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Citations sur Rois du monde, tome 3 : Chasse royale II, Les grands .. (39)

"J'ai haï ton père, Bellovèse. Je l'ai haï de m'avoir épargné, de m'avoir offert, avec la vie, l'occasion d'accomplir un exploit vide de sens, et la douleur de pleurer sur l'ami abandonné. Je l'ai haï, oui, et je le hais toujours, bien qu'il soit mort depuis longtemps ; et pourtant j’éprouve aussi pour lui une certaine gratitude. Grâce à la terrible leçon d'Autricon, il m'a enseigné une chose essentielle. Grâce à lui, j'ai compris ce qu'est la guerre. Oublie les sottises qu'enseignent les bardes, les druides et les héros. La guerre, elle est comme le puits de la Déesse, ce conduit obscur par lequel circulent le passé et l'avenir. C'est un abîme au fond duquel miroitent des mystères trompeurs : nous dansons tous sur ses lèvres, nous y jouons avec la peur du vide. Et, tôt ou tard, nous y basculons tous."
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Conscient du trouble qui nous gagne, le grand druide consent à prendre la parole. Il s'exprime avec autorité, sur le ton un peu récitatif du répétiteur, comme un maître qui tranche quelque question subtile devant ses disciples. Son propos se déploie pourtant plus obscur que l'échange des deux magistrats.
" Ce n'est pas difficile ! psalmodie-t-il. Examinez les mangeurs, décomptez les étoiles, posez les questions rituelles. C'est un savoir qui vient du berceau des vieillards. Il descend des hautes charpentes ; il coule dans le lit des fleuves ; il remonte les sept sources ; il s'enroule sur l'avant bras de l'épouse de Nodens ; il fuit le long du pays du soleil, au fond de la demeure de la lune, jusqu'au cordon ombilical du jeune homme. C'est l'évidence. Le troisième été ne déroge pas à la règle. Il y a trois blessures mortelles : par l'eau, le fer et le feu : le sacrifice du troisième été célèbre cette perfection. L'offrande agréera aux dieux. Je le sais, je le vois, car nous allons chanter l'épreuve des épées, de la noyade et de la maison de feu."
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Il attirait les ennuis comme le miel attire les ours.
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De la main gauche, il empoigne les cheveux du mourant ; de la droite, il tire l'épée et l'abat à quatre reprises, avec l'indifférence d'un boucher, sur le cou du souverain carnute.
Quand il a fini sa besogne, il passe le trophée à mon oncle. Celui-ci élève alors à bout de bras la tête sanglante d'Orbiotalos.
"Voici mon message, rugit-il à la foule. Je suis le haut roi ! Je suis le chef aux bons jugements ! Je rends toujours ce qu'on me donne : le bien pour le bien, le mal pour le mal !"
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La robe je l'ai rêvée royale azurée,
Brocatelles bordées de broderies dorées ;
Ivresse de femme aimée, éprise et fêtée,
Ma robe de mariée !

La robe je l'ai taillée tout entretissée
D'orties et de renouées richement filées
De fierté et d'achillées, d'ardeurs avivées,
La robe de mon ainée !

La robe je l'ai cousue couleur de ciguë
Piquée de chansons pointues par pointes aiguës,
Parure tout enherbée de fleurs enchantées,
La robe de la puinée !

La robe je l'ai tramée tendrement miellée
De berceuses gazouillées, d'odes galonnées,
De lainages duvetés en douceur d'été,
La robe du dernier né !

La robe ils me la feront frottée de chardons,
Haire rêche d'abandon, rugueuse d'affronts,
Aux filasses de poussière pétries de misère,
Mon suaire de grand-mère.
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Au-dessus des feuillages, le ciel se pare de pastels tendres, d'une douceur d'églantine, d'une promesse de nonchaloir. C'est le deuxième matin de l'été, et dans l'aube qui s'épanouit, les dieux oublient leur bouderie. Les beaux jours arrivent. On mourra dans l'azur.

(P276)
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- "Sais-tu pourquoi la plupart des guerriers sont violents ?
- Parce que ce sont des guerriers."
Malgré l'obscurité, je peux presque sentir le dédain dans son sourire.
"C'est surtout parce qu'ils n'ont pas les mots, me reprend-elle. Faute de parler clair, ils se trompent, ils s'offusquent, ils règlent par les armes les malentendus qu'ils ne sont pas capables de débrouiller par la parole. Tu es un grand guerrier et un grand ignorant, Bellovèse : comme tu manques de lucidité, tu crois qu'on te trompe. Tu reproches à autrui de t'avoir caché ce que tu n'as pas su comprendre par toi-même.
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L'adulte s'est séparé du garçon, en sorte que ce que j'ai vécu jadis m'appartient un peu comme l'histoire de mon père ou celle de mes aïeux : c'est tissé au plus profond de moi sans être tout à fait moi.
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Cueillir les fleurs au bord du chemin, ce n'est pas bien grave. Tu dois en savoir quelque chose, Bellovèse : vous autres, jeunes guerriers, vous faites souvent battre le cœur des filles. Quant aux bardes, ils s'y entendent pour le faire vibrer. Après tout, pour donner du brillant à l'air de la joie, il faut avoir savouré la bouffée du désir qui t'enveloppe quand tu dénoues la ceinture de la belle ; pour rendre poignant l'air de la tristesse, il faut y exprimer l'amertume qui t'accompagne quand tu reprends la route en abandonnant ta conquête... Mais un véritable chanteur ne doit pas s'égarer. Sa réelle maîtresse demeurera toujours sa lyre, et sa vraie passion la poésie. Les amours que lui prodiguent les hasards du chemin doivent raffiner son art, non se substituer à lui.
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On n'est pas seulement un héros les armes à la main. Pour forger une bonne lame, il faut la fondre et puis il faut la tremper. Cela la rend deux fois plus solide, parce que cela ajoute la souplesse à la dureté. Après le feu il me faut donc raconter l'eau. Ma captivité a été une trempe. J'aurais pu m'y noyer ; j'en suis sorti, non pas plus fort, mais plus complet. Je suis resté un homme, dans la défaite comme dans la victoire. J'ai su faire ce que mon père avait refusé d'accomplir.
Dans un certain sens, je finis pas l'admettre, c'est l'esclave qui a fait le roi.
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