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Citations sur Le Solitaire (127)

Il est probable que l’univers n’est ni fini, ni infini, les mots fini ou infini étant des expressions qui ne veulent rien dire. Si on ne peut pas s’imaginer le fini ni l’infini, ni le ni-fini ni-infini qui sont des choses si élémentaires, si simples, qu’on aurait dû être fait pour pouvoir concevoir, que pouvions-nous faire d’autre que de ne pas penser ?
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Nous reprîmes du café, plusieurs cafés, plusieurs pousse-café, il s’en alla, je m’en allai.
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J'avais laissé les flots de la vie se gaspiller.
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Il devait y avoir encore dans notre monde des endroits sans hommes. L'image de la mer sans limite, d'un désert calme, souleva en moi comme une sorte de joie, comme une sorte d'espoir. Aimer le désert, aimer le bleu de la mer, aimer la blancheur des navires, cela me semblait possible. Aimer les gens, cela me semblait plus ardu. Ne pas les détester, d'accord. Mais les aimer, ces créatures qui bougent, qui parlent, qui s'agitent, qui font du bruit, qui exigent, qui désirent, qui crèvent? C'était plutôt comique. Quel peut être l'aboutissement du désir? Quel peut être l'aboutissement de la haine, de la tuerie ou simplement de la conversation? Nous nous traînons dans l'inexplicable. Attendre. Faire confiance. Le cœur gonflé d'amour. Ça existait, des cœurs gonflés d'amour. Ça existait, des cœurs. Non, je n'avais pas peur. Ce n'était pas la peur qui m'empêchait, qui m'arrêtait dans mon élan. Et même si j'avais peur. C'est humain, la peur. « C'est humain, c'est humain » et j'éclatai de rire. Le mot « humain » me faisait éclater de rire. Pour ce qui est d'avoir peur ou non, il n'y a pas de critère. Les uns ont peur, les autres n'ont pas peur. Tout compte fait, c'est plutôt rigolo. J'étais agité par la non-agitation. C'est une façon comme une autre d'être agité, mais les agités de ma sorte n'agissent pas. Je n'aurais pas dû souffrir. Pourtant, je souffrais. J'étais agité par la souffrance. Il fallait bien l'ad-mettre. Il n'y avait en moi que turbulence, une turbulence qui, étrangement, me paralysait...
Des poussées contraires et contradictoires. Une fois de plus, je regrettais de ne pas avoir fait des études de philosophie. Peut-être j'aurais su quelque chose, j'aurais su des choses.
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Je m'habituais à ces lueurs, cela ne m'intéressait ou ne me divertissait plus. C'est le paysage intérieur qui m'accablait. Tout mon passé se déroulait, devant mes yeux, un paysage de désolation, un désert, sans oasis. Plutôt un désert frileux. D'un horizon à l'autre, ces bords du couvercle, rien, pas une fleur, tantôt la terre sèche, tantôt la poussière, tantôt la boue. Était-ce ma faute? Était-ce uniquement ma faute? Je n'avais pas su m'y prendre. Quelle amertume, quelle douleur, quelle détresse, quel gâchis! Il y aurait pu y avoir la joie, est-ce qu'il y aurait pu y avoir la joie? Il y aurait pu y avoir la lumière éclatante au lieu de ce gris sale, de Cette clarté morne. Est-ce qu'il y aurait pu y avoir la lumière? Est-ce qu'il y aurait pu y avoir l'amour? Il y aurait pu y avoir.
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Les gens étaient tous un peu agités dans cette rue paisible où jamais rien ne se passait, où jamais rien ne devait se passer. La plupart des habitants étaient vieux. Ils ne désiraient qu'une chose : attendre de mourir tranquillement. Moi, je vivais dans la catastrophe, indépendamment de ce qui se passait à l'extérieur. Ou plutôt ce qui se passait au-dehors, cela se passait en moi. L'extérieur commençait à refléter l'intérieur. Ou vice versa. Mais ce n'était qu'à présent que je m'en rendais compte.
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Le fournisseur du néant. Tout devrait naître présent, immuable. Je pris le chausson dans la main. C'était un témoin. J'enlevai mon pardessus, mon chapeau, les accrochai au portemanteau dans le couloir sombre, je me dirigeai vers la grande pièce, je m'effondrai dans le fauteuil, près de la fenêtre. Mon appartement était un désert, aussi vaste que le monde. Elle était sans doute partie pour quelqu'un, elle allait rencontrer quelqu'un. Je ressentis quelque chose de désagréable, comme de la jalousie. Comme c'est bizarre. Étais-je donc vraiment attaché à elle? Oui, certes. J'avais donc des attaches dans l'univers. Cela me fit presque plaisir.
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C'est curieux. C'est comme si une partie du monde s'était soudain écroulée dans l'abîme. Que sont devenues les vies passées, les anciennes cathédrales, les foules ? Tout est tombé. Ca doit se retrouver quelque part peut-être, nous n'en savons rien, nous sommes ignorants.
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L'amour était comme une jetée dans l'abîme, une forme de désespoir, une façon de mourir en acceptant sa mort.
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Parfois je me demandais si nous n'étions pas, elle et moi, le fondement d'un nouveau monde. Un monde rétabli. Un monde sans trou ni crevasse. Un monde sûr et que Dieu aurait réussi.
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