Le Dernier Jour d'un Condamné de
Victor Hugo est une oeuvre mêlant récit et réquisitoire contre la peine de mort et le droit à la vie. La condamnation à vivre est pour l'auteur une nécessité alors que son personnage, jour après jour, se rapproche de plus en plus d'une mort annoncée.
Le roman est court, mais la version 2017 de Folio classique apporte de nombreux éléments très intéressants afin de comprendre l'impact de ce livre dans la société (notamment bourgeoise et intellectuelle) et dans la presse. de plus les deux préfaces permettent de renforcer le discours de
Victor Hugo sur l'abolition de la peine de mort et plus spécifiquement sur le droit de vivre.
On y suit les derniers jours d'un condamné à mort, sans connaitre les accusations portées à son crime. On est dans sa tête, dans ses membres tout en se familiarisant avec un nouveau milieu, celui de l'incarcération, au sein d'un temps limité, car la mort rôde et arrive. C'est le temps d'un condamné à mort que l'on suit avec ses peurs, ses angoisses, ses espoirs, mais aussi ses réflexions sur l'avenir de sa famille après sa mort et ses instants passés lorsqu'il était encore libre et vivant. le rapport à la mort est omniprésent : alors que le condamné tend à s'accoutumer à cette situation, il fait la rencontre de plusieurs personnages la banalisant, ou du moins qui se sont endurcis et habitués à la côtoyer.
Alors que cela lui a été beaucoup reproché à l'époque,
Victor Hugo ne s'intéresse par au cas de cet homme en particulier et ce qu'il a fait, mais bien à partir de ce dernier, à généraliser son plaidoyer contre la peine de mort et au droit de vivre. C'est à mon sens, le talent de l'auteur que de ne pas s'émouvoir sur le sort de cet homme - qui n'est en fait qu'une image de son discours - mais bien de comprendre et d'être bouleversé par la situation que connait le personnage, qui est celle d'un condamné à mort.
Le style est remarquable et on sent chez lui le poète qui manie aussi bien les mots que la langue.
Alors qu'en France, l'abolition ne date que de 1981, le discours de
Victor Hugo, à travers les paroles et pensées du condamné associées à la seconde préface de 1832, me semble très actuel tant ils apportent des éléments sur les conditions de détentions en prison, qui sont encore aujourd'hui déplorables.
La prison reste encore une société à part entière, à la marge de celle que nous connaissons, avec une utilité qui reste à démontrer, et ce au coeur d'un système répressif qui se mord la queue (voir
Michel Foucault :
Surveiller et Punir. 1975).
Déjà à l'époque
Victor Hugo voulait aller plus loin que la simple abolition de la peine de mort : " [...] nous voulons un remaniement complet de la pénalité sous toutes ses formes, du haut en bas, depuis le verrou jusqu'au couperet, et le temps est un des ingrédients qui doivent entrer dans une pareille oeuvre pour qu'elle soit bien faite". (Préface de 1832).
Plus qu'un roman, un plaidoyer de
Victor Hugo simple à lire- il n'a pas si vieilli et reste à mon sens indémodable- et qui continuera à faire parler de lui très longtemps.