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sur 7926 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Par où commencer ? Par qui ? Par quoi ?

Il faut savoir d'abord que Fifty Shades of Grey est au départ une fan-fiction inspirée de la série Twilight de Stephanie Meyer. Rien que ça ne donne pas vraiment envie de continuer, je vous comprends bien. Mais pour le fun, je vais quand même aller jusqu'au bout de mon étude...

L'histoire est celle d'une jeune étudiante qui rencontre un puissant homme d'affaire, le fameux Christian Grey, dans le cadre d'une interview qu'elle doit mener à la place de sa colloc'. Très vite, ils vont entretenir une liaison sulfureuse où les pratiques de Christian vont d'abord bouleverser Ana, mais aussi lui faire découvrir un univers inconnu très troublant.

A seulement 27 ans (je crois) Christian Grey est à la tête d'une énoooorme société dont il dirige avec brio les quarante mille employés. Ben oui. Rien que ça. Il est, de plus, un fervent défenseur des causes perdues et oeuvre sans répit contre la faim dans le monde, il est riche à millions, doté d'un physique de rêve, de cheveux de rêve, d'un sang-froid et d'une volonté à toute épreuve, d'un sens de l'humour qui m'est complètement passé au-dessus de la tête (mais c'est parce que je ne suis pas Ana, moi) de beaucoup de voitures de la même marque, d'un appartement immense et meublé avec goût, d'un hélicoptère qu'il pilote avec virtuosité (même la nuit), de parents absolument adorables, d'une soeur hilarante, d'un frère sexy en diable, d'un garde du corps hyper discret (c'est important pour la suite de l'histoire - ce mec doit se bidonner à longueur de temps vu les choses auxquelles il assiste sans broncher !), d'un BlackBerry qui sonne tout le temps au début du livre pour nous montrer qu'il est over-sollicité (mais plus du tout par la suite, c'est étrange...), de cheveux merveilleusement doux (mince, je l'ai déjà dit), de pantalons qui soulignent bien son petit cul sexy, d'une obsession pour la nourriture qui frise parfois la parano... et d'une chambre des tortures meublée elle aussi avec goût... quand on aime la déco SM à base de menottes et de fouets en tout genre... Bref, Christian est une espèce rare, je dirais même en voie d'extinction, et devinez qui va tirer le gros lot !!? Ana bien sûr ! Une sacré chanceuse quand on y pense (pas elle, par contre, parce qu'elle est bien au-dessus des plaisirs matériels, et l'argent ne l'intéresse pas... Ana, ce qui l'intéresse, c'est la littérature anglaise - surtout Tess d'Urberville, mais c'est tout, pas d'autres ouvrages, parce qu'on est pas là pour ça de toute façon...)

Déjà là, ça m'a fait marrer. On sent que l'auteur ne cherche pas du tout à faire dans l'excès. Peut-être qu'une petite pointe de retenue aurait été la bienvenue au début. Histoire de s'identifier plus facilement aux personnages par exemple. Passons...

Arrive Ana - Anastasia Steele - une étudiante toute simple qui pense qu'elle est banale alors que bien sûr, elle ne l'est pas puisque tout le monde (du meilleur copain au frangin du patron pour qui elle bosse) tombe irrémédiablement amoureux d'elle sans qu'elle en comprenne les raisons. Un beau matin, Ana doit interviewer un business man hors-pair pour le journal du lycée. A la base, c'était sa colloc' Kate qui devait mener l'interview, mais celle-ci tombe malade. le destin est un petit coquin... S'ensuit la rencontre de nos deux tourtereaux pour qui c'est un véritable coup de foudre dès le début (elle parce qu'il beau, beau, intimidant, beau, séduisant, mais surtout beau... et lui parce qu'elle est probablement moche, mal habillée et qu'elle a les deux pieds dans le même sabot... Ça ne peut être que ça...)

Ana, c'est la narratrice, et c'est quelqu'un d'assez spécial. Je dois dire que je me suis posée beaucoup de questions sur elle, notamment sur sa timidité maladive, sa maladresse, son manque flagrant de conversation et de connaissances en informatique (dans quelle siècle vis-tu, Ana ??) cette habitude de se mordre les lèvres toutes les trois lignes, de rougir à chaque page, et de répéter holy crap shit cow - rayez la mention inutile - (et accessoirement Jeeze aussi - genre... un demi-million de fois seulement...) à chaque fois qu'elle pense, agit, rumine, pleure, s'interroge, redoute quelque chose ou jouit. Ana possède donc un vocabulaire aussi vaste que le vide intersidérale de son cerveau, elle oublie de respirer en présence de Christian qui est tellement beau et viril et séduisant et beau et beau, et elle abrite dans les obscurs replis de son cerveau rien moins qu'une déesse intérieure très flippante, qui passe son temps à danser sur place et lui commande d'écouter son corps en dépit de son subconscient qui lui, tente (sans succès) de lui faire comprendre l'absurdité de la situation et le danger d'être avec quelqu'un comme Christian. (le subconscient ne peut avoir gain de cause puisqu'ici, il n'y a pas de cerveau et l'intelligence d'Ana reste un mythe à mes yeux - je n'en ai pas trouvé une seule preuve en 400 pages)

Voilà, c'est tout. le reste du récit est un concentré de oui-non-peut-être-aïe-j'ai-peur-mais-je-l'aime-mais-aïe-j'ai-peur-mais-je-l'aime-donc-j'accepte-tout-même-si-ce-n'est-pas-ragoûtant, et des perpétuels cas de conscience d'Ana dont les peurs plus qu'infondées à l'idée de céder à la domination de Christian ne l'empêchent pas d'accourir dès qu'il la siffle et d'accepter les compromis les plus humiliants parce qu'elle l'aime... le pire, c'est peut-être l'auteur qui a le culot de faire passer pour sexy et mystérieux un homme puéril et égoïste avec des penchants tordus, et pour naïve une simple cruche complètement nympho qui est définitivement trop stupide pour faire autre chose que se laisser contrôler par ses pulsions sexuelles et qui n'a aucune volonté.

Je voudrais bien m'étendre sur l'histoire, mais il n'y en a pas... C'est embêtant... Christian penche sa tête sur le côté autant de fois qu'Ana rougit ou se mord les lèvres, joue du piano quand il est d'humeur mélancolique, parle.comme.ça.quand.il.est.excité, se passe la main dans les cheveux un milliard de fois au travers du récit, et fait malheureusement preuve d'une arrogance qui m'a donné envie de le balancer en plein vol depuis son hélicoptère. Mais tout ça n'est rien en comparaison des sentiments qu'inspirent la pauvre fille. Elle est à claquer du début à la fin. Ses hésitations et ses cas de conscience sont une torture bien pire à supporter que ce que Christian lui inflige dans la Red Room of Pain. le pire c'est que les scènes qu'elle redoute tant arrivent assez rarement et sont finalement réclamées de sa part. C'est beau. de plus, Christian est quand même loin d'être un barbare, tout se fait dans la lenteur et le plaisir partagé, il n'y a (heureusement) rien de véritablement révoltant dans toutes ces pratiques. La seule chose horripilante, c'est le caractère d'Ana qui ne sait pas ce qu'elle veut, s'affole pour pas grand-chose à chaque fois, réclame toujours plus à Christian - alors qu'il pose les règles du jeux dès le départ - mais refuse d'accepter ses cadeaux somptueux.

Difficile d'aimer ce premier tome des mésaventures d'Ana au pays du SM parce qu'il est déjà difficile d'en aimer les principaux protagonistes (et je ne parle même pas des personnages secondaires ultra-stéréotypés comme la meilleure amie super séduisante qui vit une relation idyllique avec un beau gosse, la mère mille fois remariée, le directeur de magasin paternaliste, le beau-père introverti mais tellement compréhensif et qui fond dès sa première rencontre avec Christian...) Peut-être parce que l'histoire inexistante est presque aussi lamentable que les personnages qu'elle met en scène. Rien n'est crédible, la seule chose positive, c'est le niveau d'anglais requis pour lire ce bouquin et - avouons-le ! - les quelques scènes un peu coquines qui, loin d'être révolutionnaires, sont tout de même assez sympathiques à suivre. (il manquerait plus qu'on s'ennuie !)

50 fessées et pairs de menottes plus tard, le constat est lourd : je n'ai pas pu terminer ce roman si prometteur. Je ne connaîtrai jamais les raisons qui ont poussé Christian à se vouer au culte de la fessée, je ne saurai jamais pourquoi il est aussi obsédé par la nourriture, si Ana travaillera un jour pour lui dans sa formidable société qui n'emploie que des blondes, s'ils finissent par le faire ailleurs que dans le jardin, dans la chambre, dans l'ascenseur, attaché, pas attaché, fessé, pas fessé, les yeux bandés ou pas, et Ana retrouvera-t-elle un jour ses sous-vêtements ?? Et Christian finira-t-il par se confier et parler de sa petite enfance où tant de traumatismes se sont concrétisés pour faire de lui cet être tordu tourmenté ? Tant de questions sans réponse auxquelles, ma foi, je dois renoncer pour ma propre tranquilité d'esprit...

J'ai expérimenté un style que je ne connaissais pas et qui m'intriguait en pensant m'immerger dans un univers nouveau plus développé qu'un roman érotique ordinaire. Malheureusement, c'est pas ça. Outre les sempiternels cas de conscience de l'héroïne, le contenu est vite survolé...

En fait, on referme le livre avec un impression d'inachevé. Comment une telle série (parce que s'en est une !) a pu rencontrer autant de succès alors que le style en est bâclé, les dialogues inconsistants et les personnages aussi tristement prévisibles ? C'est un mystère aussi épais que le goût de Christian pour les menottes, le cuir ou les belles Audi...

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Mais qu'allais-je donc faire dans cette galère? le voici donc le phénomène littéraire de l'année, où un type ondoyant de la chevelure donne la fessée à une fille qui passe son temps à se mordre la lèvre? Comment les Américains feront-ils pour adapter un livre dans lequel il ne se passe rien, sans montrer, censure oblige, les bijoux de famille de Ryan Gosling, pressenti pour incarner Christian Grey? E.L. James pourra toujours investir l'argent gagné grâce à sa prose dans l'achat d'un dictionnaire des synonymes avant d'envisager de commettre d'autres attentats littéraires.
Un roman à utiliser pour caler une armoire ou à offrir à votre belle-soeur, si, par malchance, vous avez la même que la mienne.
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J'ai un fort penchant SM, je l'avoue. Et je l'ai découvert en m'infligeant la lecture (quel vilain coup, mes amis, ma peau, mon âme et mes yeux cuisent encore violemment !) de ce « fameux roman d'amour érotique » (mettez tous les guillemets dont vous aurez besoin). Soulignons que « best-seller » n'est pas forcément synonyme de « mauvais », et heureusement ; toutefois, avec Cinquante nuances de Grey, c'est différent. Aussi, pour ce coup-ci, je m'en vais prendre ma grosse voix d'inquisiteur pour vous lancer un désespéré « Fuyez, pauvres fous ! ».


Dès les premières lignes, il est tout de suite clair que tout tourne autour de la rencontre initiale : on se sent mal de penser à Christian, on se sent bien en pensant à Christian, il faut bosser car on pense à Christian, la situation est tendue car on se connaît même pas mais déjà il y a du courant entre nous, et est-ce qu'il faut que je pense au fait qu'il pourrait penser à moi pendant que je pense à lui ? Bref, bref, bref ! J'adore les histoires d'amour, ce n'est pas le problème, mais les vraies, les belles, pas les synthétiques ou les artificielles (bisous à ma chérie, d'ailleurs !). Un mot devrait revenir tonner un peu aux oreilles de ces personnages : crédibilité ! Dès les premiers chapitres (ce sont de menus détails mais comme ils s'enchaînent et que tout se fonde dessus, ça devient très vite agaçant), la caissière dans le plus gros magasin de bricolage du coin devient, quand le héros arrive, à la fois manager et chef de rayon, on a besoin d'un photographe mais on ne pense pas en premier au meilleur ami qui débute dans le métier par une expo d'art, et les étudiantes sont en licence de lettres mais visent un stage dans les télécommunications et l'agroalimentaire… mais bon, j'en demande sûrement déjà trop à ce stade. Car, à ce stade, justement, nous regardons se côtoyer deux personnages vides au possible. Un homme apathique et dominateur face à une femme complexée et demandeuse : avouons que le cliché se pose là, mais tentons d'aller plus loin. Si nous nous en tenons aux deux personnages principaux, les hommes sont pervers et mystérieux, se sentant castrés dès qu'ils ne payent pas l'addition du restaurant, tandis que les femmes sont naïves et d'un esprit peu éclairé. Les femmes sont d'ailleurs forcément désinhibées : rien qu'à l'idée de découvrir les joies sexuelles (bien sûr, elles n'y connaissent rien, elles) et les hommes, eux, ont comme partie anatomique préférée, leur sexe, qui semble guider l'ensemble de leur vie de tous les jours, vie toujours focalisée sur le sexe en général, et le sexe opposé surtout. Ah, les femmes ! Ces êtres, ces fillettes même pourrait-on se dire ici, qui comprennent les choses si vite, mais à qui il faut quand même les expliquer si longtemps… merci aux Cinquante nuances de Grey de ne pas en apporter une seule (nuance) ! le summum des clichés est atteint, je pense, avec l'importance des hormones féminines, constamment en ébullition dès que ces petits êtres sont un peu choquées : claquer sa conscience pour refouler l'inévitable et y céder avec tellement de plaisir, voilà la thèse de ce roman ! Ces chaudasses en puissance ne sont, je l'espère et je le pense bien, heureusement pas la véritable majorité ; est-ce pour autant un fantasme quasi général ? selon mon entourage non, mais qui sait… les clichés doivent bien survivre, les pauvres.

Et le style ! Quel style, mes amis ! Moi-même, je n'écris pas professionnellement, et c'est bien sûr très difficile d'aligner trois phrases sans être déçu de ce qu'on écrit, mais que diable, nous atteignons là un niveau extrême de bassesse, mais alors quelque chose de bien prononcé ! le style a le don de sauter du coq à l'âne, dans le genre : « Comment peux-tu ne pas le trouver beau ? Tu veux un sandwich ? Mais je pense encore à lui. Tiens ça doit être ça le désir ». Ce n'est même pas que c'est du cliché à tout-va, car cela pourrait être avenant et agréable, mais véritablement, c'est que l'ensemble est d'une fadeur à faire pâlir un vampire un soir de pleine lune ! L'héroïne rougit, au minimum, dix fois par chapitre (chapitres qui ne sont pas forcément bien longs au demeurant, mais vu la lourdeur du truc, ça prend vite du temps de ne pas s'endormir) ; le moindre frôlement de peau déclenche des tornades de sensations ; les cheveux de monsieur sont attirants parce qu'ils sentent le propre ; et, vraiment, s'il vous plaît, par pitié, nous avions très bien compris que le Christian a le regard gris, qu'il ait le regard furieux, attentionné ou brûlant, voire en fusion (sic !), nous avions déjà capté pour la couleur lors de la première centaine de fois. Tout est ainsi répété continuellement, inlassablement : la lèvre d'Anastasia trouble Christian, les effleurements émoustillent Anastasia, les détails comme la nourriture ou l'état de la voiture prennent des proportions énormes, et à quel point Christian ne veut pas qu'on le touche ; au bout d'un moment, ça saoule, car finalement à donner ces exemples, je vous ai donné toute la substance du livre tellement elle est répétée jusqu'au bout du bout et usée jusqu'à la moelle ! L'incessante répartie « vous satisfaire est notre priorité » m'horripilera à jamais désormais, d'autant plus que, justement, Cinquante nuances de Grey n'est pas satisfaisant.

Dès le début, on peut sentir allègrement que l'atmosphère n'est pas saine du tout. le mec trace le téléphone portable d'une jeune fille pour la suivre à son bureau, chez elle ou dans des soirées étudiantes, et ça n'inquiète personne. Cela n'inquiète pas plus de monde que « machine » soit schizophrène ? (oui, « machine », parce que j'ai passé un cap et parce que le prénom « Anastasia », dans le contexte, ça ne passe pas) En fait, arrivés à ce point, il faudrait carrément supprimer toutes les pensées de l'héroïne en italique, tant naïves que sottes, ennuyantes et fatigantes, pour au moins nous laisser la possibilité d'imaginer quelque chose de passable : cette « conscience », comme elle l'appelle, puis sa « déesse intérieure » (vous ne rêvez pas, la miss a bien un petit ange et un petit diable dans sa petit tête peu remplie), ne sont là que pour renchérir sur ce qui a déjà été précisé une ligne au-dessus. Bref, de répétitions en redondances, la tautologie et le pléonasme sont là pour combler les vides (et, pour une fois, ce n'est pas sur la blague douteuse que j'attire votre attention). de la même façon, le vocabulaire est plus bas de gamme que jamais : les multiples « oh oui, bébé » rencontrent de passables « allez, un petit coup en vitesse », mais ne valent pas les « jouis pour moi » et autres « je dois te fesser puis te baiser » plus aberrants les uns que les autres. Érotique ne veut pas dire erratique ! Et, par pitié (j'en suis là après avoir fini cette lecture insipide), que soit perdue cette habitude de constamment faire appeler les personnages entre eux par leurs prénoms ou leurs noms : dans la vie de tous les jours, ça ne passerait pas du tout. Tout comme cette manie de retranscrire les mails des protagonistes (avec en-tête et bas de page !! et les « contrats » suivent d'ailleurs le même principe) : c'est d'une facilité sans nom (ça pour gagner des pages, ça en gagne !) et les quelques fautes ou coquilles présentes donnent l'impression que ces parties-là n'ont jamais été relues… de manière générale, il faudrait revoir les notions d'insolence et de domination puisqu'une petite réflexion mène ici directement à l'effronterie (un peu fort, mon bon seigneur !) et deux-trois volées de fessées, ainsi qu'une seule vraie tentative de domination à la toute fin, doivent nous combler en matière de sadomasochisme : c'était sûrement vendeur, mais c'est bien peu assumé. J'imagine que tout est délayé afin de tenir en trois tomes. Personnellement, je m'arrête là ! Nous pourrions aussi déblatérer sur cette autre manie affligeante du « placement des marques » (qui pourrait prêter à sourire s'il n'y avait pas déjà tant de défauts) : entre les ordinateurs, les téléphones portables, les médicaments et les boissons en tous genres, j'ai presque envie de dire « dans quel monde Vuitton ? ». D'autant plus que notre chère héroïne (… sans commentaires…) semble n'en avoir jamais entendu parler, ou si peu avant de s'en faire offrir. Bref, arrêtons-nous là ; arrêtons les frais surtout.


En somme, et compte tenu de tous les retours que j'avais eus, je m'attendais à bien pire, c'est sûr. Pour autant, il y a peu de choses à sauver (au mieux, quelques répliques intéressantes, et encore). L'humble sursaut réveillé au début du dernier chapitre fut achevé brutalement par la morale à deux balles de la conclusion, et dire qu'il y a deux suites à cette chose ! Cinquante nuances de Grey est donc un roman que je ne conseille pas (plein de bonne volonté, je comptais me faire les trois d'une traite, mais j'ai renoncé !). Aux confins du vide et de l'impossible, je m'étonne complètement de lire parfois que ce livre a la réputation d'être « enfin » LA littérature érotique écrite par une femme selon un point de vue féminin : eh bien, si c'est cela le point de vue féminin sur la sexualité ou la domination, il va falloir franchement revoir vos petits principes ! Un petit tour du côté du Trône de fer ou de Kushiel (pourtant pas centrés sur l'érotique) vous en offrirait bien davantage tout en justifiant chaque scène sans voyeurisme et en faisant appel à une certaine part de culture…

Pour vraiment finir, j'ai l'impression d'avoir lu pas mal de choses bien différentes maintenant et ça me fait vraiment de la peine de devoir mettre autant les formes pour une lecture aussi aberrante, alors si j'avais dû expédier cette critique, j'aurais dit que vous avez là l'histoire la plus mièvre au monde relatant la non-initiation à de la fausse sexualité d'une gourdasse qui ne connaît rien, par un macho cynique et complètement à côté de ses pompes. Fuyez donc, pauvres fous !

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Hou la la.. il y a tellement de choses qui me viennent à l'esprit : par où commencer ce billet ?

Tout d'abord, les critiques ont surtout pointé du doigt les nombreuses répétitions de l'auteur. Pour vous en donner une idée plus précise, je me suis lancée dans une sorte d'inventaire à la Bridget Jones, vu que le personnage d'Ana s'en inspire largement (mais s'en éloigne fortement) :

- nombre de fois où Ana rougit : 898
- nombre de fois où Ana se pince les lèvres : 732
- nombre de fois où Christian lui demande d'arrêter de se pincer les lèvres parce que ça l'excite : 732
- nombre de fois où Ana s'extasie sur la beauté de Christian : 432
- nombre de fois où Ana a l'appétit coupé : 341
- nombre de fois où Christian lui ordonne de manger alors qu'elle a l'appétit coupé : 338
- nombre de jurons prononcés par Ana (étudiante en littérature, je le rappelle) : 987
- nombre de changements d'avis d'Ana (oui, j'accepte.. non, ça va me faire souffrir.. ah, mais je risque de le perdre.. oh, c'est bon.. non, c'est mal) : 42
- nombre de scènes sadomaso : 3
- nombre de scènes d'amour de sexe : 15
- nombre de « oh oui, jouis pour moi bébé » (avec une variante : « oh oui, crie mon nom bébé ») : 8
- nombre de fois où le lecteur a baillé : 24
- nombre de fois où le lecteur a ri : 48
- oups, je m'égare là..

Par conséquent, on peut considérer que ce livre contient quelques menues redondances.

Concernant l'histoire en elle-même, vous l'aurez compris, elle ne casse pas quatre pattes à une sadomaso. On pourrait presque parler d'un mélange entre « 9 semaines ½ » et un harlequin bas de gamme qui aurait viré.. au gris !

D'ailleurs, pour un roman soi-disant SM, je n'ai pas trouvé beaucoup de scènes de ce type. En réalité, ce qui prend toute la place, ce sont les pensées des personnages..

Donc, attaquons-nous aux personnages. Commençons par notre vierge préférée, Ana. Sachez qu'Ana est un personnage tout à fait exceptionnel, que l'on ne rencontre que peu de fois dans sa vie de lecteur.

Tout d'abord, Ana a 21 ans, vit aux Etats-Unis de nos jours, et est toujours vierge, même de simples baisers (mais oui, bien sûr on y croit). D'ailleurs, Ana est tellement vierge qu'elle réussit (âmes sensibles s'abstenir) à pratiquer la technique des avaleurs de sabre lors de sa première fellation sans jamais avoir envie de vomir: alors, vous y croyez toujours ?
I
l faut savoir aussi qu'Ana est schizophrène. Elle entend des voix émanant de sa conscience et de sa déesse intérieure avec qui elle dialoguera pendant tout le roman. Si sa conscience est une vraie rabat-joie et la ramène au sens des réalités, sa déesse intérieure, quant à elle, danse la samba, fait des saltos arrière ou du saut à la perche ou alors boude dans son coin quand elle n'est pas contente (oui… je sais). Ana n'est donc pas une, mais trois personnages en même temps (vous me suivez là ?).

Ana se décrit comme une fille très moche et insipide (autant que les « fausses moches » des films d'ado américains). Il faudra donc m'expliquer pourquoi tous ses amis garçons sont tous tombés amoureux d'elle et lui font un rentre dedans du feu de dieu. Sans compter le beau Grey qu'elle a également attiré dans ses filets. Bon, c'est décidé, demain, je me fais moche et insipide !

Passons maintenant à Monsieur Gris, euhhh.. Grey, pardon. Christian est beau, intelligent, sait jouer du piano à la perfection et il est immensément riche. Ben oui, Christian a réussi dans les affaires : à son âge (27 ans), il dirige une multinationale de 40.000 salariés (normal, non ?). Il passe la plupart de son temps avec Ana et semble travailler en ayant passé un unique coup de téléphone dans la journée. Et là, tenez-vous bien mais Christian, avec sa super boite, lutte contre la faim dans le monde : n'est-il pas parfait ? Quoi, comment ça, vous avez dit cliché ?

Sinon Monsieur Gris habite dans un appartement gris, porte des costumes gris, fais joujou avec des cravates grises et a les yeux.. gris bien sûr !

Ah oui, j'oubliais un détail. Christian est sadomaso et ne peut ressentir le plaisir qu'à travers la douleur. Il a été initié à cette pratique par une amie de sa mère alors qu'il n'avait que 15 ans (non, non, ne riez pas !). Il possède dans son appartement une « chambre rouge de la douleur » dans laquelle il ne faut pas le regarder dans les yeux et où il faut l'appeler « Monsieur » : « oui qui ? oui, Monsieur ».

Enfin, Christian possède un lourd secret qu'il ne peut pas dévoiler à Ana tellement ses démons intérieurs le perturbent. Mais il va quand même lui avouer que sa mère biologique était une prostituée accro au crack et qu'il a été adopté à l'âge de 4 ans. Pas étonnant qu'il soit tourmenté ce garçon !

Que penser de « cinquante nuance de Grey » de manière générale ? Pour moi, ce livre est un croisement entre un conte de fées de l'an 2000 et un porno pour mémères. Je m'explique.

Christian représente incontestablement LE prince charmant de l'an 2000 : beau, intelligent, mystérieux, caractériel et.. riche surtout ! Ce livre est un temple du consumérisme et de l'idée qu'être riche c'est avoir la belle vie. Quand ton mec t'offre des fleurs, Christian offre à Ana une voiture, et quand ton mec t'emmène au cinéma, Christian, lui, amène Ana faire du planeur. Normal, non ? Ana culpabilise d'ailleurs à plusieurs reprises de tous ces petits cadeaux : « suis-je une pute ? », « oh non, il a travaillé dur pour pouvoir m'offrir ces cadeaux, bon d'accord, je les accepte ». Bon Ana, décide-toi à les accepter, sinon, je vais prendre tous ces cadeaux à ta place !

Les films pornographiques constituent un fantasme masculin indéniable. La plupart d'entre eux rêvent de voir leur femmes ressembler aux actrices (ouais, bah, qu'ils continuent à rêver, hein !). Et bien, ce livre constitue, à mon avis, un fantasme féminin indéniable. En effet, toutes les mémères qui n'ont pas souvent de rapports sexuels (tout comme les hommes qui matent des pornos), meurent d'envie de se retrouver à la place d'Ana, d'avoir une vie facile parce qu'elles auront pleins de cadeaux, de ne plus avoir à réfléchir puisque Christian le fera à leur place, d'avoir des orgasmes à répétition et surtout avoir été choisie, elles si moches et insipides (la boucle est bouclée) par le célibataire le plus en vue de tout le pays. Les mots que Christian dit à Ana (même les plus osés), ce sont les mots qu'elles fantasment d'entendre ; les gestes de Christian envers Ana (même les plus osés), ce sont les gestes qu'elles fantasment de connaitre.

Enfin, j'ai quand même vu une petite dimension philosophique dans ce livre (eh oui, une toute petite). L'histoire illustre tout à fait la théorie de Hegel sur le maitre et l'esclave. Au fur et à mesure de leur relation, c'est le maitre qui devient esclave de son esclave tant la dépendance s'est installée entre eux. Exactement comme nos deux amants terribles.

Malgré tout cela, je dois quand même avouer que ce livre est addictif et que je l'ai dévoré telle la mémère qui s'ignore que je suis. Cela m'a d'ailleurs fait penser à mon addiction pour « les feux de l'amour ». Je sais que l'histoire est peu crédible voire ridicule, je sais que c'est « gnan-gnan », et pourtant, je meurs d'envie de savoir ce qui se passera au prochain épisode.

Alors, si vous me demandez si je lirai le deuxième tome ? Je vous répondrai oui (oui qui ? oui, Monsieur). Je dois être finalement moi aussi un peu sadomaso.

Lien : http://mademoisellechristell..
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Bon voilà, on m'a offert ce livre à Noël, donc je l'ai lu. Sinon, je ne l'aurais jamais acheté. Désolée pour ceux qui ont adoré, mais autant vous prévenir, il y a de la casse dans l'air.

50 nuances…Ben non, justement. Aucune subtilité, ni vraisemblance dans ces 560 pages. Les personnages sont stéréotypés. Ana, jeune oie blanche et vierge de 21 ans, attend l'homme de sa vie et se croit moche alors qu'en toute objectivité elle est canon. Christian, beau (à tomber), jeune (27 ans quand même), riche (à milliards), dur en affaires mais pas trop (il est quand même préoccupé par « la faim dans le monde »), est le gendre idéal, sauf que (vous ne devinerez jamais) il cache une part d'ombre ET une enfance malheureuse ET une adolescence pervertie par une amie de sa mère qui l'a initié au SM. le pauvre…Tout ça explique, psycho de comptoir à l'appui, pourquoi ce pervers pathologique ne peut envisager les relations homme-femme que comme des relations dominant-soumise où l'amouoûûr est inexistant. Sauf que celui-ci va prendre les traits d'Ana et venir perturber la mécanique bien huilée (oups…) du Contrat. Mais que comme il y a 2 bouquins qui suivent, on ne sait pas encore si ça va se terminer en conte de fées ou en tragédie grecque, parce que bien sûr, face à un Christian que son Destin semble avoir condamné à être incapable d'aimer, Ana est tiraillée entre sa conscience (« ce type ne t'aime pas, il va te briser le coeur, fuis-le tout de suite ») et sa « déesse intérieure » (« oui mais qu'est-ce qu'il te fait jouir, c'est trop bon, tu le sens jusque « là », vas-y fonce ! »). Enfin, cette liaison fera vivre à Ana des expériences palpitantes (comme voler en hélico, voyager en 1ère classe en avion, envoyer des mails à partir d'un portable Apple et d'un Blackberry – eh oui, le placement de produits…). Parce que pour ce qui est des scènes de sexe « épicées », principal argument de vente de ce pavé, ça peut certes faire frétiller quelques instants la ménagère de moins de 50 ans, mais de là à grimper aux rideaux toute la nuit…Pas de quoi fouetter un chat (une chatte ?) ou jeter les hauts cris (de plaisir), même dans la Chambre rouge de la Douleur. C'est répétitif, pas subtil et pas très excitant. Ca manque cruellement d'imagination et d'intensité, et c'est mal écrit, on a l'impression qu'ils jouissent en 2min30 montre en main, et puis quoi ? c'est déjà fini ?

Voilà pour le contenu. Quant à la forme, soyons direct : qualité littéraire nulle, même si la lecture est fluide (pas étonnant vu qu'il est beaucoup question de fluides corporels ici. Oups, pardon, je me laisse aller…). Vocabulaire niveau école primaire, et c'est dommage vu la panoplie de mots qui auraient pu érotiser bien davantage ce texte pour vraiment électriser l'imagination et les sens du lecteur. de plus, la vulgarité (« je veux te baiser », « bordel de merde »,…) m'a gênée. Non pas que mes oreilles soient particulièrement chastes, mais j'ai trouvé ça incongru, gratuit, mal placé : ça ne cadre pas avec les personnages plutôt lisses et « classes ». D'accord, l'auteur a voulu révéler leur côté sombre pour nous affrioler, mais ce n'est vraiment pas convaincant.
C'est bourré aussi de « tics » d'écriture : Ana se mordille la lèvre inférieure, lève les yeux au ciel, et Christian penche la tête sur le côté, tire les cheveux d'Ana pour lui renverser la tête en arrière,…si souvent qu'on se demande si l'auteure a relu son texte, ou si elle se moque du lecteur, ou si elle fait du remplissage pour atteindre les 500 pages.
En fait tout ça s'est révélé fort ennuyeux, et si j'ai tourné les pages rapidement, c'était dans l'espoir qu'il se passe enfin quelque chose.

Quoi qu'il en soit, le succès de ce bouquin en dit long sur l'état de son lectorat : la vie des lectrices est-elle à ce point vide et étriquée pour se précipiter sur ce ramassis de clichés pseudo romantico-sadiques ? Ca mériterait une thèse de doctorat…
La 4ème de couverture est ridicule en plus d'être trompeuse : « libérateur et totalement addictif, ce roman vous obsédera, vous possèdera et vous marquera à jamais ». « Libérateur », franchement…Comme dirait Ana, « putain de bordel de merde », on n'est pourtant plus à une époque où les vierges effarouchées courent les rues (ou plutôt les couvents), si ? Pitié, rassurez-moi…
Même la présentation de l'auteure sur la 4ème de couv' ne lui rend pas service : « elle a enfin trouvé le courage de prendre sa plume… ». M'enfin, mais si c'était aussi difficile que ça d'écrire ce texte au vocabulaire et à l'intrigue limités, aux scènes répétitives et prévisibles, pourquoi ne s'est-elle pas abstenue ?

En tout cas, elle a réussi un tour de force commercial qui lui assure une confortable retraite entourée de son mari et de ses deux enfants, grâce au battage médiatique et au succès des produits dérivés, sans compter le futur film. « Waaouhh », comme dirait Ana. Même les détracteurs y trouvent leur compte (en banque) à coup de pastiches (50 nuances de Glauque,…).
Bref un super-coup (je parle du livre, pas de Christian) marketing, avec deux mérites (bah oui, quand même) : d'abord si on prend tout ça au 2ème degré, il y quelques réflexions et situations marrantes, et ensuite j'ai découvert quelques beaux morceaux de musique classique. Mais je n'ai toujours pas compris comment on peut avoir envie de « baiser » en écoutant le motet à 40 voix de Thomas Tallis. Je ne suis sans doute pas assez …romantique…
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Ça y est, mon aventure érotique touche à sa fin… Adieu Ana et Christian ! C'est sans regrets que je vous laisse, préservant vos « Cinquante nuances plus sombres » et « plus claires » de tout le mystère qui leur est dû…


Je dois dire que j'ai eu ma dose de niaiseries avec un seul tome ! Entre une héroïne complètement cruche et prise de tête, un héros irréel aux allures de prince charmant, des dialogues souvent creux et répétitifs et des scènes de « baise » (je m'adapte au vocabulaire du livre, hein !) pas vraiment excitantes (dommage pour un roman qui se veut érotique quand même…), bref on peut dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat (sans mauvais jeu de mots…)


Il semblerait que l'adolescente romantique cachée au fond de moi n'arrive plus à fantasmer sur ce genre de couple improbable… L'histoire est tellement préfabriquée qu'on a l'impression d'avoir déjà lu ça mille fois et en beaucoup mieux ! S'il faut choisir, je préférais encore les fadaises d'Edward et Bella dans Twilight, dont cette fan-fiction s'inspire. Au moins il y avait de l'action (et pas que sexuelle !).


Côté écriture, il n'y a rien à sauver. le texte est d'une platitude affligeante et le scénario semble se répéter à l'infini. E.L. James a l'air d'avoir complètement oublié l'existence de dictionnaires des synonymes, employant encore et encore les mêmes termes. C'est pas qu'on se lasserait, mais quand même…


Tout est prétexte à revenir aux scènes de sexe. Les descriptions sont quasiment absentes et peu détaillées. Quant aux personnages, on fait difficilement plus clichés entre Ana, la vierge de 22 ans innocente (sans commentaires…), brillante (vraiment ??) mais manquant cruellement de confiance en elle alors même que tout son entourage semble l'idolâtrer (trop dure la vie…) et Christian, le milliardaire ténébreux et énigmatique, au passé sombre, qui saura la séduire à force de sourires enjôleurs et de grosses érections, sans oublier son côté chevalier servant bien sûr ! (il va quand même la sauver de son meilleur ami bourré essayant de l'embrasser, ouf !!). Ça fait envie n'est-ce pas ?


Bon, pour les points positifs, on peut dire que la lecture est facile et sans prises de tête (sujet-verbe-complément, une méthode qui a fait ses preuves…) et certains passages m'ont tout de même amusée (même si c'était davantage par leur ridicule, c'est déjà ça !), bien que la plupart m'ont fait lever les yeux au ciel (je vais avoir une fessée pour ça ??) tant ils sont exaspérants… Bref, je m'en doutais un peu et à présent j'en suis sûre, « Cinquante nuances de Grey » est définitivement une lecture dispensable !



Challenge Variétés : Un livre qui est tout en bas de votre PAL
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Hilarant ! C'est le seul mot qui me vienne à l'esprit tellement c'est un ouvrage vide.
Une petite précision s'impose, je ne l'ai pas "lu", mais "écouté"; en version anglaise qui plus est...
Autre précision, je ne suis pas dans la tranche d'âge visée mais je me trouve en plein droit de dire que l'héroïne est une crétine d'une intensité rare. Sans être ni salope, ni frigide, je trouve que c'est une cruchasse comme on en croise rarement. Notre mâaaale en puissance lui est d'un stéréotypé délicieusement pathétique (riche, beau, mystérieux, bon au lit, riche, riche, riche, riche, et capable de supporter notre cruchasse d'héroïne).
Alors comment défendre ce livre ? Ils sert sa fonction d'exitailler les bobones mères de familles frustrées. Il est drôle (très drôle) avec des descriptions à la Ben and Jerrys "His voice is warm and husky like...dark melted chocolate fudge caramel or something", extraordinaire ! J'imagine tout à fait l'auteure ayant trouvé l'inspiration en s'enfilant un pot de 500ml tout en regardant Twilight et en photoshopant des fonds d'écrans avec des fées gothiques à paillettes sur fond de roses qui saignent... Une perle ! A noter que ce livre était à l'origine une fanfiction de Twilight et que l'auteure ne prétend pas être une grande écrivaine. C'était juste sa façon à elle de traiter la crise de la quarantaine. Si ça peut en aider certains, je respecte. En revanche, mince qu'on représente les filles de la vingtaine de cette façon, c'est à s'en couper les veines avec une lime à ongles ! Et le style littéraire ? Arrêtez, je vais pleurer !
Comme dirait un ami, ce livre "c'est comme un accident de voiture, c'est terrible, mais tu ne peux pas t'empêcher de regarder"... Parce que oui, à sa manière c'est assez addictif. Ça émoustille gentiment et puis on se demande jusqu'où ça peut aller avant de tomber dans le dictionnaire comme illustration de la définition de "ridicule". Et ce malgré des personnages et des dialogues tellement improbables que le mot improbable lui même est un euphémisme.
A lire pour dire qu'on l'a lu, à lire si on a le choix entre poupées gonflables/petits copains-oreillers ou ça, à lire pour ceux qui ont le contrôle parental enclenché sur leur ordinateur, à lire pour ceux qui veulent se claquer la cuisse.
Pour info, on m'a offert le T2 pour mon anniversaire, j'ai tiré une gueule de 30 mètres de long en forçant un rictus hautement hypocrite accompagné d'un "oh... merci... c'est... euh..." avant qu'on me dise de l'ouvrir pour découvrir une note du type "rien que pour ta tronche ça en valait le prix" ! Une bonne blague à faire, je conseille !
Quant à ceux qui se demandent pourquoi ça marche aussi bien : c'est simple, c'est du soft porn que l'on trouve dans le rayon adulte mais pas forcément érotique et que l'on peut lire et avouer qu'on lit en société sans passer pour de grands pervers détraqués. Après tout pourquoi, ça a toujours plus de scénario qu'un film porno.
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Bon ben voilà, je l'ai lu finalement. Oui je suis une petite curieuse et je n'ai pas pu résister. Ma seule consolation, je ne l'ai pas acheté. Mais j'ai satisfait ma curiosité ; C'est bien un livre qui a bénéficié d'une opération marketing sans aucun rapport avec sa qualité. Pourquoi ? Comment ? Çà reste à déterminer mais s'il occupe quelques heures, il servira surtout à caler une porte.

Alors allons-y :

Grey, au départ, il est puant d'arrogance et de suffisance, après il a un argumentaire impeccable et est très sur de lui ce qui lui confère un charisme indéniable.
Par contre pour un multimilliardaire très en vue, il a un vocabulaire de…d'une vulgarité atroce, et il met des glaçons dans son vin !!!! (oui c'est un américain pur souche mais çà pour des français c'est certainement plus choquant que la débauche SM annoncée)


Anastasia, oui elle est nunuche, vierge à 21ans, presque jamais embrassée, jamais masturbée, aucun fantasme, et on essaie de nous faire croire qu'elle va basculer dans le SM en un claquement de doigts… . et malgré un univers qu'elle ne soupçonnait même pas, un homme dont elle est raide dingue amoureuse et qui lui propose un contrat détaillant chaque instant de leur vie commune, et le fait qu'il fait tout pour la choquer afin qu'elle s'éloigne de lui ou qu'elle soit sûre de vouloir ce qu'il lui propose ; elle enchaine les orgasmes… mais bien sur, et la marmotte…
Et puis si lui est fou (puisque c'est ainsi qu'est présenté sa « déviance » sexuelle), elle, elle ne serait pas un peu schizophrène à discuter sans arrêt avec sa conscience (qui a des lunettes demi-lune) et sa déesse intérieure (c'est quoi une déesse intérieure ?).
Sa boisson à elle ? Twinnings English Breakfeast Tea, c'est du thé çà ? ah oui, c'est écrit par une anglaise c'est çà ?
Niveau vocabulaire, pour une licenciée en littérature, ben çà ne vole pas haut… et elle n'a pas d'argumentaire à opposer à Grey (contrairement à Justine de Sade qui essayait au moins de disserter avec ses tortionnaires…), non la c'est : « non, c'est je ne veux pas faire çà mais merde qu'il est sexy et putain qu'est ce que j'ai envie qu'il me baise... » (oui comme çà). Ah oui et aussi le très classe « je vais y passer »…

Niveau littéraire : où çà ?
Ah oui , par pitié offrez-lui un dictionnaire des synonymes, avec des mots crus si elle y tient vraiment mais qu'elle arrête ses répétitions lassantes.

L'érotisme et le SM : euh, joker ? c'est pas très érotique comme façon d'écrire (« monter, descendre, monter, descendre, encore et encore…) et pour le SM, si il y a quelques pratiques citées, finalement, il y a en très peu de mises en oeuvre, et çà reste du niveau 1 (voir 0.5). Je ne qualifierai pas çà de porno (même mummy-porn) ni d'érotique ; je crois même avoir lu des livres à l'eau de rose dans ma jeunesse qui l'étaient plus que çà…

La fin ? En queue de poisson, puisqu'il faut bien justifier l'existence d'un tome 2, et même 3…

Des points positifs ?
La relation dominant-soumise est présentée d'une façon abordable par Christian…
Il y a quelques (rares) passages touchants…

Ce qui est vraiment dommage dans tout cela, outre la navrante performance littéraire, c'est que le sujet est intéressant et aurait mérité d'être mieux traité; Et surtout avec plus de tolérance puisqu'Anastasia n'arrive pas à dépasser la particularité de Christian, et le considère comme traumatisé.
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Questionnement métaphysique du lundi matin ^^
A qui peut bien plaire ce livre « Arlequin » qui s'autorise une virée dans un univers du sado masochisme ?
Personnellement j'ai du mal à concevoir que « chosifier » une femme en lui proposant de se soumettre physiquement soit « amusant » !

J'aurai aimé que Anastasia Steele puisse hurler à son bourreau de jeu :

J'exige que tu t'extirpes de ma vie,
Que tu m'oublies,
Que tu me laisses tranquille,
Que tu t'exiles vers d'autres corps fertiles à tes
50 nuances de folies !
Que tu t'expatries vers d'autres corps consentants
à tes jeux de domination !
Que tu testes ta salle de jeu
Avec d'autres oubliés de la douceur
Et de la sensualité.

Différence de classe sociale
Déférence imposée ?
Toi le puissant
Moi l'étudiante !
Penses-tu pouvoir me
Soumettre avec ton argent ?
Tu es malsain sans concession,
Avec ou sans contrat…
Tu t'amuses de ma carapace d'âme,
En me punissant,
En me frappant
En m'observant.

Tu jouis de me voir soumise.
Car tu as trop peur de ma force
Tu m'enlèves la volonté,
De te toucher,
De t'aimer.

Tu me laisse juste le désir et
Un plaisir dans la douleur !
Je suis un jouet entre tes mains !

Je suis bien trop fragile pour ta lame :
Qui attache cette corde rouge,
Autour de mes poignets,
Autour de mes chevilles !
Qui suspend,
Qui impose,
Qui exige,
Qui afflige,
Qui Frappe,
Qui saisit l'avenir et le détruit sans état d'âme.

Christian Grey,
Tu rejettes tout ce qui est beau et doux,
Trop présent à toi-même,
Trop sûr de ton pouvoir,
Trop sûr de ton influence,
Tu disciplines les fragments de vie en les rendant
insignifiant,
Tu colores de noir tous mes états d'âmes,
Tu régis ton royaume de soumission au mal,

Oh, Toi ma souffrance si présente
à qui je dis adieu pour toujours !
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Je ne pouvais pas rester comme ça, tout le monde en parle, tout le monde l'a lu (même mon père ! Vous vous rendez pas compte, mais c'est pas rien). Il fallait que je sache, Je ne m'étais pas senti aussi ignorant depuis Davinci Code (sauf que Davinci code, au fond, c'était pas si mal).
Alors, n'écoutant que mon coeur et mon courage, je me suis lancé dans la lecture de ce roman à la réputation si sulfureuse... pour en arriver à ce dur constat, ( que j'ai le droit d'avancer, oui car quand même je l'ai fini) et qui n'implique que moi : c'est vraiment, comme me l'avait dit ma professeur de Français au lycée après mon exposé sur ça de Stephen King, mais alors vraiment, pardonnez moi l'expression, du "caca littéraire" cousu de clichés et de situations navrantes qui m'ont fait perdre une fois de plus complètement foi en l'humanité.
Alors pour ceux qui n'ont pas mon courage et qui veulent savoir, je vous résume le livre en quelques lignes :
Christian Grey, jeune homme, très riche, très beau, très intelligent, aux cheveux blonds et magnifiquement bouclés, qui porte des pantalons qui lui tombent sur les hanches de la manière la plus sexy du monde et qui s'adresse au gens en penchant la tête sur le coté, dont la seule ombre au tableau est de vouloir donner des fessées aux gens qu'il aime bien, tombe follement amoureux d'Anastasia Steele (oui, même son nom est un cliché), jeune fille, un peu gourde, d'un milieu modeste, vierge, sans aucune expérience de la vie en général mais néanmoins jolie et qui s'adresse aux gens en se mordillant la lèvre.
Alors oui, forcément, une pucelle et un homme d'expérience adepte de la fessé, ça fait pas bon ménage.
Donc pendant cinq cents soixante pages, Christian va essayer de faire comprendre à Anastasia qu'on peut aimer quelqu'un et lui mettre des tartes dans la gueule.
Il ne me reste plus qu'à préciser que tout cela est vraiment très mal écrit (ou mal traduit, j'accorde le bénéfice du doute sur ce coup là) et on a fait le tour de la question.
Au moins, maintenant je sais, ma curiosité est satisfaite, je ne pousserai pas le vice à lire les deux autres tomes. (mon père me racontera)
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