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Proudhon est moins connu que Marx car le communisme a été dominant face au mouvement anarchiste pourtant bien implanté au 19ème siècle. Proudhon (1809-1865), homme simple issu d'un milieu populaire, a payé ses idées d'années d'exil et de prison. Il privilégie la responsabilisation et l'organisation par le bas. Plus l'Etat intervient, moins le peuple est maître de l'économie, plus se développent l'injustice sociale, l'aliénation et la misère. Il préconise les réseaux associatifs, le fédéralisme comme régime politique car tous les régimes existants tendent soit à la bureaucratie, soit à la tyrannie. Il ne cherche pas à dépasser mais à concilier les contradictions, le mot clé de la réussite étant l'équilibre.

En matière d'économie l'idéal est la propriété et le mutuellisme qui permettent un travail coopératif et d'éviter la constitution de grands monopoles.

Pour arriver à cette évolution de la société, l'éducation est essentielle pour que l'homme comprenne quel est son intérêt. le capitalisme en effet pervertit l'homme. Mais l'idéal anarchiste ne doit pas être imposé de manière autoritaire ou par l'usage de la force. C'est un mouvement qui doit se déployer localement, à l'initiative de la base et faire son chemin. L'actualité de la pensée de Proudhon peut s'observer aujourd'hui face à l'essoufflement, voir la décomposition du capitalisme qui génère un mode de vie destructeur. Mais les quelques initiatives que l'on peut observer aujourd'hui sont-elles réellement les signes d'un renouveau ou les ultimes aménagements d'un système qui parvient à s'adapter en permanence à des formes nouvelles ?

Car si l'analyse de Proudhon est intéressante - il est vrai que l'aliénation du salarié est une réalité, que les injustices continuent à s'accroître, que la violence règne - on voit mal comment l'application de son programme est possible - par la simple évolution des mentalités...

Cela dit le livre de Thibault Isabel est très clair dans sa présentation d'un auteur à re-découvrir. Une pensée non dogmatique, en mouvement et dont l'évolution peut apporter des éléments de réflexion pour une action politique concrète face à une réalité de plus en plus insatisfaisante pour la majorité des hommes et la tentation toujours plus grande des paradis artificiels ou des promesses d'au-delà mortifères.
Merci à Babelio et aux éditions Autrement pour cette stimulante découverte.
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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Autrement pour ce livre offert dans le cadre de la Masse critique de mai 2017.
Précédé d'une préface de Michel Onfray, ce livre nous donne à lire, dans une langue claire et précise, la vie et l'oeuvre de Pierre-Joseph Proudhon, penseur et théoricien de l'anarchisme au XIXe siècle.
Plutôt que d'essayer de le résumer en évitant la paraphrase, je pense que ce livre se suffit à lui même et expose d'une manière très accessible les grands débats qui agitent la contestation à l'économie bourgeoise et capitaliste.
Ce livre me paraît nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent à ce sujet, et pour un plus grand nombre, à la reconstruction d'une vraie pensée de gauche aujourd'hui en France.
À lire, donc !
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Le mot « Anarchie » a été galvaudé, il est à tort, synonyme de désordre, de chaos et de violence. de même, on retient de P.J. Proudhon (1809-1865) une seule citation « La propriété c'est le vol » qui, tronquée, sonne creux, il fallait bien-sûr comprendre : La propriété du capital et de l'outil de travail par quelques oisifs, c'est le vol des travailleurs et des salariés. Dans ce livre, Thibault Isabel cherche (et réussit) à rétablir et à expliquer la pensée et l'oeuvre de Proudhon. Selon celui-ci, l'anarchie doit se construire sur 2 bases solides. L'une politique ; le fédéralisme, qui est ni plus ni moins que la démocratie directe, c.-à-d. locale (Quartiers, Communes ... ou associations, syndicats), le pouvoir et ses décisions sont alors « délégués » à l'étage supérieur jusqu'à l'état fédéral (le pouvoir s'exerce donc de bas en haut et non l'inverse comme dans nos sociétés). L'autre est économique ; le mutuellisme qui favorise l'association et la solidarité de travailleurs libres et propriétaires de leur outil de travail (autogestion, artisanat ...). Cette belle architecture ne peut reposer que sur une humanité responsable, mature et honnête, l'anarchie de Proudhon doit donc être morale et intègre. Thibault Isabel nous dit que Proudhon savait cela, il savait aussi l'impossibilité de mettre en place ce genre de société d'autant qu'il été contre toute vaine révolution violente (contrairement à la foireuse utopie marxiste par exemple), et que l'homme est d'abord paradoxal dans ses aspirations (besoin de liberté mais aussi d'une autorité « sécurisante » (la fameuse servitude volontaire de la Boétie), volonté d'égalité mais soif d'enrichissement ...etc.). Mais l'anarchie de Proudhon est aussi pragmatique et positive, elle n'exclut pas de tendre (quel verbe magnifique, non ?) vers l'équilibre de cet idéal, de façon locale, individuelle ou collective (Comme un peintre pointilliste parvient à construire un tableau cohérent par petites touches (ceci étant ma vision de la question)). L'anarchie proudhonienne reste donc un espoir d'émancipation et de liberté. Un bouquin très intéressant à l'heure où nos démocraties parlementaires bafouillent et tanguent. Allez, salut.
P.S. Je n'oublie pas, tout comme T. Isabel, de dire que malgré ses belles théories, P.J. Proudhon était un misérable misogyne, doublé d'un homophobe-antisémite (Il parait qu'a l'époque c'était commun !?!).

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Beaucoup plus connu, à la fin du XIXème siècle que son « outsider » allemand, Karl Marx, le philosophe PJ Proudhon est une personnalité politique qui m'intéresse grandement d'autant que je partage un certain nombre des valeurs éthiques et politiques qui étaient les siennes. Je crois qu'il vaut mieux étudier l'oeuvre originale de ce père fondateur de l'anarchisme, ou bien lire l'une des nombreuses biographies qui lui ont été consacrées par d'autres auteurs, plutôt que de lire cette réinterprétation droitière écrite par Thibault Isabel. La manoeuvre est habile, d'autant qu'elle est appuyée par un Michel Onfray, philosophe de plateau télé, louvoyant entre une réputation de libertaire et des sympathies droitistes de plus en plus glauques. Thibault Isabel était, quant à lui, collaborateur de la revue de sociologie « Krisis », aux côtés de gens comme Alain de Benoist, pudiquement étiqueté « Nouvelle droite ». Il participe maintenant à « Front Populaire » revue « ni de droite, ni de gauche », parrainée par Michel Onfray, mais largement ouvertes aux thèses de l'extrême droite. Histoire de mélanger un peu plus les repères politiques, ces gens s'autoqualifient de « souverainistes ». On s'approprie des concepts ou des personnalités célèbres, traditionnellement apparentés à « la Gauche » pour appâter le chaland. Un bel exemple de récupération sémantique dont cette brochette de « penseurs » est capable pour essayer de dorer un peu un blason qui n'a rien de reluisant !
La personnalité de PJ Proudhon a séduit plus d'un des « philosophes » de cette Nouvelle Droite. L'extrème sincérité de ce penseur, alliée à la précocité et au manque de clarté de certaines de ses thèses facilitent la manipulation. Il y a certes de brillantes analyses dans le travail de Thibault Isabel, mais surtout une volonté d'intégrer ce socialiste de la première heure dans sa propre manière de voir les choses. de nombreuses techniques de manipulation sont à l'oeuvre : paraphraser certains énoncés plutôt que de les citer, ce qui permet de les déformer à volonté, omettre ce qui peut déranger l'ordre de l'édifice intellectuel en cours de construction, partir d'un ensemble d'hypothèses pour élaborer des conclusions peu conformes à l'éthique de l'auteur… L'ensemble, plutôt bien écrit, coule comme de l'eau de source, et le lecteur se laisse doucement bercer par une romance pas toujours conforme à la réalité des faits. Mais plus on avance dans la lecture plus il y a de quoi être surpris, quand on apprend finalement que Proudhon avait de fortes sympathies pour les thèses royalistes. Ainsi, page 84 : « Proudhon ne se serait pas nécessairement opposé à ce que le garant de cette unité fut désigné par l'hérédité plutôt que par l'élection ». Sans commentaire…
Le titre : « l'anarchie sans le désordre » laisse la porte ouverte à une large redéfinition des concepts. Ayant trouvé les paroles de la chanson anarchiste « la mahknovchina » sur un site d'extrême droite dressant l'inventaire des soulèvements populaires, plus grand chose ne me surprend de la part de certains maquignons. Ne pas confondre, dans la mêlée, libertaire et libertarien, vous risqueriez de ranger dans le même chapitre de l'encyclopédie sociale Trump et Bakounine, le Pen et Louise Michel… !
J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre d'une opération « masse critique » ; je ne connaissais pas la biographie de l'auteur, et je m'attendais pas à ce genre de choix éditorial de la part des éditions « autrement » (mais il faut se rappeler que cette maison fait partie des éditions Flammarion depuis 2010). Si vous ne connaissez pas la vie et l'oeuvre de PJ Proudhon, ce n'est pas par ce biais, plutôt trouble, qu'il faut les découvrir.
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On est bien loin des Black Blocs et de Bérurier Noir, que ce soit clair depuis le début.
Le livre s'ouvre sur une préface de Michel Onfray qui ne dure que 5 pages mais qui lui octroie le droit d'avoir son nom sur la page de couverture écrit aussi gros que celui de l'auteur ; j'ai d'abord cru qu'il s'agissant d'un livre écrit à deux, mais non, juste une préface très promotionnelle du genre win-win, sans doute.
Ladite préface tout comme l'ensemble du bouquin s'entend d'ailleurs davantage comme une critique anti-marxiste que comme un véritable encouragement à l'émancipation anarchiste.
Ceci dit le livre n'est pas inintéressant mais on sent que le tout est quand même plus orienté vers une pensée souverainiste que réellement mutualiste. En tout cas c'est mon ressenti.
Au bout du compte, j'en conçois une plus grande attirance pour les idées (et la prose) de Pierre-Joseph Proudhon que pour celles de Thibault Isabel.
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La lecture de ce livre m'inspire quelques regrets, ceux de n'avoir pas étudié où de n'avoir eu que si peu de références à P-J Proudhon en cours de philosophie, voire d'économie !
J'étais personnellement à mille lieues de ce que représentait et symbolisait réellement ce mot « anarchie » ! C'est peut-être aussi pourquoi son évocation dans l'enseignement se fait peut-être si confidentielle, voire très discrète dans sa véritable expression, tout comme elle se trouve stigmatisée dans son évocation falsifiée voire erronée. Notre enseignement aurait-il un goût de formatage ? Nous cacherait-on également le goût du vrai sens moral, les vraies responsabilités d'échanges et de dialogue, l'acceptation de nos ambivalences ? Cet essai nous livre les grandes lignes de la pensée de P-J Proudhon, bien éloignée de la couleur sépia dont à priori nous serions tentés de la teinter. Cependant, sommes-nous vraiment capables de devenir une société adulte, tolérante, créatrice, responsable, à la fois altruiste et égoïste, à la fois indépendante et solidaire ? n'est-il pas plus confortable de se contenter des urnes et des contestations violentes ? le désengagement plutôt qu'un engagement de tous les jours à force de tolérance ?
Merci Monsieur Thibault Isabel, de nous avoir proposé cette vulgarisation de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon.

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Point de vue intéressant
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Un excellent survol de l'oeuvre du père de l'anarchie par trop dévoyé ou récupéré. Les détracteurs de l'émancipation que requiert l'anarchie ont dénigré l'oeuvre de Pierre Joseph Proudhon pour valoriser des modèles idéologiques en la tordant dans ses recherches où les nuances sont légions, quand ils ne se contentèrent de dénigrer l'homme qui manquait pour certains de la validation de diplômes ou d'origines sociales moins terriennes. L'émancipation effraie les dictateurs en puissance que nous pouvons tous devenir quand nos raisons des plus humanistes s'égarent. de pareilles torsions se peuvent à reprendre son oeuvre au service de thèses totalitaires au fond quand les nuances préservées ici comme au fil de l'avancement du philosophe, l'interdisent sans équivoque.
Je recommande vivement pour stimuler l'immersion pas à pas dans l'oeuvre d'origine.
Lien : https://lyncee.me
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