Sur ma table de chevet...
Commenter  J’apprécie         00
La mère Teston, elle, travaillait sans penser à rien. C’était une machine organisée, une plieuse mécanique à tant la journée. Elle était heureuse et n’avait pas d’ailleurs sujet de se tracasser. Son mari était un homme bonasse et bébête, obéissant sans regimber à ses moindres ordres. Jusqu’à l’arrivée du crépuscule, elle ramait avec un couteau de bois sur du papier, rentrait à sept heures, préparait la popote, dévidait à Alexandre tous les cancans de l’atelier, se faisait narrer par lui tous les accidents et tous les crimes notés par le Petit Journal, nettoyait sa vaisselle, récurait le plat de sa chatte, raccommodait un bas de laine sur un oeuf en bois et, sans ave ni pater, dès les dix heures, se mettait au lit, crevant les draps de ses os en pointe.
Son mari, qui était flatueux, canonnait, de ci, de là, contre la cheminée, contre la commode, mais au bout de vingt ans de ménage tout n’est-il pas permis ? La mère Teston ne prêtait même plus l’oreille au bruit ; lui, s’ébaudissait lorsqu’il sonnait fort et que la chatte effarée se coulait sous les meubles, puis, riant tout seul, il se couchait à son tour, s’enveloppant la tête d’un madras qui brandissait des cornes.
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel est le roman le plus pessimiste, le plus noir de toute la littérature française ?
« A Rebours », de Joris-Karl Huysmans, c'est à lire en poche chez Folio