D'une part, la violence graphique, déjà redoutablement présente dans le premier tome, atteint ici des sommets et cadre plutôt bien avec une évolution sensible des dessins vers moins de réalisme, à la limite de la caricature : les gars costauds sont trrrrès costauds, les membres en action s'allongent et se déforment afin d'amplifier le mouvement, les têtes explosent et le sang coule à flot continu. Il faut dire que l'action se déroulant 5 ans plus tard, Luther Strode a non seulement amélioré ses capacités surhumaines, mais aussi domestiqué la moindre parcelle de son corps (même son sang peut devenir une arme entre ses mains !). Et aussi, et surtout, les adversaires qu'il rencontrera sur son chemin, et qui orienteront définitivement son destin, sont à la hauteur de ses facultés : on a donc plus de combats insensés, plus d'hémoglobine, plus de souffrances, de pièges pervers et de tortures.
Heureusement, les auteurs ont le bon goût de réorienter le récit vers l'épopée vengeresse qui s'apparente à une quête des origines, d'y insérer un peu plus de considérations d'ordre mythologique et de nous présenter une sorte de condensé du destin d'un héros, lequel, après avoir découvert ses pouvoirs dans le premier tome et affronté son premier super-adversaire, devient un champion anonyme des forces du bien avant de se voir forcé d'aller combattre, dans un futur volume, celui qui est à l'origine de ce qu'il est devenu, et qui cherche à l'abattre.
Mais ce n'est pas tout : là où le récit se distingue des histoires précitées, c'est dans l'immixtion de la petite amie. La voici de retour, et elle parvient même à nous surprendre. Loin de l'archétype "petite-amie-du-héros-et-son-principal-point-faible", elle dynamise le récit en s'adjugeant par moments le rôle du sidekick, tout en continuant à rester fidèle à ses principes.
Le dernier tiers, après deux premiers déjà intenses, est une accumulation de confrontations épiques où le dessinateur s'en donne à coeur joie et les combattants dépassent les limites qu'on pensait leur connaître. Les répliques fusent autant que les balles, le sang éclabousse chaque case et on ne s'ennuie guère dans ces luttes apocalyptiques allant crescendo dans la destruction. Après le terrible Bibliothécaire du premier tome, on a droit au Relieur qui aura besoin d'un allié de poids, un certain Jack, parangon de cruauté perverse, le type même de l'arme qu'on hésite à employer tellement elle est incontrôlable. Et, dans l'ombre, attendant son heure, celui qui est à l'origine de tout ceci : Caïn.
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