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3,27

sur 941 notes
Si "Un été sans les hommes",qui fut une première excursion dans l'univers de Siri Hustevdt ,ne m'a laissé qu'un sentiment mitigé , il m'a fallu poursuivre immédiatement dans cette découverte pour parvenir à me situer plus précisémment et mettre quelques mots sur une impression nébuleuse , indéfinie , à peine palpable .
Et si les préjugés ont la vie dure et ne se laissent pas déloger si facilement comme nous le démontre brillamment l'auteure , ils peuvent s'évanouir comme neige au soleil dès lors que le cerveau veuille bien s'assouplir .
Siri Hustvedt n'a rien d'aimable , ni dans ses interwiews , ni dans son écriture . Engoncée dans un intellectualisme que d'aucuns pourraient qualifier d'ostentatoire , et une hauteur de vue en apparence condescendante , le tout enveloppé dans une enveloppe charnelle effrayante de beauté froide , avouons que ça fait un fait" un peu beaucoup" pour une seule et même personne , dieu est injuste !
Alors , forte et faible de tous ses attributs , Siri Hustvedt s'affirme à travers l'écriture nourrie par de solides formations universitaires en littérature , neuroscience , psychanalyse , philosophie , des centres d'intérêts aussi pointus que l'art ,la philosophie de l'esthétique , l'histoire de la femme dans nos sociétés et tant encore .
Et quand elle se déploie miss Siri Hustvedt , ce n'est bien évidemment pas dans la facilité , la bien-pensance , et une forme enjôleuse ou pour le moins préhensible par un lectorat dès lors acquis .
La coquine d'ailleurs : avec ses titres trompe-l'oeil "Un été sans les hommes " , Un monde flamboyant" ...il y a fort à parier que certains ouvrages ont du se retrouver incongrûment dans un sac de plage et que , s'il est vrai que le livre n'a de vie que dans l'interaction avec son lecteur , celui-ci risque d'être voué à une mort prématuré . Avis aux amateurs donc : ne pas se fier à l'emballage ! Siri Hustvedt , non contente de brouiller les certitudes de son lecteur dans sa perception du monde , semble se jouer de celui-ci avant même de lui donner du fil à retordre !


Il aura fallu La grande librairie récemment avec à l'honneur le grand , l'incontournable , le sexy boy de la Littérature , le conteur inégalable , avec son grand retour à travers ce monument 4321 , j'ai nommé bien sûr le PAUL AUSTER, et pour l'occasion à ses côtés ce jour là , sa femme l'évanescente Siri Hustvedt qui vient de sortir un dernier essai , pour avoir envie de dépasser mes préjugés solidement ancrés je croyais .
Irritée par ce que je percevais comme un certain pédantisme , je fulminais derrière mon écran , épidermique face à cette poupée décidément trop belle pour se permettre autant de psychorigidité affiché , revendiqué (non mais laissez ça aux moches ) . Pas même un faux semblant et un sourire de blonde potiche qui nous la rendrait plus humaine . Et Paul Auster en admiration devant sa muse . Enfin que je pensais .

Au final je décidai un jour de me soumettre à la lecture de Siri Hustvedt . Consciente que celle-ci n'aurait rien de confortable avec ma position actuelle à son égard .

Avec Un été sans les hommes nous faisions la rencontre d'une femme plus très jeune en reconstruction psychique suite à "La pause " de son mari , vous savez celle que les hommes s'accordent lors du fameux passage du démon de midi ! Dit comme ça , sujet vu et revu jusqu'à devenir usé jusqu'à la moelle , ce serait plutôt répulsif , autant que le titre faussement racoleur et la couverture du livre , on aurait envie de vite passer son chemin .
A part que , loin d'une forme larmoyante romanesque dégoulinante ou arrimée à une psychologie féministe primaire et manichéenne , cet ouvrage se définirait plutôt comme un petit éclatement de lambeaux psychiques en train de chercher des outils pour retrouver son unité . Et le chemin est tout sauf convenu : Siri Hustvedt ne se départ pas d'une cérébralité un peu crispante par moment mais infiltrée pudiquement par une sensibilité masquée et désarmante .

Un monde flamboyant , et déjà les petites associations d'idées qui fusent à mon insu pour me conduire dans un univers que j'imagine " paillettes et rouge carmin "et d'entendre les rires de gorges de dindes , euh de femmes , femmes des années 80 jusqu'au bout des seins .
Mais je retrouve dans Un monde flamboyant le même flux de pensée que celui d'Un été sans les hommes et lus successivement , ils se mélangent un peu dans mon cerveau un peu embrumé . Peu importe , au contraire puisque ce n'est pas la trame romanesque qui dirige ma lecture la plupart du temps mais la houle de fond .
Là encore le personnage principal est une femme , artiste de l'ombre , qui tentera de démontrer que "l'art vit uniquement dans sa perception" à travers un subterfuge aussi ingénieux que machiavélique : dissimuler derrière trois artistes différents , trois hommes qui s'appropieront momentanément la paternité de ses oeuvres plastiques , afin d'étudier l'accueil de la presse , du public et du monde de l'art et inclure cette dernière partie à l'intérieur même de sa créativité , comme des prolongements de sa création . Et d'en tirer des conclusions bien plus subtiles qu'une seule démonstration féministe .
Afin de laisser toute subjectivité exclusive , Siri construit son roman à partir de témoignages de ces proches et de carnets intimes réunis à titre posthume par une journaliste qui tente de démêler le vrai du faux de ce jeu d'imposture . C'est donc une narration kaléidoscopique savamment orchestrée pour brouiller le lecteur pour mieux le ramener à s'interroger sur la vérité et les jeux de miroirs . Et par ce procédé ludique et teinté de perversité assumée , en multipliant les prismes , en jouant dangereusement avec les masques et la réalité , en transgressant les lois communément admises , en fracturant les frontières de genre , en vivant l'art dans la réalité et vice-versa , jalonnant son récit de références clés pour éclairer le lecteur (ou mieux l'obscurcir ) , mystificatrice dans la jouissance douloureuse , provocatrice , mise en abyme à travers cette panoplie de personnages insaisissables , se superposant les uns aux autres , réels ou imaginaires ou les deux à la fois , Siri Hustvedt propose une aventure intérieure unique , inconfortable , addictive , subversive , laissant son lecteur en flottement , le temps qu'il se ressaisisse pour porter un regard ouvert sur des contrées jusqu'alors ignorées .
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Boule de feu est rousse, frisée comme une lolo-rossa, ménopausée, enseignante et poétesse.
Son mari s'offre une pause (qui a 20 ans de moins qu'elle et des seins éloquents).
Elle s'autorise donc un petit pétage de plombs (ça ne sert à rien, mais ça fait du bien), avant de se mettre au vert dans le berceau familial.

Immersion dans un univers 100% féminin (Mamounette, ses copines, sa nouvelle voisine, une poignée d'ados...).
C'est le temps de l'introspection, des souvenirs pêle-mêle, des questions sans réponse, des divagations vaseuses, des crises de larme et des fous rires.
Pour souffrir, un peu, se réinventer, surtout.

Une histoire triviale mais complexe, une résonance, des émotions frissonnantes.
Un ouvrage pas si simple, d'une incroyable richesse.
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Malgré des débuts difficiles et de longues digressions, j'ai beaucoup aimé ce roman. L'héroïne (et narratrice) étale d'abord un peu trop son érudition, puis on se laisse séduire par sa fragilité, son humour et son ironie. le livre parle des femmes en général mais les hommes ne sont pas complètement absents (influence, manque, antagonismes, etc)
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Malgré la très jolie couverture de ce roman, que ma lecture fut laborieuse !

La narratrice part se mettre au vert après que son mari lui a déclaré vouloir faire une pause (en compagnie d'une autre femme). Elle en profite pour rendre visite à sa mère et ses amies en maison de retraite et organiser un cours de poésie pour quelques adolescentes, tout en faisant connaissance avec sa nouvelle voisine.
À première vue, rien de rébarbatif. L'histoire en elle-même est plutôt sympathique, j'ai beaucoup apprécié certains passages.

Mais le récit est pollué de réflexions un peu « intello-narcissiques », souvent sans grand intérêt. J'ai mis un temps fou à lire ce roman de seulement 200 pages ; j'ai dû énormément m'accrocher pour rester auprès de Mia... J'ai fini par sauter allègrement les passages qui m'ennuyaient trop et j'ai réussi à terminer ce roman sans trop d'encombres, pfiou.

Je retiendrai néanmoins les broderies « cachées » de la vieille dame et « l'étude psychologico-poétique » des adolescentes, ce sont les aspects de l'histoire que j'ai préférés :)
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« Il y a des moments où la fragilité de tout ce qui vit est si apparente que l'on se met à attendre un choc, une chute ou une rupture à n'importe quel moment. »

Lire Siri Hustvedt, c'est un peu comme s'offrir une sucrerie chocolatée des plus appétissante. On la tient entre nos mains, on la porte à nos lèvres, la déguste goulûment et lorsque la dernière bouchée nous fond dans la bouche, on se désole que ce moment de bonheur se soit si vite achevé. Je me sais chaque fois conquise d'avance, car je ne suis pas sans ignorer que je serai transportée dans un univers complexe où les sentiments les plus profonds et humains jailliront de chacun des personnages. Que je vivrai à plein régime, ayant à peine le temps de reprendre mon souffle. Si ce roman peut nous donner l'impression de partir dans tous les sens, l'auteure garde pourtant le cap, droit devant, en maintenant le fil, sans s'éparpiller. Car rien n'est laissé au hasard. Tout est décortiqué, analysé finement, jusqu'au recoupement des idées...

Un été sans les hommes, c'est l'histoire de Mia, 55 ans. le jour où elle se fait larguer par son mari, elle pète les plombs et est internée, victime d'une crise psychotique aiguë. Elle ne mange plus, est désorientée, le corps ankylosé par les médicaments, en proie au délire et aux hallucinations. Elle quitte alors Brooklyn pour le Minnesota, pour se réfugier auprès de sa mère placée en maison de retraite. Elle fera la connaissance de quatre femmes, à la force de caractère surprenante, qui participent avec sa mère à un club de lecture, et se liera d'amitié avec certaines d'entre elles, dont elle sera la confidente d'histoires touchantes. En plus de ces riches rencontres, et en tant que poète de formation, Mia initiera, le temps d'un été, sept adolescentes à la poésie. Vous imaginez sans doute les défis auxquels elle sera confrontée auprès de ces jeunes femmes en pleine crise identitaire. Bien que ces dernières offrent un contraste étonnant avec les octogénaires du club de lecture, l'auteure identifie les enjeux auxquels font face les femmes, tous âges confondus. Et c'est sans doute à mes yeux l'une des plus grandes forces de ce roman. Voilà, c'est ça… c'est une histoire de femmes, aussi fragiles et fortes à la fois. Car il y a aussi Lola, sa voisine, avec qui elle nouera un fort lien d'amitié. Cette dernière délaissée par un mari colérique et violent.

Siri Hustvedt sait parler de la maladie mentale et de ses limites. La thérapie à laquelle est soumise sa narratrice révèle la connaissance de l'auteure pour la psyché humaine. Elle porte un regard désolé sur la méchanceté, la douleur, la violence et la mesquinerie. Sa capacité de s'adresser, par moments, directement au lecteur révèle avec force son originalité. Son roman est parsemé d'ironie et de sarcasme, mais également de propos sur la sexualité qui me parlent d'une femme épanouie et libre. C'est sans étonnement que Mia tient un journal sexuel intime. Et qu'elle nous entretient sur certains pans de l'anatomie humaine, de l'histoire du clitoris à la genèse des chromosomes XX – XY. Vous aurez compris que je vous recommande fortement cette lecture, pour laquelle on est soi-même amené à se remettre en question.

Un été sans les hommes, c'est un livre qui s'adresse aux femmes, mais que chaque homme devrait lire…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Pas fini
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Les hommes… Source de tourments ou de bonheur?
Evelyne
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Une grand déception pour moi ce roman. J'avais été séduite par le format et la couverture de ce livre.
Mais il ne se passe rien du tout, je me suis ennuyée ferme!
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La chronique douce-amère d'un été pas comme les autres, écrite dans un très beau style. Siri Hustvedt recrée parfaitement la langueur qui saisit la narratrice pendant ces quelques semaines ; mais cette langueur m'a également atteinte, et je m'en trouve finalement désenchantée.
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Voici un livre dense. Si les histoires de femmes sont magnifiques, tous ces "à côtés" encombrent. le style de l'auteur est parfois lourd : savant, alternant les réflexions philosophiques, états d'âme et tourments psychologiques, poèmes, références littéraires, compte-rendus de recherches biologiques ou neurologiques... avec les histoires de ces vieilles femmes de la maison de retraite de Bonden, de jeunes filles tourmentées par l'adolescence, d'une jeune mère de famille pas tout à fait heureuse, et enfin de Mia, la narratrice, emportée par la passion de son mari pour une jeune française. Ouf...

A la moitié du livre, je me suis autorisée à passer quelques phrases pour me concentrer sur ces récits de la vieillesse, de l'adolescence, de l'âge mûr, tout aussi intenses, et potentiellement cruels, les uns que les autres. Siri Hustvedt est vraiment très douée pour l'exercice. Elle ne présente pas de portraits aseptisés, ni de tempéraments excessifs, mais ce qui semble pouvoir être la réalité, avec ses côtés souriants et d'autres sombres, ses moments de bonheur, de peine et de dépression, les souffrances du quotidien. La façon de traiter de la vieillesse, du temps qui passe est également très juste, douce et douloureuse à la fois.

Une écriture exigeante, touchante et juste.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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