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Déjà frappés par la misère, Gros-Yeux et sa mère connaissent un déclassement social encore plus grand quand ils déménagent sur L'Ile aux Fleurs pour y travailler, en périphérie de Séoul. Ce joli nom masque une réalité moins reluisante, puisque c'est celui de la décharge à ciel ouvert qui recueille tous les déchets de la mégalopole coréenne. Gros-Yeux et sa mère intègrent ainsi l'armée de travailleurs qui viennent trier sans relâche les montagnes d'ordures afin d'y trouver des objets encore valables et des métaux à revendre, ou encore de la nourriture périmée à consommer pour survivre…
Gros-Yeux, dont le surnom lui a été donné par un policier lors d'une arrestation pour vandalisme, y fait la connaissance du Pelé, un jeune garçon de onze ans un peu simplet, à cause d'un accident à la tête lui ayant fait perdre une partie de ses cheveux. Au bord de la délinquance au début du roman, Gros-Yeux se laisse adoucir par la gentillesse et la simplicité du Pelé, qui sait voir l'ancien charme de L'Ile aux fleurs, quand elle était dédiée uniquement à l'agriculture… Une jolie relation se noue entre eux, qui permettra à ces deux enfants de connaître une vie moins rude dans la décharge.

« Toutes les choses de notre vie » est en premier un roman engagé, à multiples messages. On verra immédiatement celui sur le capitalisme forcené de la société coréenne qui met au rebut les objets dont elle n'a plus besoin, ainsi que les humains qui n'ont d'autre choix que de farfouiller dedans pour survivre ; nouvelle classe d'intouchables, ils sont regardés de haut par les franges plus riches de la société qui se pincent le nez (littéralement) à leur approche. Une société qui oublie aussi ses anciens et leurs pratiques chamaniques, qui sont largement évoquées dans le roman grâce au Pelé, qui y est sensible.
Reviennent également de nombreuses occurrences aux camps de rééducation, où d'ailleurs le père de Gros-Yeux est envoyé sans en revenir, et dont l'objectif était de « faire des hommes nouveaux ». Ces périphrases sont ainsi utilisées pour décrire des goulags, et rappeler ainsi l'épisode de dictature que connut la Corée du Sud dans les années 1970.

Malgré ces éléments culturels et politiques intéressants et que j'ai eu l'occasion de découvrir, « Toutes les choses de notre vie » ne fut pas pour autant une lecture facile ni passionnante. Je n'ai pas réussi à m'immerger dans ce roman dont la lecture fut souvent laborieuse, m'obligeant à relire des passages dont la compréhension m'a échappé. A l'exception du Pelé, aucun personnage ne m'a vraiment été sympathique, cela m'a gênée en même temps que cela m'a permis de me rendre compte que j'y accorde de plus en plus d'importance (cette lecture n'aura au moins pas été inutile à cet égard !). Autre circonstance aggravante, je n'ai pas réellement su où l'auteur voulait en venir, l'intrigue manquant singulièrement de consistance, pour privilégier une ambiance à laquelle je n'ai pas du tout été sensible.
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20 janvier 2023, alors que la Corée du sud s'apprête à fêter le nouvel an lunaire, un incendie se déclare à Guryong, à un kilomètre de la célèbre rue Gangnam dans le dernier bidonville de Seoul. Attends, quoi ? Un bidonville ? Bienvenue dans la réalité non Kdramatique. (parce qu'on peut être addict et réaliste oui, oui)

2011 Hwang Sok-Yong publie 낯익은 세상, toutes les choses de notre vie et là je me demande si l'auteur est juste terriblement visionnaire ou si les choses sont vouées à une maudite répétition.

Allez je t'explique : Gros-yeux a 14 ans lorsqu'il débarque avec sa mère en mal d'argent sur l'île aux fleurs : une immense décharge à ciel ouvert dans laquelle travaillent et vivent 2000 foyers. Trie des ordures, recyclage et consommation de ce qu'il reste, c'est ainsi qu'ils survivent. Au rythme des fêtes traditionnelles qui rejettent tant de produits encore consommables.
Le roman date de douze ans et bien qu'il dépeigne le dur quotidien d'une communauté des années 78 à 93, c'est une société dans laquelle on se reconnait tous. Surconsomatrice, qui jettent à l'abri des regards ce dont elle ne veut plus et méprise ceux qui s'en occupent. Des gamins qui vagabondent parmi les déchets, critiquent ceux qui jettent tant, mais participent à cette surconsommation en dépensant en ville le peu qu'ils gagnent. Un cercle vicieux d'abondance mis poétiquement en lumière.
Réaliste, émouvant comme peuvent l'être des gosses laissés pour compte, saupoudré de chamanisme et d'un peu d'espoir ou pas. "L'étincelle du vivant là où tout se périme et se corrompt".
Pas besoin d'être addict pour le lire, une post face des traducteurs Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet éclaire sur la situation économique et politique de l'époque et les petites allusions critiques de l'auteur. N'est pas Kdrama qui ne critique pas s'applique aussi aux livres
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Vivre et travailler dans les ordures en Corée.

Le père de celui qu'on appelle Gros Yeux a été envoyé en « rééducation », le type de rééducation où on tente de lui changer les idées… subversives. À l'invitation d'un ami, la mère de l'adolescent ira vivre sur l'île aux Fleurs, où elle travaillera au tri des déchets. C'est loin d'être un paradis : les cabanes rudimentaires, les odeurs nauséabondes, les moustiques qu'on chasse à coup de pulvérisations toxiques et la nourriture périmée qu'on ramasse dans les ordures. Gros-Yeux et son ami le Pelé vivent dans ce monde et se demandent pourquoi on jette tant de choses qui peuvent encore servir…

Le dépotoir de l'île aux Fleurs a vraiment existé à Séoul jusqu'en 1992, le lieu a été transformé en parc. Par contre, le problème du recyclage et du traitement des déchets est loin d'être réglé. Et pour éviter d'y faire face directement, les pays riches envoient une partie de leurs ordures dans les pays du Sud, où d'autres jeunes Gros-Yeux travaillent dans des conditions insalubres…

Un livre qui est surtout un témoignage d'une réalité qu'on préférerait ignorer, mais un roman qui intègre aussi le surnaturel, avec une part de rêves et de fantômes.
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Ce livre es intéressant pour plusieurs points, au-delà de l'aspect romanesque l'auteur nous livre un épisode assez sombre de la Corée du Sud. Il s'agit d'un roman politique, écologique, humaine aussi.

Humaine car les lecteurs découvrent la vie de ces personnes rejetées dont  »gros yeux » en fait partie, de la société, vivant dans les décharges. Grâce au talent de l'auteur on perçoit avec précision les conditions d'hygiènes déplorables dans lesquelles ces pauvres gens y vivent. On éprouve même de l'écoeurement face au descriptif des odeurs épouvantables.

On entrevoit aussi un épisode sombre de l'histoire la Corée , de sa dictature lorsque gros yeux évoque le sort de son père : il est parti en centre de rééducation dans lesquels on entasse paria,opposants pour en faire devenir « un homme nouveau » mais qui ne reviendra jamais. Il ne s'agit rien d'autre que de goulags .

Pourquoi écologique? La décharge se situe sur un ancien village luxuriant où la nature avait sa place. Or on constate à travers cette histoire que notre consommation a un impact, et empiète sur la nature environnant...La vile de Séoul devient tentaculaire, se vident de son monde végétal.
Le regret d'un des personnage, de revoir son village de son enfance enseveli aujourd'hui par les déchets de la production massive du capitalisme . Il, espère un jour pouvoir le retrouver. Malheureusement on sait très bien qu'il s'agit d'un processus sans retour ou qui demanderait un énergie folle pour un retour en arrière.
On peut aussi citer cette touche onirique avec la vision par les deux enfants de « lueurs bleues » qui ne sont vues que par des être aux coeurs purs.Il s'agit de Tokebi, des genres de gnomes vivant sur les Terres de l'île aux fleurs, mais qui ont été chassés par les déchets des êtres humains.
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Quelle deception que ce roman !
Je m'attendais à une description lyrique de la vie du bidonville comme dans Shantaram par exemple mais non, on croirait lire un livre pour enfants, mièvre et qui tombe souvent dans la vulgarité.
On ne s'attache pas aux personnages malgré leur misère...
Pour la decouverte de mon premier auteur Coréen je suis tres deçu...
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Nanjido 난지도 est une île décharge à ciel ouvert où se déverse chaque jour les ordures de Séoul. C'est dans ce lieu putride qu'emménagent Gros-Yeux 딱부리 et sa mère. Ils travailleront au tri des déchets avec les autres ouvriers dans cette micro société de la puanteur.

L'adolescent va rencontrer un autre enfant, le Pelé, et découvrir le passé de ce dépotoir où se perdent tout les rebuts rejetés de la société capitaliste, objets comme humains, sous les lumières nocturnes de la ville en plein essor qui brillent à l'horizon.

Protégées par une chamane, les âmes des anciens habitants de ce que l'on nommait alors l'île aux fleurs 꽃섬 se manifestent sous la forme de lueurs bleues, dokkaebi 도깨비 issus des objets ordinaires mais auxquels les paysans étaient attachés avant d'être chassés par les autorités pour créer cette poubelle géante entre 1978 et 1993.

Car le pays est alors sous le contrôle du général Park Chung-hee. Une dictature qui a favorisé son développement économique fulgurant au prix de l'oppression du peuple, des parias et des opposants.

L'identité des êtres est niée, effacée par la crasse et l'odeur fétide. Ce n'est qu'après avoir changé de vêtements et pris un bain que les personnages révèlent leurs vrais noms. Ils se montrent bien plus humains que les évangélistes bien pensants qui leur distribuent des ramens.

Hwang Sok-Yong chante à nouveau la beauté et l'humanité de l'invisible. La cruelle réalité d'un monde qui se perd et oubli la valeur réelle des choses. Cette insouciance égoïste dans laquelle nous vivons, habitués au confort de la consommation, sans avoir conscience du sacrifice imposé par nos excès.

Un récit beau et amer, triste mais édifiant, qui résonne douloureusement fort.
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Ce livre est... dérangeant, en effet on découvre une pauvreté et une vie insalubre. Cette vie est tolérée de tous, des associations viennent faire des donations sans se préoccuper davantage du sort des gens qui la vivent, les enfants sont livrés à eux-mêmes et ne vont même pas à l'école, certains travaillent...

Cette vie elle a lieu juste à côté d'une grande ville, séparé uniquement par le fleuve qui passent entre la ville et « l'île aux fleurs ». Un nom ironique, car cette île c'est une décharge à ciel ouvert. Une décharge dans laquelle vivent et travaillent plusieurs familles.

C'est le récit de plusieurs vies qui pour survivres ce retrouvent ici. Certains y meurent, d'autres sont blessés et tous survivent dans une précarité effarante.

C'est le cas de « Gros-Yeux » le personnage principal et « le Pelé » qui deviendra son frère adoptif.

Dans ce livre rien n'est épargné, comme souvent dans les livres coréens que j'ai lus, l'auteur est honnête, trop honnête.

La vie est rude, très rude, mais malgré tous les enfants que nous suivons semble trouver leur bonheur avec inventivité. Ils vont voir « la mère de la maigrichonne » qui est un refuge de chien trouver dans les ordures... Ils croient naïvement, mais avec candeur, à la présence des « Kim », fantômes de ceux qui ont vécu ici sur cette île, avant eux et qui étaient paysans. Ils leurs font même des offrandes eux qui mangent des restes avariés à tous les repas achètent des aliments frais pour ça.

Comme quoi c'est souvent ceux qui ont le moins qui donne le plus... c'est une vraie leçon de morale bien qu'elle soit un peu agressive à recevoir !🦋
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Vivre dans un bidonville collé à une décharge géante, ça ne fait pas envie.
C'est pourtant le quotidien de centaines de coréens vivant dans la banlieue de Séoul.
Gros Yeux, un jeune de 14 ans et sa mère viennent de s'y installer et malgré les apparences, cela est une bonne chose pour eux, car ils vont mieux gagner leur vie qu'en ville où la maman de Gros Yeux était vendeuse sur un marché.
L'auteur nous raconte le quotidien de ces personnes vivant et travaillant toute la journée au milieu des ordures, de la puanteur, des détritus de toutes sortes et des rebuts de la ville.
Leurs conditions de vie semblent abominables à nos yeux, mais eux sont plutôt contents de leurs sorts, ils ont tous un toit, même si leurs cabanes sont faites de plastiques, de bâches de récupération et de vieux morceaux de linoléum, ils mangent chaque jour à leur faim, grâce à toute la nourriture jetée aux ordures, peuvent s'habiller gratuitement, toujours grâce aux vêtements trouvés dans la décharge….
Le roman aborde aussi la vie au sein de la ville ou dans les camps de rééducation et évoque le chamanisme et des légendes coréennes.
Le roman est court et se lit avec grand plaisir, j'ai bien aimé découvrir ce mélange entre la ville moderne et tentaculaire et la vie au sein de la décharge, et comme l'histoire est racontée par la voix d'un enfant, cela donne une dimension un peu magique à ces vies en marge de la société.
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Une unité de lieu, une immense décharge à Séoul où des êtres humains travaillent au tri des ordures et habitent en déployant des élans de solidarité. Dans ce monde très hiérarchisé, nous voyons vivre ces personnes au ban de la société.

L'auteur n'est pas donneur de leçons et ne porte aucun jugement sur cette population. Sa narration réaliste, à certains moments poétique, repose sur du factuel et sait nous rendre attachants les personnages.

Une très belle découverte littéraire grâce à vous ami(e)s Babelio ! Merci à vous.
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Une lecture bouleversante, d'une humanité et d'une sensibilité renversantes, une écriture fine, ciselée, très évocatrice, concise, réaliste, sans concession.
La post face des traducteurs explique la réalité de l'histoire racontée par Hwang (cette immense décharge à ciel ouvert où des centaines de Coréens et Coréennes collectaient pour revendre aux usines de recyclage).
Certes, mais l'oeuvre de Hwang est une oeuvre d'engagement car au tournant de plusieurs pages, elle dénonce ce qu'a été la Corée dans le développement économique mondial : présence militaire américaine, dictature politique, lutte anticommuniste - par le biais des bonnes oeuvres religieuses - (la salve contre les braves dames de la haute qui viennent distribuer un panier repas aux "gosses" de la décharge est excellente), expropriation des paysans, camps de rééducation dont on ne revient pas, tout cela pour servir un capitalisme cynique, destructeur, gaspilleur, broyeur...
Toutes les choses de la vie est aussi un long poème d'amitié fraternelle, un superbe poème sur la vie, la mort, les âmes et la nature.
Absolument magnifique.
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