Indridason réintroduit dans ce roman le personnage de Konrad, officier de police au père un peu escroc, déjà croisé dans la trilogie des Ombres. Konrad est désormais à la retraite. Une situation qui lui va bien… en apparence. Sa femme est décédée il y a peu de temps. Lui reste son fils et ses petits enfants. Et au fond de lui, une enquête inachevée : la disparition il y a trente ans de Sigurvin, un homme d'affaire, propriétaire de navires de pêche. A l'époque Hjaltalin, un ami d'enfance de Sigurvin, en conflit avec lui pour un litige financier, avait été arrêté. Il avait été entendu se quereller avec Sigurvin le jour même de sa disparition, et même proférer des menaces de mort. Contrairement à ses collègues de la criminelle, Konrad n'avait pas été convaincu de la culpabilité de cet homme. D'autant que le disparu n'avait jamais été retrouvé.
Trente ans ont passé et avec le réchauffement climatique le corps de Sigurvin ressort du glacier de Langjökull. Il a bien été tué. le suspect reste Hjaltalin, qui est de nouveau arrêté et qui ne veut parler qu'à Konrad. Konrad accepte de sortir de sa retraite et de s'entretenir avec lui. Hjaltalin lui jure une nouvelle fois être innocent de ce crime. Suite à sa première arrestation, la vie de Hjaltalin a été laminée par le soupçon. Konrad avec l'accord tacite de son ex-collègue Martha, désormais à la tête de la criminelle, continue une enquête parallèle à celle de la police.
La meilleure partie du récit est liée au personnage de Konrad. Un retraité qui n'en est pas vraiment un. A la jeunesse complexe, auprès d'un père « à problèmes ». Rongé aussi par une certaine culpabilité. Par rapport à la vie cassée de Hjaltalin. Par rapport aussi à sa femme, rongée par le cancer et restée jusqu'au bout d'une grande dignité. Les quelques pages qu'
Indridason consacre aux relations entre Konrad et sa femme sont les plus réussies du roman.
Le reste est moins convainquant. L'intrigue policière suit un fil linéaire longuet. A chaque nouveau témoin entendu, Konrad apprend un bout d'événement, et surtout le nom d'une nouvelle personne qui pourrait faire progresser son enquête. L'interrogatoire attendra le chapitre suivant.
Indridason réveille l'intérêt du lecteur dans les chapitres finaux, où Konrad renoue pleinement avec son passé de policier.
Indridason a fait bien mieux que ce roman policier qui se traîne sans que s'en détache une thématique forte, autre que celles portées par Konrad, un peu désabusé au terme de sa carrière professionnelle.