Pour ce mois de novembre, le thème du groupe de lecture auquel j'appartiens et qui se réunit mensuellement est le mot « Nuit ». En faisant des recherches sur Internet afin de trouver la lecture adaptée, j'ai été interpellée par ce titre et comme j'avais prévu de découvrir
Sophie Jomain que je n'ai encore jamais lue, j'ai trouvé ce livre parfait.
"J'AI TOUJOURS ÉTÉ REBUTÉE PAR L'IDÉE DE ME CONTEMPLER DANS UN MIROIR. LA PETITE FILLE AUX LONGS CHEVEUX BLONDS, TIMIDE, RÉSERVÉE ET NERVEUSE QUI M'OBSERVAIT FIXEMENT ÉTAIT UNE ÉTRANGÈRE QUE JE N'ACCEPTAIS PAS . JE NE LA COMPRENAIS PAS, ELLE M'EFFRAYAIT MÊME. JE L'AI DONC ÉVITÉE LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE".
Dès les premières lignes, le ton du livre est donné. On fait la connaissance de Camille, l'héroïne, qui dès l'enfance est déjà mal psychologiquement. le passage à l'adolescence va accentuer ce mal-être qu'elle n'arrive pas réellement à identifier, elle déteste l'image qu'elle renvoie, elle se déteste tout court, elle ne rentre pas dans les clichés de beauté des jeunes femmes de son âge et commence à jouer au yoyo avec son poids, flirtant dangereusement avec la boulimie et l'anorexie.
Brillante dans les études on se dit qu'elle va s'en sortir et faire abstraction de son physique qu'elle n'aime pas, d'autant plus qu'elle a un petit ami, une histoire éphémère qui ne fera qu'empirer la mauvaise estime qu'elle a d'elle. Elle pourrait faire fi de son allure, de ce qu'elle dégage, elle obtient une licence en psychologie, elle embraye sur un master, elle a l'avenir pour elle. Mais son mal être est profondément ancré, ses troubles alimentaires ne font qu'empirer, elle alterne les périodes ou elle s'empiffre de nourriture et les moments où elle ne s'alimente pas. Elle malmène son corps avec d'énormes variations pondérales.
Tout au long du roman, on assiste, impuissant, à la souffrance de Camille qui au fur et à mesure, devient physique. Son corps ne peut plus supporter tout ce qu'elle lui fait endurer. Il se rebiffe lui aussi et elle a mal. Ses parents tentent de l'aider, peut-être qu'ils sont maladroits, peut-être ont-ils été trop exigeants avec elle, peut-être qu'ils ne lui disent pas ce qu'elle aimerait entendre. Camille plonge un peu plus chaque jour dans l'obscurité. La vie lui devient insupportable alors elle décide d'aller en Belgique pour mourir parce que là bas l'euthanasie est légale.
J'ai lu ce livre en apnée, alternant les moments d'espoir et de désespoir, souffrant avec l'héroïne, lui trouvant des circonstances atténuantes, m'énervant contre elle parce que j'ai pensé qu'elle ne faisait pas d'efforts pour s'en sortir. Je la comprenais et la soutenait, puis je ne comprenais plus pourquoi en arriver à de telles extrémités alors que tant de gens auraient aimé vivre. Puis j'essayais de me mettre à sa place, mais on ne peut jamais réellement se mettre à la place d'une personne qui souffre. On peut avoir de la compassion, de l'empathie. Elle m'énervait, par moments j'avais envie de la secouer.
C'est un livre qui fait réagir, on est en permanence sur un fil qui menace de se casser à tout moment. Quand Camille rejoint la clinique qui sera chargée de l'euthanasier on reprend tout à coup espoir, l'histoire se pare de couleurs, et comme le dit si bien le titre, la nuit devient jour, on entre dans la lumière. Pourtant un sentiment de malaise persiste. Encore une fois les réactions de Camille sont troublantes, on ne la comprend pas. Tout ça fait hélas partie de sa maladie, de sa détresse psychologique. Les douleurs physiques sont bien là, elle souffre beaucoup.
On est en haleine jusqu'au bout, à la limite de l'insupportable, accrochés à cette date fatidique du 16 avril dont les dernières heures s'égrènent trop rapidement pour nous. C'est un peu comme un condamné qui attend dans le couloir de la mort. On attend avec lui, on espère un rebondissement à la dernière minute, un élément extérieur qui viendrait tout changer. Pour Camille c'est pareil mais le changement ne peut venir que d'elle.
Je referme le livre bouleversée, contrariée, avec une drôle d'impression, comme un malaise. Est-ce que j'ai aimé cette lecture ? C'est un OUI, même si je me suis sentie mal à l'aise bien souvent.
Sophie Jomain nous bouscule et nous malmène avec cette histoire dramatique, elle nous fait réagir, parfois sortir de nos gonds, n'est-ce pas ce que l'on attend d'un roman, pouvoir vivre plein d'émotions, les pires comme les meilleures ? s'interroger ? est ce qu'on est pour ou contre l'euthanasie ? et si c'était quelqu'un de notre famille ? Et si c'était nous ? N'a t'on pas le droit de choisir le moment où l'on veut mourir ?
Je mets 4 étoiles pour cette histoire et j'ai un autre livre de l'auteure dans ma PAL, quelque chose de plus gai, une comédie de Noël qui me fera sourire et m'amuser, après cette lecture, j'en ai bien besoin !
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