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sur 935 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La Pause, c'est ainsi que Mia, fraichement délaissée par son mari, a surnommé la maîtresse et collègue de ce dernier. Une femme, évidemment plus jeune qu'elle, peut-être plus belle, aura eu raison de ces trente années passées ensemble. Ayant très mal vécu cette séparation momentanée, elle sombrera quelque temps dans la dépression. Internée, elle reprendra pied gentiment. Ne pouvant plus supporter l'appartement de Brooklyn tant chaque recoin lui rappelait Boris, elle décide alors de retourner vivre chez elle, pour l'été, dans le Minnesota, là où elle a grandi et où vit en ce moment sa maman. le docteur était d'accord, des rendez-vous téléphoniques étant fixés toutes les semaines. Sa fille Daisy et sa soeur ont déjà prévu de lui rendre visite. Poétesse auréolée d'un prix et enseignante à l'université, elle compte enseigner la poésie aux jeunes dans le cadre du Cercle artistique local. Entre les adolescentes à la recherche d'elles-mêmes, les vieilles de la maison de retraite à qui elle rend visite, les confidences de sa maman, la voisine délaissée et un peu paumée qu'elle tente de consoler et les lettres de Boris qu'elle reçoit, Mia scrute le monde qui l'entoure et les personnes qui l'animent et qui lui permettent de rester debout...

Siri Hustvedt décrit avec subtilité, tendresse, émotions et poésie ces instants volés à cette femme, ces instants où elle se livre et pose un regard empli de douceur sur ce qui l'entoure. L'on survole presque ces quelques pages, presque gêné de cette intimité, cette pudeur malgré tout exposée et l'on ne peut pour cela s'empêcher d'y entrevoir une certaine part intime de l'auteur. Elle-même poète, ayant connu des périodes de dépression et vivant parfois dans l'ombre de son mari Paul Auster, elle ressemble à Mia. Décrivant le portrait d'une femme à la fois forte et fragile, déboussolée, en proie à certains doutes et blessée au plus profond d'elle-même. L'écriture est d'une grande finesse, poétique, empli d'une tendre douceur et extrêmement maîtrisée. L'on pourra malgré tout regretter parfois la complexité de la trame, rendant cette lecture plus complexe qu'elle ne paraît.

Un été sans les hommes...un automne dans leurs bras...

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Quand elle apprend la liaison de son mari avec une jeunette, Mia, poétesse, la cinquantaine, pète les plombs et se retrouve internée en psychiatrie. Après une période de thérapie, elle part, le temps de l'été, dans sa ville natale se réfugier auprès de sa mère qui vit dans sa maison de retraite.
Mia va peu à peu reprendre le contrôle d'elle-même et de sa vie. L'atelier d'écriture qu'elle accepte d'animer et les 7 adolescentes qui y participent, ainsi que la fameuse équipe formée par sa mère et ses copines lui permettront de redonner un brin de sens à son existence. Elle sera aidée aussi, à distance cette fois, par sa fille et sa thérapeute. Elle soutiendra à son tour sa jeune voisine, débordée par ses deux petits enfants et son mari instable.
Le roman nous décrit Mia qui observe ces générations de femmes, et qui s'observe elle-même.
Un point commun entre toutes: la vulnérabilité. La fragilité physique des plus âgées est souvent à la mesure de leurs regrets et souvenirs, le psycho-drame qui se joue entre les ados montre que cet âge-là peut être cruel, stupide mais aussi pur et tellement fragile.
Le récit n'est pas déprimant pour autant: paradoxalement ce sont les vaillantes octogénaires qui montrent l'exemple et ne se laissent pas abattre par les misères de l'âge. Et la fin de l'été apaisera les tensions...
Soyons clairs, ce roman n'est pas un coup de coeur pour moi, et je ne l'ai pas dévoré. Mais je l'ai apprécié: certains personnages sont touchants, amusants, agaçants (ah ces ados!), et l'auto-dérision de la narratrice est plutôt drôle. Les hommes sont effectivement absents, mais, tout compte fait, on ne peut s'empêcher de parler d'eux.
Le récit n'est pas toujours chronologique, alterne narration classique et échanges d'e-mails, considérations philosophiques et phrases lestes, s'adresse parfois au lecteur, et superpose les épisodes entre Mia et chaque "catégorie" de personnages.
A conseiller à tout qui s'intéresse un tant soit peu à la psychologie des femmes...
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« Ce n'est pas qu'il n'existe pas de différence entre hommes et femmes ; c'est : quelle différence fait cette différence, et quel cadre nous choisissons de lui donner. »

Déjà je m'aperçois que ce livre va me poser problème. Ça vole haut, trop pour moi. Je ne suis qu'une femme, les lobes de mon cerveau sont plus petits (suivant les époques et les diverses visions masculines de la chose) que ceux des hommes et je vois immédiatement que cette autrice est dopée à la connaissance, elle utilise tellement de vocabulaire qui m'est complètement inconnu. Elle est la reine du 100 mètres aux JO alors que je fais le tour du pâté de maisons une fois le dimanche matin, en marchant. Et c'est dingue parce qu'elle me parle de moi. A toutes les époques de ma vie, je n'avais pas vraiment envie de savoir les trente prochaines. Bon c'est fait, je me prépare au déambulateur.
Elle me rappelle les pestes qui m'ennuyaient au collège parce qu'il ne fallait pas être bonne en maths dans cette classe. Elle me parle de ma mère et de mes filles, les plus belles au monde (ben voui, je le sais, vous pas^^) le pile et face, et moi je suis sur la tranche, oscillant entre deux mondes. Elle me renvoie mes amours (ratés, en attente, voire sur pause, génial !), qui ressemblent à ça : « Ma réponse au Grand B. arriva le lendemain : ‘'Fais-moi la cour.'' Et lui, dans un style éminemment romantique, répondit : ‘'OK.'' » Et oui tout le monde n'a pas la chance d'entendre ‘'la musique du hasard'' « ainsi que l'a formulé un éminent romancier américain », j'en profite pour faire un peu de pub pour mon cher et tendre, vas-y Siri c'est cadeau. Mais quand on aime, ça n'a pas de prix. Et c'est peut-être ça le fond de ce roman, s'aimer. Après un été sans les hommes, je crois qu'ils peuvent revenir au pas de charge, on aura fait le ménage et régler nos comptes.

« Laisse-le venir à moi » …je t'attends.
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L'infidélité et le départ de son mari, donnent à Mia, poétesse fragile et dévastée, l'occasion de remettre les choses à plat : son couple avec tout ce que comporte une vie conjugale de 30 ans, les habitudes, l'érosion du désir, la complicité, mais aussi l'envie ou pas de "sauver les meubles"... Parallèlement, sa disponibilité affective lui laisse du temps pour développer son empathie envers des femmes qu'elle frôle, le temps d'un été : des adolescentes de 12-13 ans en pleine recherche de leur personnalité, qu'elle initie à la poésie, une jeune mère de famille en proie à des difficultés de couple et qu'elle tente de consoler, sa mère de 90 ans et ses amies de la maison de retraite qui essaient de profiter le plus possible du temps qui leur reste à vivre.
Sur le thème rebattu de l'adultère, voici un roman très enlevé, à l'écriture brillante et ironique. L'auteure nous y parle de femmes, de cerveau, de féminisme, de vie conjugale, d'amour, de vieillesse, de mort, de rébellion et de résilience, bref de la vie, et avec humour !
Un bémol cependant, les références (trop) nombreuses et sans doute érudites en matière de psychanalyse et de philosophie qui m'on agacée (et pour cause je n'y comprends rien) et plombent la narration, par exemple :
"Il passait d'un bond de la Monadalogie de Leibniz à Heisenberg et Borg à Copenhage, et de ceux-ci à Wallace Stevens quasiment sans reprendre son souffle, et, en dépit de sa dinguerie, je le trouvais distrayant et je lui répondais en lui opposant contre-arguments et nouvelles idées en spirale. C'était un antimatérialiste rigoureux, cela je l'avais compris. Il crachait sur les adeptes du physicalisme, tels Daniel Dennett et Patricia Churchland, et exaltait un monde postnewtonien qui avait laissé de sa substance dans la poussière." Sans commentaire...
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Son mari ayant décidé de faire une pause (en réalité une liaison avec une de ses jeunes coéquipières), Mia, la cinquantaine part passer l'été dans uns maison proche de l'établissement où vit sa mère.
Entre les amies de sa mère, les jeunes adolescentes à qui elle donne des cours de poésie et le couple de voisins avec ses deux jeunes enfants, Mia voit sa colère et sa tristesse se transformer peu à peu.
C'est un livre sensible et intelligent écrit avec talent. Un portrait psychologique très fin d'une femme à un tournant de sa vie qui s'auto-analyse.
L'auteur s'adresse parfois au lecteur. Elle part souvent dans de longues et assez fastidieuses considérations philosophiques ou littéraires.
Je n'ai pas très bien compris l'intérêt de quelques dessins insérés au texte.
Un bon livre en somme, mais qui n'est cependant pas un coup de coeur.
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Mia est une poétesse d'une cinquantaine d'année que son mari vient de quitter après trente ans de vie commune car il a besoin de faire une pause. En réalité, cette Pause-là est une jeune française à la poitrine proéminente.
Aussi, Mia décide-t-elle elle aussi, elle aussi, après avoir séjourné quelques temps dans un asile, de faire une pause en allant passer les mois d'été loin de la vie new-yorkaise, à Bonden, afin de donner des cours de poésie à sept jeunes adolescentes. Ces dernières se prénomment Jessie, Peyton, Joan, Nikki, Alice, Emma et Ashley et elle va tenter de les initier à l'art des mots mais aussi de les comprendre et de se remettre dans la peau d'une gamine de treize ans.

Elle va aussi pouvoir rejoindre sa mère et ses amies, "Les cinq Cygnes", comme elles se surnomment et s'attacher notamment à l'une d'elles, Abigail ainsi qu'à sa voisine, et ses deux jeunes enfants.
En parallèle de cela, Mia va elle aussi tenter de se remémorer ses premières découvertes de la sexualité et tient ainsi un journal à ce propos.

Un roman très bien écrit mais auquel cependant, j'ai eu du mal à accrocher car plusieurs histoires s'entremêlent et se croisent ici et que l'auteure divague (un peu trop à mon goût) dans des analyses sur le corps et l'esprit humains.
Une lecture parfois un peu difficile à suivre mais qui reste néanmoins plaisante !
A découvrir !
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Mariée depuis trente ans à un universitaire américain, Mia apprend que son époux veut faire une "pause" dans leur relation et que cette "pause" a vingt-cinq ans et de longs cheveux...
Mia est terrassée. Elle se retrouve internée en HP. Lorsqu'elle en sort, elle part le temps d'un été, auprès de sa mère animer un atelier d'écriture avec des adolescentes.
Hustvedt aborde ici les thèmes du féminisme, de la mort, de la vulnérabilité, de la vie conjugale...
Pas d'hommes dans ce roman et pourtant, ils sont omniprésents, tout comme les références à la psychanalyse... un peu pesantes.
Je n'ai pas accroché ni au personnages, ni au thème (la femme de 50 ans délaissée qui repart à zéro...) mais je reconnais la qualité de l'écriture.
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Siri Hustvedt est une écrivaine américaine, d'origine norvégienne par sa mère. Elle est également l'épouse de l'écrivain Paul Auster.

En guise d'ouverture du roman, un extrait de dialogue du film Une sacrée vérité avec Cary Grant :
« Lucy : Tu es tout déconcerté, hein?
Jerry : M-hm. Toi pas ?
Lucie : Non.
Jerry : Eh bien, tu devrais parce que tu te trompes si tu crois que les choses sont différentes parce qu'elles ne sont plus les mêmes. Les choses sont différentes, sauf que c'est une manière différente. Tu es toujours la même, seulement moi j'ai été idiot. Eh bien, je ne le suis plus maintenant. Alors, puisque je suis différent, ne crois-tu pas que les choses pourraient redevenir les mêmes ? Seulement un peu différentes. »

Le roman met en scène Mia, une femme de cinquante-cinq ans, poétesse de profession. Après trente ans de mariage, Boris, son mari lui annonce qu'il souhaite faire une pause. Cette "pause" est en réalité une femme beaucoup plus jeune avec qui il travaille. Sous le choc, Mia réagit d'abord par une crise psychotique qui l'amène à l'hôpital.

A sa sortie, elle quitte Brooklyn pour le Minnesota où vit sa mère. Elle loue un appartement non loin. Mia est chargée d'animer un atelier de littérature auprès d'un groupe d'adolescentes pendant plusieurs semaines. Cette période de transition est rythmée par ses échanges écrits avec son mari Boris et sa fille Daisy, la réception de mails anonymes et ses rencontres avec d'autres femmes d'âges différents.

D'une part, il y a les amies de sa mère, les cinq Cygnes, c'est ainsi qu'elle les appelle : Giorgiana (la doyenne de 102 ans), Regina, Peg, Abigaëlle et sa mère. Toutes font partie d'un club de lecture. D'autre part, elle fait connaissance avec les sept adolescentes de l'atelier de poésie qu'elle dirige et observe leurs relations parsemées de coups bas. En certaines, elle se retrouve à leur âge, se replongeant dans son propre mal-être d'adolescente. Il y a aussi la voisine délaissée par son mari avec qui elle se lie d'amitié.

Bref, cela fait beaucoup de personnages à suivre, j'ai donc eu des difficultés à pénétrer dans cet univers et dans les différentes personnalités. Je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, excepté à la narratrice au début. Ne connaissant pas l'auteur, j'avais quelque appréhension face au genre de ce roman. J'ai vite été rassurée sur le fait que ce ne soit pas un roman à l'eau de rose, l'écriture est fournie mais peut-être trop intellectualisée à mon goût.

Après un commencement de lecture prometteur (j'ai beaucoup aimé la première partie, les phrases et cheminements de la narratrice), je me suis peu à peu enlisée dans l'ennui. L'écriture devient plus complexe, prenant le chemin de réflexions intellectuelles et de références littéraires qui, à mon sens perdent un peu le lecteur et l'éloignent des émotions. J'ai survolé la fin du livre car je ne prenais plus de plaisir.
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Lorsque j'écoute Siri Hustvedt dans ses interviews j'ai l'impression de ne rien comprendre car son discours est parfois assez hermétique et un peu pédant mais comment ne le serait-elle pas avec un parcours universitaire prestigieux car diplômée en littérature anglaise et neurosciences, elle dispense des cours de psychiatrie dans des universités américaines. Elle est la compagne de Paul Auster. Comme je suis curieuse et me méfie de mes impressions (qui se révèlent parfois justes malgré tout) et ayant trouvé ce roman dont j'aimais beaucoup la couverture et le titre je me suis lancée à la découverte de Siri Hustvedt.

Une femme, Mia, 55 ans, poétesse, (Siri ?) se retrouve seule après la séparation avec son mari, Boris, neuroscientifique, qui est parti  vivre avec celle qu'elle nomme La Pause, une femme beaucoup plus jeune. Après une période dépressive, elle rejoint sa mère, Laura, qui vit dans une maison de retraite, Rolling Meadows, dans le Minnesota, entourée de femmes d'un âge avancé et forme ce que l'auteure appelle Les cinq cygnes. Elle en profite pour animer un Club de poésie et d'écriture pour 7 jeunes adolescentes de 13 ans. C'est un été donc très féminin, de tous âges, sans compter Lola, sa voisine, dont le couple bat de l'aile et mère de deux enfants.

A travers les quatre tranches d'âge qui entourent la poétesse (adolescentes, jeune femme, elle-même et femmes âgées) l'auteure se lance dans une étude des comportements féminins, de leurs centres d'intérêt et préoccupations, qui ne sont évidemment pas les mêmes.

"Si, à la moitié de votre vie, vous aviez six ou sept ans, l'espace de ces années semblerait plus long que celui de cinquante années pour un centenaire, parce que dans l'expérience des jeunes le futur paraît sans fin et qu'ils considèrent normalement les adultes comme appartenant à une autre espèce. Seules les gens âgés ont accès à la brièveté de la vie. (p117)"

A travers le groupe formé par sa mère et ses amies, c'est un regard tendre sur l'époque où les souvenirs sont plus présents que les projets, des confidences et des révélations se font jour parfois avant le grand saut pour certaines. Quand il s'agit des sept adolescentes c'est l'âge des rivalités, des "embrouilles", des conflits que tentera de résoudre Mia à travers des jeux d'écriture et la poésie. Quand à Lola, la trentaine, c'est la recherche de sa place à côté d'un mari instable et de deux jeunes enfants qui l'accaparent dont la petite Flora, fillette imaginative de 4 ans, qui s'invente un ami et se balade avec une perruque à la Harpo Marx sur la tête.....

Siri Hustvedt projette dans Mia ses propres questionnements en tant que femme, écrivaine, poétesse, dépressive qui tente elle-même de trouver sa propre place après une rupture, à un carrefour de vie. Quel chemin prendre ?  Avec le temps, avec la complicité de sa fille Daisy, comédienne, lien entre elle et Boris, elle va s'apercevoir qu'il faut laisser du temps au temps et faire du lecteur (lectrice) le témoin de sa renaissance.

Je dois avouer que j'ai failli abandonner cette lecture à la moitié tellement la construction du livre me déroutait. Constitué d'un seul chapitre, c'est un long monologue, parfois presque professoral, limite psychanalytique, sur l'expérience vécue par Mia mais où l'auteure mêle régulièrement ses propres réflexions, études et analyses, cassant le rythme de la lecture bien sûr et me perdant régulièrement. J'ai trouvé cela assez perturbant mais au moment où j'allais le lâcher, c'est produit un petit miracle. Siri s'adressait à moi et avec une pointe d'humour car finalement elle sait parfaitement qu'elle risque d'avoir perdu son lecteur, j'ai lu :

"Bientôt dites-vous, nous allons atteindre un col ou un carrefour. Il y aura de l'ACTION. (...) Mais avant d'en arriver là, je veux veux vous dire, Gentil Lecteur, que si vous êtes ici avec moi maintenant, sur cette page, je veux dire : si vous avez atteint ce paragraphe, si vous n'avez pas renoncé, ne m'avez pas envoyée, moi, Mia, valdinguer à l'autre bout de la pièce ou même si vous l'avez faite, mais vous êtes demandé s'il ne se pourrait pas que quelque chose se passe bientôt et m'avez reprise et êtes encore en train de lire, je voudrais tendre les bras vers vous et prendre votre visage à deux mains et vous couvrir de baiser, des baisers sur vos joues et sur votre menton et partout sur votre font et un sur l'arête de votre nez (de forme variable), parce que je suis à vous, tout à vous. Je voulais juste que vous le sachiez. (p112)"

Et après cette prise de conscience de l'auteure, l'écriture s'est fluidifiée, uniformisée, se tournant plus sur les personnages, leurs passés, leurs secrets, devenant plus romancière qu'essayiste ou donnant une forme plus accessible à ses analyses, offrant plus de profondeur à ses héroïnes, j'ai même été surprise du contraste dans l'écriture, comme si celle-ci avait été passée du froid au chaud, de la distance à l'intimité. Après les circonvolutions de la première partie tout s'est éclairci, ayant abandonné réflexions philosophiques alambiquées, études sociétales, elle faisait le choix de n'être que romancière.

"Et je vais vous dire en toute confidence, vieil ami, car voilà bien ce que vous êtes maintenant, vaillante lectrice, vaillant lecteur, éprouvés et fidèles et si cher à mon coeur. Laissez-moi vous dire que si mon bonhomme avait franchi les étapes, comme on dit, et qu'il était parvenu de plus en plus près de ce qu'il y a là, au fond de moi, quoi que ce fut, c'était qu'il y avait eu du temps, tout simplement du temps.... (p215)"

Et comme telle elle évoque d'autres romancières célèbres, féministes, engagées ou critiqués dans leur travail et en particulier lorsqu'elle évoque Jane Austen 

"Aimée autant que détestée, elle a maintenu ses critiques en haleine. "Une bonne bibliothèque est une bibliothèque qui ne contient pas d'ouvrage de Jane Austen, a dit Mark Twin, enfant chéri de la littérature américaine, même si elle ne contient aucun livre." Carlyle qualifiait ses livres de "triste camelote". Aujourd'hui encore, on lui reproche d'être "étroite" et claustrophobe" et on la relègue au statut d'écrivain pour les femmes. La vie en province, indique d'observation ? Les douleurs des femmes, sans importance ? Ça peut aller quand c'est Flaubert, bien entendu. Pitié pour les idiots.(p177)"

Un avis assez mitigé donc pour cette première lecture mais je sais malgré tout qu'il y a derrière toute cette vitrine de son savoir une femme, certes très intelligente, drôle parfois, observatrice de la société. Ayant sur mes étagères depuis des années Tout ce que j'aimais je lui donnerai une autre chance et j'espère que cette fois-ci, même si ses origines nordiques lui font souffler parfois le froid et la distance sur ses mots, je préfère quant à moi quant elle laisse au vestiaire sa toge de professeur universitaire.

"Un livre est une collaboration entre celui ou celle qui lit et ce qui est lu et, dans le meilleur des cas, cette rencontre est une histoire d'amour comme une autre. (p179)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Un peu déconcertée par la lecture de ce livre dont la 4ème de couverture m'avait accroché .
J'ai eu du mal à pénétrer dans l'univers de cette femme trahie par son mari (pour une "pause" française ) et qui le temps d'un été va retrouver une nouvelle façon de vivre sans lui .
Le débit est rapide, nerveux, rageur à l'image de la douleur ressentie, les phrases sont hâchées et très longues, la femme interpelle parfois le lecteur ce qui m'a un peu dérouté !
Mais au cours de la lecture, au moment d'ailleurs où je voulais abandonner, je me suis mis à m'attacher à ce bout de femme à la fois faible et fort.
J'ai pris un réel plaisir à retrouver la petite tribu de personnages très attachants qui gravitent autour d'elle , qu'elle observe avec bienveillance et auxquels elle apporte son soutien.
On assiste peu à peu à la résurrection d'une femme qui, au bord du gouffre, s'est ressaisie en s'éloignant de l'objet de sa douleur et en s'intéressant aux autres.
La fin est délicate et pleine de retenue contrairement à l'attaque des début du roman et là aussi on peut faire le parallèle avec la personnalité de la femme qui a gagné en relief, en assurance et en sérénité
L'écriture est au diapason des sentiments de la narratrice.
Finalement un beau roman initiatique.
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