Ardente innocence

En matière de beauté et de grâce, Darley méritait la palme d’or. Grand et mince, il était aussi souple et gracieux que puissant et large d’épaules. En posant sa main sur son bras, elle avait senti ses muscles d’airain. Comme si cela ne lui suffisait pas d’avoir un corps d’athlète, il avait un visage magnifique et ses yeux sombres irrésistibles étaient légendaires, il lui suffisait d’un regard et toutes les femmes lui tombaient dans les bras, disait la rumeur. Elle comprenait maintenant pourquoi.

L’ignominie devait être un trait de caractère de cette famille. En tout cas, si son mari criait après elle une fois de plus, elle l’étranglait sur place, devant tout le monde.
C’était elle qui avait besoin d’un verre, bien qu’elle eût appris à ses dépens, dès le début de sa vie conjugale, que l’alcool et la colère ne faisaient pas bon ménage. Comme l’avenir de son frère était en jeu, elle avait limité sa consommation à un verre de temps en temps.

Qui ne tente rien n’a rien, Charles. Tu ne sais même pas ce qu’elle pense. En ce qui me concerne, je vais me débrouiller pour faire la connaissance de lady Grafton et savoir ce qu’elle pense, elle.

Il y a des moments où je t’en veux d’avoir tout – la beauté, l’argent, un corps d’une virilité hors du commun. J’espère que tu remercies de temps en temps les druides ou les divinités qui se sont penchées sur ton berceau, quand tu es né.

Seuls les hommes riches comme toi n’ont pas besoin de considérer le mariage sous l’angle financier. Je suis sûre que lady Grafton a elle aussi vendu sa beauté pour de l’argent.