J'avais découvert l'inspecteur Konrad, inspecteur à la retraite, sur le tome trois de la trilogie des ombres, et m'étais très vite attachée à ce personnage complexe et secret. C'est donc avec le plus grand plaisir que je l'ai retrouvé sur une nouvelle enquête.
En vérité, l'affaire qui éclate révèle un évènement qui remonterait à plus de quarante ans : un corps retrouvé emmuré dans le sous-sol d'une maison du quartier ouest de Reykjavik . Konrad aurait bien donné un petit coup de main à sa collègue Marta sur cette sombre histoire mais elle ne répond pas à ses appels. Il reste cependant intrigué par ce fait divers car son amie Eyglo avait été appelée à visiter cette maison, il y a de nombreuses années déjà, par une femme désirant faire appel à ses dons de « voyance », craignant que son logis ne soit hanté...
Mais une affaire le préoccupe plus encore, l'obsède presque à présent, c'est celle qui concerne le meurtre de son père. Il ne s'en était étrangement jamais préoccupé du temps où il était un fonctionnaire de police actif, mais il ne peut plus se défiler aujourd'hui car elle le rattrape, le poursuit ; cette affaire l'a t-elle seulement quitté un jour ?
Superbe roman que nous livre là
Arnaldur Indridason, dans lequel j'ai retrouvé les thèmes qui lui sont chers : les suites de l'occupation américaine, la dénonciation des violences faites aux femmes et aux enfants, la difficulté de devenir un adulte accompli lorsqu'on a connu le pire dans son enfance…
Le mur des silences est un polar rondement mené mais surtout une plongée dans l'intime de cet ex-flic cabossé. Oui, il est alcoolique, insistant et tenace avec les personnes qu'il rencontre dans le cadre de son enquête, à la limite de l'insolence. Oui, c'est une tête à claque, et on le découvre au fil des pages de plus en plus seul et isolé, rattrapé par son passé et ses erreurs. Mais je l'aime moi cet homme-là, justement parce qu'il est loin d'être parfait et ne prétend surtout pas l'être.
Imaginez seulement une enfance vécue avec un père violent, si brutal qu'il a fait fuir sa propre femme et mère de Konrad. Comment ce dernier, une fois adulte, une fois devenu policier, une fois marié et père de famille, peut réussir à concilier son présent et son passé ? Il s'étourdit en effet, il se trompe, se rattrape parfois… il a tant besoin de ses proches pour se réparer mais reste poursuivi par le doute de mériter l'amour et l'amitié des gens. Un quelconque jugement serait hâtif...
C'est là un magnifique personnage que nous donne là à découvrir
Arnaldur Indridason, qui décrit un homme effectivement fracturé mais opiniâtre, et je n'ai qu'une hâte : poursuivre la lecture de cette série Kónrað ! Et pour une fois, je rejoins la comparaison qui est faite en le surnommant le
Simenon islandais. Il n'a pas son pareil pour écrire sur les tourments de l'âme humaine !
Merci beaucoup à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération masse critique et aux éditions Métallié.