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3,69

sur 969 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je remercie NetGalley et les éditions Notabilia pour l'envoi de ce roman. Gaëlle Josse est une auteure que j'apprécie particulièrement pour son style poétique et son habileté à décrire l'intériorité, les pensées intimes de ses personnages. Et ici, elle réussit avec talent à nous décrire les affres de Clara qui plonge du jour au lendemain dans la dépression. Un simple regard désapprobateur de sa supérieure et c'est le burn out… impossible de retourner travailler dans cette société de crédit, elle pleure à journées entières, ne sait plus ce qui compte pour elle. Il lui faudra du temps, de la solitude et le coup de fil d'une amie pour lui laisser entrevoir un peu d'espoir. Un roman touchant, plein de sensibilité qui m'a séduite comme l'avaient fait « le dernier gardien d'Ellis Island » ou « Une longue impatience ».
#cematinlà #NetGalleyFrance
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Sommes-nous tous des châteaux de cartes qui au cours d'une vie vacilleront voire s'effondreront ?
« Un instant blanc, un instant vide. »
Clara, jeune femme trentenaire, elle donne tout, tout le temps, dans sa vie familiale, dans sa vie de couple et dans sa vie professionnelle. Elle est comme cela, faite de ce bois-là.
Sans bruit, avec le sourire, elle oeuvre, elle s'oublie, ne voit pas les signaux lui disant stop.
Ce matin-là, c'est le pas de trop. S'ensuit l'arrêt maladie, où les jours s'écoulent sans début, sans fin. Cela n'apporte pas de solution à son état mais elle peut se cacher, mettre ses mains devant son visage pour ne plus recevoir les coups, ceux qui ne sont pas faits avec les poings. Les poings se sont les mails qui ponctuent des relations qui n'en sont pas, les ordres et les contre-ordres qui bouffent le quotidien, le bruit, l'agitation, les faux-semblants, cette danse moderne qui n'en finit pas de brasser du vent et de broyer des humains.
Il y a la mécanique qui se met en route avec un premier coup de tonnerre qui s'appelle Médecine du Travail.
« Rendez-vous comme une sommation d'usage avant les tirs. »
Comme une bête blessée.
A terre Clara est à terre, ce ne sont pas les autres qui s'éloignent même si son état fait peur à l'entourage, c'est elle qui met de la distance. Elle s'efface comme si elle n'était que des « maux » écrits à la craie sur une ardoise.
« Salariée à terre et amoureuse délaissée, son monde a éclaté, c'est un univers vide qui lui tient lieu de vie. »
Il faut « parler » à des personnes compétentes à « aider » mais il y a cette distance et la fuite.
Tout est agression, tout est insurmontable, manger, boire, dormir, bouger…
Le sommeil la fuit ou la terrasse, elle est en décalage permanent.
Sortir, voir sans voir, rentrer, essayer de se connecter au quotidien, accomplir des gestes de ceux qui se font sans y penser, mais le corps ne répond plus.
« Tu n'es plus bonne à rien. »
Comme une décharge électrique !
Un livre, une journée en bord de mer…
Une parenthèse, enfin !
L'armure se fendille.
Le monde extérieur pénètre à nouveau sa chair. A la fois familier et pourtant si différent.
Son amie lui dit : tu te souviens ? et surtout « tu es libre, vole. »
« Ne pas laisser échapper cette trouée de lumière entrevue… »
Et transformer l'essai, alors que les souvenirs lointains affleurent cette mémoire quelque peu enfouie.
Le lecteur retrouve toute l'humanité qui fait l'écriture particulière de Gaëlle Josse, ce regard qui se transforme en mots. Au début les verbes s'enchaînent, ils sont forts dans ces phrases courtes qui balayent, fauchent jusqu'au KO.
Puis l'écriture devient charnue, les verbes ont mis des écharpes colorées, des écharpes de soie qui gardent la chaleur, celle de la vie.
Ce sont cinq tableaux qui nous sont offerts, ils coulent, prennent chair, vibrent.
L'écriture de l'auteur est aussi une musique, dans tous ses livres, il y a cette musicalité qui épouse le propos, ici elle est illustrée par la justesse de cette citation de Jim Harrison
« On dit que la vie est comme la danse des rivières, parce que rien dans l'univers ne va à contresens. On ne peut jamais aller contre la pente. On est piégé, forcé d'aller de l'avant. »
Cette histoire est une réalité, plombante et qui vient nous dire des choses sur nous dans une période où une grande confusion règne.
Mais elle nous dit aussi l'espoir car en chacun de nous il y a des ressources, des trésors qui émergent.
Ce livre est bien « une main posée sur l'épaule ».
Un monde à réinventer avant qu'il ne soit trop tard.
©Chantal Lafon
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Ignorant tout de cette auteure, j'ai englouti ce roman comme j'aurais decouvert les confidences d'une collègue, comme le miroir de nos vies actuelles tiraillees et écartelées. il fallait oser parler de ce sujet, de manière si détaillée, si brute, si vraie. tout le monde se retrouve à degrés distincts dans cette tranche de vie contée par Clara.
Un ode à la résilience, à la vie, à nos propres forces méconnues.
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C'est toujours avec un certain empressement que je surveille la parution du ″prochain Gaëlle Josse″ Je sais que je ne serai pas déçue. J'ai lu presque tous ses livres. Celui-ci ne fait pas exception ; douceur, poésie, universalité, fausse simplicité sont au rendez-vous !

Clara est une jeune femme pleinement investie dans son travail. Sauf qu'un matin pas comme les autres, rien ne va ; à la faveur d'une banale panne de voiture, Clara s'écroule. Elle n'ira pas travailler.
C'est ce que l'on appelle pudiquement le burn-out ; l'épuisement professionnel. Sur le moment, on ne sait pas, on ne sait plus, on ne comprend pas ; On ne peut plus ! La tête et le corps ne veulent et ne peuvent plus !

Gaëlle Josse dresse le portrait d'une jeune femme de son temps prise par le tourbillon des exigences personnelles, professionnelles et sociétales ; une jeune femme, qui très tôt a renoncé à ses rêves suite à un gros imprévu familial, s'est engagé vers une autre voie qui jusqu'à ce matin-là ne lui avait pas si mal réussi.

Clara s'enfonce dans une profonde dépression ; elle perd ses repères, ses amis, son travail, son amoureux. Clara entame un long chemin, de reconstruction, de remise en cause. Elle prendra le temps qu'il lui faudra, mais, désormais elle veut être en accord avec elle-même, veut de l'authenticité.

Qui n'a pas un jour été à la place de Clara ? Son destin est celui de nous toutes ; que nous ayons un jour fait l'expérience du burn-out, ou pas ; parce personne n'est à l'abri de ce matin pas comme les autres, où tout s'écroule…

J'ai beaucoup aimé ce nouvel opus de Gaëlle Josse ; j'ai trouvé le ton parfaitement juste. Elle décrit avec une grande acuité, délicatesse, poésie les fragilités de Clara qui nous rappelle également les nôtres.
Elle fait d'une simple histoire, une histoire universelle, qui ne peut que nous toucher au coeur !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Bravo, Gaëlle Josse.
La dépression liée à l'épuisement professionnelle est décrite sobrement et humainement.
En un parcours de peu de pages, elle parvient à décrire un parcours de ce chaos de l'existence qui en frappe beaucoup à l'heure actuelle.
Une pression subie, une solitude, des liens qui se tissent à nouveau peu à peu et des étincelles de vie qui apparaissent peu à peu.
J'ai beaucoup aimé ce récit.
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Un roman que j'ai trouvé trop court, mais c'est toujours le cas avec les romans qu'on aime : on ne veut pas sortir de cet univers où l'on se retrouve.
De Gaëlle Josse, j'ai beaucoup aimé "une femme à contre-jour", "une longue impatience", "l'ombre de nos nuits" et "les heures silencieuses".
On retrouve ici la fabuleuse capacité de l'auteur à se plonger à l'intérieur d'une vie et à la faire sienne, à décortiquer les processus qui se mettent en ordre de marche dans notre psychée.
La vie contée ici, c'est celle de Clara, la vaillante, la sérieuse, celle qui tient debout, qui a fait face à l'AVC de son père, en 2006 qui a mis de côté ses rêves de professeur de littérature pour travailler dans le milieu bancaire. Elle a un amoureux, Thomas et tout va bien ou presque.
Car Clara a accepté une promotion, une promotion qui la dévore, une promotion qui la détruit et un jour, un matin de 2018, elle décroche ... Burn out : brûlée, Clara ne comprend pas ce qui lui arrive. Thomas non plus, ses collègues non plus (ou ne veulent pas le voir) ... Clara disparait, s'efface, en arrêt de travail : elle ne veut pas parler, ne veut pas prendre de médicaments, c'est l'arrêt sur image. Elle est seule : ses parents ne comprennent pas, son frère, Christopher, est un inconnu depuis un accident de voiture vécu par tous les deux
Elle va avoir la chance : grâce à une amie d'enfance, Cécile, Clara va trouver un abri à la campagne (Cécile est infirmière et son mari Bertrand agriculteur) et la magie qui existait avec cette amie, va leur permettre à toutes les deux, de continuer à avancer malgré tout, cette épaule amicale, toujours là, en arrière plan, cette foi en vous qui vous porte, Clara et Cécile la retrouve, intacte, préservée.
J'ai été très troublée de lire dans les mots de Gaëlle Josse, ce que je ressentais, ce que j'ai déjà ressenti, ce que je connais trop bien. L'auteur met des mots, arrive à traduire cet effondrement terrible pour celui qui le vit. Surtout qu'au lieu de vous accompagner, la société en général, s'empresse de vous tendre des miroirs de femmes qui elles, combattent, ne s'avouent pas vaincues, surmontent les obstacles comme pour finir le travail d'abattage d'un individu qui ne va pas bien. Je me demande régulièrement si il n'est pas somme toute assez normal, assez compréhensible d'aller mal dans une société qui dysfonctionne et de plus en plus souvent, la réponse est "oui". J'apporterais juste un seul bémol, très respectueux, à propos de l'histoire : redémarrer après un burn out prend beaucoup de temps et dans le roman, il semble que Clara se remet "vite". L'accompagnement psychiatrique bienveillant me semble aussi nécessaire, comme les béquilles chimiques, qui permettent simplement un temps de pouvoir recommencer à marcher et d'avoir un matelas autour de soi pour amortir les chocs. "Ce matin là" est un très beau roman, sensible et on espère que Clara trouvera son équilibre dans le nouveau chemin qu'elle prend à la fin du texte.
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Ce matin-là, c'est le récit d'un effondrement. La déflagration. La chute. Bruyamment silencieuse. Puis le vide. Profond. Abyssale.
Qui prend toute la place. Qui prend toutes les couleurs.
Gaelle Josse décrit avec finesse et poésie ce voile qui se pose sur la vie. Qui en enlève toute la saveur. Qui en fait perdre le sens. Qui fait tomber toutes les barrieres. Qui fait des bleus à l'âme. Qui rend tout plus sombre.
Mais qui produit aussi des étincelles. Des étincelles de clarté.
Parce que c'est ça la vie. C'est tomber et se relever. Accepter ce qui nous traverse et se reconnecter à l'essentiel.
Aux couleurs des fleurs, aux nuances du ciel.
A cette brise sur le visage, à cette pluie qui transit.
A cet élan de vie enfouie au plus profond de nous même.
Qui hurle.
Et ça en est beau à en chialer.

Entre mélancolie et contemplation, je me suis prise une sacrée claque.
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L'écriture de Gaëlle Josse m'a ému dans un petit opus sur Schubert " un été à quatre mains". J'avais aimé "Une longue impatience."

Ce Matin-là raconte l'histoire du burn-out de Clara qui à la suite de l'AVC de son père avait abandonné son rêve d'aller enseigner à l'étranger, pour veiller sur ses parents. La jeune femme se tourne vers un emploi dans une agence de crédit et heureuse, elle a une promotion… 12 ans ont passés… elle tire sur la corde, elle travaille sur son temps de repos, de vacances.., subit la pression, dit que tout va bien… Et un matin, elle s'écroule… La descente en enfer, le sombre, le trou noir, la peur au ventre…
J'ai aimé les retours sur son passé, ses relations avec ses parents tellement bien décrites, avec son frère, son amie..

Des phrases brèves, parfois sans verbe, des chapitres courts. L'écriture est belle, raffinée, plaisante comme toujours chez Gaëlle Josse.

Peu d'action naturellement, car l'auteure nous axe vers l'intériorité.
Gaëlle Josse choisit la manière douce, la remise en piste et en vie se fait assez vite et c'est heureux.
J'ai eu de l'empathie pour elle et suis heureuse du dénouement.
Un roman délicat « comme une main posée sur une épaule »
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
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Ce matin là c'est ce matin où, sa voiture refusant de démarrer, Clara s'effondre. D'un coup son quotidien déraille et tout lui devient insurmontable. Employée efficace d'une société de crédit, récemment promue, elle a du mal à assumer les injonctions sans cesse croissantes de son irascible supérieure et cet incident anodin est le grain de sable qui vient gripper son quotidien. Impossible pour elle de reprendre son emploi, soudain vide de sens, impossible d'envisager le moindre contact, le moindre mouvement. Peu à peu tout s'effondre et on la suit dans sa longue dégringolade, dans son lent repli sur soi, dans son inexorable isolement.
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Burn out, déprime, dépression. Les mots sont nombreux pour décrire cet état dans lequel le mal-être au travail peut pousser n'importe qui, même les plus robustes, les plus solides. Mais c'est la première fois que je lis des mots aussi forts et aussi justes sur le ressenti de ceux qui le vivent de l'intérieur. C'est un récit d'une rare intensité, un récit profondément incarné que nous livre @gaellejosse2 dans ce court roman. Avec une infinie délicatesse, on vit avec Clara les différentes étapes de ce traumatisme: le choc, la sidération, l'incompréhension de l'entourage, le repli, la perte de toute envie, de tout entrain, le déni, les tentatives avortées de recours aux antidépresseurs ou aux psys, ... jusqu'à la lueur d'espoir au bout de ce long chemin.
Je l'ai lu presque d'une traite, en empathie totale avec Clara, son histoire faisant parfois écho à la mienne, ravivant des souvenirs douloureux.
Alors merci @gaellejosse2, merci de mettre des mots sur les maux de façon si juste et de mettre en lumière ce fléau de notre époque . Merci enfin d'être aussi douce avec votre héroïne, de la rendre si lumineuse, elle qui n'aspire qu'à s'effacer et à se fondre dans le silence.
Un livre à lire pour ne pas juger, un livre nécessaire.
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Clara est une trentenaire accomplie, une jeune femme active des temps modernes. Un matin, "ce matin-là", c'est la rupture, le précipice, le néant: la jeune femme est incapable d'aller travailler dans la société de crédit qui l'emploie. S'installe alors un long défilé de journées semblables, insipides et ternes. La jeune femme voit s' éloigner ses collègues, ses amis, son ami... Les traitements prescrits par son médecin après le diagnostic du "burn-out" n'y feront rien. Chaque jour qui passe semble une épreuve pour Clara. Les souvenirs de la vie d'avant, d'avant ce matin-là, lui reviennent: son enfance, ses études, son frère, ... mais ne l'empêchent pas de sombrer désespérément. Heureusement, son amie de jeunesse lui pose une main sur l'épaule et une nouvelle aube va pouvoir se lever pour Clara.
J'ai beaucoup aimé ce roman. le thème abordé, le burn-out, la dépression, est un thème actuel presque banalisé. Dans le roman, Gaëlle Josse , grâce à son écriture, réussit à aborder le sujet de façon presque poétique. le questionnement de Clara est parfois aussi le nôtre...
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