Les secrets de Greystone Manor, tome 1 : Les amants ennemis

Bon, rétablissons déjà les faits ! L'inconnu ne débarque pas au milieu de la nuit et ne lui demande pas son aide. En effet, celui-ci est amené au manoir par Lucas, le grand-frère de Julianne, en pleine journée, et le jeune homme n'est pas vraiment capable de lui demander son aide puisqu'il est inconscient et aux portes du trépas.

Julianne, notre héroïne se retrouve ainsi à jouer les infirmières pour ce bel inconnu, qui fait battre son coeur à cent à l'heure, et qui semble, par ses crises de délire, être un officier de l'armée française soutenant sa chère Révolution.

Mais Julianne est une radicale, une Jacobine, elle embrasse de tout son être les préceptes français. Pour elle, il serait bien que l'Angleterre suive peu à peu le mouvement par des réformes pour l'évolution sociale. Elle n'est pas pour un soulèvement, pour la violence et la spoliation pure et dure, mais elle possède un avis bien à elle, et bien tranché sur la question.

Son inconnu, Charles Maurice, est en réalité un espion anglais tout ce qu'il y a de plus aristocrate. Dominic Paget, sa réelle identité, comprend très rapidement à qui il a affaire lorsqu'il se réveille dans un lieu inconnu : une ennemie. Et de ce fait, il faut qu'il puisse avoir plus d'informations et pour cela, une solution, la séduction de sa belle infirmière.

Sa beauté, sa douceur, sa naïveté font chavirer son coeur... La séduction s'avère facile car la demoiselle est fascinée, amoureuse. Lui sait qu'il va devoir partir, il ne peut pas rester trop longtemps à se remettre. La guerre fait rage en France et l'armée anglaise doit faire en sorte que celle-ci n'atteigne pas ses côtes.

En fait, d'un point de vue historique et documentation, ce roman est intéressant. On observe les positions de la jacobine d'un côté, et du tory royaliste de l'autre. Leurs divergences politiques les séparent mais leur amour, cette obsession l'un pour l'autre, est le plus fort.

Le problème étant qu'on ne ressent pas vraiment cette passion, elle est décrite, écrite, mais les émotions ne dépassent pas les mots. Julianne est présentée comme étant une femme intelligente qui sait utiliser son cerveau, mais sur bien des points on nous prouve le contraire.

Pour ce qui est de Dominic, il passe de manipulateur à un homme fou de sa belle, ce qui pourrait être plausible, mais on ne croit pas vraiment à sa passion.

L'intrigue, quant à elle, tourne un peu en rond, des choix sont faits et pas approuvés. Mais on peut tout de même parfois être transporté. C'est assez inégal, mais les retrouvailles ont toujours un petit truc qui rend nos héros attachants. D'autres personnages sont tout autant intéressants, ce qu'ils ont vécu, les changements durs de la guerre, les divergences dans les opinions politiques, ainsi que les répressions de la liberté.

Ce roman est inégal, il est bien écrit, mais manque d'un souffle qui le rendrait intéressant. Ce qui est assez dommage car il avait plus de potentiel.
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Lorsque Dominic Paget, comte de Bedford, membre de la très haute et très puissante aristocratie anglaise, croise la route de Julianne Greystone, fille d'un hobereau de province, aux convictions jacobines affirmées, en 1793, il y a peu de place pour le badinage, la légèreté, l'humour ou le batifolage. Tout dans ce roman se lit à travers les répercussions d'un contexte historique lourd, âpre, et sanguinaire. Pas de concession romantique, les héros ne se font pas de cadeau, se jouent d'eux-mêmes, se trahissent, se heurtent, ancrés dans leurs déterminismes politiques et sociaux. J'ai d'ailleurs pensé, lors de ma lecture, au roman d'Anne Stuart, dont une partie du très sombre et haletant roman, Séducteur sans scrupule, se déroule à la même époque.
Comme l'écrit Brenda Joyce, c'est l'histoire de "deux amants séparés par la politique et la guerre. Lui, un prince, elle, une terne fille de la campagne..".
Le roman se lit sans ennui, en tension, mais plus une tension romanesque qu'une tension romantique. Si ces deux amants-là partagent, au-delà des impératifs de leurs convictions et de leurs engagements, une flamme peu commune, leur histoire d'amour a manqué, selon moi, un peu d'envergure, de démesure ou de folie, étouffée qu'elle est sous le boisseau de l'histoire.
Les scènes d'amour sont d'ailleurs à peine esquissées - à tel point que je me suis demandée s'il n'y a pas eu des coupures à la traduction -, et le dénouement, très rapide, m'a carrément laissée sur ma faim - après un nombre aussi important de rebondissements et de retournements de situation, il m'a en effet paru bien plat et un rien convenu.
Toutefois, il n'occupe que quelques pages et le roman dans son ensemble garde tout son intérêt, ne serait-ce que pour ses qualités d'écriture et l'interprétation romanesque du contexte, l'avènement de la Terreur en France - ainsi que sur ses répercussions en Angleterre...
J'aime beaucoup les romans qui se passent à cette époque, ils sont assez rares pour être remarqués. Donc si c'est aussi votre cas, ne boudez pas votre plaisir !
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