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3,57

sur 1322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Flippant, glaçant, élégant. C'est fou comme certains textes résonnent par leur côté intemporel et efficace. Une nurse, embauché par un mystérieux oncle pour ses deux neveux, à la condition qu'elle ne le dérange absolument jamais. Un personnel mutique, des enfants apparemment parfaits, mais... Mais ! En fait c'est bien une histoire de fantômes, de maison hantée, en un heureux mélange entre le Horla de Maupassant et Downton Abbey version Jane Austen. Bien entendu, le suspense n'est pas moderne au sens propre du terme, mais totalement intemporel, et les techniques pour faire monter l'angoisse sont brillantes.
J'ai énormément pensé au film "Les autres" d'Amenabar (et pour cause, le réalisateur s'est inspiré du livre...) : même ambiance, même brume latente, même frisson glacé dans le dos.
Un classique qui a du bon !
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Une soirée entre amis au coin du feu, on se raconte des histoires pour se faire peur quand un membre de cette communauté de nantis propose de leur raconter une histoire vraie. L'histoire d'une gouvernante embauchée pour s'occuper des nièce et neveu d'un homme riche dont les parents sont décédés récemment. Faisant monter l'impatience de ses amis, il fait chercher le manuscrit, et quelques jours plus tard, commence la lecture du journal de cette gouvernante. Lors de son embauche, elle a promis de ne jamais faire part de ses soucis à son employeur qui ne souhaite en aucun cas entendre parler de ces neveux.
Rapidement, la jeune femme découvre Flora et Miles, deux adorables bambins. ils sont parfaits, appliqués à l'étude, équilibrés... Miles s'est fait exclure de son école mais elle ne comprend absolument pas pourquoi. Elle ne parvient pas à admettre qu'il ait pu faire le mal. ils sont tellement parfaits que la gouvernante s'en étonne.
Un jour, elle fait l'expérience d'une vision étonnante, un individu les observe fixement. En en parlant à sa collègue de travail, elle parvient à identifier cet homme, il s'agit de Peter Quint, qui entretenait une liaison avec la précédente gouvernante, Miss Jessel. Or, les deux sont morts peu avant son arrivée. Rapidement, la gouvernante pense ne pas être la seule à voir ces fantômes, les enfants les voient très probablement aussi même s'ils font attention à ce que cela ne se remarque pas.

Avis personnel
Le tour d'écrou, ce titre est tellement bien trouvé ! A chaque page, on ressert un peu plus l'étau et l'angoisse monte d'un cran. La gouvernante est-elle folle ? L'est-elle devenue après son expérience mystique ? Sans savoir qui croire, on plonge dans ce huis clos mettant en scène des enfants effrayants, une gouvernante volontaire et décidée à sauver ses protégés, des spectres presque réels.
Cette longue nouvelle est très bien écrite dans ce style typique du XIXème siècle utilisant de longues phrases élégantes. le genre est peu commun puisqu'elle aborde le fantastique... ou la maladie mentale selon comme on adhère ou non aux affirmations de la gouvernante.
J'ai été un peu déçue par la fin que je ne suis pas parvenue à m'expliquer.

J'ai eu l'occasion de voir l'opéra tiré de cette nouvelle, jouée par les élèves de l'opéra de Lyon. Malheureusement en Anglais mais avec quelques projections de paroles en Français. Une très bonne mise en scène m'a permis de comprendre l'intrigue et d'avancer dans son interprétation.
Lien : https://christine-lecture.bl..
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Henry James nous propose ici un court récit digne des romans gothiques, tels que les Mystères d'Udolphe ou le Cousin Sylas.

En effet, nous suivons une jeune femme qui prend ses quartiers comme gouvernante dans une vieille demeure anglaise pour s'occuper de deux enfants. Leur oncle la paye pour s'en occuper mais il ne veut surtout pas avoir à faire ni à elle, ni aux enfants.

Mais voilà qu'après plusieurs semaines dans cette maison, la jeune femme (dont on ne connaîtra jamais le nom) sent des présences rôder et se rend compte que les anciens employés morts reviennent hanter les lieux.
Mais pire encore, elle est persuadée qu'ils s'en prennent aux enfants et que sans son intervention, ils seront perdus.

Pendant toute la lecture du récit, Henry James joue avec le lecteur, le laissant se débattre avec ses propres impressions: cette femme voit-elle vraiment ces fantômes et nuisent-ils véritablement les enfants? ou bien n'est-ce que le fruit de son imagination dérangée et son besoin inébranlable de protéger coûte que coûte la pureté des enfants? Jamais personne d'autre qu'elle ne verra les fantômes et même si la gouvernante se trouve une alliée en Mrs Grose, jamais nous n'avons le preuve tangible que tout cela peut avoir un fond de vrai.

J'ai beaucoup aimé cette atmosphère incertaine, et ce retour constant sur nos propres impressions concernant la narratrice. Mais il m'a été parfois difficile de comprendre vraiment toutes les choses car le style est assez précieux et les circonvolutions gâchent parfois le fond, me laissant dans l'idée que j'ai laissé passer certaines choses dans ma lecture.
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Une jeune gouvernante est embauchée pour s'occuper d'un frère et d'une soeur, orphelins à la charge de leur oncle. Seule condition : ne pas déranger le maître. La voilà donc qui s'installe au manoir de Bly.

Petit à petit, dans une ambiance oppressante, la jeune fille commence à s'inquiéter : qui est cet homme roux qu'elle a vu un soir la fixer en haut d'une tour ? Qui est cette étrange femme torturée qui apparaît ? Quel est le lien avec ces deux chérubins, glaçants de perfection ? Miss Grose, l'intendante, pourra-t-elle l'aider à déchiffrer ces phénomènes mystérieux ?

Le coup de maître d'Henry James, c'est toute l'ambiguité qui se dégage de ce récit déroutant : le manoir est-il vraiment aux prises avec le surnaturel ? Ou la jeune gouvernante est-elle simple victime de son imagination fantasque ? Les jeunes enfants dont elle a la charge sont-ils envoûtés et maléfiques ? Ou bien des enfants débordant d'imagination qui jouent tout simplement ?

Une plume léchée qui sert le récit, une atmosphère angoissante, des personnages exaltés...

Un court roman riche en émotions contradictoires, entre fascination et répulsion. Une découverte très intéressante.
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Nouvelle publiée en 1898, « Le Tour d'écrou » mêle quotidien et fantastique dans un décor solitaire : une vieille demeure anglaise Bly. le début est idyllique mais devient très vite angoissant et cauchemardesque.
Les fantômes existent-ils vraiment ? Les enfants les voient-ils réellement ? Ou est-ce l'institutrice qui projette ses propres fantasmes et exaltations sur des innocents. C'est vraiment un huit clos très angoissant qui monte en puissance au long du roman.
Impossible de démêler, dans le roman, ce qui relève du fantastique pur ou de l'imagination morbide de la narratrice. Les spectres existent-ils vraiment ? Les enfants les voient-ils réellement ? Ou bien est-ce la gouvernante qui projette ses propres fantasmes et névroses sur des innocents ?
Hallucinations ou présence réelle ? le lecteur ne peut, je pense à aucun moment savoir. Là est la puissance de l'imagination de Henry James à suggérer, mais à ne pas dévoiler explicitement. L'auteur brouille si savamment les pistes que même la fin ne permet aucune certitude.
C'est la première oeuvre de Henry James que je lis et je pense pouvoir dire que ce ne sera pas la dernière. J'ai beaucoup apprécié son écriture, ses non-dits, le suspens induit, et cette atmosphère un peu vieille Angleterre que l'auteur américain a su si bien décrire dans le huit-clos vécu par nos protagonistes.
Expérience à renouveler

Challenge 19ème siècle.
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Une belle découverte
Lien : http://matilda-hermione-et-m..
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Le tour d'écrou, chef-d'oeuvre de Henry James, me laisse pantois, sonné, hagard. Moi qui ai l'habitude d'encenser les classiques, je me trouve bizarrement confronté à une énigme qui m'apparaît insoluble et je pense qu'elle l'est ; que le fond, le secret de l'histoire que constitue cette énigme n'est en fait qu'un prétexte, un magnifique prétexte au déploiement savamment orchestré d'ingrédients qui font de ce livre un modèle de genre et de style. le coeur de l'histoire, le seul intérêt que j'y ai trouvé, c'est sa forme.


Dès le début, le ton est donné avec des dissonances et des contradictions, une façon de souffler le chaud et le froid qui est devenue presque agaçante au fil des pages tout en lui conférant un ressort indéniable. L'atmosphère de plus en plus étouffante est très réaliste et les personnages sont très bien campés dans leurs attitudes et dans les dialogues. Cependant, tout ce qui accompagne cela, c'est-à-dire les analyses de la narratrice, sème la confusion en tournant autour du pot dans une sorte d'excès de description de ses états d'âme pareille à un serpent qui se mordrait la queue.


Les non-dits sont bénéfiques à l'intrigue et au suspense. Mais trop de non-dits crée une sorte de distorsion et tout devient tellement tendu que l'ensemble se relâche de fatigue et de lassitude dans mon esprit de lecteur. L'excès d'opacité et la fragilité des points de repère finissent par égarer le petit lecteur que je suis qui ne sait plus vraiment pourquoi il lit cette histoire.


L'auteur sait tenir en haleine par divers effets dont c'est un maître reconnu : les effets de narration, les dialogues, les images. Tout cela est magistralement déployé devant nous. Mais ce qui habille l'histoire semble prendre plus d'importance que le fond et, au lieu de me demander : « Que se passe-t-il à la fin ? », je me suis plutôt demandé : « de quelle manière cela va-t-il se passer ? » Avec toutes les possibilités ouvertes par les ambiguïtés du récit, les pires choses imaginables semblent possibles. Tout n'est lié qu'à la perception, aux apparences ; et le lecteur doit composer avec cela au fil d'un récit où les repères n'en finissent pas de vaciller.


On finirait par croire la narratrice folle ou les enfants des envoyés du diable. C'est l'effet que l'auteur a voulu produire sur l'esprit du lecteur qui prédomine. L'histoire en soi n'est qu'une illusion d'optique. Il nous montre les effets de la force de suggestion sur l'esprit du lecteur, faisant de son Tour d'écrou un véritable tour de force.


Je crois qu'on ne peut plus vraiment apprécier ce genre d'effet aujourd'hui. le cinéma concurrence ce genre de livres qui l'ont d'ailleurs inspiré. Les histoires de revenants sont tellement éculées qu'on en est blasé. Si on a vu Sixième sens, Les autres, L'orphelinat, Apparences (pas tout à fait un film de revenants mais dans la même veine), sans parler des séries Walking dead et autres, on ne peut pas être vraiment choqué par ce genre de livre. On prend conscience de ce que le cinéma de suspense et la littérature noire doivent énormément à James et Lovecraft entre autres.


Henry James, qui appréciait infiniment Flaubert, a peut-être lui aussi voulu produire un livre « qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style ».
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Une histoire de fantôme écrite par un des grands écrivains anglo-saxons (dont la rénommée outre-manche et outre-atlantique est comparable à celle De Maupassant chez nous). Cette histoire a fourni la trame d'un opéra de Benjamin Britten (que j'ai eu la chance d'aller écouter à l'Opera de Lyon en 2014 sous la direction de Kazushi Ono). Même si le style en est un peu compassé, un peu alambiqué, j'ai été captivé par cette histoire et la chute est magistrale.
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Roman très sombre. C'est l'histoire des fantômes de deux serviteurs qui viennent tourmenter deux orphelins dans un pourtant riante demeure du XIXème siècle anglais.
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J'espérais trouver dans la nouvelle des réponses aux questions que l'opéra avait laissé en suspens, autant le dire tout de suite, je suis restée sur ma faim!

Le mystère reste prédominant, les personnages tout aussi énigmatiques, tant sur leur passé que sur ce qui se passe réellement dans ce manoir...

Et pourtant, la lecture m'a tout autant séduite que la représentation, j'ai beaucoup aimé la façon dont l'ambiance est posée, la tension qui monte, l'imagination qui met en oeuvre des scénarios les plus terribles les uns que les autres...

Et c'est bien là la richesse de ce texte, on peut y trouver tant de strates différentes!
De la "simple" folie de la narratrice, ou d'une classique "histoire de fantômes" à la dénonciation des abus sexuels envers les enfants, des personnages bien plus complexes qui ne le paraissent au premier abord (l'institutrice peut-être pas si "blanche" que cela) , la place des femmes et des enfants dans la société de l'époque, le monde des domestiques, beaucoup d'ambiguïtés en tout cas qui mettent le lecteur à forte contribution pour sortir de ce dédale!
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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