les mots de passe à traduire dans toutes les langues, pour que tous y perçoivent ce que nous ressentons dans l’immédiat: Bons Enfants, Hoù-si-ploût, Cutes Peûres, Bom bom lom so li stokèt, djambe di bwè n’a nin d’ohès… Et les jurons noirs qui jubilent: non di djû! De Bouvignes à Stavelot, par exemple, suivons les traces invisibles des chemins disparus. Qu’en reste-t-il? Et donnez-moi des nouvelles de l’ancien chemin qui allait de Nassogne à Marche… Et venez respirer l’odeur des tilleuls dans la drève de Grune… Cette région plante sa force tranquille dans les étuis des hampes d’herbes, et l’herbe elle-même effilée, coupe la peau, fait jaillir la goutte de sang qui fait frémir. L’Europe afflue ici et là. Je ne le prouverai qe par un exemple irréfutable: ce chemin pierreux des environs de Spa, je l’ai déjà suivi dans les montagnes des Asturies, plus loin que Soto de Lorio! Ainsi, ce qui nous rattache à notre propre espace, en l’occurrence, la Wallonie, ne serait point le fait d’assumer un pesant patriotisme dont nous n’avons que faire. Il s’agirait plutôt, de manière pertinente, de vivre en symbiose avec notre entourage, notre paysage, notre eau vive, nos collines et de les défendre avec vigilance contre toute injure…
Hommage d'E. Savitzkaya à Jacques Izoard