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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
D'abord, sur la couverture, dans l'angle d'un mur blanc, il y a cette chaise vide. Un livre ouvert y est posé dessus crûment éclairé par la lumière du jour.
Et puis, il y a ce titre : « La Survivance », comme une errance, une attirance.
Pour moi, une rencontre comme un hasard. Capté par l'image, captivé par le personnage, j'ai immédiatement succombé au charisme de Claudie Hunzinger.
Ce qui est fascinant chez cette auteure c'est le ressenti quasi immédiat d'une atmosphère brute et malgré tout chaleureuse qui t'enveloppe, c'est bénéficier d'une ambiance intime et bienveillante qui te charme. C'est se laisser bercer de phrases aussi moelleuses que féroces mais toujours bénéfiques qui t'entraîne dans des fractures d'existence propice à la découverte et à l'évasion hors de vies saturées de mondanités.

« La langue des oiseaux » recèle une élégance bucolique étrange et pénétrante.

Je souhaitais faire ce commentaire d'un geai mais « La langue des oiseaux » est bien plus complexe avec à perte d'ouïe ses trilles d'évasion et ses chants de fuite.
Zsa-Zsa s'évade de sa cage citadine pour une cabane dans les bois, en rupture de frivolités. Elle apprivoise un oiseau-fille, Sayo, japonaise aux cheveux ailes de corbeaux, poète multicolore aux mots chaotiques d'une vie désenchantée.
Leur échappée est une fugue fugace, « l'histoire d'une romancière qui cherchait à écrire contre la barbarie de son temps l'histoire d'une proie qui s'y faufilait avec terreur et grâce ».

Joli moment de lecture.
« Quelle est la part du hasard dans une rencontre ? »
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Peut-être que la quatrième de couverture va trop vite pour raconter le roman ou peut-être que ce qui m'a marquée est "l'avant-rencontre" réelle des deux "filles" comme ZsaZsa les nomme… Ou peut-être, encore, que dans un roman, on privilégie ce qui résonne en nous ?


ZsaZsa – un touchant surnom - a décidé de prendre une année sabbatique pour se reculer par rapport à sa vie personnelle, son travail de correctrice. Et, également, par rapport à la société elle-même dans laquelle elle peine de plus en plus à trouver une place légitime, un accord de vie avec ses aspirations.

Elle ressent le besoin de solitude, celui de se retirer de l'agitation, la nécessité impérieuse d'une forme de silence dénué de la frénésie du quotidien urbain.
Elle part donc pour les forêts vosgiennes, vers un refuge des plus spartiates, juste le nécessaire, peu de confort mais quelle est la signification du mot "confort" quand on souhaite revenir à l'essentiel ?

ZsaZsa se retire donc dans un abri de la dernière guerre, choisit le dénuement et la vie en pleine nature, même si on est en plein hiver et qu'il faut en supporter toutes les rigueurs, pour tout replacer à sa juste valeur et surtout donner de l'importance aux choses qui sont essentielles pour elle. Elle veut parvenir à rééquilibrer cette balance de l'existence, à la faire pencher du côté nécessaire, du côté primordial, retrouver ce qui constitue l'essence même de l'existence quand on ne l'a pas barbouillée du gris du superficiel et de la futilité.

J'ai - égoïstement - aimé les pages où ZsaZSa se raconte : son enfance atypique, ce père cultivé qui enseigne le chinois à sa fille et l'écoute des oiseaux pour les connaître et communiquer avec eux, cette relation avec un père qui partage ses trésors érudits et donne à toucher le subtil et le fragile. Ces oiseaux et leur présence éphémère, leurs existences si menacées comme le baromètre d'un monde qui se perd dans ses erreurs et ses manquements.
Puis les rencontres, la vie professionnelle, son rapport à notre société. Et tout autant quand elle évoque la nature qui n'est là que pour elle seule, Marguerite "sa voisine" si décalée par sa façon d'être et, en cela, si attachante - n'est-elle pas disponible à toute heure pour ouvrir sa porte ? - Marguerite délicat reflet de cette "Grand-Mère" que j'ai tant admirée dans le livre de Louis Guilloux "La Maison du peuple", de ces êtres disponibles toujours solitaires, ouverts à la présence des autres et oublieux d'eux-mêmes.


Il y a, ensuite, cette quête vers le virtuel que représente Kat-Espadô, cela occupe complètement la volonté de ZsaZsa quand elle ne parcourt pas les forêts, la hante…
Cette jeune fille fantasque, extravagante dans ses paroles, son être, ses attitudes, sa présence tout simplement envahit son esprit.
Et il y a la rencontre "réelle"  et là, je ne dirai rien de plus : à vous de découvrir !

Mais la rencontre ne serait pas sans les choix antérieurs de ZsaZsa, c'est sa quête qui, d'une certaine façon, "crée" ce besoin d'échanges, qui provoque le regard de l'Autre…


L'écriture de Claudie Hunzinger est épurée, mais distille à travers des fulgurances d'images, une poésie qui marque l'esprit. On "perçoit" beaucoup au cours de la lecture : des bruits, des odeurs, des peurs et même les silences.


Je referme le livre, les oiseaux se sont envolés, leurs ailes m'ont frôlée, les craquements de bois sec ont cessé, l'heure du crépuscule et son voile de la nuit ne viendra plus m'auréoler de son mystère et de ses craintes, j'ai quitté ZsaZsa, ses questionnements, ses certitudes, ses doutes et sa "rencontre" inespérée.
Je n'ai qu'un regret : avoir lu la dernière page de ce roman et avoir quitté un personnage comme on s'éloigne à regret d'une image que l'on trouve tellement familière, avoir également quitté le refuge des profondeurs de la forêt, l'intimité partagée du monde animal, des souffles de vie. Et par là, avoir perdu à jamais ce partage de connaissances, cette envie de découvrir ce qui a fait l'enfance de ZsaZsa et qui habite si singulièrement son âme…


Les livres de Claudie Hunzinger m'évoquent l'image d'un long manteau moelleux et chaud dans lequel on se blottit pour trouver un peu de sérénité, un refuge et avoir le courage de regarder le monde qui nous entoure, on y puiserait même cette force pour oser y vivre...
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Voici une lecture qui m'a laissé un sentiment bien singulier ! de cette immersion dans une vie soudainement éloignée de tout, je retiens des images, des mots, des couleurs, comme autant de pierres précieuses : le vert des arbres, le chant délicat des oiseaux, la poésie des vêtements aux odeurs du passé, la magie des secrets, l'ombre, la neige, l'emprise et la solitude.

Car qu'est ce roman sinon l'histoire de deux solitudes, de deux âmes qui se cherchent elles-mêmes, qui se dévoilent et se cachent l'une à l'autre au travers des mots ?

C'est l'idée d'une rencontre, d'un coup de foudre presque, né de quelques phrases empreintes d'une mystérieuse nostalgie. L'inattendu de ces petites annonces, poèmes déchirants égarés sur le web, ceux de Kat-Epadô, qui donnent de la vie aux choses, à ces vêtements emplis de secrets et de souvenirs. Et les bois, la montagne sauvage, servent de cadre à cette subite amitié, virtuelle et pourtant réelle, où deux femmes semblent se fasciner l'une l'autre.

Plus loin que l'histoire, c'est la beauté des images qui fait de ce roman un objet rare. Comparer la langue chinoise au chant des oiseaux, faire naitre le mystère et l'insaisissable, jusqu'à la rencontre de ces deux femmes et l'apparition de Kat-Epadô, véritable bijou noir et merveille d'étrangeté. Et cette aura presque inquiétante, qui plane encore une fois la dernière page tournée.

Une oeuvre très poétique, indéfinissable. Un coup de coeur.



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Levé ce matin de dimanche 13 décembre 2015 à potron-minet, il est 9h et je viens d'aller voter avec, à la main, mon livre « La Langue des Oiseaux » de Claudie Hunzinger.
Beau temps dégagé, air piquant de l'hiver qui s'annonce. Tout ira bien ? Je me dirige alors vers le « Café des Sports » de Gaillac, ma ville depuis bientôt dix ans, et y commande prestement un double expresso. Ambiance de voix entremêlées, 90% masculines, 90% de retraités. Sujets entendus dans le brouillard de mon esprit non encore bien caféiné : les femmes, les retraites, les jeux de carte (Pépé à l'entrée ne triche-t-il pas ?), les maladies, le sport et… l'acte citoyen fraîchement effectué. Les questions fusent, quelques voix montent, un dimanche matin comme les autres à Gaillac ?
Un mois après le 13 novembre, ce 13 décembre résonne en moi ; est-il une nouvelle clé pour que le monde puisse avancer ou bien reculer dans sa sombre histoire pas si lointaine, faite de suspicions, de libertés bafouées, d'infraternité, d'inégalités entre les hommes ?
Donc « La Langue des Oiseaux » de Claudie Hunzinger. Un livre étonnant terminé il y a quelques jours, entre les deux tours. Doit-on tous se poser, trouver un repaire (des repères ?), réfléchir et faire sa retraite, spirituelle ou non ? En venir aux extrémités, aller s'isoler dans les montagnes quelques mois ? La narratrice Zsa Zsa a tranché. Après avoir écrit et édité son premier roman elle loue une rare maison spartiate dans les Vosges. Maison conçue par l'architecte Jean Prouvé après La Libération et située dans les bois pas toujours hospitaliers des Vosges mais où les oiseaux chantent, lui « parlent » même quelquefois. Confond même leur langage avec celui du chinois ancien qu'elle peine à traduire, y trouve des similitudes…
Isolée mais étrangement connectée, une rencontre virtuelle, improbable et fortuite, via Ebay, arrive très rapidement dans cette écriture de repli pressé. de l'autre côté de l'écran Kat-Epadô, chinoise en exil (forcé ?) permanent, poète francophone et francophile débute chichement mais avec éblouissement son oeuvre par l'écriture d'annonces d'enchères sur Ebay en vendant ses uniques biens : l'ensemble de 108 cartons pleins de jupes, manteaux, pantalons et autres vêtements inclassables et uniques, tous estampillés de la marque japonaise « Comme des Garçons ». Kat-Epadô serait presque l'exacte inverse de Zsa Zsa. Toujours en fuite alors que son opposée se terre dans les Vosges. L'une maniant un français iconoclaste et original alors que l'autre croit foncer vers la rigidité, le cadre. Son refuge n'est-il pas d'ailleurs un simple carré ?
Forcément, la fascination entre elles opère peu à peu au fil des longs mois et des saisons qui se succèdent. Et c'est là que la magie de l'écriture de Claudie Hunzinger opère. Ce livre restera en moi bien sûr. Résonance. Imprégnation. Pourtant sorti durant l'été 2014, le « destin » a mis ce livre entre mes mains maintenant où je me pose beaucoup de questions, comme certains d'entre nous. L'humanité est-elle vouée à l'échec ? Doit-on résister coûte que coûte ? Partir pour un autre chemin, en ermite, du moins quelques temps ?
« La Langue des Oiseaux » de ces forêts des Vosges dont il n'est finalement que très peu question ici est distillée de façon subreptice et subtile par l'auteur. Une manière d'apaiser le monde fou de l'extérieur et de faire montre de son inconsistance parfois mais aussi de sa beauté. Les vecteurs de la poésie Zsa Zsa : un troglodyte perdu, les sons inconnus et inquiétants de la forêt ou encore une hermine blanche surgissant de nulle part.
Kat-Epadô, de l'autre côté de son écran, avec son « français inférieur » crée avec une maladresse enchantée une autre forme de langage poétique, une vision d'avenir : quitter tout, se débarrasser du matériel lourd pour sa psyché, pour mieux recommencer.
La rencontre improbable aura lieu… Avec ce livre, pour vous qui me lisez ce matin…
Claudie Hunzinger La Langue des Oiseaux
Par Laurent Stephan Baussart ©
13 décembre 2015
PS : Si vous avez l'occasion lisez aussi les 3 romans de Béatrice Leca mais notamment l'hypnotique « Aux bords des forêts » (Melville – 2004)
Lien : https://www.facebook.com/lau..
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Ce matin en me réveillant anormalement tôt, J'ai fini de lire ce livre. J'étais impatiente de le reprendre, après l'avoir commencé la soirée de la veille. C'est pour dire qu'il m'a beaucoup plu. L'histoire m'a d'abord intriguée. Ensuite, ça été un réel plaisir de lire la langue/le style (de ce que j'en ai compris) de C. Hunzinger. Sa narratrice dit à un moment qu'elle choisit le 3e genre, plutôt qu'homme ou femme, celui animal, ça m'a plu. Dans cette rencontre entre deux identités, à la fois intimement liées mais parallèles, j'ai eu l'impression, et c'est vraiment personnel, de lire une facette cachée/nouvelle (comme une petite révélation du mystère) d'un autre livre de cette auteure "Elles vivaient d'espoir".
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