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sur 1088 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Étrange, la façon dont la vie fonctionne, dont elle change de forme et de cap, dont une chose en devient une autre "
Cette citation extraite du roman de Siri Hustvedt : Tout ce que j'aimais est la phrase qui me paraît contenir le plus précisément l'essence de ce récit.Elle aborde ce qui a été, ce qui fut d'une manière on ne peut plus juste, à mon sens.
Je n'avais jamais lu de romans de Siri Hustvedt, je savais juste qu'elle était la deuxième femme de Paul Auster et qu'elle écrivait aussi.
J'ai trouvé une résonnance extraordinaire , un lien indéfectible entre ces deux écrivains. Leur écriture se complète, une interférence choisie, des mots qui portent une nostalgie, une intelligence sensible qui me les rend encore plus cher à lire.
Siri Hustvedt aborde dans ce roman, de nombreux thèmes passionnants à travers la filiation, l'amour, l'art , la folie, la duplicité qui nous font parcourir ces quelques cinq cent pages comme une météorite.Son écriture empreinte de douceur, de nostalgie à travers le personnage central: Léo, l'historien d'art, celui qui nous raconte, celui qui nous délivre l'histoire de ces deux couples et celle d'une femme: Lucile.
J'ai été captivée de bout en bout par l'évocation de ce New York du milieu des années 70, bouleversée par le drame total et effroyable de la perte d'un enfant et la vie brisée de ces deux parents.
L'incommunicabilité, le désarroi de parents face à un enfant : Mark dont personne n'arrive à comprendre cette personnalité qui se dédouble et meurtri son entourage.
L'écriture de ce récit prend parfois la tournure d'un bon polar et permet d'insuffler un nouveau souffle au récit.

J'ai été littéralement fascinée par ce récit, par ces échos qui résonnent forcément un peu en chacun de nous, par cette écriture teintée de mélancolie amoureuse, d'amour filial intense.


Si vous ne connaissez pas Siri Hustvedt, alors, il est temps de sauter le pas avec cet excellent : Tout ce que j'aimais.
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— de ce qu'on aime, faire le plein —

Je ne sais pas bien que penser de ce roman qui ne me laisse pourtant pas indifférent. Au contraire — et peut-être aussi pour cette indécision — il m'a beaucoup plu et me restera. J'y repenserai, et c'est ce que j'attends d'une lecture : qu'elle continue de m'accompagner.

Pourtant ce n'était pas gagné. Ça commence plaisamment, en terrain connu, trop connu, avec deux couples d'intellos new-yorkais et l'arrière-plan familial de la Shoah. Bill est plasticien, Leo historien de l'art, Erica universitaire et Lucille poète. Ça vole haut. Dans le métro, Leo réfléchit à L'histoire naturelle de Pline. Lecteur, je me sens plutôt appartenir aux silhouettes des autres usagers : « … leurs corps serrés contre le mien, leur tabac, leur sueur et leurs parfums écoeurants. »

Pénétrerai-je cet univers fictionnel ? Y-ai-je ma place ? En ai-je envie ?
Cette impression de déjà-lu, ces figures admirables inscrites dans une temporalité de faible importance (les années 70 à 90)…
Il y a bien quelque chose a priori nouveau : une voix féminine. Cependant l'auteure s'est choisie un personnage et une voix masculine (Leo) pour narrateur. Ceci-dit, l'ami Bill est un peintre dont l'autoportrait représente une femme. Et sa Némésis (Giles) est un drôle d'oiseau aux multiples personnages et incarnations. Il y a aussi les amis imaginaires de Matt, etc.

Bref, pas si simple.

La lecture est facile. Siri Hustvedt déroule son intrigue réaliste dans un style sobre, sans esbroufe. Les pages s'enchaînent avec une plaisante efficacité, avant que deux coups d'éclat modifient radicalement le cours et les équilibres du récit. le premier lance réellement le roman, feuilleton psychologique dérangé par l'incompréhensible avec lequel la vie doit pourtant s'arranger.

Le terme feuilleton peut sembler péjoratif, mais il y a pourtant de ça : on est pris. le terme est en revanche limitatif. Beaucoup de signaux s'allument pour m'alerter de significations cachées. Des thèmes en rapport avec le corps, l'identité : hystérie, troubles alimentaires, troubles de la relation, psychopathie...
C'est un suspens particulier : où l'auteure veut-elle me mener? (question sans fin, en l'occurrence, puisque le livre que j'apprécie continue à me travailler.)

L'axe est donné par le personnage de Bill, mais qui est finalement en retrait ou carrément absent… C'est une histoire à deux qui doit être une histoire à trois commande aussi le fantasme de Leo. Quelque chose circulerait entre les corps, prétend Violet (une identité dans le mélange), mais rien du roman n'étaie cette idée, au contraire.

« J'ai décidé que mélange est un mot clé […] Il explique ce dont on parle rarement, parce que nous nous définissons comme des corps isolés. »

Des personnages qui, hormis le narrateur (et encore), restent dans le roman des esquisses, comme impossibles à réellement approcher, par une sorte d'imperméabilité des uns aux autres, toute représentation demeurant une question de point de vue.

« Lorsque nous regardons des gens et des objets, nous sommes absents de notre tableau. […] Et pourtant, le recul non plus ne garantit pas l'exactitude, même s'il la favorise parfois. Avec le temps, Bill était devenu pour moi une référence mouvante, quelqu'un que je n'avais jamais perdu de vue. En même temps, il m'avait souvent échappé. Parce que je savais tant de choses sur lui, parce que j'avais été si proche de lui, je ne parvenais pas à rassembler les différents fragments de mon expérience avec lui en une seule image cohérente. »

De quoi sont faits nos liens ? Supercherie, mensonges d'un côté. de l'autre, un tiers en commun, une histoire, la présence de l'absence, l'idée de disparition...

« … l'oeuvre de Bill en particulier constituait une enquête sur l'insuffisance des surfaces symboliques — les formules explicatives qui restent en deçà de la réalité. »

Cet insaisissable, indiscernable, est paradoxalement (en apparence) le propre de l'humain, au contraire des façades destinées à complaire qui n'ont pas d'intérieur et se soustraient au pouvoir empathique de la narration. Une anti-relation symbolisée par une certaine forme d'art contemporain que stipendie le narrateur dont le regard éduqué par le classicisme est à la recherche d'un rapport « authentique » (les guillemets sont de moi.

« C'est le frisson qui compte — pas l'objet. C'est sans fin. Si vous voulez un nouveau frisson, vous allez le chercher. Vous amenez vos dollars et vous achetez de nouveau. » (Giles)

La matérialité de Bill s'oppose à ce frisson cynique de l'art contemporain :

« Cet homme était lourd de vie. Si souvent, c'est la légèreté que nous admirons. Ces gens qui paraissent sans poids, sans fardeau, qui voltigent au lieu de marcher, nous attirent comme un défi à la gravité ordinaire. Leur insouciance singe le bonheur, mais il n'y avait rien de tel chez Bill. »

L'authenticité est toutefois elle-même une vue de l'esprit.

« … je regardai les arbres couverts de feuilles de l'autre côté de la rue, et j'éprouvai une sensation d'ineffable étrangeté. Être vivant est inexplicable, pensai-je. La conscience elle-même est inexplicable. Il n'y a rien d'ordinaire en ce monde. »

Une vue de l'esprit, peut-être un leurre, et tout simplement une hypothèse. La réalité tient à des élaborations posées par nous, entre nous, comme des hypothèses ouvertes à interprétations : des relations incertaines, des oeuvres à déchiffrer, des narrations dont on tire le fil à partir d'un point de vue (Dédale ou Icare par exemple). Dans tous les cas : des histoires à partager.

« L'écriture est un moyen de remonter la piste de ma faim, et la faim n'est pas autre chose qu'un vide. »

Des histoires qui peuvent tenir, en morceaux dans un tiroir, à quelques objets et deux ou trois photos et dessins, que Leo apparie, assemble, sème comme des miettes de pain sur la piste pour retrouver un chemin que les oiseaux voraces auront peut-être effacé au matin...

« De la fiction et rien d'autre. Mais c'est là que nous vivons tous, pensai-je, dans les récits imaginaires que nous nous faisons de nos vies. »
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Tout ce que j'aimais aura une place à part dans mon chemin de lectrice, celle que prennent ces livres qui ne vous quittent jamais vraiment. Merci à Quarto et à sa critique de m'avoir donné l'envie de le découvrir.

On rentre dans ce roman comme dans un rêve. Pas de ceux qui vous bercent de jolies histoires mais des rêves dont la logique vous astreint à évoluer selon une distorsion assez légère pour paraître anodine et tellement profonde qu'elle change tous vos liens à la réalité.

Je présente dès à présent mes excuses à ceux qui n'auront pas lu Tout ce que j'aimais car j'ai moins l'intention de les inciter à découvrir ce roman – ce qu'ils devraient faire, indéniablement, pourtant - que de réfléchir aux lieux nouveaux et pourtant familiers qu'il m'a fait arpenter.

Les fondements romanesques sont on ne peut plus conventionnels : dans les années 70, le narrateur Léo, professeur et critique d'art, récemment en couple avec Erica, découvre un jeune artiste, Billy, qu'il contribue à faire connaître un peu et qui devient, avec sa première (Lucille) puis sa seconde épouse (Violet), un ami très cher. La côte de l'artiste croit à mesure que les années passent. Quatre personnes, cinq avec l'ex-épouse, deux garçons (Matt et Mark) nés à quelques semaines d'intervalle. Deux appartements à deux étages d'un même immeuble dans un New-York bruissant de talents et d'argent. Des parents juifs, rescapés avant l'heure de la Shoa, au contraire de tout le reste de la famille, pour Léo, comme pour parfaire le pedigree impeccable d'une telle histoire. En terrain connu, j'énumère le contenu de ma boîte à outils personnelle et m'apprête à arpenter des chemins déjà parcourus dans bien d'autres livres. le plaisir nostalgique de ce qu'on n'a pas vécu mais qui nous est devenu familier.

Que l'autrice soit une femme et le narrateur un homme m'a interrogée sur le plan théorique au début. Moins ensuite. Et puis tout de même. J'y ai cru tout le temps, que c'était la voix d'un homme. J'ai aimé y croire. D'autant que ce narrateur a pour ami un peintre, Billy donc, dont les premières toiles qui auront rencontré le succès peignent Violet tour à tour grasse et maladivement maigre (avec une toute petite voiture entre ses mains) pour intituler ces toiles « autoportraits ». Juste une ombre, que le spectateur peut prendre pour la sienne jusqu'à ce qu'il voie qu'elle appartient au tableau, pose la question de celui qui regarde, du caractère réfléchissant peut-être de la toile. A moins qu'anima soit une femme, y compris pour les beaux peintres virils qui se nomment Billy et à qui cela ne semble pas faire peur. Ah, pénétrer dans le rassurant d'un inattendu qui parle tant et permettra d'appréhender de nouvelles définitions de soi, de l'altérité !

Léo raconte son histoire alors qu'elle a quasi tout du révolu. Les années ont passé, mille et une choses sont advenues que je ne vous raconterai pas. C'est un vieillard atteint de dégénérescence maculaire qui écrit. Qui en a trop vu. C'est facile et c'est indubitable. Un critique d'art qui ne voit plus.

Il y a plusieurs choses qui m'ont frappée. La première est que l'on se trouve au coeur du roman à quelque moment qu'on soit. A ses débuts, dans la construction amoureuse de chacun des deux couples, l'édification amicale de chacune des combinaisons qui peut associer deux hommes et trois femmes. On y est, juste là. Les vacances à la campagne, les enfants encore petits, leurs mots ou gestes qui semblent contenir tout ce qu'ils sont, l'absolu des préoccupations de leurs parents respectifs. A ce moment là de notre lecture, l'essentiel est sous nos yeux.

Et pourtant, il reste trois cents pages. Et ce qui se passe ensuite semble encore majeur. A chaque fois. Parce que ça l'est. Ce n'est pas un roman dont chaque mot est destiné à vous emmener quelque part sans qu'il ait compté auparavant pour ce qu'il est.

Il n'y a que trois parties dans Tout ce que j'aimais. Les limites qui caractérisent leur seuil sont indéniables. On ne s'y attend pas. Et c'est là. La définition des personnages qui semblaient donnée d'emblée se reconfigure à chaque fois. Et pourtant, ce sont toujours exactement eux, tels qu'ils étaient et tellement autres en même temps.

Ce que je veux dire, c'est que la narration ne conduit pas à une notion d'évolution vers une forme de vérité. Pourtant Léo, qui nous raconte l'histoire, la connait et sait ce qui va advenir. Il aura fait quelques annonces anticipatrices évidemment obscures au moment où on les aura lues. Mais rien de ce qui adviendra n'invalidera l'énergie à être ce qui aura précédé.

A chaque instant de cette histoire, les personnages m'auront fait l'effet d'une densité pleine, d'une résolution à être eux-mêmes qui ne participaient même pas d'une volonté. Il n'y a pas de place aux doutes, aux atermoiements métaphysiques ou aux tergiversations sentimentales : Violet, Lucille, Léo, Billy, Erica, Matt sont tous ce qu'ils sont. Des bosseurs convaincus du sens de ce qu'ils produisent. Des aimants à leur affaire. Pour Mark, évidemment, c'est beaucoup moins évident et ce sera la question de toute une partie du roman. Mais pour les autres, le problème n'est pas l'actualisation problématique d'une volonté à être dans le cours de l'existence. Pas plus que la définition de leur identité ou de leur place sur terre. Ils savent être ce qu'ils sont.

Les problèmes vont venir d'ailleurs. de l'extérieur pourrait-on dire. Sauf que, bien sûr, ce n'est pas réductible qu'à cela. Mark en sera la preuve réitérée même si c'est cruellement lui retirer le droit à être ce qu'il est que d'en faire un seul symptôme illustratif. Rétrospectivement, on se dira que quelque chose du passé aura joué. Dans une combinaison qui cherche pourtant à être rationnelle, au moins intelligente et sensée, mais peut-on tout réduire à la raison ? Lorsque Léo agence les petits objets qu'il collectionne dans un tiroir, souvenirs allégoriques des personnes et des événements chers à son existence, à son passé, il ne se risque pas en dehors des liens rationnels, à peu près logiques. Agenceur au bord du gouffre, le péril d'un imaginaire débordant guette sa raison. Mais qui raconterait quoi alors ?

Il s'agit de dénuement. de ce qu'il reste quand tout vous a été pris. Si tant est que vous ayez eu quelque chose. Si tant est que quoi que ce soit vous ait défini en dehors de l'histoire dont vous venez et du sort qui s'abat. Et, pour cet aspect des choses, c'est Léo le coeur du roman. Qui restera néanmoins égal à lui-même, quoi qu'il arrive. Coûte que coûte. Emacié mais constant.

Pour le reste, il s'agira d'une réflexion appliquée sur le manque, ce que c'est que d'être aimé, l'attachement, l'isolement dans lequel on se trouve quand le reste de votre monde tourne visiblement sans vous. Sur ce que c'est que le vrai, bien sûr. La représentation picturale et interpersonnelle, les attentes des autres et ce qu'ils font de vous. La manière dont on fait trace, empreinte, dont les sentiments existent indépendamment de ce que l'on en veut. Dont leur enracinement peut s'expliquer, dans un après-coup qui ne résout rien, tant dans l'histoire que dans une théorisation psychosociale. Les personnages de Tout ce que j'aimais sont des chercheurs, des théoriciens, plasticiens ou intello. Il ne s'agit pas d'être traversé sans chercher à exprimer ou élucider. Ca n'explique rien mais peut-être que ça cadre. Et quand il ne reste que cela, n'est-ce pas déjà beaucoup, ne serait-ce que pour ne pas déborder ?

C'est un roman qui ne se réduit pas. J'en parle parque cela me plait de l'évoquer, de rester avec lui encore un peu. Mais je n'ai pas l'impression qu'on puisse en faire le tour, qu'il puisse être craqué de quelques clés.

« Talismans, icônes, incantations, ces fragments sont mes frêles boucliers de sens. le jeu doit rester rationnel. Je m'oblige à concevoir un argument cohérent pour chaque association mais, fondamentalement, le jeu est magique. J'en suis le nécromancien qui appelle les esprits des morts, les disparus et l'imaginaire. »
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Quel roman intense.
450 pages envoutantes qui mettent en lumière un petit groupe d'artistes et leur amitié.
Un monde qui va peu à peu s'effondrer devant les aléas de la vie.
Il est question d'amour, d'amitié, de deuil, de mensonges, d'ambiguïté et de la difficulté, parfois, à se comprendre.
On rentre dans l'intimité des personnages.
Même s'il faut parfois se concentrer, c'est dense, nostalgique et passionnant.
L'écriture est élégante et exigeante.
La découverte de Siri Hustvedt fut pour moi une formidable expérience.
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Un véritable coup de maitre, un coup de coeur pour ce roman dont la puissance de l'écriture nous transporte avec elle dans une vie si lointaine et si proche à la fois.

Je n'aime pas rester sur un échec, donc quand je découvre un nouvel auteur et si je n'aime pas son roman, je vais lire un autre de ses livres. Comme pour confirmer mon choix. C'est d'ailleurs étrange car en librairie quand je ne connais pas un auteur j'achète toujours deux de ses romans. J'aime laisser une seconde chance. A la suite de ma lecture bien fastidieuse d' « un monde flamboyant », je me suis donc naturellement tournée vers ce livre qui était dans ma PAL.

Cette lecture fut une véritable révélation. L'auteure nous entraîne sur plusieurs niveaux. Un monde très artistique où l'on ressent la passion de cette auteure pour toutes les formes de l'art. Et on applaudie sa connaissance du sujet. J'avais déjà pressenti cela dans ma précédente lecture. Et comme un maître, elle nous confirme sa connaissance des milieux artistiques.
Ensuite il y a l'histoire… Que dire quand une histoire semble si naturelle. On est bercé par les mots qu'elle écrit et on va jusqu'à ressentir ces vies.

Cette histoire se déroule autour de deux couples qui vont se rencontrer grâce et à cause de l'art. Ils vont vivre leur vie qui va s'entremêler entre drame, mensonge et amour. Très vite on comprendra que l'histoire que l'on nous dicte n'est là que pour camoufler le véritable drame qui se construit sous nos yeux. Comme dans un huit clos, on se plait dans une ambiance oppressante où la vérité n'a plus sa place et les faux semblants une obligation.

Ce roman mérite de mon point de vue une seconde lecture, tellement l'histoire créée est dense. On se plait à plonger avec Siri Hustvedt dans ce livre qui paraissait si doux, si beau. Mais très vite il décèlera sa triste vérité. Un roman brutal dont chaque page est une drogue et très vite vous ne pourrez plus vous en passer !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Il ne faut pas lire la quatrième de couverture, je crois que c'est une sorte d'erreur.
Oui il s'agit de deux couples d'artistes à NYC, mais le reste est fort mal décrit, ça ne correspond pas... du moins pas à ce que j'ai lu.
J'ai lu un roman brillant.
À la fois extrêmement intelligent et profondément bouleversant : sur la création, l'art, l'amitié et l'amour et donc les questions de loyauté entre autres et puis à un moment donné, l'amour fort envers l'enfant. Et une bascule incroyable et terrible, avec une puissante analyse et des retours en arrière introspectif, avec la tentative désespérée de comprendre cet enfant qui est perdu, l'autre qui se perd, et comment les couples et les amis confrontés à ces situations très douloureuses vont devoir en pâtir finalement.
C'est aussi une réflexion profonde sur une époque, sur l'art et la place des femmes, sur la parentalité, sur la vie et ses duretés, le tout porté par une écriture absolument magnifique, avec une compréhension si profonde des choses qui nous submergent parfois, mais qui sont nos vies aussi.
Siri Husvedt, de plus en plus palpitante, brillante, une des meilleures écrivinaines de sa génération.
Un roman à lire absolument.
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En retrouvant les lettres d'amour écrite par Violet pour Bill, Léo Hertzberg décide de rédiger un livre racontant les trentes dernières années de sa vie. Dans le milieu artistique New-Yorkais, au cours des années 70, Léo et sa femme Erica tombe sous le charme d'un peintre alors peu connu Bill Wechsler. C'est le début d'une longue amitié entre les deux hommes. Une amitié idéale entre deux couples, basée sur une même passion de l'art : Léo, historien de l'art, permettra à Bill d'acquérir une célébrité méritée. Violet et Bill s'installeront dans le loft situé au-dessus de celui de Léo et Erica, ils partiront en vacances ensemble, et surtout, partageront une vie remplie de littérature, d'art et d'harmonie. Leurs deux fils, Matt et Mark s'adoreront. Mais ce tableau idyllique, cet équilibre finira par se fissurer. La folie les guette, folie qui prendra de nombreuses formes : Violet qui écrit un livre sur l'hystérie et les désordres alimentaires; le décés accidentel de Matt, qui fait voler en éclat le mariage pourtant si solide entre Erica et Léo; la crise d'adolescence de Mark; sa dépendance aux drogues dures qui plongera Bill dans un profond désarroi; sa fréquentation d'artistes déjantés et décalés pour qui le meurtre devient une oeuvre d'art.
Difficile de résumer un livre aussi complet que celui de Siri Hutsvedt (qui, pour la petite anecdocte, est Madame Paul Auster à la ville). Avec un talent magistral, elle aborde autant de thèmes différents que celui de l'amitié, de l'art (le récit est émaillé de magnifiques descriptions des tableaux de Bill), de l'amour, de l'hystérie, de la drogue, de la schizophrénie et de la mort.
Les personnages sont magnifiquement campés que ce soit dans l'analyse de leurs sentiments, de leurs comportements ou dans l'évolution de leurs caractères suite aux événements qui les touchent, évolution finement décrite. le personnage le plus marquant reste pour moi celui de Mark, qui au fil des pages devient de plus en plus dérangeant. Il y a quelque chose d'indiscernable dans cet enfant, puis adolescent, que nous ne parvenons jamais à démasquer.
Je reprends la phrase avec laquelle Pascale Frey a clôturé sa critique dans le magasine Lire, non que je l'approuve mais parce qu'elle évoque bien le talent de Siri Hustvedt, dont je conseille vivement la lecture : « Mais une chose est certaine, si la romancière continue dans cette lignée, on présentera bientôt Paul Auster comme le mari de Siri Hustvedt. »

Lien : http://www.chaplum.com/tout-..
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Deux jeunes couples New-yorkais vont se connaitre par hasard et rester amis durant toute leur vie. Dans l'un des couples lui est professeur en histoire de l'art et elle professeure d'anglais, dans l'autre couple lui est peintre et elle écrivain. Ils vont avoir des appartements l'un en dessous de l'autre, avoir un garçon chacun la même année, passer des moments souvent ensemble et même passer des vacances régulièrement ensemble. Nous les verrons évoluer, en couple puis en famille. Nous découvrirons leurs peines et joies. La réaction et la transformation de chacun des couples après chacune de ces étapes. Un événement particulièrement va transformer le chemin de ces deux couples dans des voies différentes. Nous étudierons avec le narrateur les pensées de chacun et comment ils luttent pour poursuivre leur chemin et cherche le bonheur de tous les jours.
J'ai adoré ce livre par l'écriture de Siri Hustvedt qui nous livre la pensée de chacun.
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Je reconnais que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, la mise en place du décor et des personnages, le côté artiste bobo new-yorkais m'a plutôt ennuyée.
L'histoire démarre réellement avec ce qui arrive à Matthew ( je ne dévoile pas) et là : impossible de lâcher le livre tant j'ai été happée : la montée en puissance est incroyable, intense et dérangeante ...
Un livre profondément humain, intimiste et émouvant.
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Ce roman et son écriture, la façon de tourner autour des pensées et de la psychologie des personnages principaux sur une longue durée, m'ont fait penser au « Carnet d'or » de Doris Lessing lu il y a pas mal d'années mais qui m'avait fait forte impression.
C'est l'histoire de Léo et des personnes qui l'entourent. Léo est spécialiste en Histoire de l'Art et donne des cours à l'université. Il vit avec Erica qui écrit des articles plutôt sur la littérature. le couple se lie d'amitié avec des voisins : Bill est artiste peintre (et plus largement plasticien) et sa femme Lucille poète. Ils ont des garçons du même âge, Mark et Matt. Mais Lucille et Bill vont se séparer et ce dernier vivre finalement avec son modèle, Violet, qui est chercheuse en sociologie, notamment sur tout ce qui tourne autour de la névrose des femmes au XIXè siècle.
Ces deux couples vont s'épauler l'un après l'autre après avoir subi des drames : la noyade du fils d'Erica et Léo alors qu'il est âgé d'une dizaine d'années, puis la découverte quelques années plus tard que Mark, le fils de Bill est un menteur pathologique qui vole et commet des actes très louches.
Ce sont les relations croisées entre ces personnages, les épreuves qu'ils traversent, l'évolution de leur caractère qui pousse le lecteur à avancer dans les pages. Et puis à partir de la moitié ou du dernier tiers de ce copieux roman, l'ambiance vire aussi au thriller avec l'amitié de Mark pour un artiste qui met en scène des corps mutilés de façon extrêmement violente et se trouve mêlé à une disparition inquiétante.
J'ai préféré les deux premières parties du livre je pense mais la personnalité de Mark est un des attraits de cette lecture malgré tout. J'ai énormément aimé le personnage de Violet, si entier, et celui de Bill pour tout ce qui touche à sa conception de l'art et ses créations. Dans les personnages secondaires , il y a aussi Dan, le frère de Bill, et Laszlo, l'assistant de Bill qui devient un ami de Léo.
Un récit très riche que je vous recommande donc.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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