MAFFIO
Une histoire gaie, Jeppo ! Comment il advint que don Siliceo, beau cavalier de trente ans, qui avait perdu son patrimoine au jeu, épousa la très riche marquise Calpurnia, qui comptait quarante-huit printemps. Par le corps de Bacchus ! Vous trouvez cela gai !
GUBETTA
C'est triste et commun. Un homme ruiné, qui épouse une femme en ruine. Chose qui se voit tous les jours.
DONA LUCREZIA
[...] C'est un caprice, si vous voulez; mais c'est quelque chose de sacré et d'auguste que le caprice d'une femme, quand il sauve la tête d'un homme.
GENNARO
[...] Nous autres gens de guerre, nous risquons souvent notre poitrine à l'encontre des épées. Les lettres d'une mère, c'est une bonne cuirasse.
OLOFERNO
Rien n'est si doux que de chanter une belle femme et un bon repas.
GUBETTA
Si ce n'est d'embrasser l'une et de manger l'autre.
"Il y a deux choses qu'il n'est pas aisé de trouver sous le ciel ; c'est un Italien sans poignard, et une Italienne sans amant."
GUBETTA, seul
[...] Mais les jeunes gens sont ainsi faits. La gueule du loup est de toutes les choses sublunaires celle où ils se précipitent le plus volontiers.
Gennaro ! -Gennaro ! Ayez pitié des méchants.
Vous ne savez pas ce qui se passe dans leur cœur.
Gubetta : J'ai encore un conseil à vous donner ; c'est de ne point vous démasquer, on pourrait vous reconnaître.
Dona Lucrezia : Et que m'importe ? S'ils ne savent pas qui je suis, je n'ai rien à craindre ; s'ils savent qui je suis, c'est à eux d'avoir peur.
S’IL NE ME RESTAIT À MOI, PAUVRE FEMME HAÏE, MÉPRISÉE, ABHORRÉE, MAUDITE DES HOMMES, DAMNÉE DU CIEL, MISÉRABLE TOUTE-PUISSANTE QUE JE SUIS ; S’IL NE ME RESTAIT, MOI, DANS L’ÉTAT DE DÉTRESSE OÙ MON ÂME AGONISE DOULOUREUSEMENT, QU’UNE IDÉE, QU’UNE ESPÉRANCE, QU’UNE RESSOURCE, CELLE DE MÉRITER ET D’OBTENIR UNE PETITE PLACE, UN PEU DE TENDRESSE, UN PEU D’ESTIME DANS CE CŒUR SI FIER ET SI PUR ; SI JE N’AVAIS D’AUTRE PENSÉE QUE L’AMBITION DE LE SENTIR BATTRE UN JOUR JOYEUSEMENT ET LIBREMENT CONTRE LE MIEN, COMPRENDRAS-TU ALORS, POURQUOI J’AI HÂTE DE RACHETER MON PASSÉ, DE LAVER MA RENOMMÉE, D’EFFACER LES TÂCHES DE TOUTE SORTES QUE J’AI PARTOUT SUR MOI, ET DE CHANGER EN UNE IDÉE DE GLOIRE, DE PÉNITENCE ET DE VERTU, L’IDÉE INFÂME QU’ON ATTACHE À MON NOM ?
GUBETTA
C'est qu'il faut que la queue du diable lui soit soudée, chevillée et vissée à l'échine d'une façon bien triomphante pour qu'elle résiste à l'innombrable multitude de gens qui la tirent perpétuellement!