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EAN : 9782501138628
400 pages
Marabooks (31/03/2021)
3.59/5   91 notes
Résumé :
« Aujourd’hui, j’ai soixante-deux ans. Je ne suis plus jeune et pas vraiment vieille… J’habite un charmant mais tout petit village de Haute-Savoie. J’étais mère au foyer et, depuis que Louise a fini ses études et quitté la maison, me voilà juste au foyer. Je remplis mes semaines avec quelques activités à droite, à gauche – la piscine avec Nicoucou, mes cours de flûte traversière, un peu de marche –, mais rien de transcendant n’est arrivé dans ma vie depuis des lust... >Voir plus
Que lire après Maman ne répond plusVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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La morosité ambiante et la propension des auteurs à coucher sur les pages la quintessence de la noirceur humaine fait de la littérature un concentré du mal inhérent à notre condition. Alors de temps à autre, le lecteur doit remonter à la surface pour y trouver une bouffée d'oxygène. C'est cela, Maman ne répond plus. Une douce comédie animée par des personnages ordinaires, les mêmes que ceux qui peuplent notre rue, que nous croisons dans les magasins ou au camping, de ceux qui ne feront sans doute jamais parler d'eux ou en tout cas pas en tête d'affiche.

C'est l'histoire d'un coup de grisou. Zabou a soixante-deux ans, des hormones en déconfiture, un mari qui passe plus de temps sur son vélo qu'à la maison et pour couronner le tout, une fille en détresse parce que son mari l'a trompée qui décide de revenir vivre dans la maison familiale. Trop c'est trop. L'heure a sonné : il est temps de conjurer le sort qui la rend invisible aux yeux des autres, et de quitter ce rôle de trousse de secours universelle.


C'est léger, drôle et suffisamment inspiré de ce qui fait notre vue familiale pour pouvoir souvent d'identifier ou revivre par procuration des situations identiques.

Merci beaucoup à Fabienne Blanchut pour ce partage, qui aura été un rayon de soleil dans mes lectures de ce printemps.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un livre parenthèse, certes vite lu, un peu rempli de clichés, mais qui m'a permis de décrocher pendant quelques heures et d'oublier un peu tout ce qui attriste notre quotidien.
Zabou fête ses 62 ans. Elle ne va pas bien, elle a l'impression d'être devenue invisible pour sa famille, que rien ne va plus se passer dans sa vie. Alors elle décide de partir sans rien dire à personne.
Malgré ses personnages un peu stéréotypés, entre la meilleure amie toujours prête à sortir un bon mot, la belle-mère couguar, le mari qui travaille trop ou pédale sur son vélo, la fille en bisbille avec sa mère, les hommes qui ne savent pas exprimer leurs sentiments, c'est un roman assez drôle et touchant.
Sans révolutionner le sujet, l'auteur nous parle du temps qui passe, des habitudes qui remplacent l'amour, du vide dans la maison quand les enfants s'en vont, de la vieillesse qu'on a du mal à accepter. C'est léger, et bienveillant.
Une lecture comme une plongée dans une bulle de douceur.
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La sexagénaire fait une fugue

Pour ses débuts en littérature adulte Fabienne Blanchut a réussi avec «Maman ne répond plus !» un roman drôle et enjoué autour d'une femme qui décide qu'à 62 ans, sa vie n'est pas finie, loin de là !

Isabelle, dite Zabou, fête ses 62 ans. Pour l'occasion toute la famille a fait le déplacement, ses enfants Louise et Benjamin, ses petits-enfants Paul, Léa et Clara, sa belle-mère Josy qui a 88 ans roule en Ferrari au bras d'un chauffeur qui affiche quelques décennies de moins, Nicoucou sa meilleure copine. Quant à Michel, son mari, il se fait un peu attendre, car il est parti faire un tour à vélo, sa passion qu'il essaie d'assouvir dès qu'il a un moment. En ce jour de fête, son moral n'est pas vraiment au beau fixe. «J'habite un charmant mais tout petit village de Haute-Savoie, J'étais mère au foyer et, depuis que Louise a fini ses études et quitté la maison, me voilà juste au foyer. Je remplis mes semaines avec quelques activités à droite, à gauche — la piscine avec Nicoucou, mes cours de flûte traversière, un peu de marche —, mais rien de transcendant n'est arrivé dans ma vie depuis des lustres...»
Alors pour se remonter le moral, elle pioche dans ses paquets de bonbons et pleure. Heureusement Nicoucou veille sur elle et la pousse à sortir, au cours de yoga, à l'aquagym, au restaurant. Sur ses entrefaites, Louise débarque et annonce vouloir passer quelques jours à la maison, persuadée que son mari la trompe. Elle qui se plaignait d'être seule a soudain de la compagnie.
Autant dire que les choses ne s'arrangent pas. Nicoucou part en Catalogne suivre un cours de yoga et Zabou prend le volant d'un énorme camping-car pour rejoindre les Pyrénées où elle suivra son mari qui rêve d'emprunter les mythiques étapes du Tour de France avant l'arrivée des coureurs. C'est à ce moment qu'elle craque: «À défaut de savoir ce que je veux, je sais ce que je ne veux pas. C'est déjà ça. Demain, j'enfilerai ma robe à pois pour encourager mon grimpeur de mari et endormir ses doutes, s'il en a, ce qui m'étonnerait. Je le regarderai partir, m'étant assurée qu'il ait à boire, à manger, son téléphone, ses cartes d'identité et bancaire dans son cycliste, puis je prendrai la tangente. Je ne sais pas pour où et pas vraiment pourquoi... Je n'ai jamais fugué de ma vie. Mes revendications ne sont pas encore très claires. J'ai juste besoin de me retrouver.» Et voilà Isabelle Fleurot, épouse Le Bihan, en route pour Toulouse, d'où elle va s'envoler...
On sent la plume allègre de Fabienne Blanchut, jusqu'ici connue pour sa centaine de livres jeunesse, s'amuser de cette fugue qui va permettre à Zabou de vivre quelques instants dont elle se souviendra longtemps. Avec une joyeuse insouciance, elle raconte ce besoin d'émancipation et cette douce euphorie qui gagne l'épouse et mère de famille depuis qu'elle a pris sa décision. Son refus de «l'obsolescence programmée des sentiments» fait en effet plaisir à lire. Avec un final éblouissant !


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Dévoré en une après-midi, ce roman est une jolie parenthèse de lecture qui vous pousse les zygomatiques en position haute !

"La famille des autres, c'est presque toujours amusant. le problème, c'est la nôtre." Jeff!, Judith Messier.

La famille de Zabou est réunie pour son anniversaire : cocktail corrosif en vue : "Anniversaire, Groupon, Haribo".

Les célèbres fraises et autres sucreries planquées dans le cellier sont le refuge d'Isabelle dite Zabou ! son amie Nicole (Nicoucou) essaie bien de la dissuader de s'en goinfrer, Zabou soigne sa déprime à grand renfort de sucre.

Qu'est-ce qui fait déborder le vase de la compréhension, de l'amour, les cadeaux peut-être ? Un cours de Yoga de chez Groupon, initiation pour deux ? Michel le mari, qui dit "sans moi" du regard et la renvoie à sa meilleure copine Nicoucou, toujours là, elle.

Zabou n'en peut plus et lorsque sa fille chérie débarque avec son petit-fils Paul en pleine crise de couple, la prive de son atelier Scrapbooking, elle dit oui, bien sûr tu peux revenir... le coeur gros.

À quel moment est-elle devenue l'accessoire de la maison ? Des vacances en camping-car pour suivre son cycliste de mari Beurk... le Tour de France, elle s'en fout, ce qu'elle veut ce sont de vraies vacances avec son homme. Mais, oui, elle va conduire le Gigantosaurus pour faire plaisir à son Michel de mari.

Seulement, voilà, la petite voix de ses 20 ans va la rattraper. Tout cela n'est plus supportable. Il faut qu'elle fugue. Pour aller où ? On s'en fout, il faut partir. Les laisser à eux-mêmes.

10 choses à son sujet, et ils sont restés muets. Il est temps qu'il la remette à sa place ou pas...

"C'était impensable, alors je l'ai fait". C'est ainsi que Zabou met les bouts ! Peut-être que l'absence leur montrera qu'elle existe, après tout.

Fabienne Blanchut rend cette jeune sexagénaire très universelle. On la connaît tous cette femme qui fait partie des meubles, à qui on ose dire crûment les choses parfois "Les pois ça grossit. Et le rouge aussi".

C'est drôle, cruel parfois, mais aussi tendre, touchant, un roman qui pose la question du temps qui passe, du rôle ad vitam aeternam de parents, de l'absence des enfants, de la vie à reconstruire à deux, sans s'oublier, de la tolérance.

Les dialogues sont à l'image des personnages : percutants, drôles, émouvants. Un roman qui questionne sans acrimonie sur la place des femmes : épouse, mère, femme.

Un joli coup de coeur pour la plume de l'auteure ♥♥♥♥♥

Lien : https://mespetitesetagerespa..
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Sympathique lecture estivale.

L'idée d'une femme au foyer qui décide de tout plaquer après une fête d'anniversaire ratée pour ses 62 ans, me tentait.
Zabou se sent invisible, incomprise par ses proches, qui ne connaissent même pas ou plus ses goûts. Sa seule lumière, sa meilleure amie, Nicoucou, qui relative tout et voit toujours le positif. Exemple: Zabou a peut être les seins moins fermes qu'auparavant, mais au moins, elle n'a jamais eu à déplorer de cancer les affligeant.

Il s'agit d'une lecture de 200 pages, terminée en moins de trois heures, l'histoire étant vraiment très rapide. C'est notamment pour cela que je qualifierai cette lecture "d'estivale". L'humour y est simple mais amusant, le scénario attendu, sans prise de tête réelle, nous emmenant même jusqu'en Espagne, ce qui me plait forcément ( ah origines quand tu nous tiens). Cela me fait penser aux romans ou films de noël, où l'on n'a aucune surprise en générale, mais qui laisse un sentiment de satisfaction une fois terminé (pour ma part, tout du moins).

La plume est fluide, peut être un peu trop d'ailleurs.

Ce qui m'a gênée est de n'être pas parvenue à m'attacher à Zabou, qui, à mon goût, pleure trop sur son sort, sans aucune remise en question et surtout, sans essayer d'en parler à ses proches avant de prendre une décision radicale. J'avais bien plus d'affection pour sa meilleure amie, Nicoucou. Pour un roman feel-good, il faut avouer que c'est embêtant .
En outre, il m'a manqué un peu de finesse dans les traits de caractères de chaque personnage entourant Zabou également, qui sont assez caricaturaux, entre une belle mère cougare avec voiture de sport et jeunes amants, un mari fan de cyclisme toujours vissé sur son vélo ...

En somme, il s'agit d'une histoire sympathique à lire sur son lieu de vacances ou sur son balcon sous le soleil, lorsque l'on a deux ou trois heures devant soi, pour une lecture sans prise de tête.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Anniversaire, Groupon et Haribo
Alors, le prochain, ce sera quoi ? Fraise ou crocodile ? Ceci dit, les œufs au plat, c’est pas mal aussi…
— Maman, c’est nous !
Je sors la tête du cellier, où j’étais en train de terminer en cachette un paquet de bonbons. Presque prise la main dans le sac ! Louise, ma cadette, est dans l’entrée. S’agglutinent derrière elle Stéphane, mon gendre ronchon, et Paul, leur fils de deux ans et demi. Aussi vite que ses petites jambes potelées le lui permettent, il se précipite dans mes bras.
— ’yeux nifessère, mamie !
— Merci, mon lapin ! lui dis-je en l’embrassant, consciente qu’il doit répéter cette nouvelle phrase en boucle depuis au moins cinq jours.
Il a déjà gaffé hier, quand je suis allée le chercher à la crèche. Mais je n’ai rien dit, évidemment. Pauvre petit bonhomme… Difficile de garder un secret quand on est haut comme trois pommes !
— Bon anniversaire ! ajoutent en chœur Louise et Stéphane, ce qui me sort de mes pensées.
— Merci, merci !
— On est les premiers ? demande ma fille préférée (je n’en ai qu’une) pour la forme.
Oui, ils sont les premiers, comme d’habitude, mais je n’ai pas le temps de lui répondre car le téléphone sonne. Ça n’arrête pas depuis ce matin. Je décroche et leur fais signe d’aller s’installer dans le jardin. Cela fait bien quinze jours que le soleil s’est accroché sur un ciel bleu azur et que la température avoisine vingt-sept degrés. Plutôt sympathique, pour un mois de juin.
— Tu y as pensé ? C’est adorable ! Passe pour le café, on sera dehors. Les enfants seront là, oui… À tout à l’heure !
Je raccroche et rejoins le trio, qui s’est assis autour de la grande table de jardin, près du liquidambar que mon mari et moi avons planté à la naissance de Louise, il y a vingt-neuf ans. Ça non plus, ça ne me rajeunit pas. Stéphane joue avec son fils, et Louise picore dans le plat de crudités. Elle a jeté son dévolu sur les tomates cerises. À ce rythme-là, il n’y en aura bientôt plus pour personne, mais je laisse faire. À soixante-deux balais, j’ai décidé de devenir « zen ». Une résolution comme une autre…
— C’était Nicoucou, dis-je en m’asseyant avec eux. Elle passera pour le café.
— Super ! s’écrie Louise. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vue. Depuis l’enterrement de son mari, je crois.
— Huit mois déjà…
— Comment va-t-elle ?
— Ma foi, plutôt bien. Que Robert repose en paix, surtout. Mais la vie avec lui… ça n’a pas été une sinécure pour la pauvre Nicoucou. Loin de là ! Quel coureur c’était… Bref, passé un délai raisonnable d’apitoiement et de légitime tristesse, elle a tout d’une veuve joyeuse. Elle revit !
— De qui parles-tu ? demande la grosse voix de mon fils, Benjamin, qui me fait sursauter.
Il me prend dans ses bras, me soulève et me plante deux grosses bises sur les joues.
— Bon anniversaire, maman.
— Merci, mon grand. On parlait de Nicoucou.
Elle nous rejoindra plus tard.
— Chouette ! lance-t-il, visiblement ravi à l’idée de revoir ma copine.
Je m’aperçois qu’il me tient toujours en l’air, à la force de ses bras, la pointe de mes pieds touchant à peine le sol. Je lui donne une petite tape sur l’épaule.
— Repose-moi, Ben.
— Vos désirs sont des ordres, vénérable mère.
Vénérable ou pas, me revoilà sur le plancher des vaches. J’embrasse la timide Caroline, ma belle-fille, qui s’agrippe aux poignées du landau dans lequel dorment les jumelles Léa et Clara, quatre mois au compteur (les chanceuses). Je crois que ma bru a toujours eu un peu peur de notre famille et de ses « débordements » affectifs.
— Tiens, mais où est papa ? questionne soudain Louise.
— Papi boulot ? interroge le petit Paul en me tirant par la manche.
— Papi vélo, je lui réponds avec une pointe d’agacement qui n’échappe pas à mes enfants.
— Toujours aussi passionné, hein ? demande Benjamin avec amusement.
— Plus que jamais. Il ne fait que ça tous les week-ends. Et quand il ne pédale pas lui-même, il regarde les autres le faire à la télé…
À peine ai-je le temps de terminer ma phrase que je sens arriver un gros coup de blues. Je prétexte une cuisson à surveiller et file vers la cuisine, en espérant que personne n’aura la mauvaise idée de me suivre. Là, je bifurque en direction du cellier, bien décidée à en finir une fois pour toutes avec ce paquet de fraises chimiques entamé une heure plus tôt. Un plaisir coupable et gélatineux qui ne m’empêche pas de penser…
Aujourd’hui, j’ai soixante-deux ans. Je ne suis plus jeune et pas vraiment vieille… J’habite un charmant mais tout petit village de Haute-Savoie. J’étais mère au foyer et, depuis que Louise a fini ses études et quitté la maison, me voilà juste au foyer. Je remplis mes semaines avec quelques activités à droite, à gauche – la piscine avec Nicoucou, mes cours de flûte traversière, un peu de marche –, mais rien de transcendant n’est arrivé dans ma vie depuis des lustres… Ma famille est réunie dans notre jardin, et il manque Michel, mon mari depuis trente-huit ans, qui préfère la petite reine à la reine de la fête. Je crois que je suis sur la dangereuse pente de la déprime.
Dringggg ! Dringggg !
Encore le téléphone. Je n’ai pas le courage de répondre. Louise décroche. Deux minutes plus tard, elle m’appelle :
— Maman, téléphone pour toi ! C’est mamie !
Ma belle-mère. Manquait plus que ça. Je m’efforce de sourire à ma fille lorsqu’elle me tend le combiné.
— Allô, Josy ? Merci beaucoup… Oui, tout va bien. Ne vous pressez pas. Michel n’est pas encore là. Nous vous attendrons, de toute façon. Dites, rassurez-moi : vous êtes sur une aire de repos pour me…
Charmant. Elle m’a raccroché au nez. Josiane, dite Josy… Quatre-vingt-huit ans. Ma belle-mère. Riche héritière bretonne de producteurs de sel de Guérande. Conduit encore, et de préférence des voitures de sport. Se cougardise en sortant avec son comptable de quarante-deux ans, Geoffrey. Heureusement, mon anniversaire tombe pendant une période fiscalement « chaude », ce qui nous épargnera sa venue et donc sa gueule d’épagneul sous anxiolytiques.
Je m’aperçois soudain que Benjamin et Louise me regardent.
— Votre grand-mère aura un peu de retard.
— Elle téléphonait en conduisant ? demande Benjamin, qui est adjudant chez les sapeurs-pompiers.
— J’en ai peur…
— Elle sait combien il y a de personnes tuées sur les routes à cause de ce type de comportement ? s’emporte-t-il.
Ben n’a jamais rigolé avec la sécurité. Tout petit déjà, il était prêt à mettre ses méduses dans la baignoire pour ne pas déraper. Il envisage toujours le pire, et son métier n’arrange rien. Impuissante, je hausse les épaules. Louise tente de le calmer.
— Ça ne sert à rien de t’énerver alors qu’elle n’est pas là. Tu lui feras la leçon quand elle arrivera. Tu es le seul qu’elle écoute un peu.
— Tu parles… maugrée mon fils. Elle n’écoute plus personne depuis belle lurette.
Sur ces paroles, on ne peut plus vraies, la porte d’entrée s’ouvre. Michel. Soixante-sept ans. Mon mari. Cheveux argentés (encore fournis, Dieu merci), fossette au menton et joues rasées de près. Tenue de cycliste intégrale. Peau de chamois au fond du cycliste, justement, qui lui donne une démarche de cow-boy. Il est rouge et en nage. Un homme heureux. Ses premiers mots sont des mots d’amour :
— Deux cent sept bornes autour du lac ! J’ai explosé mon chrono et laissé loin derrière Claude et Alain.
— Bonjour, papa, dit Ben.
— Salut, p’pa, renchérit Louise.
— Papi-Papito, s’écrie Paul, qui arrive avec sa démarche chaloupée, suivi de son père.
— Po-Polo, répond mon mari, ce qui fait rire aux éclats notre petit-fils. Je file sous la douche. Je vous embrasse après. Louise, sors les merguez et les brochettes. Ben, tu n’as qu’à allumer le barbec’, j’ai tout préparé.
Il se déchausse et monte à l’étage.
— OK, soupire ma fille en prenant la direction de la cuisine.
— À vos ordres, chef ! réplique mon fils en singeant un salut militaire.
— Ordes, cef ! répète Paul, qui attrape son oncle par la main et sort avec lui par la porte-fenêtre du salon.
Et voilà. L’histoire de ma vie. Je me retrouve seule dans l’entrée. J’ai soixante-deux ans et je suis devenue invisible aux yeux de mon mari. J’en suis là de mes réflexions quand j’entends un klaxon tonitruant. Josiane. Ça ne peut être qu’elle. Je sors pour l’accueillir, et les bras m’en tombent : un jeune homme tout droit sorti d’un magazine sur papier glacé lui ouvre la portière d’une voiture rouge, sortie du même magazine. Je suis nulle en marques automobiles. Une voiture, ça doit juste m’emmener d’un point A à un point B. Dodoche ou bolide, c’est kif-kif. Mais là… Ma belle-mère a fait fort ! Elle savoure, je le lis dans son regard.
— Kevin, voici Zabou, ma belle-fille.
— Zabou, voici Kevin, mon chauffeur.
Elle lui pince la joue, et il rougit. J’imagine qu’il n’est pas que chauffeur, le Kevin. Je vais pour le saluer, mais le haut de son corps plonge à l’intérieur du monstre rouge. Quand il se redresse, il me tend un énorme bouquet qui me fait penser, j’ai honte de l’avouer, à une gerbe mortuaire.
— Très bel anniversaire, madame.
— Merci… Merci beaucoup, dis-je, en disparaissant derrière les fleurs. Appelez-moi Isabelle.
— Kevin reste, n’est-ce pas ? Je me suis dit que s’il y en avait pour huit, il y en aurait pour neuf, argumente Josiane.
— Grand-mère, tu vas… Waouh ! fait Ben en nous rejoignant, le souffle coupé.
— Bien ? Oui, merci, mon chéri, répond ma belle-mère à mon fils adoré.
— Stéph, Paul, venez voir ! crie Ben à l’intention de son beau-frère et de son neveu.
Là, il se passe des trucs de garçons que je ne comprendrai jamais. De deux à soixante-dix-sept ans, il semblerait que l’attraction de l’automobile opère.
— T’as vu ça, Louise ? s’anime Stéphane auprès de ma fille, qui nous rejoint à son tour. C’est la F12…
— Berlinetta… complète Louise.
J’en reste bouche bée : Louise s’y connaît en voitures. Ma petite fille aux poupées roses et aux dînettes interminables… Elle se tourne vers moi.
— Tu sais, c’est pour Paul que je me mets à la page. Il reconnaît
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À défaut de savoir ce que je veux, je sais ce que je ne veux pas. C'est déjà ça. Demain, j'enfilerai ma robe à pois pour encourager mon grimpeur de mari et endormir ses doutes, s’il en a, ce qui m'étonnerait. Je le regarderai partir, m'étant assurée qu’il ait à boire, à manger, son téléphone, ses cartes d'identité et bancaire dans son cycliste, puis je prendrai la tangente. Je ne sais pas pour où et pas vraiment pourquoi... Je n’ai jamais fugué de ma vie. Mes revendications ne sont pas encore très claires. J'ai juste besoin de me retrouver. p. 97
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Disons que, dans les contes de fées, on s'arrête toujours après la phrase : " ... et ils eurent beaucoup d'enfants." Personne n'est suffisamment malin pour nous donner la recette des couples qui durent. Excepté qu'après les enfants, leur départ, et compte tenu du fait que nous sommes supposés vivre encore au minimum vingt ou trente ans, on doit inventer ce qui n'a pas été écrit.
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Je me demande si la vie, ce n'est pas ça au final : un grand cirque, une scène géante où nous avons tous des répliques à dire et des postures à tenir.
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Et là, dans le couloir de l’entrée, un fou rire me gagne. De ceux qui donnent mal aux joues et au ventre. A travers mes larmes, j’observe la tête ahurie de Kristen, qui doit penser que j’ai dévissé.
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