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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout d'abord je te tiens a remercier les éditions noir sur blanc pour l"envoi de ce livre et l'opération masse critique de Babelio.

Zouleikha est l'histoire d'une jeune fille tatare qui se retrouve mariée à un homme dur et indifférent à son égard et qui devra habiter avec sa belle mère, femme autoritaire et très méchante vis a vis d'elle.
Zouleikha devra se soumettre aux ordres de cette horrible femme centenaire, elle travaillera sans relâche et sera tellement épuisée qu' aucune des quatre filles qu'elle mettra au monde ne survivra.
A travers cette Russie profonde nous traverseront la dékoulakisation du peuple russe ou les paysans étaient dépossédés de leur biens et envoyés en Sibérie pour certains.
C'est a ce moment que Zouleikha perdra son mari et sera déplacée en train pour un voyage de plusieurs mois dans des conditions extrêmement difficiles, le froid, la famine, les poux vont s'inviter à ce terrible voyage sous la menace d'un homme sans pitié.
Certains arriveront à s'évader, d'autres mourront et Zouleikha, elle, découvrira qu'elle est enceinte...
Loin de toute civilisation, proche de la rivière Angara et aidée de ces compagnons de fortune, elle donnera naissance a un fils : Youssouf.
Va t-elle pouvoir revivre une histoire d'amour? son éducation musulmane et ses valeurs ne l'y aideront pas, mais nous découvrirons comment cette courageuse jeune femme déroulera sa vie.

Un magnifique roman pour lequel j'ai eu un immense plaisir de lecture, une très belle découverte, un voyage au coeur de la Russie dans les années 30 avec un personnage central admirable.
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Il y a quelque chose de magique et d'envoûtant dans ‘Zouleikha ouvre les yeux', qui nous attire de la première à la dernière page.
Le secret est sûrement dans la belle écriture poétique et précise, mais aussi dans le personnage principal qui intrigue avec son caractère.
Tout se passe dans les années 30, dans la Russie stalinienne qui exproprie les gens de leurs biens. On fait la connaissance de Zouleikha en femme soumise, au service de son mari et de sa belle-mère cruelle. Il n'y a pas beaucoup de dialogue entre elle et les membres de la famille dans cette partie-là, on peut même croire que Zouleikha est muette. Mais bien sûr on aura l'occasion d'entendre sa voix dans la suite des événements.
J'ai beaucoup aimé Zouleikha. J'ai apprécié aussi la manière dont l'histoire du pays est racontée. L'écriture reste fluide et le côté historique fonctionne bien avec le côté romanesque.
Un roman puissant et bouleversant que je ne suis pas prête à oublier.
Un gros coup de coeur.
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Je m'intéressai à la littérature russe et j'ai lu ce roman.
Quelle puissance, cette épopée d'une toute jeune femme tatare de confession musulmane esclave d'un mari et d'une belle mère acariâtre, elle se retrouve apatride et enceinte dans un trajet qui la mènera jusqu'en Sibérie. La elle trouvera des alliés et l'amour.
C'est vraiment un très beau roman, on voit Zoulaikha devenir mère, puis d'une certaine façon femme libre, à découvrir absolument.
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Un émerveillement que ce roman puissant qui nous conte le destin de Zouleikha, jeune tatar prise dans la tourmente stalinienne.
La vie de ce petit bout de femme aux grands yeux verts est tout sauf un long fleuve tranquille : soumise à un mari et à une belle-mère qui la maltraitent, déportée vers une région reculée de la Sibérie avec un groupe disparate de koulaks, survivant aux hivers glaciaux et au travail forcé, c'est une mère courage protégeant farouchement son fils. Paradoxalement, c'est cette vie d'épreuves qui va la libérer du joug de son mari et d'une vie toute tracée et qui va lui offrir de découvrir en elle une force de vie inépuisable face à un système destiné à la broyer.
Autre personnage passionnant que celui d'Ignatov, le militaire qui a tué le mari de Zouleikha et qui conduit le groupe de déplacés vers les confins de la Sibérie pour fonder et diriger un des camps du Goulag. Être pétri de contradictions, il est capable d'exercer une discipline de fer tout en faisant de son mieux pour aider à survivre « son » groupe de déportés. L'amour fragile qui les unit permettra à Zouleikha de s'émanciper et à Ignatov de s'humaniser. Les extraordinaires personnages secondaires sont campés avec humanité, complexité et brio.
Ce récit est porté par un style magnifique, des descriptions poétiques de la nature extrême sibérienne et un souffle qui nous tient en haleine de bout en bout. J'ai quitté à regret Zouleikha, Ignatov et les rives de l'Angara.
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Ce superbe roman nous fait voyager, au coeur de l'époque soviétique, du Tatarstan jusqu'au fond de la Sibérie. A travers le regard de Zouleikha, jeune paysanne élevée dans la peur et le respect de la tradition, mariée de force puis déportée au moment de la "dékoulakisation". Mais aussi via le regard d'Ignatov, communiste fanatique qui finira par ouvrir les yeux, lui-même victime du régime.
Surtout, c'est la plume de Gouzel Iakhina qui est une révélation. Puissante et douce. Elle chante l'amour au milieu de la brutalité, l'espoir au coeur de l'enfer.
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Je le laisse avec tristesse, j'aurai voulu qu'il dure encore et encore. Enfin je retrouve la littérature russe qui m'a tant fait rêver du temps de mon adolescence. Un livre où à chaque pas l'âme russe nous envahie, où l'on voyage dans des paysages rudes, austères, au fin fond de la Sibérie. Au milieu de nulle part, des hommes et des femmes des "déportés" après bien des souffrances vont créer leur village et survivre malgré la misère, le froid, la faim, et au bout l'espoir, l'humanité...Un bijou


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Un premier roman. Un grand roman au sens le plus noble du genre littéraire. Un vrai petit bijou et un grand bonheur de lecture. Zouleikha est une paysanne tatare qui sera déportée en Sibérie lors de la dékoulakisation orchestrée par Staline. Puissant, instructif, très émouvant, dur aussi évidemment, envoûtant. Un grand coup de coeur pour cette littérature russe incroyable.
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« Zouleikha ouvre les yeux » est un grand livre dans la tradition littéraire épique russe. Ce livre m'a littéralement emportée en Russie des années 30, plus exactement au Tatarstan et en Sibérie.

Zouleikha a été mariée très jeune à un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Elle vit donc avec son mari et sa belle-mère dans des conditions très rudes, où elle n'est bonne qu'à travailler. Encore jeune, elle a perdu quatre filles, toutes en très bas âge. La belle-mère est d'ailleurs un vrai personnage de conte, tant sa méchanceté intrinsèque et les multiples tours dont elle est capable, nous la font prendre pour un mauvais génie. Mais Zouleikha va encore au devant de plus grandes difficultés puisque les gardes rouges vont abattre son mari, exproprier sa famille et la déporter en Sibérie (déportés qui sont appelés les déplacés dans le roman).

Le récit de la déportation est absolument invraisemblable, tout comme le début de la survie de la colonie dans des conditions dantesques. Tout est absolument démesuré et extrêmement graphique. Par la richesse des images et des évocations, l'auteur parvient à littéralement nous transporter dans ces contrées, et dans ce monde d'une âpreté sans pareille.

Dès le début du roman on s'attache à Zouleikha pour sa douceur et sa délicatesse qui tranche avec l'environnement hostile dans lequel elle évolue. On se prend également d'affection pour toute la galerie de personnages admirablement dépeints par l'auteur : Leibe le médecin-gynécologue, ilia petrovitch le peintre, l'élégante Isabella dont on se demande comment elle parvient à survivre, et tant d'autres. Mais également Ivan Ignatov, le commandant de la petite colonie, qui d'assassin, aux ordres du régime, va progressivement devenir un parmi les autres déplacés, par une inversion des rôles cathartiques, tandis que dans le même temps Zouleikha, va passer toutes les épreuves, et va finalement parvenir à accepter de vivre sa vie de femme. Car, en plus d'être ce très beau roman épique, « Zouleikha ouvre les yeux » est aussi un très grand roman d'amour, de ces romans qui vous redonnent foi en l'humain.

Enfin, ce roman permet de mieux comprendre une période dont il ne reste tout de même pas grand chose : peu de documentaires, peu de paroles de survivants. Ce livre rend la parole à ces innombrables vies perdues sur les chemins fous du Stalinisme.

Pour conclure c'est un livre qu'on ne lâche pas, jusqu'au milieu de la nuit en ce qui me concerne. A vos risques et périls donc pour les journées de travail le lendemain !
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Gouzel Iakhina , en écrivant « Zouleikha ouvre les yeux », s'est inspirée de l'histoire de sa grand-mère exilée en Sibérie au début des années 1930 lors de la dékoulakisation. Staline veut imposer le communisme, les paysans propriétaires ou koulaks sont dépossédés et envoyés à l'est pour y bâtir de nouveaux villages. Zouleikha est une jeune femme tatar ; mariée à un homme plus âgé, elle subit l'autorité de son époux et l'hostilité méprisante de sa belle mère. Eduquée dans la religion musulmane, elle a intégré l'esprit de soumission et d'obéissance. Elle ploie sous un travail harassant, les ordres de son mari et les caprices tyranniques de sa belle mère, la Goule. La vie quotidienne est vouée à stocker les vivres pour l'hiver, préparer la prochaine récolte, affronter le froid… Zouleikha baigne dans un univers magique où les esprits protègent les vivants et les morts (et l'âme de ses quatre filles décédées très jeunes). La collectivisation, les réquisitions, la déportation font leur cortège de tueries et de morts. le mari de Zouleikha, Mourtaza, est tué pour avoir résisté aux soldats « rouges » chargés d'arrêter les koulaks. La première partie plonge le lecteur dans un espace lointain, la Russie profonde, à une époque tourmentée, l'URSS stalinienne. Dans ce contexte, Zouleikha alterne naïveté et détermination à survivre, le roman est profondément humain. Cette distance entre la violence des évènements, la brutalité d'un voyage vers l'inconnu sibérien et la détermination de Zouleika à survivre maintient l'intérêt du lecteur. La Sibérie demeure le protagoniste principal du roman. La nature terriblement sauvage, indomptable, reste toujours hostile ; elle soumet les prisonniers aux extrêmes climatiques, à un labeur épuisant tourné vers la survie. Les descriptions sont nettes, précises ; les jeux de lumière renforcent les sensations de froid; la taïga, sans limites, dépeint l'isolement total ; une nature sauvage impose une lutte acharnée pour la survie. Dans ce village, baptisé Simrouk, se côtoient de multiples peuples, langues, coutumes. Les principaux personnages reflètent cette volonté farouche de survivre. le médecin Leibe, coupé du monde réel lors de la révolution bolchévique, déploie toute son énergie à soigner. Gorelov incarne le truand sans scrupules qui réussit à entrer dans la Tchekha, la terrible police politique. Youssouf, le fils de Zouleikha, né au village comprend que son salut est dans la fuite… Les comportements, les relations, les sentiments traduisent l'humanité. Les personnages coupés de tout évoluent. « Zouleikha ouvre les yeux » sur sa condition de femme, elle déploie une force extraordinaire pour vivre. Totalement vouée à protéger son fils, elle finit par accepter, dans un terrible déchirement, qu'il parte. Ignatov, commandant du camp, impose les objectifs économiques des plans soviétiques. Mais il refuse la proposition de son chef Kouznets : élaborer un faux complot pour monter dans la hiérarchie. La vision de sa fonction devient plus humaine. Lui, qui a tué le mari de Zouleikha, rédige un faux acte de naissance à Youssouf et se déclare son père. Les personnages, absorbés par le labeur, soumis à la chape de plomb stalinienne, n'étalent pas leur état d'âme, ne se plaignent pas et n'émettent pas de critique. Si les sentiments affectifs viennent bousculer la morale de Zouleikha, elle les étouffe immédiatement quand la vie de son fils a été menacée. Repliés sur leur « île », les colons sont rattachés au continent soviétique par un fil: la rivière. Par l'Angara, arrive le délégué politique du régime soviétique : Kouznets, le tout puissant inspecteur qui transmet les directives de Moscou. La communauté de Simrouk est un microcosme isolé, le pouvoir dictatorial envoie ses cortèges de prisonniers qui renouvellent la population du village soumis à une mortalité effrayante.
« Zouleikha ouvre les yeux » est un beau roman. Le contexte est peint par petites touches qui fonctionnent comme des images, des peintures. Elles traduisent les sensations de froid, les jeux de lumière. Les personnages subissent cette nature mais de leur condition de colons sourd une humanité attachante. Le travail de traduction de Maud Mabillard paraît essentiel dans cette recherche du sensible.
Merci à BABELIO pour son opération « masse critique » et aux éditions NOIR sur BLANC pour cette belle découverte.
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Ah les romans russes , les grands romans russes ! Quand Lioudmila Oulitskaïa (souvenez-vous des "Joyeuses funérailles") et Georges Nivat (spécialiste de la littérature russe) encadrent, la première d'une préface et le second d'une postface --toutes deux fort élogieuses-- le grand et puissant premier roman d'une jeune femme, on ne peut être déçu. Et je ne l'ai pas été.

Le lecteur est plongé dès le début dans le monde d'un coeur simple, celui d'une Tatare ballottée au milieu de la tourmente dans laquelle est née puis s'est développée l'Union soviétique. Nous avons entendu parler des déplacements de populations dans l'empire soviétique, nous avons aussi appris par Soljenitsyne ce que Goulag voulait dire, mais jamais nous n'avions été arrachés au monde des esprits et des dragons, des fées et des ogresses affamées d'une ferme près de Kazan pour être expédiés au long d'un périple de six mois dans des wagons à la destination inconnue, mais inéluctablement orientée vers la Sibérie. le convoi est dirigé par l'assassin du mari de Zouleikha, jeune femme au coeur simple, superbe héroïne silencieuse, pleine de sagesse et de résignation, tenace, consciencieuse et admirable dans l'adversité.

Après six mois d'errance sur le transsibérien et quelques voies de garage annexes, un groupe de rescapés est abandonné à 400 km de la ville la plus proche, sur la rive d'un affluent de l'Ienisseï. Ils organisent leur survie au milieu de la taïga et, après des années, apprennent que le village qu'ils ont créé est en fait un camp du Goulag (nom dont ils ignoraient l'existence). le roman s'étend sur la période 1921-1946 et fait penser à Homère par son caractère épique, mais aussi à Daniel Defoe par la lutte pour la survie et à Victor Hugo par l'ampleur et la force. Il est également très marqué par la culture cinématographique (l'auteure a écrit de nombreux scénarios) ; cela vous donne non seulement un spectacle grandiose, mais aussi une tragédie collective, un roman d'amour dans un univers glacé et, par-dessus tout, une superbe leçon de résistance et d'humanité.

Le camp est si éloigné de tout qu'il semble que même le regard de Dieu ne peut l'atteindre. Pourtant, Zouleikha nous y donne une grande et belle leçon : celle d'espérer en l'homme quelles que soient les circonstances.
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