Simple et émouvant
1941. Paris sous l'Occupation. Un enfant de 10 ans, Joseph, raconte. Son père tient un salon de coiffure. Un jour, lui et son frère Maurice, doivent porter l'étoile jaune avec l'inscription «Juif». A l'école Ferdinand Flocon, les autres se moquent d'eux et pendant la recréation, ils se battent avec quelques camarades. Joseph fait un échange avec un copain : L'étoile jaune contre
un sac de billes.
Le soir, rentrés à la maison, leur père leur fait le récit de sa vie. Lorsqu'il était petit, il habitait en Russie. le tsar qui régnait à l'époque, envoyait des émissaires pour ramasser les petits garçons. Ils les emmenaient dans des camps pour qu'ils deviennent soldats. le père n'a pas voulu et il est parti. Il est arrivé à Paris où il a réussi à gagner de l'argent comme coiffeur. Maintenant c'est à eux, ses fils, de partir. Ils doivent s'enfuir à Menton en zone libre où leurs frères Henri et Albert vivent depuis le début de l'année. Les parents doivent encore régler quelques affaires avant de partir à leur tour. On leur dit de nier qu'ils sont juifs.
Joseph et Maurice prennent alors l'argent et partent à la gare d'Austerlitz. Direction Dax. Ils passent sans embûches la ligne de démarcation à Hagetmau et après une longue route pleine de péripéties, ils retrouvent finalement leurs grands frères. Mais quatre mois plus tard, leurs parents sont arrêtés à Pau…
Ce n'est que le début des pérégrinations de la famille Joffo qui, au gré des évènements de la guerre, va être dispersée puis réunie, de nouveau séparée et, à la Libération, retrouvée à Paris. Enfin presque : la tragédie est passée par là…
On s'en doute le récit est largement autobiographique. Tout est vu par les yeux innocents de Joseph. C'est l'originalité de ce livre. Ce qui permet de ressentir toute l'absurdité et l'horreur des situations (l'épisode avec la Gestapo niçoise) et surtout la peur, l'angoisse des jeunes héros.
C'est un récit sensible, avec beaucoup de tendresse et même de l'humour malgré la tension palpable page après page. Un livre captivant, touchant, un cri d'amour pour une famille prise dans la tourmente nazie.
Ce livre est donc une réussite mais il faut savoir, pour être tout à fait juste, que
Joseph Joffo a fait appel à un nègre littéraire (
Patrick Cauvin en l'occurrence) qui l'a remanié et réécrit (même chose pour ses autres livres, avec d'autres nègres).