« Je viens d’un pays de légendes, celui des fakirs qui marchent sur des charbons ardents et qui avalent du feu. Ils pratiquent aussi l’hypnotisme, le terme exact serait plutôt mesmérisme. Il s’agit d’une technique qui permet de prendre le contrôle d’un autre personne, subjuguer quelqu’un, créer de l’attraction ou de la répulsion, les procédés sont nombreux. Il faut pour cela réciter des syllabes bien particulières, pour fixer l’esprit d’un sujet. Autant vous le dire tout de suite, j’ai rencontré très très peu de vrais fakirs. La plupart d’entre eux sont de simples illusionnistes.
Ce n’était pas de l’amour, ni même de la tendresse mais une emprise si forte qu’elle me blessait.
Nous n’existions qu’en fonction de l’autre, comme si un sort nous avait liés.
Roman et ses yeux vairons, un bleu et un vert, ses fossettes et son indicible cruauté.
Il n’est pas un être humain.
Roman peut prédire l’avenir et déclenche des catastrophes. Il aime faire souffrir.
Et je me suis enchaînée à lui.
Il était là, si fragile, si confiant. Jamais je ne pourrais lui faire du mal, tandis que lui se plait à m’en faire tant.
C’était rare et terrifiant de sonder le fond de son être. Il était comme un abîme sur laquelle je ne voulais pas me pencher. Roman entraînait vers la chute tous ceux qu’il côtoyait, et je précipitais cette chute en l’assistant comme je le faisais.
Je ne l’aimais pas, mais il m’était indispensable.
Pourquoi avais-je été assez folle pour le suivre dans sa course ?
Nous étions devenus des fugitifs, des bêtes traquées, des cibles faciles pour tous les rôdeurs.
Il y a un truc très pratique que tu devrais apprendre à faire de temps en temps Almeria : ça s’appelle mentir.