Thibault Isabel est un penseur perplexe et hésitant. Il perçoit avec netteté et franchise tout ce que le monde comporte d'injustice, de violence, de cruauté. Pourtant, contrairement à la plupart de nos contemporains, il ne se contente pas de ce sentiment misérabiliste pour bâtir, par opposition, des idéaux mièvres et irréalistes, qu'on serait tenu de faire advenir dans l'optique d'un progrès permanent de l'espèce humaine. Plutôt que de postuler la médiocrité de l'existence pour chercher dans les songes une idylle qui lui serait opposée, il prend le parti de prendre le réel pour ce qu'il est, et de comprendre pourquoi il est. le monde n'est pas mauvais en soi ; qui ne voit que le mal ne voit qu'une partie de la réalité. Or, pour
Thibault Isabel, que l'on sait irrigué par l'enseignement taoïste, la vérité est multiplication des perspectives ; puisque nous sommes tous borgnes, nous ne pouvons, n'en déplaise à
Descartes, nous contenter de notre seule subjectivité pour appréhender la vérité de l'Être...
C'est avec ce regard porté sur le monde que
Thibault Isabel entame son enquête sur la civilisation, dans une démarche très fortement influencée par
Jacob Burckhardt et
Friedrich Nietzsche. Celle-ci se réalise à travers douze essais, qui permettent d'éclairer progressivement la notion de civilisation telle que l'entend Isabel, d'en cerner les mécanismes et les limites. le sommaire du livre est sans doute nécessaire pour en comprendre la portée et la démarche.
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