cadeaux. Que sa vie soit prise en considération par quelqu'un d'autre lui remplissait le coeur de joie.
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0:14 Introduction 0:49 **La Cité de la victoire** de Salman Rushdie 5:54 **Montevideo** d'Enrique Vila-Matas 10:26 **La Ville introuvable** de Yu Hua 19:45 **Je voudrais leur demander pardon mais ils ne sont plus là** de Mikoaj Grynberg
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Plus d'informations : https://www.actes-sud.fr/recherche/catalogue/collection/1299/date_de_publication/2023-09/rayon/1236?keys= #rentréelittéraire #litteratureetrangere
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