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sur 393 notes
Ils sont votre épouvante vous êtes leur crainte, un titre bien choisi par Jonquet pour nous emmener dans cette descente aux enfers.
Un titre qu'il a été chercher dans un poème de Victor Hugo «  A ceux qu'on foule aux pieds », un texte écrit à la fin du 19eme siècle, mais qui hélas retrouve son écho aujourd'hui pour les démunis, ceux qu'on oubli dans les ghettos, ceux envers qui on ne préfère pas s'apitoyer car ils semblent vivre à leur façon sans vouloir s'adapter aux règles de la Société.

Jonquet écrit comme un journaliste, même si l'histoire est romancée, même si on parvient à s'attacher à certains des personnages nés sous la plume de l'écrivain le lecteur est vite rattrapé par la noirceur de la réalité et les souvenirs de certains événement largement commentés par les médias en 2005. Souvenez- vous les banlieues ont connus des heures noires scandées par des émeutes et des débordements que les forces de l'ordre ont eu beaucoup de mal à maîtriser.

« Ils sont votre épouvante vous êtes leur crainte » est un roman noir qui prend naissance dans une banlieue fictive « Certigny » qui pourrait être une quelconque ville du 9-3 ou 9-4. Anna Dublinsky fraîchement diplômée et sans aucune expérience est parachutée dans un collège en zone sensible, on pourrait rêver mieux pour un premier poste ! Ses élèves sont pour la plupart des maghrébins en échec scolaire, des adolescents dont l'avenir semble d'ores et déjà largement compromis, des élèves qui portent un lourd bagage de rancoeur envers notre Société qui ne fait rien pour les comprendre et les tirer vers le haut. Au milieu des brouhahas de la salle de classe s'élève la voix de Lakdar Abdane, un garçon intelligent, avec une soif d'apprendre qu'Anna aimerait trouver dans chaque enfant. Cette jeune professeure pourrait-elle accomplir sa première réussite et donner la possibilité à Lakdar de sortir de la « zone « ?
Cela aurait été possible dans un roman optimiste avec une fin heureuse où les personnages après maintes et maintes péripéties ont droit à une rédemption bien méritée.
Oui mais voilà Jonquet est un romancier qui ne se raconte pas d'histoires sur la nature humaine et la Société, Jonquet témoigne, balance et n'épargne rien ni personne.

Jonquet va décrire le système de l'enseignement d'un regard critique et cinglant, on en rirait jaune à certains moments. le système judiciaire qui tourne en rond, ça pourrait être risible sorti du contexte mais il est écoeurant dans le fond, la ghettoïsation comme seule solution aux problèmes de la misère, de l'immigration et du fanatisme religieux, des sujets qui font froid dans le dos. Antisémitisme, terrorismes …

Ce n'est pas un roman simple, les faits sont très violents et leur résonnaces dans la réalité donne une dimension réaliste qui met le lecteur mal à l'aise, Jonquet nous pousse à bout, nous contraint à garder les yeux ouverts et rappelle amèrement que les faits se répètent, marquant momentanément les esprits, mais sans nécessairement donner à l'expérience la sagesse, l'égalité et la justice qu'on pourrait être en droit d'attendre.



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Ce livre est effrayant de noirceur et de pessimisme. Il est le constat dramatique de l'état des banlieues du 93 en 2005 et de sa population.
Il est le reflet peut-être un peu caricatural :
du manque de moyens des hôpitaux et ne parlons pas de la psychiatrie,
des zones de non-droit où justice et police tentent de faire leur possible mais abandonnent souvent la lutte et des citoyens lambda laissés pour compte,
de la vente de drogue et la prostitution dans de petits quartiers tenue par des caïds.
d'une Education nationale qui fait ce qu'elle peut avec des enfants issus pour la plupart de l'immigration qui se pensent sans avenir.
De la montée de l'intégrisme, la haine du juif, de l'Occident.

20 après où en sommes-nous ? Je ne suis pas qualifiée pour répondre, je ne connais pas les banlieues et je ne vois que ce que la TV me montre et ce sont principalement des horreurs. J'espère cependant que tout n'est pas aussi noir. Difficile de faire la part des choses.
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Quel texte prémonitoire, voire même visionnaire, que cet ultime roman de Thierry Jonquet !

Son long titre est en fait un alexandrin emprunté à un poème de Victor Hugo, intitulé "À ceux qu'on foule aux pieds", publié en 1872 dans le cadre du combat de ce grand écrivain pour l'amnistie des Communards.

Écrit en 2006, trois ans avant la mort de l'auteur et peu après les émeutes des banlieues de 2005, on trouve dans cette fiction beaucoup d'éléments très actuels mis en lumière lors des récentes émeutes ayant suivi la mort de Nahel et depuis le 7 octobre : destruction du lien social, parents complètement dépassés, faillite de l'enseignement public, essor du narcotrafic avec guerre des gangs, montée de l'islamisme chez des jeunes en quête de repères, essor d'un antisémitisme rance aux relents complotistes...

L'histoire se déroule à Certigny, commune de Seine-Saint-Denis, le 9-3, banlieue imaginaire mais qui fait penser à beaucoup d'autres. Tout une galerie de personnages est dépeinte avec brio par l'auteur : d'abord Anna, jeune enseignante de français sortant tout juste de l'IUFM et faisant sa première rentrée å la cité scolaire Pierre-de-Ronsard; puis Lakdar, jeune collégien à la dérive; Adrien Rochas, jeune déscolarisé sombrant dans la folie; Richard Verdier, substitut du procureur au tribunal de Bobigny et le commissaire Laroche, tentant vainement de faire régner un semblant d'ordre et de justice dans la commune; et enfin de nombreux malfrats vivant de divers trafics (drogue, prostitution...) et se partageant la ville, les frères Lakdaoui, Boubakar alias le Magnifique, Alain Ceccati...

Si le roman n'est pas à mon avis irréprochable, avec un arc de récit mal rattaché au reste et quelques oublis regrettables (mais où sont les travailleurs sociaux ?), c'est une lecture coup de poing, très noire mais aussi très prenante, qui m'a pris aux tripes et m'a laissé groggy. Un livre indispensable pour mieux comprendre notre présent et agir sur notre avenir !
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Ce roman noir est la chronique d'un drame annoncé. Thierry Jonquet est le chroniqueur de notre temps et des faits divers qui s'y déroulent. Pour nous des faits divers pour ceux qui les vivent des drames profonds.

Tout commence par l'affectation d'une professeure de collège, de confession juive, au coeur des cités. Elle côtoie la misère, le racisme, les violences journalières et les trafics mais aussi des enfants brillants, qui subissent toutes les influences et pas forcément les meilleures.

Comme toujours, Thierry Jonquet, analyste de notre société, signe un roman qui fait mal.
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Ils sont votre épouvante et vous etes leur crainte.
Thierry Joncquet
389 P.
Mon ami ,
C'est le dernier roman de l'auteur avant son décès en 2009.
Ce roman m'a bouleversée. Il n'est pas dans le même style que ses précédents.
J'ai eu l'impression de lire un message pour le lecteur: les différentes ethnies que composent notre pays ne sont pas prêtes à s'entendre. L'auteur relate des faits divers réels : l'embrasement des banlieues en 2005 , deux jeunes tués par un poteau électrique , pourchassés par la police et enfin le jeune juif, Ilan Halimi , séquestré par le gang des barbares.
L'auteur a une expression délicate pour passer de la réalité à la fiction ou de la fiction à la réalité.
Ce livre est à découvrir pour vous adultes mais aussi pour vos ados .
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Un réalisme terrifiant
Un livre qui fait froid dans le dos ! Et pourtant ce n'est pas un polar, ni même un thriller, juste un roman qui s'appuie sur la réalité la plus réelle, celle qui nous entoure ou dont nous entendons parler tous les jours.
Et c'est justement ce qui est effrayant : c'est que Thierry Jonquet reprend très exactement les faits divers du Journal Télévisé. Les noms, les lieux, les faits, tout est vrai ou plausible ! le collège de banlieue, les profs qui n'en peuvent plus, le proviseur qui se défile, les élèves intenables, les locataires excédés, les fics découragés, les parents dépassés, les salafistes qui s'infiltrent partout, les dealers qui s'entretuent, les médecins débordés et les politiques qui promettent et ne font pas… c'est la stricte vérité !
Ce que T. Jonquet nous montre bien, c'est que les collèges sont la caisse de résonnance de tous les problèmes de guerre et de fanatisme de notre monde. Livrés à eux-mêmes, les gamins répercutent et amplifient les violences, notamment les tensions du Moyen Orient, sans rien y comprendre. Ils tombent sous toutes les influences, et sont manipulés sans le savoir.
Des procédés d'écriture maîtrisés.
T. Jonquet met en place des personnages attachants et des situations poignantes. Sans effets de manche, avec une simplicité percutante, il va droit au but, appuie là où ça fait mal, dénonce crûment et cruellement, sans prendre parti ni se voiler la face.
Sa technique : nous placer successivement dans la conscience de quelques personnages clés (Anna, Lakdar, Adrien, le procureur…). Il nous fait ainsi vivre de l'intérieur la logique de ses héros, leur façon de penser et de s'exprimer (le style, le vocabulaire et la syntaxe, changent par exemple totalement lorsqu'on est dans l'optique de la prof ou dans celui d'un ado). le réalisme est bien sûr accru par ces focalisations internes successives.
A part cela, pas de quoi se perdre pour le lecteur : le récit suit un ordre chronologique. Pas le temps de s'ennuyer non plus : le rythme est vif, les actions nombreuses, on tourne les pages avec fébrilité et effroi, et la tension va montant jusqu'à la fin.
Beaucoup de qualités donc pour ce roman très marquant.
Trop noir ?
Son seul défaut est sans doute d'être si noir, de cumuler tant d'horreur. Par exemple, fallait-il vraiment ajouter l'histoire de cet ado schizophrène qui finit par décapiter sa voisine ? C'est un peu « hors sujet », non ? même si l'histoire des photos qui circulent est, elle aussi, bien d'actualité !
Mais dans ce livre, tout est désespérant, et l'auteur ne nous propose pas la moindre solution. Tout au plus accepte-t-il de laisser un point d'interrogation sur le sort d'Anna qui avoue son origine juive à ses élèves (mais on imagine sans peine ce qui va lui arriver), et accorde-t-il à Lakdar un sursaut d'humanité lorsqu'il comprend que le petit « feuj » « prie son Dieu ». C'est peu, et il faut nous contenter de ça…
En choisissant comme titre un alexandrin de Victor Hugo, Thierry Jonquet se place dans la lignée humaniste de l'auteur des Misérables. le poème qu'il cite est d'ailleurs superbe.
Mais Victor Hugo, lui, au XIXe siècle, proposait des solutions : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Et il avait raison.
Le problème, c'est qu'au XXIe s nous avons bien des écoles… Mais lesquelles ? Avec quels moyens ? Quelle formation pour les profs ? Pour enseigner quoi ? Et comment ? Comment redonner de l'espoir à ces milliers de jeunes promis au chômage et à l'exclusion ? Comment faire pour, sinon résoudre, du moins améliorer, le problème de nos banlieues ravagées par le communautarisme et le fanatisme religieux ?
Personnellement, je reste sans voix. Qui a des idées ???
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Le titre du roman de Thierry Jonquet est tiré d'un poème de Victor Hugo, poème qui se rapporte à la Commune et qui ici est évoqué par le substitut du procureur.
Cette citation illustre parfaitement le malaise qui existe entre les différents protagonistes, à commencer entre les pouvoirs publics (pour faire vite) et certains habitants des banlieues.
Thierry Jonquet frappe fort et même si la commune de Certigny dans laquelle se déroule une large part de l'action n'existe pas, l'auteur inscrit son intrigue pleinement dans l'actualité de l'époque, c'est-à-dire les émeutes qui ont touché la France en 2005 avec pour point de départ la mort de deux adolescents dans un poste de transformation EDF.
Le lecteur tout au long du roman va suivre divers protagonistes, comme Anna la jeune professeur fraîchement sortie de l'IUFM, Lakdar, le collégien victime d'une erreur médical, les frères Lakdaoui, trafiquants de drogue, Verdier, substitut du procureur de Bobigny... Et chacun en prendra pour son grade, à commencer par les institutions souvent incapables de réagir face aux problèmes qu'elles rencontrent.
On se rend très vite compte qu'il suffirait parfois de peu pour que certains individus s'en sortent, un soutien familial, éducatif...
L'auteur campe au mieux ses principaux protagonistes, à commencer par Anna et Lakdar, personnages attachants qui ne peuvent échapper aux rouages du système.
Un roman coup de poing, le dernier de Thierry Jonquet, parfaitement documenté, et passionnant de bout en bout.
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J'écris cette critique de mémoire, car j'ai lu ce livre il y a maintenant quelques années. Malgré cela c'est un ouvrage qui m'a marqué en raison surtout de l'absence de distanciation avec l'histoire du roman. Non pas parce que je connais personnellement le contexte social décrit, mais surtout parce que l'écriture, le style de Thierry Jonquet nous transpose directement de la posture de lecteur à celle du témoin d'un contexte dramatique réel et concret. Je ne me suis jamais sentie aussi loin de ma fonction de lectrice. Ce livre a été une claque, une gifle cinglante, un cri d'alarme impuissant face à la violence, la misère sociale vécues au quotidien dans cette banlieue du 9-3.
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C'est le premier Jonquet que je lis, et franchement, je ne suis pas déçue. J'ai choisi ce roman pour son titre (impressionnant) et pour le sujet, et je suis entrée de plain-pied dans cette approche sociologique glaçante des banlieues parisiennes (bien que, comme cela a été évoqué, il s'agisse d'une banlieue fictive).

Dans ce roman s'entrecroisent les vies et les expériences de divers personnages, dont les chemins se croisent ou non, mais qui tous gravitent à un moment donné au sein de ce centre névralgique qu'est la ville de Certigny avec ses trois principales cités. Les cités, parlons-en : nul ne sera surpris que leur aspect soit une souffrance, les bâtiments sont décatis, les ordures traînent, les enfants jouent dans un terrain vague, au milieu de carcasses de voitures... On s'étonnera à peine du fait que les policiers se risquent rarement à quadriller ce territoire abandonné par la République, non pas tant parce qu'ils auraient peur, mais parce qu'ils préfèrent éviter une bavure qui enflammerait les esprits - et pourtant...

Chaque cité est représentée par son caïd, lequel a sa spécialité et ses modes d'action : Boubakar aux Sablières, avec ses gazelles, pauvres (très) jeunes filles torturées pour leur apprendre à vivre, et prostituées ; l'imam Reziane et sa garde rapprochée au Moulin, cité surnommée Médine, mais surtout les hommes de l'ombre, combattants du Djihad, en quête de fanatiques suicidaires et enfin La Brèche-aux-Loups, où s'est installé d'autorité un ex-taulard, Ceccati, un dur-à-cuire qui développe son trafic de drogues dures.

Au milieu de tout cela, des hommes et des femmes qui travaillent : policiers, magistrats, professeurs ; quelques élèves dont nous suivrons le destin immédiat, des meurtres, des nuits d'émeute et un enlèvement. Nous suivons particulièrement Anna, jeune recrue enseignante, qui navigue à vue d'heure de cours en heure de cours, ses collègues, ses élèves. L'atmosphère est parfois explosive, étouffante, mais elle essaie de s'en sortir. J'aurais aimé d'ailleurs plus de détails sur ses cours, car si les tranches de vie en classe sont réalistes, on en sait peu sur ce qu'elle arrive réellement à faire dans ses cours de français. Anna s'inquiète particulièrement pour Lakdar, élève de 3ème très doué, qui a perdu l'usage de sa main droite et voit son avenir sous de sombres auspices. Parviendra-t-il à remonter la pente ?

C'est le procureur Verdier qui nous donnera la clé du titre, emprunté à un poème de Victor Hugo - il n'est pas optimiste sur l'avenir de ces quartiers, Verdier, et nous ne pouvons que frémir en contemplant ce panorama sociologique car tout y est... en 2006 ! Il n'est que de penser aux récentes nuits d'émeutes, aux attentats de 2015, mais aussi aux nouvelles drogues comme le Fentanyl, pour comprendre où sont les racines du mal, et se demander s'il arrivera un jour où le phénomène de ghettoïsation sera du passé. Autant de raisons de s'accrocher à ce roman qui se lit vite et facilement, et de réfléchir sur la situation de la grande banlieue.
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Spéciale dédicace à Alain et sa compagne.

Pourquoi, tu me demandes ? Parce qu'ils m'ont gentiment offert ce roman après une conversation au restaurant. J'étais dans ma cuisine, et ils étaient presque ennuyés que je connaisse pas M'sieur Jonquet, alors ils sont allés me chercher ce livre dans la librairie d'à côté. le titre, tu le sais, c'est tiré d'un poème de Monsieur Hugo. Non, tu savais pas ?
Quand je dis tu savais pas avec ce petit sourire, c'est juste pour faire le malin, tu t'en doutes.
Je te mets un extrait. du poème, pas du roman.

« Étant les ignorants, ils sont les incléments ;
Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire
À vous tous, que c'était à vous de les conduire,
Qu'il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement produit leur cécité ;
D'une tutelle avare on recueille les suites,
Et le mal qu'ils vous font, c'est vous qui le leur fîtes.
Vous ne les avez pas guidés, pris par la main,
Et renseignés sur l'ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;
C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternité. »

Soyons clairs, si tu permets. Je sais que ce poème va te sembler d'actualité. Comme si M'sieur Hugo parlait au pingouin qui est en train de nous faire avaler qu'un pangolin a chié sur une chauve-souris. Ou l'inverse, je ne sais plus !
Je m'énerve pas Ghislaine, j'explique.
J'explique que ce poème, il n'a pas pris une ride, ni une virgule à changer, et ça fait chier, justement. Plus de cent ans ont passé et on en est toujours au même niveau de barbarie. Au même niveau d'arrogance de la part de nos « zélites ».
J'ai déjà croisé des auteurs plus drôles quand j'ai commencé ma collection de Oui-Oui, et notamment des zôteurs qui n'avaient pas grand-chose à dire. Ceux pour qui la rédac de quatrième est déjà d'un très bon niveau. Tu vois qui je veux dire, points de suspension.
Cette histoire, ou plutôt ce conte (parce que tu sais comme moi que les contes, à la base, c'était pas des trucs pour endormir les mômes), ce conte, donc, parle de Lakdar. le gosse qui veut s'en sortir et qui fait ce qu'il faut pour. Au risque de se faire traiter de lèche-bottes par ses collègues apprenants.
Tu savais pas ? On dit plus des élèves, on dit des zapprenants.
Ouais, moi non plus je savais pas.
Lakdar, son père, c'est Ali. Il passe une balayeuse automatique dans les couloirs de l'hôpital, et il planque des magazines pornos sous son lit.
C'est pas bien.
La mère de Lakdar n'est pas là. Elle est rentrée au pays parce qu'elle avait tendance à pas être tout à fait au top mentalement.
En revanche, Lakdar, il a des potes. Des potes qui sont prêts à lui expliquer la vie face aux ennemis de l'Islam que sont les juifs.
Voilà, tu sais tout. Pas la peine de te raconter plus, puisque Thierry Jonquet s'en charge.
Il écrivait bien M'sieur Jonquet. Je comprends pourquoi il est passé par M'sieur Manchette, Saint-Patrick de son prénom, pour commencer à écrire. Juste des constats de ce qui se passait dans les années deux-mille, des faits qu'on disait divers et qui n'étaient que les prémices de ce qui surviendrait plus tard.
Écrire en phase avec la réalité, sans jamais prendre parti pour l'un ou l'autre côté, sans jamais émettre de jugement, tu peux que dire « Bravo Monsieur, et respect. »
« C'est juste un polar », disait-il à l'époque.
Juste un polar.
Mais un polar qui te laisse entrevoir comment tout peut basculer à cause d'une chute dans un escalier et d'une fracture mal soignée. Comment l'ignorance et la paupérisation sont les chemins vers la violence et la peur de l'autre.
Ça fait presque cinquante ans qu'on tente de nous l'expliquer, que des sociologues mettent des mots savants sur des faits divers. Sur des morts et sur des bavures.
T'es déjà allé marcher, toi, dans une cité ? T'es déjà allé voir à quoi ça ressemble les montées d'escalier désertées à la nuit tombée ?
Quant à moi, j'y ai grandi, mais Bon Dieu, que ça a changé !

La suite : https://leslivresdelie.net/ils-sont-votre-epouvante-et-vous-etes-leur-crainte-thierry-jonquet/





Lien : https://leslivresdelie.net/i..
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