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Mi-Kyung Choi (Traducteur)Jean-Noël Juttet (Traducteur)
EAN : 9782843044991
557 pages
Zulma (07/01/2010)
3.78/5   147 notes
Résumé :
Nous sommes à la fin du XIXème siècle. En ces temps de disette et de corruption, la traite des enfants est un commerce qui alimente un immense trafic mafieux dans toute l'Asie du sud-est. Shim Chong n'échappe pas à la règle: vendue adolescente, elle va connaître tous les aléas d'un négoce sexuel florissant, des rives du fleuve Jaune aux ports de Shanghai, Taiwan puis Singapour, de la prostitution la plus sordide à la haute courtisanerie des geishas.

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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 147 notes
Que d'agréables et passionnantes heures de lecture Hwang Sok-Yong m'a offert grâce à ce beau roman qu'est - Shim Chong, fille vendue - !
Il faut dire que ce n'est pas le hasard qui m'a poussé vers ce livre.
J'avais eu, dans un passé pas très éloigné, l'occasion de faire la connaissance de cet écrivain Sud-Coréen via son magistral - Monsieur Han -, une histoire et une plume qui m'avaient touché...
C'est donc avec confiance que j'ai commencé la lecture de ce deuxième ouvrage de ce grand monsieur de la littérature mondiale... dont au passage on attend que les membres du Nobel récompensent une oeuvre et un talent bien plus à la hauteur de la renommée de ce Prix et de cette Académie que certain(e)s des lauréat(e)s qui figurent à son palmarès...

Hwang Sok-Yong a utilisé pour écrire cette épopée, au sens homérique du mot, la légende populaire de Shim Chong, devenu pansori ( art coréen du récit chanté ou opéra traditionnel, "proche d'un récit épique mimé et chanté" ) "figure mythique de l'imaginaire coréen".
L'auteur raconte avoir eu l'idée de ce livre alors que coincé dans les embouteillages de Séoul il observait les oiseaux et s'interrogeait sur les étapes et le but de leur migration...

"Shim Chong dont la mère meurt peu après sa naissance a pour père un homme aveugle.
Son enfance est misérable, faite de mendicité et d'obligations à l'égard de son père infirme.
Elle apprend un jour par un moine que celui-ci a sauvé son père de la noyade.
S'il fait don de 300 sacs de riz à son monastère, le père de Shim Chong recouvrera la vue.
Pour ce faire, la jeune fille âgée de seize ans accepte de se vendre à des marchands de Nankin en quête d'une vierge qu'ils sacrifieront aux démons des vagues et des tempêtes afin de s'assurer une traversée paisible.
Chong est jetée à la mer.
Émus, les dieux du Ciel ordonnent aux dieux des quatre océans d'accueillir la jeune fille dévouée, laquelle retrouve sa mère qui lui annonce qu'elle sera un jour réunie avec son père.
Elle est en effet rendue à la vie dans une fleur de lotus."
C'est à partir du socle de cette légende ( beaucoup plus riche ) que Hwang Sok-Yong initie l'épopée de Shim Chong.

Celle-ci débute vers le milieu du XIXe siècle en Corée du Sud.
Shim Chong, 15 ans, est vendue par sa belle-mère, devenue donc la seconde épouse de son père aveugle, à des marchands de plaisir chinois.
Avant de voguer vers la Chine, elle est immergée et apprend qu'elle est la réincarnation du Bodhisattva Avalokiteçvara ( Bouhha de la compassion ), venue dans ce monde "pour nous éclairer sur la futilité de la vie conjugale et la vanité du lien qui unit l'homme à la femme".
Les marins et les marchands à l'issue de son immersion la rebaptisent Lenhwa ( fleur de lotus ).
La jeune courtisane commence alors son périple entre Nankin, Suzhou, Formose, Singapour, Ryukyu, Satsuma, Nagasaki...
Comme Ulysse, Shim Chong parcourt les mers ; la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale.
Les marins font autant, ou presque, partie de l'odyssée de la jeune femme que les compagnons d'Ulysse.
La mer est omniprésente dans le récit, même lorsqu'elle est à terre, où elle n'en est jamais très éloignée, où elle la récite, où elle la chante.
Car si Shim Chong est une fille de plaisir, une prostituée, une courtisane, une geisha, elle va très vite révéler des dons artistiques et devenir une musicienne recherchée.
Belle, très belle, intelligente, très intelligente, elle qui est "au service" des hommes, est et restera une femme très indépendante, jamais asservie, jamais soumise.
Sa volonté, ses désirs, ses engagements sont ceux d'une femme qui incarne toutes les femmes et beaucoup de leurs luttes.
"Elle a autant de visages que d'interprétations... fille vendue, concubine, prostituée, femme de pouvoir, musicienne, mère...", j'ajouterai cheffe d'entreprise, militante engagée ; ses combats pour réussir à ouvrir des centres d'accueil pour les enfants métis abandonnés par des mères prostituées et des pères occidentaux repartis vers d'autres conquêtes, sont remarquables de courage, de ténacité, de lucidité et d'avant-gardisme. Car le contexte colonialo-politico-économico administratif est, pour employer un euphémisme, très misogyne et très peu bienveillant à l'égard d'une fille de sa condition et de ses origines...
En outre, elle profitera de ses différents commerces, de ses statuts de "hwajia" ( titre donné à la meilleure courtisane de la maison de plaisir ), de "yelaixiang" ( patronne des hôtesses dans une maison de plaisir ), de "Mamasan" ( patronne de bar, de maison de geishas ) pour tenter d'améliorer les conditions de vie de ses compagnes d'infortune ( conditions de travail, conditions économiques, conditions sanitaires etc.. ).
Elle est aussi une révolutionnaire... il faut voir à travers son activisme "anticapitaliste" ( ce n'est pas un anachronisme )... le parcours politique de son auteur ( - Monsieur Han - en est l'exemple par excellence )...
Cette dénonciation de l'asservissement et de la marchandisation du corps des femmes, qui faisait florès à cette époque, s'inscrit dans un contexte politico-historique que Hwang Sok-Yong retranscrit avec talent et respect scrupuleux des faits.
De la guerre de l'Opium, à la révolte des Taiping, à l'extension "impérialiste" du Japon ainsi qu'à celle de l'Occident, dont celle des États-Unis via les "bateaux noirs" du contre-amiral Perry, en passant par la guerre sino-japonaise... sans oublier le marxisme et le christianisme qui "prosélytent" en Asie " au prix de l'exploitation et d'un déséquilibre social tragique," le roman odyssée s'avère être multigenres ou multifacettes.
Oeuvre romanesque, épopée, poème, conte, légende, roman du merveilleux, de la mythologie, dénonciation sociale, chronique de moeurs toute d'érotisme, de sensualité et de chair, bouquin historique sur fond d'engagement politique... sans oublier la dimension spirituelle du ou des messages adressés, - Shim Chong, fille vendue -, d'une lecture aisée à l'écriture riche mais aux clés d'interprétation et de compréhension parfois plus complexes, appartient à cette espèce de livres rares dont il faut se donner l'opportunité de les avoir entre les mains pour saisir ce qu'est la chance de pouvoir savourer ce à quoi peut ressembler une grande oeuvre littéraire.
Shim Chong est un personnage atemporel qui lutte dans une époque prémoderne en préfigurant des combats d'une acuité contemporaine brûlante.
Une légende dans une actualité, qui nous parle.


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Avec Shim Chong, fille vendue, Hwang Sok-yong se sert d'un récit traditionnel coréen décrire l'industrie lucrative de la prostitution.

Son héroïne est en effet vendue à quinze ans par sa propre famille pour pallier à la misère. Quittant la Corée, elle devient la concubine d'un vieux notable chinois de Nankin. Commence un périple qui durera des décennies et qui la conduira jusqu'au Japon. Tour à tour concubine, prostituée de luxe ou mamasan d'un établissement de geishas, Chong brille par sa persévérance, sa lumineuse personnalité et son courage. Loin d'être un ouvrage sinistre et misérabiliste, ce roman dessine la réalité du monde interlope de la prostitution, des ventes de femmes ravalées à une simple marchandise humaine. Il montre également un univers tissé de solidarité et d'entraide entre nombre de ces femmes au destin assombri.

Autre grand atout du livre, son contexte historique. L'auteur place son récit entre les années 1840 environ et le début du XXème siècle. le périple suivit par Chong, renommée Fleur de Lotus en chinois et en japonais, suit les grands événements de cette période, vus de l'intérieur. de la guerre de l'opium que mène l'Empire britannique contre la Chine à l'arrivée des noirs vaisseaux du Commodore américain Perry aux portes de Edo, la trame historique précise bâtie par Hwang Sok-yong rend son roman aussi passionnant à lire qu'instructif. Rites chamaniques et coutumes ancestrales enrichissent encore le propos.

L'auteur réalise un impeccable équilibre entre la petite histoire de son héroïne et la grande Histoire de cet extrême-Orient soumis alors à tant de vicissitudes et de bouleversements. le tout servi par un ton juste et mesuré qui fait la part belle à de superbes descriptions et à des chants traditionnels des pays rencontrés.

Un roman à découvrir sans hésitation pour sa richesse, ses émotions et pour l'incroyable destinée de Shim Chong.
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Corée, fin du XIXè siècle. Orpheline de mère et élevée par un père aveugle qui allait mendier son lait, Chong a 10 ans quand son père se remarie et 15 quand sa belle-mère la vend à des marchands chinois. Achetée par une riche famille de Nankin, elle devient Lenhwa, la concubine du maître de maison, un vieillard flétri qui lui rend visite chaque nuit. A sa mort, elle intègre le Pavillon du Bonheur et des Plaisirs de Jinjiang où, belle, modeste et courageuse, elle devient une courtisane très prisée des notables de passage. C'est la guerre de l'opium et les combats qui mettent la ville à feu et à sang qui la poussent à fuir la ville avec d'autres courtisanes. Malheureusement, elle est trahie et revendue à des marchands de femmes qui l'envoient à Taïwan où elle doit encore faire commerce de son corps. Là-bas, les maisons de plaisirs tiennent plus de l'usine à chair fraîche pour marins en goguette que du lieu de rendez-vous raffiné pour notables fortunés. Mais malgré ses terribles conditions de vie, Chong garde sa détermination et son courage. Elle sait qu'un jour elle retrouvera sa liberté et s'échappera vers des terres moins hostiles. Pourquoi pas au Japon ?

Inspiré par une légende coréenne, Sok-yong Hwang raconte le destin d'une femme parmi tant d'autres. Elle est coréenne, elle pourrait être nigérienne ou roumaine. Autres temps mais non autres moeurs. Les femmes ne sont rien qu'une marchandise dont le lucratif commerce enrichit des hommes peu scrupuleux. Malgré les vicissitudes de la vie, Shim Chong grâce à son courage et à sa vivacité d'esprit, réussit à passer outre les humiliations, les privations, les chagrins. Même si elle évolue dans le milieu sordide de la prostitution, Chong garde sa dignité et son humanité, aidant volontiers ses compagnes d'infortune. Pourtant rien ne lui est épargné, blessée par la concupiscence des hommes ou par leur esprit belliqueux. Chong vit dans une région en pleine mutation, un continent qui a longtemps vécu replié sur lui-même et que les occidentaux ont décidé d'ouvrir de gré ou de force. de la guerre de l'opium en Chine à l'expédition Perry au Japon, Chong voit à chaque fois sa vie bouleversée par l'agressivité, le besoin de pouvoir et de domination des hommes.
Belle figure de femme, Shim Chong est un personnage fort et émouvant que l'on suit avec beaucoup d'intérêt dans ses aventures et mésaventures dans une Asie tourmentée par L Histoire. Un destin et un roman passionnants.
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A travers le parcours initiatique de Shim Chong, on découvre une histoire forte, intense, émouvante et ô combien instructive. Une histoire très documentée qui nous permet d'apprendre un tas de choses sur le monde de la prostitution, de l'esclavage sexuel en orient au XIXème siècle. Les us et coutumes nous sont décrites avec beaucoup de détails passionnants. On vit également l'intrusion des pays occidentaux qui veulent forcer l'orient à développer le commerce, la guerre de l'opium, la révolte des Taipng.
Mais Shim Chong fille vendue reste un roman et se lit comme tel avec beaucoup de plaisir. Les personnages sont décrits avec finesse et empathie ce qui ne peut nous laisser insensibles. Ce ivre est une mine d'informations tout en étant distrayant !!! Je le conseille vraiment.
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Voici l'odyssée d'une jeune coréenne de quinze ans, au milieu du XIXe siècle, tout autour de la mer de Chine. C'est pour moi un énorme coup de coeur et une formidable découverte littéraire en lien avec l'histoire de l'Asie orientale, à l'époque charnière de l'arrivée des colonisateurs occidentaux et du début de l'impérialisme japonais. On a là un roman distrayant en surface, mais au-delà de cette apparence surgissent poésie, profondeur d'analyse et belle compassion humaine.


Shim Chong est une fille vendue, pratique courante à cette époque... Difficile de suivre le périple de Chong – en Corée le nom est en premier, avant le prénom souvent double et sans majuscule pour le deuxième – si on n'est pas un spécialiste de l'Asie de cette époque. J'ai dû plusieurs fois faire des recherches, les noms de lieux ayant bien souvent changé, ce qui casse un peu la lecture, aussi je propose une carte afin de visualiser l'itinéraire de l'héroïne.

Le récit est adossé à une célèbre saga chantée traditionnelle en Corée. Il débute par une cérémonie chamane pour la protection des marins. Hwang Sok-yong fait évoluer l'histoire vers la difficile émancipation de Shim Chong, figure de courage, de résilience et de révolte.


Chong est tour à tour vendue, soumise à la prostitution, cédée ou obligée de partir suite à la guerre. Quand elle est demandée comme concubine par un riche commerçant britannique, elle accepte car elle franchit ainsi une étape de sa libération. Elle crée alors un lieu d'accueil pour les enfants des prostituées. Par la suite, arrivée aux îles Ryukyu, elle devient femme de pouvoir quand elle épouse Kasutoshi, prince de Miyako :


Entre esclavage sexuel et maîtrise de son destin que le chemin est long. Les premières pages sont quasi-fantastiques puis on a un roman de geishas comme il en existe beaucoup d'autres avant d'arriver à des épisodes plus complexes sur le plan humain et historique. Chong apprend vite et, grâce à son intelligence, sa patience, grimpe les échelons hiérarchiques parmi les geishas. Les lieux où la contrainte la pousse ont des noms racoleurs, évidemment : le pavillon du bonheur à Jinjiang, le vent du sud à Keelung, le jardin de bambous à Tamsui, le palais de la mer à Naha et à la fin le Lenkaya à Nagasaki nom formé à partir de son surnom, un ryotei – avec restaurant, salon de thé – qu'elle dirige. Au début, sans éducation ni codes sociaux, elle ne maîtrise rien de sa vie. Elle aborde des ports inconnus. Peu à peu elle va réussir à s'émanciper, l'auteur donne de plus en plus d'indications sur L Histoire et l'ouverture du ryotei marque une dernière étape avant son retour au pays natal.
Toute leur vie, les geishas sont soumises, leur liberté bafouée, et n'ont pour seul but que de divertir les hommes avec la spécificité de pratiquer l'art de la conversation, de la musique, voire du théâtre. Chong a appris, grâce à une troupe ambulante et à Dame Wenji à jouer du pipa, du shamisen puis de l'Erhu, chanter les ryuka, ce qui va participer à son émancipation.


L'Histoire est en toile de fond depuis la guerre de l'opium (1839) jusqu'à la mainmise du Japon sur les îles Ryukyu (1879), indépendantes auparavant. D'un côté le colonialisme occidental à des fins commerciales, de l'autre la montée de l'impérialisme japonais – la Corée sera occupée en 1905 et ceci pour quarante ans – qui s'intensifiera jusqu'à la seconde guerre mondiale. Une période clé pour comprendre le monde d'aujourd'hui. Les pays les plus avancés techniquement imposent leur loi aux autres, par la guerre et le contrôle pur et simple, c'était la règle. Les japonais cherchent à asservir les pays de la région, la Chine également et les occidentaux se donnent pour objectif de contrôler l'ensemble (britanniques, français au nord et les hollandais plutôt au sud de la mer de Chine). Est décrit la révolte des Taïping entre 1851 et 1864 – peut-être la guerre civile la plus meurtrière de tous les temps avec des millions de morts –. On voit pointer les compagnies anglaises rapaces et les vaisseaux américains menaçants de l'amiral Perry en 1853 et 1854, obtenant par la force l'ouverture des ports.


Le texte montre la métamorphose que subissent les régions côtières, les entrepôts côtoyant les lieux de plaisir, à l'arrivée des occidentaux venus chercher le thé, la soie et le coton, et payant en opium, ce qui favorisait tous les trafics et intoxiquait la population. Les autorités chinoises voudront mettre fin à ces pratiques mais perdront cette guerre de l'opium. Savez-vous que c'est ainsi que les Britanniques obtiendront Hong-Kong en 1842 ?


Dénonciation de l'esclavage sexuel, du colonialisme d'où qu'il vienne, plaidoyer pour la liberté des peuples dans cette écriture fluide, économe d'effets, l'auteur se contentant en apparence de décrire les situations ? Un grand roman qui peut déplaire et choquer. Il faut accepter de s'immerger dans une culture autre, une histoire méconnue seulement esquissée, un réalisme parfois difficile à supporter...

J'ai aimé cette odyssée, source de connaissances asiatiques, le périple où Chong n'est plus la même au retour. Elle a croisé une multitude de « diables », des hommes soumis à la violence de leurs pulsions, et « quelques dieux plus cléments » du côté des arts et d'un prince dévoué à son peuple. Elle revient plus forte. Une femme a conquis par elle-même son avenir, elle n'est plus une chose, elle qui disait avoir entrevu ce qu'était la vie d'un homme et ne plus les craindre, jamais ! Chapeau à l'auteur d'avoir pu inclure autant de richesses dans ces quelques centaines de pages !

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Visitez mon blog Bibliofeel ou ma page facebook clesbibliofeel pour avoir la chronique complète avec photo composition personnelle de la couverture du livre au milieu de magnifiques lys jaunes et du Bouddha de compassion...
Également une carte pour suivre plus facilement le périple de l'héroïne et aussi un clip sonore de pipa, instrument chinois proche du luth, dont joue Shim Chong.
En espérant vos retour. Amitiés littéraires !


Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
On cueillait le thé quatre fois dans l'année. La première fois, c'était en avril, après les premières pluies de printemps, quand s'achève la floraison des pruniers; c'est à cette période qu'on obtenait les meilleures feuilles, aussi délicates que des《langues d'oisillons》, comme on appelle ce type de thé. La deuxième fois, c'était en juin: le volume récolté était plus important; les feuilles, parvenues à maturité, supportaient une fermentation accrue et donnaient une boisson au goût plus prononcé. La troisième cueillette se faisait en août; les feuilles, qui avaient emmagasiné l'énergie yang d'un soleil puissant, du vent et de la pluie, donnaient une fois séchées un thé robuste, idéal pour affronter le yin de l'hiver. La dernière récolte avait lieu en octobre; très inférieure aux autres, aussi bien en volume qu'en qualité,  elle venait à point pour faire la soudure avec la nouvelle saison.
Aux dires des amateurs, les feuilles conservaient néanmoins une saveur toute particulière, lorsqu'elles avaient bien séché au soleil de l'automne finissant.
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La musique soulevait des bouffées de vent dans le coeur des gens, elle y faisait pleuvoir une pluie fine, s'élever une tempête soudaine puis s'apaiser les éléments, laissant place au babillage de l'eau, au tintetintement des dernières gouttes, enfin au chant des oiseaux sous la lune et les étoiles.
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Chong, étendue nue, regardait les taches que dessinait au plafond, dans l’obscurité, la lumière de la lampe accrochée dehors, sous l’avancée du toit. À côté d’elle, un étranger dormait, ronflant tout son soûl.
« Maintenant, je n(appartiens à personne. Me voici devenue la hwajia du Pavillon, la « fleur de la maison ».
Ainsi soliloquait-elle. Ce moment, elle mesurait toute la distance qui la séparait de la première nuit passée avec Maître Chen. Désormais, elle avait le sentiment que son corps lui était devenu étranger. La voix qu’elle entendait n’était plus celle de la jeune fille d’alors. La première nuit, il lui avait semblé que son âme était prisonnière de ce monde obscur, de cette eau profonde où on l’avait précipitée ; la vie qu’on lui faisait mener était pour elle un mystère effrayant. Mais maintenant, elle avait l’impression que quelqu’un qui se souvenait d’elle flottait au-dessus du lit pour regarder son corps nu. Elle glissa sa main sous l’oreiller et y retrouva la pièce d’argent en forme de sabot de cheval que Liangjung lui avait donnée avec cette superbe habituelle des hommes avant l’amour. Elle referma sa main sur la pièce tiédie.
« Je me suis vendue ! »
Elle repoussa la couverture, se leva, descendit du lit sans faire de bruit. Elle versa l’eau d’une grande jarre dans un bassinet, puis s’accroupit pour se lave le bas-ventre.
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Devant Vous, Vénérés Aïeux, nous, Kazutoshi Toyomioya et Lenka Toyomioya, nous prosternons pour vous rendre compte de notre union et former le voeu que la paix règne sur notre famille. Qu'il fasse beau, qu'il fasse gris, puisse notre amour durer toujours, puissions-nous vivre cent ans ensemble.
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Une couverture de soie brodée de chrysanthèmes et un traversin à taie rouge et bleue recouvraient l'épais matelas. Sur le mur d'en face, une fresque étalait une profusion de rochers aux formes extravagantes, de pins aux méandres compliqués et de pivoines épanouies. Un crachoir en porcelaine blanche, un mouchoir, une assiette de fruits, une longue pipe de forme étrange et un récipient d'huile qui ressemblait à un bougeoir étaient rangés sur les tablettes d'une étagère; tout à côté du lit, avait été placée une jarre surmontée d'un plateau et d'un coussin, qui devait servir de siège. Du côté du pied du lit se dressaient une vaste armoire rouge décorée de nacre et un paravent à deux panneaux. Il y avait aussi un brûle-parfum surmonté d'un couvercle en forme de tête de dragon.
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