Le spectateur est celui qui révèle le sens toujours fuyant des oeuvres. A la différence de l'écriture comme trace écrite, tangible et matière d'un livre, l'écriture scénique s'efface dans le mouvement même de son effectuation. Le texte perd alors le caractère immuable et l'autorité qu'on lui prête dans la tradition théâtrale relayée par une pièce écrite. Il se mue en une langue-matière dans laquelle le mot, devenu matériau à l'instar de la musique avec laquelle il dialogue, est insaisissable. Plus exactement, sa saisie s'est déplacée : elle ne s'effectue plus du côté du sens mais du côté de la sensation. Déstabilisé d'instant en instant, le sens est recomposé, remis en jeu par le spectateur.