Cher Gesufal,
Je me suis longtemps demandée comment débuter ce billet : devais-je vous interpeller par le classique "cher Don Benvenuto", le mystérieux "Don B", vous donner la totalité "cher Don Gesufal Benvenuto", ou bien à la française "
Monsieur B" ; j'ai finalement opté pour de l'intime, du simple et de l'efficace, parce que les ronds de jambe, ça n'est pas votre truc.
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Je trouve votre créateur bien injuste de vous qualifier de fripouille haïssable et d'infréquentable personnage. Certes, vous êtes un gredin, un assassin, un barbare bourru, cynique, taciturne, alcoolique, violent, mais dans le fond, je vous comprend. Je ne cherche pas à justifier vos méfaits et vos penchants pour poinçonner vos compatriotes, tout ceci est mal, mais dans le monde dans lequel vous évoluez, ma foi, il faut bien sauver sa peau. Et jamais je n'ai remis en cause votre devoir impérieux de vous dépatouiller de cette fosse à purin que vous appelez Ciudalia la Courtisane. Une ville exceptionnelle balotée entre le rayonnement vil de sénateurs véreux, les calculs d'une politique toute controversée et le génie d'un pouvoir tiraillé.
Oui, vous êtes un fiéffé menteur, ou plutôt, vous êtes l'auteur de ces mémoires, libre à vous donc de laisser libre court à votre mauvaise foi et votre vision biaisiée de la réalité, de toute manière, nous n'avons que votre version de faits, il faudra nous en contenter.
Et j'avoue que contentement il y eut. Suivre vos aventures fut souvent cocace, parfois irrévérencieux, toujours savoureux. Votre cynique ne sert qu'une passion irraisonnée pour la vie. Votre noirceur accompagne parfaitement celle de votre quotidien.
Souvent, j'ai haussé les sourcils tout en me gourmandant pour avoir ri de vos frasques. Pas bon pour le karma.
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Car la seule question qui se pose suite à ce lourd pavé que représente votre récit de vie est celle que je vais poser à mon aimable lecteur : peut-on qualifier de détestable celui qui assassine pour sauver ses miches ? Vous avez 4h.
Car oui, j'ose le dire haut et fort, Gesufal, vous êtes une victime !
Aussi, j'en viens au but premier de cette missive qui ne cherchait pas à vous enduire d'huile à brosser le poil, accepterez-vous de vous joindre à moi pour le dîner, pour ce soir ou pour un autre ?
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Elby