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sur 2508 notes
J'ai mis du temps à lire Gagner la guerre après avoir dévoré Janua Vera, mais ce fut lors d'un épique voyage en Italie (je l'ai lu uniquement durant les quelques moments en bus) qui seyait parfaitement à l'ambiance de ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski.

Gagner la guerre débute par un premier chapitre juste parfait : Benvenuto (entrevu dans la nouvelle « Mauvaise donne » dans le recueil Janua Vera) est présent sur un navire de guerre soumis aux assauts des ennemis de la cité-État de Ciudalia ; il agrémente sa défense de commentaires acerbes sur sa condition de mercenaire mais finit par accomplir ce pour quoi il est présent, le reste se passe de commentaire. le récit de Gagner la guerre suit les affres de cet assassin-espion au service d'un politicien véreux qui cherche à contrôler sa cité-État à tout prix, en sacrifiant s'il le faut ses plus proches parents et collaborateurs, et c'est la plume de Jean-Philippe Jaworski qui fait le reste, de très belle façon.
Comment caractériser le style de Jean-Philippe Jaworski ? C'est juste, c'est précis et tellement fluide. D'abord, cet auteur s'appuie sur une érudition et une documentation extrêmement solides. Cela peut prendre place dans quelques longues descriptions, mais c'est tellement bien écrit avec une culture foisonnante et des références au monde concerné (celui du Vieux Royaume ici divisé entre des influences italiennes de la Renaissance, arabisantes et centro-européennes) que vraiment tout passe avec une simplicité déconcertante. Nous pourrions nous dire que plus le style est léché, travaillé, recherché, plus la lecture est hachée ; eh bien non, c'est tout l'inverse ! Jean-Philippe Jaworski joue avec les mots comme d'autres jonglent avec les balles, chaque péripétie arrive naturellement (pour le lecteur, moins pour le protagoniste) et c'est tout autant un plaisir de progresser aux côtés de Benvenuto qu'un déplaisir de devoir finalement refermer ce roman fleuve.

Gagner la guerre est donc forcément un coup de coeur, un pavé avalé à une vitesse folle qui ne propose pas un aussi grand panorama que ne le faisait le recueil Janua Vera, mais démontre que, même pour un premier roman, il est possible de faire preuve d'une grande maîtrise de la langue et d'un sens pointu de la narration. Magistral !

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Quel roman, mais quel chef d'oeuvre! Les Anglais ont Tolkien, les Américains ont Martin et nous avons Jaworski. Vous trouvez que j'exagère? Attendez avant de passer votre chemin, j'ai des arguments!

En résumé, chose peu banale, en littérature, nous sommes du côté des méchants! En effet, nous nous trouvons au coeur du Vieux Royaume dans la République de Ciudalia, en proie à un conflit avec le royaume voisin de Ressine. Le personnage principal n'est autre qu'un membre de la guilde des Chuchoteurs, un assassin professionnel du nom de Benvenuto Gesufal. Ce dernier est à la solde d'un des deux podestats de Ciudalia, l'ambitieux, Leonide Ducadore et se retrouve mêler aux intrigues politiques de sa cité, notamment lorsque son patron lui réclame de faire du ménage parmi ses concurrents!

C'est sûr, lorsque l'on voit le gros pavé en tête de gondole de la librairie, ça ne donne pas forcément envie du premier coup d'oeil. En effet, il faut se les farcir les 980 pages et je pense que cela pourrait rebuter les moins courageux d'entre nous! Mais, dès que l'on se plonge dedans, on est tellement happé par l'histoire, qu'en fin de compte, on arrive très vite à la fin.

Au niveau du style d'écriture, je dois dire que c'est extrêmement bien écrit : c'est fin, raffiné, précis! Un vrai travail d'historiens : j'avais même l'impression de lire un ouvrage d'histoire sur le clan des Médicis de Jacques Heers ou un récit d'un contemporain de la Renaissance Italienne comme Vasari ou Machiavel. D'ailleurs, dans sa topographie, la ville de Ciudalia s'apparente pour moi à Venise et dans son gouvernement et son organisation sociale, plutôt à la ville de Florence. La concurrence entre les grandes familles ciudaliennes m'ont fait penser aussi à celle des Médicis et des Pazzi. Quant au Podestat, c'était plutôt un mélange entre l'empereur Auguste qui a mis fin à la République Romaine au Ier siècle avant J.-C et Cosme l'Ancien, le fondateur de la famille Médicis qui a vécu au XVème siècle, à Florence.

Le style d'écriture est également drôle et intelligent surtout lorsqu'il adopte le point de vue de Benvenuto Gesufal : d'habitude, je ne suis pas très fan du point de vue interne. Je préfère le point de vue omniscient. Mais, pour ce coup-là, c'est très réussi. Le personnage de Benvenuto est tellement truculent - même s'il reste un parfait enfoiré (si, si!) - on ne peut s'empêcher de le prendre en sympathie et d'avoir presqu'envie qu'il s'en sorte! J'ai également beaucoup apprécié le personnage de Leonide Ducatore, il est certes ambitieux et machiavélique mais il est rusé, fin politique et très charismatique. Néanmoins, il reste aussi peu recommandable!

Au niveau de l'intrigue, on ne s'ennuye jamais. Il y a de nombreux rebondissements : les seuls temps morts, qui m'ont agacés, se situent lors du séjour de Benvenuto à Bourg Preux. Sa rencontre avec des elfes ne m'a d'ailleurs pas paru vraiment nécéssaire. Je pense qu'il y avait assez d'éléments de fantasy pour ne pas les rajouter. Enfin, pour moi, ce qui fait la force du roman, c'est le réalisme. Il n'y a aucun manichéisme : c'est violent, vicieux, sale, corruptible et cru. Les bons sentiments et l'idéalisme sont mis de côté ; les relents de la Nature Humaine exacerbés! C'est une vraie réussite!

En conclusion, un des meilleurs romans de fantasy que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui. Je le place même dans mon Top 3 après le Seigneur des Anneaux et le Trône de fer. Je ne manquerai d'ailleurs pas de me faire gourou et de convertir mes proches à la lecture de ce livre! Quant au reste de la bibliographie de Jaworski, je compte bien attaquer prochainement Janua Vera! Alors, convaincu d'ouvrir ce pavé?
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Les royaumes de Ressina et de Ciudalia sont en guerre. Côté Ciudalien, sorte de société située quelque part entre la rome antique et la renaissance italienne, le pouvoir est aux main des deux Podestats. Sauf que l'un est mort, et que la guerre impliquant l'état d'urgence, tout est entre les mains de Ducatore. Lequel a envoyé Benvenuto Gesufal sur la frégate de mer commandée par un homme important qui est en mesure de remporter l'adhésion des foules et de prendre le pouvoir. D'ailleurs, nous sommes en pleine bataille maritime, et Gesufal a mal au coeur, n'ayant pas beaucoup le pied marin, ce qui lui vaut un certain nombre de pensées poétiques, voyez donc : "Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n'ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c'est plus gras, c'est plus trouble et plus limoneux que le pot d'aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c'est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l'ivresse." Mais ça ne l'empêchera pas de voir la flotte ciudalienne mettre une raclée aux Ressiniens. Et puis, ne le dites pas, mais Benvenuto Gesufal est un chuchotteur, un maitre assassin quoi. Qui ne doit obéissance qu'à celui qui le paie. Et celui qui le paie a bien l'intention de gagner la guerre !

Je vais vous dire... Dans Gagner la guerre, il y a trop de tout : trop d'intrigues, trop de morts, trop de personnages (ça va avec !), trop d'actions, trop de revirements de situation, trop de magie et d'elfes (non, là c'est parfaitement dosé !), trop d'humour, trop de coups tordus, et j'en passe et des meilleurs ! Mais tout ça, qu'est-ce que c'est bon ! On aurait pu frôler la crise de foie, mais Jaworski nous emballe et entraine dans la folle sarabande de Don Gesufal tant qu'à la fin, on en redemande encore, et on regrette qu'il n'y ait qu'un peu moins de mille pages à l'ouvrage !
Jaworski confesse Gesufal avec une gouaille réjouissante, mélange de formules alambiquées piquées de vocabulaire crû qui surprend et vient rythmer le tout. le personnage principal assez atypique, attachant malgré ses mauvaises manières, retors tout autant que digne de confiance (oui, je sais...), malin comme un signe et qui se fait avoir comme un bleu. J'ai trouvé particulièrement réussi (je me limite volontairement dans le choix de ma liste) : l'organisation de la Ciudalia décadente, l'introduction dans le récit de la magie et des elfes, les dialogues, l'humour noir qui flotte à chaque ligne, etc...
Alors oui, tout n'est pas toujours hyper crédible (m'enfin bon, c'est quand même de la fiction qui tient au registre de la fantasy !), et il y a bien quelques longueurs, de temps à autre... mais... Gagner la guerre est un livre à la fois drôle et intelligent, écrit d'une plume (ré)créative. Brillant !
Un énooooooooome merci à Dixie qui me l'a offert pour mon joyeux anniversaire : j'aimerais vieillir plus souvent :-))
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Enfoiré, quel mordant ! Gagner la guerre est un gros morceau qui se dévore à pleines ratiches. Certaines bouchées restent coincées dans le gosier tant c'est dérangeant et violent mais bien d'autres sont savoureuses tant c'est subtil et truculent.
Benvenuto Gesufal, notre serviteur et narrateur que l'on aime détester et que l'on déteste aimer, nous livre sous forme d'aveux les tractations menées et les biens basses oeuvres commises pour le compte de son patron, le retors Podestat de la République, Leonide Ducatore, afin de gagner sa guerre.
Jaworski nous plonge dans son univers le Vieux Royaume et sa capitale Ciudalia, un monde fictionnel riche inspiré de l'Europe de la Renaissance, où se mêlent intrigue politique et vendetta, magie et nécromancie, fines lames et soudards, méchants et très méchants... entre autres choses, le tout s'imbriquant à la perfection. Gagner la guerre c'est du lourd ! Un premier roman pour Jaworski, un premier Jaworski pour moi et j'ai tout bonnement adoré !
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui se distingue par son style narratif, rarement il m'aura été donné d'être dans l'intimité d'un personnage à ce point.
La construction de cette histoire est diaboliquement captivante, les intrigues sont tordues à souhait et les rebondissements assez souvent imprévisibles maintiennent l'intérêt jusqu'au bout du bout (et ça ce n'est pas si courant voyez-vous).
Le personnage principal n'est pas gentil du tout mais ne sombre jamais dans la caricature, peu de facilités dans ce récit qui reste le plus souvent dans le crédible, ce qui change un peu de ce qu'on a l'habitude de lire, les personnages "secondaires" sont d'une belle densité et à l'arrivée ce ne sera pas forcément le plus intelligent qui gagnera (la guerre ?).
En fait, je me suis surpris à me dire après 70 pages que j'étais en train de savourer ce livre, oui je me suis délecté littéralement, lisant et relisant certains passages et riant franchement à d'autres.
Je n'ai pas trouvé de points faibles à cette histoire, si je voulais ergoter un peu, je parlerais de deux ou trois descriptions un peu longuettes peut-être, mais c'est bien relatif non ?
Ce livre entre sans hésitations dans mon "top 10", et je vais me retrouver orphelin quelques temps je le crains, un peu comme après la lecture de la horde du contrevent, plaignez moi :)
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Don Benvenuto, tu pouvais pas allonger le pli ? Si c'est du vélin qui manquait, fallait dire ! Parce que si c'est ça, y a pas à ergoter, je veux bien faire un casse aux archives départementales du coin et dégoter quelques vieilles peaux à une ou double queheux ! Pas de soucis ! Il suffira de gratter un peu et hop ! On repart sur la suite de l'histoire … J'ai pas mes entrées, mais on peut toujours essayer ! Avec toi dans les basques, cela devrait le faire ! Sinon pour pas jouer les larrons, voir à leur proposer un deal : en échange je veux bien négocier un prêt au denier seize (quatre, c'est trop pour ma prébende, je voudrais pas que mes hoirs fassent la gueule). Parce que j'ai vraiment, vraiment, vraiment envie de continuer l'aventure...
Je sais ce que tu penses, j'ai bien pigé le message :

« Et vous, oui, vous ! mon très cher lecteur ! Vous vous prélassez bien au chaud, sur votre coussiège favori ou dans la cathèdre de votre cabinet de lecture, en tournant d'une main indolente les pages de ce volume où je risque bien de perdre ma santé, ma vie, sans compter ma réputation. Est-ce que vous mesurez seulement ce que j'ai sué, d'angoisse et de labeur, sur l'ouvrage que vous avez le culot de parcourir comme un conte divertissant ? Vous vous rendez compte de ce que je risque, à vous dévoiler ainsi les dessous de la politique ciudalienne ? Vous croyez peut-être que je fais ça uniquement par plaisir ? Ou par malveillance ? Vous croyez qu'on accouche d'un pavé pareil seulement pour l'agrément de cafarder ?
Tant de légèreté, tiens, ça me dégoûte ! »

Je comprends bien, mais, faut pas la jouer comme ça ! Moi, je savais pas ! Je suis tombée sur Marple et sa critique d'enfer et hop ! Deux trois clics sur les moutons électriques, pour un prix modique (t'es sûr d'avoir bien converti ?), et c'était dans la liseuse ! En plus quand on s'allie à des pointures comme Arnaud Cremet pour vous pondre une couverture de dingue ! Faut pas nous faire les yeux fris du mec étonné !
Puis quand je me suis rendue compte que j'étais ferrée, c'était trop tard, j'étais déjà fichue !

Alors, si j'ai le droit qu'à une question, une seule, je vais pas en faire des rallonges, ni babiller pendant des plombes. Cela va être clair, net, précis :
« - C'est quand que tu reviens ? »
Lien : http://page39.eklablog.com/g..
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Wahw, quel voyage! Je ne me suis pas encore tout à fait remise du décalage spacio-temporel...
On peut dire que Jean-Philippe Jaworski a un sacré talent pour la narration et pour nous faire perdre la notion du temps qui passe. J'avais vraiment beaucoup de mal à me détacher de ce roman de près de 1000 pages mais qui se dévore avec une facilité fabuleuse.
Bon, l'univers déjà est très réussi. On y retrouve des contrées imaginaires mais qui, par leurs moeurs et leur géographie, font directement mouche et qui nous renvoient à une imagerie très claire. Toutefois, l'auteur entreprend d'en développer toutes les facettes : politique, société, arts, religion, culture...l'univers ainsi créé est vraiment riche et très cohérent.
Sur cette base, l'auteur nous taille un héros pourvu d'une gouaille et d'une verve aussi démesurée que son talent d'assassin et de bretteur. Car oui, le héros n'est pas vraiment un gentil mais quel plaisir que de suivre ses aventures aux très nombreux rebondissements!
Car, pour ça, le lecteur va être servi et, qui plus est, va être baladé de complots en vendetta, de quêtes initiatiques en rencontres inattendues, de trahisons en manipulation et tout cela est, de plus, emprunt d'une magie très présente mais relativement discrète.
Les différents personnages, le héros en premiers mais tous les autres ne sont pas en reste, sont très intéressants, très crédibles et très complexes.
Le rythme est parfaitement maîtrisé et le lecteur est tenu en haleine d'un bout à l'autre de cette histoire qui est très noire, sans faux-semblants et sans gentillesse. Car il faut avouer que les sentiments d'amour ou d'amitié sont loin d'être courants dans ce livre.
Seul petit point noir : je trouve tout de même que le style, très dense, aurait mérité d'être un peu allégé. J'ai trouvé que (souvent) l'auteur en faisait des tonnes pour raconter quelque chose de relativement secondaire. Oui, ça fait partie du plaisir de ce livre, je le conçois...mais il fallait bien que je trouve quelque chose à redire...
Bref, ce roman en vaut réellement la peine, il faut le lire, il faut le vivre.

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Ouh PINAISE !!! Paf !
La baffe du mois de Septembre 2014...
Lire 979 pages en quasi-apnée et en ayant du mal à lâcher le bouquin, ça ne m'arrive que rarement, ben voilà, c'est fait !
C'est ébouriffant et on ressort de cette lecture tout échevelé !

J'ai lu tellement de mots, de toutes sortes, des beaux, des rigolos, des poétiques (sisi les descriptions le sont), des argotiques, des guerriers, des tellement justes, que j'en ai perdu les miens, et je ne sais plus trop quoi dire à propos de ce bouquin (et puis tout a déjà été dit plus haut), si ce n'est :

Jaworski, c'est bon, lisez-en ! Juste un petit conseil : avant, lisez Janua Vera. C'est beaucoup moins long et ça situe le monde, la nature des civilisations, des ethnies, puisque je lis que c'est un souci pour ceux qui ne l'ont pas lu avant.

Mon coup de coeur, Benvenuto c'est un type qui n'est bienvenu nulle part, mais qu'on adore ! C'est fou quand même...

Bon j'en rajoute un peu quand même : le style est superbe. Tantôt poétique, tantot argotique, le style s'adapte au genre de texte : les descriptions sont magnifiques (j'en ai trouvé certaines un brin longuettes, ici, contrairement à dans Janua Vera), certaines remarques m'ont fait exploser de rire, Benvenuto est à la fois cynique, brutal, très "auto-préservation", mais aussi avec un certain sens moral, malgré tout. Sa qualité principale étant sa lucidité sur lui-même, de mon point de vue... Les passages sur ses souvenirs d'enfance sont plein d'émotions, le personnage est ultra-attachant, et comme c'est un texte en "je", bien qu'il prétende régulièrement "enfumer" son lecteur, on sait bien qu'il est souvent sincère.
Je crois pas avoir déjà été attachée comme ça à un personnage assez immonde dans le fond, à part peut-être Glotka de "La première loi", ils sont parents proches ! ;-)

(Relecture début 2018 (fini le 12/01/2018), c'est encore meilleur ! Si je pouvais mettre plus d'étoiles je le ferais !) Comme je disais ailleurs, faut pas être trop bégueule pour apprécier, sur le fond, la pourriture, c'est le sujet même du bouquin. Mais ceux qui aiment la dark fantasy et n'aiment pas ce bouquin sont, de mon point de vue, totalement incohérents, parce que là, on nage en pleine dark fantasy, à mort... Quant à lui reprocher son style, c'est le truc le plus dingue que j'ai pu lire au sujet de Jaworski. Limite mauvaise foi...
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Je referme ce livre avec un sentiment mitigé. Cela n'a pas été le coup de coeur auquel je m'étais attendue....

D'un côté, j'ai beaucoup aimé la trame générale de l'histoire et la narration à la première personne. le bagou de Benvenuto est inégalable. Il m'a fait rire plus souvent qu'à mon tour. Au fil des pages, j'ai pu le trouver sympathique (à force) mais pas attachant pour autant. Il y a une scène qui m'a énormément dérangée et qui m'a fait hésiter à poursuivre ma lecture.

D'un autre côté, j'ai trouvé certains passages interminables. Je me suis parfois un peu perdue dans les détails. À un moment, il lance l'accroche « j'ai fait une connerie » et à la fin du chapitre... bref, j'ai toujours un doute. À quelle connerie faisait-il allusion ?

Il est rare que je mette deux semaines pour lire un livre. Je dois cependant prendre en considération le format peu confortable (pour la lecture et la manipulation) de cette édition. Il s'agit de celle des Moutons électriques, un gros pavé carré de 684 pages. La majeure partie du temps, je lis dans le train. le poche c'est ce qu'il y a de mieux quand on est calé dans un coin ou entre deux navetteurs... ^_^ J'ai donc lu d'autres livres en parallèle et j'ai probablement un peu décroché en route... mea culpa !



Challenge pavés 2016-2017
Challenge multi-défis 2017 (5)

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Un sommet ce roman, non en raison de son épaisseur, près de mille pages, mais par la qualité de son écriture, son ton très personnel, l'intelligence du propos. Comme dans les longues randonnées en montagne, j'ai gravi avec bonheur, le plus souvent, des paysages fantastiques et participer à des scènes mémorables, parfois de louables (si, si!) efforts m'ont été nécessaires pour avancer dans cette inénarrable aventure (sinon par l'auteur), mais ce livre méritait bien cette persévérance.

La fantasy , un genre littéraire que je n'avais jamais abordé, du moins dans les ouvrages contemporains mais Gwen21 et d'autres très nombreux ont écrit des critiques tellement enthousiastes que cela a chatouillé ma curiosité. En fait, ce livre est au-delà de ce genre par le style et le peu de scènes où interviennent les créatures propres à ce genre.
L'auteur est néanmoins un créateur de jeux vidéos, il connait donc parfaitement l'univers de la fantasy: Tiers Âge, qui permet de jouer dans l'univers du Seigneur des anneaux de Tolkien, et Te deum pour un massacre, un jeu de rôle historique se déroulant en France pendant les guerres de religion.

L'action du livre se déroule au royaume imaginaire de Ciudalia que l' on peut situer en Europe médiévale, sans doute en Italie: que de combats, de complots , d'intrigues, on tue, on fuit, on se bagarre, on pourfend, on étripe , on s'escampe de nouveau , on conspire, mais toujours dans la fidélité et tout ça pour être finalement trahi; pas de moralité dans cette histoire!
Donc de l'action à foison et même pas une petite histoire d'amour malgré une donzelle nommée Clarissa, qui aura néanmoins quelques importances dans ce récit.

Le héros, Don Benvenuto, une brillante canaille main armée et chef de renseignement du podestat Leonide Ducatore au royaume de Ciudalia, part en mission en mer non pas pour vaincre ses ennemis, c'est fait, mais pour éliminer un personnage gênant l'avenir politique de son maître. (Tout au long du livre j'ai pensé à Belmondo qui serait parfait dans ce rôle).

Belle mentalité ce sympathique et pourtant cynique héros, ce petit extrait en rend compte.
" On se délasse avec les filles qui nous tombent sous le gantelet et puis, pour leur épargner les désillusions sur l'inconstance masculine, on les poinçonne vite fait sur leur lit de délices. Pour que la fête soit plus belle, on décore les arbres et les balcons avec leurs frères,leurs fiancés et leurs maris, le cou joliment cravaté de chanvre. On traite les petits enfants comme de gentils chatons: on les noie au fond des puits "

Mais capable de lyrisme et de poésie quand il s' agit de parler de sa ville natale.
" Au loin, dans l'atmosphère délivrée, l'horizon marin réapparut, vierge de voiles, d'un bleu de nuit strié d'écume. Dans son écrin littoral, voluptueuse et hautaine, Ciudalia émergeait majestueusement du déluge. Un soleil timide, entre deux nuages, vint effleurer son diadème de tours et de dômes. La ville scintilla comme une courtisane au sortir du bain, vénéneuse et parée. Cette vision me mordit le coeur plus méchamment que l'invite d'une belle fille. Entre mes dents serrées, je la traitai de tous les noms. Tels furent nos adieux."

L'histoire pleine de rebondissements est foisonnante et ne faiblit jamais , cependant pour ma part, l'intérêt est essentiellement dans la forme. Lisez les premières pages et peut-être vous comprendrez comment il est facile d'être conquis par ce ton nouveau, riche, plein d'humour, de gouaille, d'élégance aussi! de cynisme, très personnel et on ne peut qu'être bluffé par son style; c'est très intelligemment écrit.
Trop souvent, je lis très vite mais ici ce n'est pas un texte que l'on survole, chaque mot à sa place et on ne trouve pas les lieux communs, les clichés, les poncifs qui foisonnent dans certains livres contemporains.

Aussi, je vous recommande la lecture de ce livre , ne seraient-ce que quelques paragraphes ...Jean-Philippe Jaworski est un auteur, me semble-t'il, que l'on ne peut ignorer.

Livre lu dans le cadre du challenge , Pavés 2015-2016


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