De
Laird Hunt j'avais déjà lu "New York No2" qui m'avait laissé plutôt sceptique. Alors j'étais méfiant à l'entame de "
Neverhome" même si le pitch semblait séduisant. Et j'ai vraiment vraiment aimé.
Bien sûr il y a cette héroïne empruntée aux anecdotes de l'histoire, celles qui mentionnent ces rares femmes engagées dans la Guerre de Sécession. Des détails de l'histoire. À cette héroïne Hunt donne bien peu d'épaisseur et c'est cette sécheresse du personnage, guère philosophe, juste guidé par une soif de combat, un désir patriotique puis un instinct de survie, qui confère au récit cette âpreté unique. le conte (c'en est un bien triste) qu'Ash fait à la première personne, aride, évite tout pathos pour un décompte méthodique des événements, tous plus glaçants les uns que les autres. D'une aventure à l'optimisme naïf on bascule vite dans un fatalisme inextricable. On patauge dans les boyaux sur le champ de bataille, on sombre dans les geôles de l'asile, on est broyé par la machine infernale implacable qui donne tout son sens au titre.
Dans cet emballement inarrêtable, il y a ce féminisme omniprésent. Ash, personnage à la candeur extrême, ne prend pas conscience de son militantisme précurseur. Elle s'élance, puis vit, puis survit. Si elle ne pense pas trop, c'est qu'elle doit surtout sauver sa peau. Les seconds rôles, eux, sont lâches, violents, ignorants, condescendants ou ignobles. Voire tout à la fois. Tous témoignent du sexisme d'une nation qui, tout en prétendant libérer ses opprimés, en maintient une moitié asservie.
"
Neverhome" est donc un faux western, même si on y dégaine pas mal, mais un vrai roman féministe. Et un grand roman tout court.