« Quelque temps après qu'il eut prononcé le mot pause, je devins folle et atterris à l'hôpital. »
Ainsi s'ouvre «
Un été sans les hommes » de
Siri Hustvedt.
Mia, poétesse abandonnée par son mari après 30 ans de vie commune pour une « Pause » française de 20 ans plus jeune, après un court séjour en hôpital psychiatrique, décide de retrouver le Minnesota de son enfance et de passer l'été auprès de sa mère en maison de retraite. Elle y côtoie « les Cinq Cygnes », joyeuse bande d'octogénaires amies de sa mère. Parallèlement, elle initie à la poésie sept jeunes adolescentes et se lie d'amitié avec sa voisine, une jeune mère de famille.
Voilà le décor planté. Ce pourrait être une banale histoire de femme trompée qui se plaint, cherche à comprendre ou à se reconstruire, mais ce n'est pas du tout ça. Si Boris, l'éminent neuroscientifique de mari volage est bien présent dans le livre, cette présence est très secondaire et ce sont bien les femmes qui sont au centre du roman : la petite fille de la voisine, les adolescentes, la jeune maman, la narratrice, sa fille, sa soeur, son analyste au téléphone, les espiègles octogénaires de la maison de retraite. Cela nous vaut quelques portraits savoureux, comme celui d'une des amies de sa mère, Abigail, qui, sous couvert de broderies très classiques, a longtemps brodé ce qu'elle appelle « des amusements privés »( je vous laisse le plaisir de la découverte !)
C'est un livre inclassable , féministe sans aucun doute, très caustique, avec quelques pages assez drôles sur les théories du genre, les affirmations masculines et grotesques sur l'évidente infériorité des femmes ( trop utiliser leur intelligence épuiserait leur capacité à faire de beaux enfants : « La théorie selon laquelle penser flétrit les ovaires a vécu une longue et robuste vie »)et même sur la découverte du clitoris par Realdo Colombo ( « Il y fit voile au cours de l'un de ses voyages anatomiques, même si Gabriel Fallope lui disputa ce point, affirmant qu'il avait été le premier à voir le petit tertre »).
C'est un roman, certes, mais aussi un journal/essai avec beaucoup de digressions philosophiques et littéraires (un peu trop, à mon goût), des détours vers les neurosciences que l'auteur a étudiées et des apostrophes régulières au lecteur devenu ami à la fin du livre :
« Et je vais vous dire en toute confidence, vieil ami, car voilà bien ce que vous êtes maintenant, vaillante lectrice, vaillant lecteur, éprouvés et fidèles et si chers à mon coeur. »
Je ne connaissais pas du tout
Siri Hustvedt, la couverture du livre m'avait fait de l'oeil à la bibliothèque, le résumé avait l'air intéressant...Je ne m'attendais pas du tout à un livre aussi singulier. Je pense que j'essaierai un autre livre de cette auteure pour comparer !