Alors, alors, que dire… que dire de cette saga originale et qui m'a totalement séduite parce que 1) ce sont des histoires d'elfes, les héros sont des elfes, les méchants sont des elfes, tout n'est qu'elfe, et parce que 2) le concept est plutôt inattendu et promet de nombreux croisements entre différentes saga de BD des éditions Soleil !
Donc, oui, je voudrais chroniquer la série Elfes, dont le premier tome, le crystal des Elfes bleus, est paru en mars 2013. Depuis, la fréquence de publication annuelle est d'au moins deux tomes. Oui, beaucoup de travail, mais il y a anguille sous roche, ou dirais-je même, baleine sous gravillon. Parce que si les éditions Soleil peuvent se permettre de demander un tel rythme aux auteurs, c'est certainement parce qu'ils sont plusieurs ! Eh oui ! le principe est simple : il y a cinq peuples Elfes (les Elfes bleus, les Elfes sylvains, les Elfes blancs, les semi-Elfes et les Elfes noirs). Chaque tome concerne un peuple, et chaque tome est assuré par un couple scénariste/dessinateur. Nous avons donc, au total, cinq couples, qui chacun fait vivre son peuple d'Elfes ! Par conséquent, les éditions peuvent se permettre une telle fréquence de publication. Pour le plus grand plaisir des afficionados de fantasy !
> Coup de crayon
Il est difficile d'analyser cinq dessinateurs comme ça, d'une traite. Je vais donc me contenter de vous parler de l'art de
Kyko Duarte, qui démarre la série Elfes, en collaboration avec
Jean-Luc Istin. C'est mon coup de coeur. Il nous propose à la fois de la poésie, de la féérie, quelque chose de magique et d'époustouflant, au travers des esquisses réalistes. Et ça, c'est la particularité d'Elfes. Des coups de crayon très maîtrisés, très fins, très réalistes, qui nous plongent dans cet univers violent et sauvage de manière irréversible.
Kyko Duarte nous offre des planches magnifiques, avec des doubles pages de paysages en hors cadre à couper le souffle, des personnages en pied, dessinés avec minutie, dans les moindres détails, sans oublier des panoramiques des scènes d'action spectaculaires. Il y a de la douceur dans chacune de ses esquisses, vous savez, ce petit quelque chose de lisse, de délicat, malgré la brutalité des scènes. Je ne sais pas comment expliquer cela, mais il y a de la beauté dans le coup de crayon de
Kyko Duarte.
> Coup de plume
Je vais donc logiquement vous parler des talents scénaristiques de
Jean-Luc Istin, qui accompagne
Kyko Duarte dans cette aventure elfique. Je suis également lectrice de monsieur
Istin, parce qu'il est le scénariste des Brumes d'Asceltis et des Contes du Korrigan. Elfes propose donc une sorte de saga à l'organisation singulière, qui s'effectue autour d'un fil rouge : un fléau frappe le monde des elfes, un fléau qui transforme les elfes en … goules. Évidemment, il y a un grand méchant derrière tout ça, mais plutôt charismatique — et difficile à combattre. J'aime la dimension apocalyptique et fin du monde de cette histoire : rien n'est joué d'avance, personne n'est à l'abri d'une fin tragique, d'un sacrifice, ou d'une métamorphose en goule.
Jean-Luc Istin participe donc à cet univers avec brio, il propose des dialogues qui apportent chacun leur sens à l'histoire, rien n'est écrit au hasard, peu à peu, le lecteur apprend à connaître les personnages, et à les apprécier. Aucun n'est tout bon ou tout mauvais, il y a dans cette saga une véracité de l'être qui atteint le lecteur. Chacun peut prendre les mauvaises décisions, chacun peut commettre une erreur, mais chacun peut se repentir, se faire pardonner. Rien n'est arrêté, et c'est le point fort de cette saga. Après tout, la vie, c'est aussi la mort.