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Citations sur Le Solitaire (127)

Cette fatigue qui a pesé tout le temps sur moi. Ç’avait été la fatigue de l’impuissance. Oui, il y a eu des milliards et des milliards de gens. Il y a eu des milliards de vivants, et pour chacun, l’angoisse universelle. Chacun, comme Atlas, avait supporté tout le poids du monde, comme si chacun était tout seul, accablé par le fardeau de l’inconnaissable. Cela me consolait-il de me dire que le plus grand savant était aussi ignorant que moi, et qu’il en avait conscience ? Mais est-ce vrai ?
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Je n’étais pas révolté. Je n’étais pas résigné non plus car je ne savais pas à quoi il fallait que je me résigne ou quelle société envisager pour vivre dans la joie. Je n’étais ni triste ni gai, j’étais là, des pieds à la tête, pris dans la cosmogonie qui ne pouvait être autre que ce qu’elle était et ce n’est pas telle ou telle société qui pouvait y changer quoi que ce fût. L’univers était donné une fois pour toutes avec ses nuits et ses jours, ses astres et le soleil, la terre et l’eau et tout changement à ce qui nous était donné dépassait les possibilités de l’imagination. Au-dessus, il y avait le ciel, la terre soutenait mes pas, il y avait les lois de la gravité et d’autres lois, tout l’ordre cosmique leur était soumis et nous, nous en faisions partie.
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Je me suis dit souvent que j’étais malheureux à cause des journaux. Sur toute la planète il n’y a que des tueries en masse, rébellions, meurtres passionnels, tremblements de terre, incendies, anarchies et tyrannies. Finalement je suis morose à peu près tout le temps. C’est peut-être parce que j’ai trop lu les journaux. Je ne les lirai plus.
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J'étais ignorant mais pas assez pour ne pas me rendre compte que j'étais ignorant.
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Pourtant je suis comme tout le monde, comme tout le monde à notre époque, sceptique, désabusé, fatigable et fatigué, vivant sans but, travaillant le moins possible –parce qu’on ne peut pas faire autrement-, un peu gourmand : de l’alcool, un bon plat pour échapper, de temps à autre, à cette amertume et à cette lassitude universelles.
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Voilà pourquoi je leur en voulais. D’être des autres, sans être tout à fait autres. S’ils avaient été vraiment différents de moi-même, j’aurais pu les prendre pour modèle. Cela m’aurait aidé. J’avais le sentiment de porter en moi la peur entière et le l’angoisse de milliards d’êtres humains, le malaise de tous.
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Mais le soir, après le travail, tandis que j’errais d’un bistrot à l’autre, Jacques, lui, s’instruisait. Il lisait des romans et des livres idéologiques. Il s’était inscrit dans un parti révolutionnaire. Il s’endoctrinait le soir, il assimilait, probablement, pendant son sommeil et, le lendemain matin, il attaquait avec fureur la société. Et comme j’étais son unique interlocuteur, il me foudroyait du regard, me menaçait de son index, si bien qu’il me donnait une telle mauvaise conscience que je me sentais responsable de tous les maux engendrés par « le système ». C’est moi qui étais la mauvaise société, le mauvais système, le bouc émissaire.
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Personne n'est coupable de rien. Ou tout le monde est coupable de tout : ce qui revient au même.
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J’avais une méthode pour me tirer de la tristesse ou de la peur, ça ne réussissait pas toujours. La méthode consistait à regarder autour de moi les objets, les personnes, avec la plus grande attention possible. Me fixer sur eux. Regarder très, très attentivement et tout d’un coup c’était comme si je voyais tout ce monde pour la première fois. Et alors cela devenait incompréhensible et insolite.
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J’ai beau interroger mon âme, j’ai beau l’explorer, je n’y décèle aucune vibration profonde. Dans les espaces gris de l’intérieur, il n’y a que des décombres, sous d’autres décombres, sous d’autres décombres. Mais s’il y a des décombres, il y a eu peut-être un temple autrefois, des colonnes lumineuses, un autel ardent ? Ce n’est qu’une supposition. En fait il n’y a jamais eu rien d’autre, peut-être, que le chaos.
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