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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dialogue fictif :

Mr Joncour : Alors vous avez aimé mon livre?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'emmeneriez sur une île déserte?
Kittiwake : Pourquoi pas
Mr Joncour : c'est le meilleur livre que vous ayez jamais lu?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'avez jeté à la poubelle?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour, interloqué : Ah bon?!!!!

Dans ce court échange, je me suis permis de prendre la place du personnage principal (je n'ose pas parler de héros) de cette fiction, interrogé par son créateur, l'auteur. Ce personnage a perdu un mot, un petit mot, simple (comme Beaujour?), mais indispensable si l'on ne veut pas se retrouver dans des situations professionnelles ou sentimentales ingérables . Il ne peut pas dire non. Alors il dit oui, aux collègues qui lui proposent un café, au patron qui lui demande de venir un Samedi, au bus qui s'arrête devant lui et lui demande s'il veut monter. Et comme il travaille dans un institut de sondage, et qu'il est chargé de rédiger les questions et les choix de réponse, les réponses proposées sont oui ou oui ou ne sait pas! Que de belles victoires démocratiques en perspective!

Mr Beaujour doit donc affronter de multiples quiproquos et surtout faire face à un destin qu'il n'a pas de son plein gré choisi, incapable de s'opposer à toute proposition. C'est drôle et on rit, mais un peu jaune car il est impossible de ne pas se reconnaître au moins partiellement dans ce portrait poussé à l'extrême : qui n'a pas un jour accepté une proposition en se maudissant à peine le oui prononcé? C'est difficile de dire non : «allez lui faire comprendre que c'est aux autres qu'il faut dire non, et pas à soi même, à ses désirs, à ses envies, à ses besoins sans quoi on n'en finit pas de se trahir».

C'est donc un agréable et court récit juste assez caricatural pour être presque crédible, entrecoupé de «broderies» qui guident le lecteur vers les sources du problème.
Avec une belle écriture poétique et affutée.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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J'ai bien aimé ce roman que j'ai trouvé amusant, avec un petit côté "conte". le héros, littéralement incapable de dire non, se retrouve dans des situations surréalistes qui n'ont pas manqué de me rappeler des situations où je ne pouvais que difficilement dire "non"(je suppose que cela arrive à tout le monde...).
J'ai eu plaisir à retrouver l'écriture toute en finesse de Serge Joncour, même si j'avais préféré L'amour sans le faire dont l'histoire était plus réaliste et très touchante.
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C'est un très agréable conte. une réflexion sur le pouvoir des mots. Que se passe-t-il quand on ne parvient plus à dire NON ? Je vous lasse imaginer tous les quiproquos possibles dans la vie quotidienne, professionnelle, sentimentale... C'est ce qui arrive au héros de ce livre. Un personnage qui, au départ de l'intrigue, parait bien pâle, empêtré dans sa névrose, mais qui va se révéler plus astucieux et rusé au fils des page. C'est par un retour sur lui-même, une introspection qui va le mener au-delà de son enfance, sur la terre de ses grand-parents, qu'il va s'en tirer.
C'est également pour l'auteur, à travers l'histoire de son personnage, la possibilité de revenir sur les années 70, ces années où tout semblait permis, où le monde semblait s'ouvrir sans entraves vers un avenir radieux.
Je me demande si la perte du pouvoir de dire NON n'est pas pour Joncour, le symbole d'une époque où l'on doit être d'accord avec tout ce qui nous est proposé. Métaphore sur l'inutilité de se révolter. Mais j'extrapole peut-être... En résumé, c'est un livre à la limite de la farce, mais qui permet une réflexion sur la société. Ça se lit facilement et vite. Difficile de dire NON.
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"Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux." (René Char)

Perdre le mot non équivaut à devenir un béni-oui-oui, ne plus s'opposer à rien, devenir un interlocuteur sympathique et conciliant qui caresse systématiquement ses proches et amis dans le sens du poil: "...il tend la bouche vers l'avant et cale les incisives pour souffler la décisive consonne, mais là, le mot ne vient pas, il lui reste sur la langue comme un noyau de cerise, un chewing-gum qui refuserait de buller."

Un seul mot vous manque et le monde vacille, écrit le Magazine Littéraire. Voilà ce qui arrive à Beaujour, employé dans un institut de sondage. le handicap lui réserve quelques situations cocasses et le conduit à des comportements de nature à modifier le cours de son existence paisible. Ainsi ne plus laisser le choix à ses sondés qu'entre oui et ne sait pas, ce qui convient idéalement à ceux qui cherchent à tirer bénéfice des enquêtes d'opinion, ceux qui considèrent qu'un sondage doit délivrer les conclusions attendues. Sa technique involontaire transforme Beaujour − oui permanent aux desideratas du patron −, en concepteur très demandé de questionnaires biaisés dangereux, comme celui qui consiste à faire dire à un ouvrier, malgré lui, qu'il souhaite sa délocalisation à l'étranger.

Ne pas trouver ses mots, ne fût-ce qu'un seul, amène naturellement à fréquenter un atelier d'écriture. Beaujour y suit les conseils d'un animateur intuitif: "...Les mots c'est un peu le prénom des choses, une manière de les apprivoiser, sans quoi on serait environné d'inconnus. [...]. La mémoire est un mensonge, seul l'imaginaire dit vrai." Partant de là, l'auteur insère dans le récit une série de broderies, compositions de Beaujour dans le cadre de l'atelier, textes joliment travaillés, désignés sous la belle appellation L'ouvroir des mots perdus. Un retour aux origines, au plus lointain, pour retrouver le nouveau-né, là où le mot s'est perdu, l'enfant chéri et dorloté qui n'aurait pu que dire oui aux égards et à l'affection dont il était l'objet. du oui de l'enfant bienheureux, il n'y a qu'un pas au oui des citoyens pour les évolutions sociales et technologiques pleines de promesse de la seconde moitié du vingtième siècle, la télévision pour tous, la voiture et en point de mire le merveilleux an 2000 qui promet un monde formidable: comment dire non à cela ?

Conséquence inespérée de la lacune verbale: Beaujour, alors qu'il quitte son bureau pour aller aux toilettes, ne peut refuser l'invitation de sa collègue Marie-Line qui, pensant qu'il prend sa pause de table, l'invite à partager le restaurant de midi. On devine l'embarras de notre personnage quand sa partenaire, sortant une cigarette, lui demande si la fumée le dérange: oui, forcément. Sur le coup, le gentil Beaujour devient aux yeux de Marie-Line l'homme qui sait ce qu'il veut, qui s'affirme. Une idylle sauvera-t-elle l'homme qui ne savait plus dire non ?

"Dire oui [...] donne l'impression d'un pouvoir absolu, de tout comprendre, de tout accepter, de régler le sort du monde, de tout faciliter." Beaujour dit toujours oui pour rendre sa vie plus confortable. "S'exposer à un non peut être perçu comme un rejet, une trahison, le non renvoie au néant, du moins à l'impression que nous sommes fondamentalement seuls, incompris, ou mauvais." Serait-ce par empathie que Beaujour ne dit pas non ?


Serge Joncour est l'auteur d'une dizaine de romans, dont UV prix France Télévision 2003. Il collabore à l'émission Les papous dans la tête sur France-Culture.

En certifiant ne subir aucune altération par contagion de mon vocabulaire critique négatif, j'émets pour ce livre divertissant, pas idiot du tout, qui réserve quelques pages mûries, d'une agréable langue limpide, j'émets sans ambages un indéniable OUI.

Lien : http://www.christianwery.be/..
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Beaujour exerce le métier d'enquêteur dans un institut de sondage. Son incapacité à dire non l'oblige à inventer des stratagèmes pour se sortir de situations délicates dans son métier mais également dans sa vie personnelle. Pour essayer de retrouve ce mot perdu, il s'inscrit à un atelier d'écriture.

J'ai trouvé ce roman original. Beaujour se retrouve dans des situations cocasses qui m'ont bien fait sourire. le lecteur peut à tout moment se retrouve dans le personnage, dans l'incapacité de dire non. On a tous dit « oui » alors que dans sa tête on pensait non.
J'aime ces livres qui a travers une histoire drôle, banale cachent une morale mais je n'en dit pas plus….
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Ne pas trouver le mot que l'on cherche, que l'on veut sortir au moment opportun, cela nous arrive à tous. Rien ne nous empêche, alors, de partir à sa recherche et de le proclamer haut et fort le jour où on le retrouve. Pour Beaujour, le personnage principal de ce roman de Serge Joncour, le problème est singulièrement différent puisqu'il ne peut prononcer ce mot, pourtant simple : non. Il ne se souvient pas du jour où il en a perdu l'usage. Cela conduit à des situations cocasses comme celle d'ingurgiter des quantités de café parce qu'il est incapable de refuser les sollicitations de ses collègues de boulot.
Ses enfants, qu'il voit un week-end par mois, s'en donnent à coeur joie pour obtenir des tours de manège, son GPS, sur une route qu'il connaît pourtant parfaitement, l'entraîne sur des sentiers inconnus...
Il travaille pour une entreprise de sondage et son handicap se relève être un avantage pour interroger les personnes. Il est véritablement en empathie avec ses sondés. Ses résultats sont si bons que son patron envisage de lui confier un nouveau poste, avec plus de responsabilités, évidemment. Redoutant cette promotion, il va tout mettre en oeuvre pour retrouver l'usage du non et rejoint un atelier d'écriture à la recherche du mot perdu.

Ce roman, drôle et original est parfaitement maîtrisé du début à la fin. Les “Broderies”, pages d'écriture de Beaujour à la recherche du mot, alternent avec le récit et donne du rythme à l'histoire. Bien sûr, le suspense n'est pas insoutenable. Nous ne sommes pas sans cesse à nous questionner pour savoir si Beaujour retrouvera ou non l'usage du non. Mais cette histoire se lit comme un conte ou chacun promène sa réflexion, son cheminement individuel comme il l'entend. On s'attendrit pour Beaujour et sa relation avec Marie-Line, sa collègue de boulot, on se révolte face à ce patron qui veut l'utiliser pour augmenter son chiffre d'affaire... Bref, ce livre, sous ses apparences anodines est un petit stimulateur de neurones.
http://avelbre.fr/2012/09/lhomme-qui-ne-savait-pas-dire-non-de-serge-joncour/
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Nous arrive-t-il d'oublier un mot, des mots ? Certes.
Cette situation a-t-elle occasionné des problèmes ?
Non car c'est temporaire et d'autres nous permettent de contrôler cette situation.
Mais ici, c'est d'un seul mot de 3 lettres qu'il s'agit : non.
Voilà résumé le sujet de ce livre. Idée cocasse qui a à l'avantage d'être originale.
Dramatique cette situation. Oui, certes mais pourtant elle occasionné quelques passages drôles.
Alors cette critique vous a-t-elle donné envie de lire ce livre de M. Joncour?
Oui ou oui ?
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Un bon livre que l'on pourrait classer maintenant dans les "feel good", même si je n'aime pas trop catégoriser. Notre personnage est enquêteur dans un institut de sondage et il s'en sort plutôt bien alors qu'il a soit la chance, soit le handicap, de ne pas parvenir ni à dire ni à écrire "non". Ce qui l'amène bien sûr à des situations difficiles ou très drôles. Il ne le vit pas si mal que ça jusqu'à ce que son patron lui propose un projet hélas possible, et qu'il veut refuser et jusqu'à sa rencontre avec la belle Marie-Line devant laquelle il veut briller. C'est un atelier d'écriture qui va l'aider à chercher en lui ce qui a crée son blocage. La recherche des mots pour guérir les maux, rien d'original dans le fond, mais le héro est si tendre et la critique sociétale si juste que ça fonctionne bien.
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Beaujour a perdu l'usage, l'a-t-il déjà eu, du mot NON. Il tente tout pour le trouver, le retrouver, va même jusqu'à participer à un atelier d'écriture. Il noue une relation avec une secrétaire qui lui rendra ce "non".

Etrange comme sujet mais pourtant un livre passionnant, captivant qui aide le lecteur à réfléchir sur sa propre utilisation du NON.
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un ovni littéraire comme Serge Joncour en a le secret. Au fil d'une histoire poétique et fourmillant de détails, nous accompagnons un héros incapable de refuser la moindre demande. Face à cette incapacité surprenante, c'est notre propre vie que l'on interroge, les événements que l'on aimerait éviter, ceux que l'on fuit, ceux que l'on provoque. Et l'on se félicite de chaque jour, pouvoir dire non si on le souhaite. A lire si l'on aime philosopher.
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