Plutôt qu'un roman jeunesse je dirais que "
Un sac de billes" est un roman pour tous les âges. C'est plus exactement un récit romancé de
Joseph Joffo. Il a écrit tout ce qu'il a vécu durant la deuxième guerre mondiale, bien des années après.
C'est à hauteur d'enfant qu'il raconte ces années pendant lesquelles les familles juives ont été victimes de la Shoah. Lui a eu la chance de resté vivant et de garder une famille unie même si tous ne sont pas revenus. Pourtant, ce n'est pas un livre triste même si le sujet est grave car
Joseph Joffo réussit parfois à mettre une pointe d'humour dans sa narration pour éviter le pathétique.
Le titre est particulièrement bien trouvé parce que les billes est un jeu fréquent pour les garçons à l'époque et cette légèreté, jouer, ne s'oppose pas aux millions de personnes qui vont être exterminées mais montre plutôt une naïveté liée à l'enfance, indispensable pour survivre.
Au début de la guerre, Joseph vit avec sa famille dans le 18e arrondissement de Paris. Ils sont d'origine russe et ont fui les pogroms. Ils arrivent à s'en sortir grâce à la boutique de coiffeur tenu par le père.
Quand Joseph et son frère Maurice de deux ans son aîné sont obligés d'aller à l'école avec une étoile jaune sur leurs vêtements, les bagarres commencent ainsi que le mépris des professeurs.
Si Joseph échange son étoile contre
un sac de billes à son meilleur ami (parce que ce dernier trouve qu'elle ressemble à une étoile de sheriff), il va pourtant devoir quitter Paris en raison du durcissement des mesures antisémites édictées par le gouvernement de Vichy.
Les deux garçons vont prendre le train tout seuls pour rejoindre leurs frères aînés qui se sont déjà enfuis en zone libre. Ils se débrouillent et s'en sortent plutôt bien même si la zone libre ne va pas leur garantir la sécurité. La survie dans le sud de la France se fait grâce à de petits trafics, en respectant la consigne du père : ne jamais avouer qu'ils sont juifs. En fait, ils ne savent pas vraiment ce que c'est, à part la circoncision, car ils n'ont pas de pratique religieuse.
La version audio lu par
Maxime Baudouin est particulièrement bien adaptée au récit avec des changements de ton judicieux quand Joseph raconte ses rêves ou ses cauchemars.
Malgré quelques incohérences, c'est une histoire poignante sur l'enfance en temps de guerre. Cette enfance, dont Joseph et Maurice vont être privés.
Je remercie vivement Babelio et les éditions Audiolib pour ce livre lu qui m'a été offert dans le cadre d'une opération Masse critique.
Challenge XXème siècle 2021