C`est un héros hors-la-loi mais comme l`avenir de l`humanité est hors-la-loi, il est très moderne. Il est de plus en plus adapté à ce monde. C`est un héros anarchiste dans le sens où il n`est pas adapté à ce système. Il est incapable de travailler. Il ne veut pas être un esclave d`une société qu`il déteste. Est-ce que je me sens proche de lui ? Oui, il fait des choses qu`on aimerait tous faire.
C`est un concours de circonstance. J`étais alors surtout connu dans le domaine de la Science-Fiction. le directeur général de Fleuve noir m`a conseillé de faire un polar à un moment où la mode était au néo-polar, aux anti-héros. Ce qui était bien mais il y avait déjà Manchette … Tant qu`à en faire un, je me suis dit qu`il serait intéressant de faire un roman sur un voleur qui gagne à la fin.
Au départ je ne devais écrire qu`un seul roman mais l`éditeur m`a dit : « Tu en a fait un, pourquoi tu n`en ferais pas trois ? ».
Dix-neuf en 5 ans, oui. J`écrivais à l`époque huit romans par an. Je n`arrêtais pas d`écrire. Et j`élevais des chiens en même temps, des dobermanns…
Le succès était en effet grandissant. On a multiplié les ventes par quatre ou cinq en cinq ans. Puis Fleuve noir a été vendu et le nouveau directeur littéraire est venu me voir pour me demander si je comptais écrire un deuxième roman… J`en avais écrit dix-neuf. Je me suis que je n`allais peut-être plus en écrire du tout, en fait…
Oui, on en parle. Si je ne l`a pas tué dans le carnage final c`est que je me suis laissé une porte de sortie. Cela m`intéresserait en tout cas.
Oui, c`était d`ailleurs un challenge assez important pour Vincent Cassel lors de l`adaptation du livre au cinéma. Vincent Cassel devait avoir une sorte de charisme en creux pour que ce mec-là, qui est un taiseux, commande une bande de fous furieux. Il fallait rendre cela complètement crédible.
Dans le premier Doberman, notre héros fait face à des petits flics de province. C`était un peu juste ! Il fallait quelqu`un avec un peu plus d`envergure.
Son arrivée me permettait d`explorer quelque chose d`assez nouveau, je crois, d`inverser les perspectives. le héros est très sombre et le méchant est un flic. Mais c`est un méchant à la hauteur de Doberman, qui interpelle le lecteur. Tchéky Karyo qui l`a incarné au cinéma est venu me voir et m`a demandé de lui raconter son enfance, de lui dire ce qui lui est arrivé. Il arrive en effet dans l`histoire sans passé.
J`ai grandi à Saint-Denis. Je traversais Pigalle pour aller au lycée. J`allais donc rarement au lycée !
J`ai mis un point d`honneur à ne faire évoluer mes personnages que dans des lieux que je connais. J`ai traversé, visité ou vécu dans tous les lieux évoqués dans les Dobermanns.
C`est un peu ce qui s`est passé. Avec Jan c`était très bien parce qu`on a vraiment travaillé en osmose. Alors oui, de nombreuses choses n`étaient pas prévues à l`origine, d`autres ont été modifiées, coupées, etc. mais à un moment il faut lâcher le bébé.
A une certaine époque j`allais voir deux films par jour au cinéma. Je voyais tout ce qui sortait. J`en regarde toujours deux par jour mais chez moi, désormais. J`étais un grand amateur de science-fiction jusqu`au moment où ils n`ont plus proposé que des films de SF pour enfants. Je ne suis plus du tout le public visé. De manière générale, les films d`aujourd`hui sont faits pour des enfants. Le talent et l`audace sont aujourd`hui à la télévision. C`est là qu`on trouve les bons auteurs. Dommage que ce ne soit pas encore le cas aujourd`hui en France…
C`était mes premiers pas dans le scénario. Je regardais ça un peu comme un enfant. J`ai écrit un épisode de Navarro qui a posé de nombreux problèmes à la chaîne, un épisode intitulé « Comme des frères » dans lequel le commissariat est pris en otage. A un moment, Navarro change une arme de main, car c`est un gamin qui a tiré et blessé un policier. Navarro prend le pistolet des mains du petit pour le mettre dans les mains du vrai méchant, qui lui est mort. Il modifie la loi pour la rendre meilleure.
Ce scénario est passé après de nombreux conflits internes et il a tout changé pour la suite. Cela a changé le comportement de Navarro dans les épisodes suivants.
C`est une gymnastique un peu délicate. Une fois qu`on s`est mis au rythme des scénarios, c`est très dur de revenir au rythme du roman. C`est comme de demander à un sprinteur de faire un marathon. le rythme revient mais cela prend toujours un peu de temps. de même, il y a toute une équipe qui a son mot à dire sur les scénarios, il y a beaucoup d`aller-retour. Alors que pour l`écriture d`un roman, on est seul.
Je travaille par envies. A l`époque j`écrivais beaucoup et à chaque fois que je changeais de genre, c`était une bouffée d`oxygène.
Des américains ont en effet acheté les droits pour faire un deuxième film. J`ai écrit le scénario.
Christini revient après une longue période de coma.
Plus ça avance, plus les personnages « borderline » deviennent extrêmes…
Il y en a plusieurs. J`ai été élevé par mes grands-parents. Ils avaient une pièce secrète -que ma grand-mère aurait bien aimé voir brûler- qui était la bibliothèque de mon grand-père qui collectionnait toutes les séries noires, tous les romans de guerre. J`y passais la moitié de la nuit.
Je dirais tout de même que les romans de Jacques Spitz m`ont beaucoup impressionné. J`aime ce fantastique-là.
La machine à écrire. Ma première machine écrire en plastique m`a permis de continuer les histoires que je lisais.
« Les racines du mal » de Maurice G. Dantec. Dantec avait raison : on assiste à une vraie accélération du mal. J`ai acheté les droits de ce livre et ai travaillé sur son adaptation... J`ai passé trois ans de ma vie sur ce livre pour finir au tribunal.
Il y a beaucoup de livres d`amis que je n`ai pas encore eu le temps de lire.
Je lis ou j`entends souvent des répliques que j`aurais aimé utiliser dans mes livres. Il y en a une belle par exemple, je crois que c`est dans le film Cliffhanger : « Toi aussi tu veux me buter ? Alors prends ton ticket et fait la queue comme tout le monde ! ».
Je lis des livres qui ne sont pas encore publiés mais qui devraient prochainement l`être chez les éditions Ring.
Obertone, Joël Houssin, Boris Dokmak, Marc Besse et Noir Désir...
Le Joueur ... ?