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EAN : SIE199134_627
Gallimard (30/11/-1)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Stanislaus Joyce, le frère de James Joyce, de trois ans son cadet, a été jusqu'à l'âge de trente ans son compagnon inséparable. Grâce au journal qu'il a tenu toute sa vie, grâce aussi à sa mémoire extraordinaire, Stanislaus a pu, quelques années après la mort de James, en 1941, écrire ce livre de souvenirs d'enfance et de jeunesse qui couvre la période 1882-1905. Il raconte de nombreuses anecdotes sur leur famille, leur vie d'écolier et d'étudiant. Les deux frères a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour conclure, provisoirement, ces différentes lectures au sujet de la famille de James Joyce, il reste à aller voir les parents. Pour le fils, l'écrivain, il y a la très complète bibliographie de Richard Ellmann « Joyce » (1987, Tel #118 et 119, Gallimard, 518 et 574 p.) ou le « James Joyce » de Edna O'Brien traduit par Geneviève Bigant-Boddaert (2002, Fides, Autrement, 241 p.).
Pour la jeunesse de James Augustine Joyce, on se fiera à « Stephen le Héros » (1948, Gallimard, 240 p) qui deviendra plus tard « Portrait d'un artiste en Jeune Homme ». On lira aussi le livre de Stanislaus, le frère « My Brother's Keeper. The early Years » (1958, Faber & Faber, 272 p.)
Sur le couple, on peut se reporter au « James & Nora, Portrait de Joyce en couple » de Edna O'Brien, traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat (2021, Sabine Wespieser Editeur, 92 p.) ou à « Nora - La Vérité sur les Rapports de Nora et James Joyce » de Brenda Maddox, traduit par Marianne Véron (1990, Albin-Michel, 564 p.).
Pour la fille, Lucia, toujours le livre de Brenda Maddox, mais aussi, à part le très contreversé et romancé livre de Annabel Abbs « La Fille de Joyce » traduit par Anne-Carole Grillot (2021, Editions Hervé Chopin, 416 p.), l'ouvrage de Carol Loeb Shloss « Lucia Joyce, To Dance in the Wake » (2003, Bloomsbury, 561 p.).
Il restait donc les ascendants. Pour le père, John Stanislaus Joyce, il existe un petit livre de John W. Jackson et P. Costello « John Stanislaus Joyce: The Voluminous Life and Genius of James Joyce's Father » (1998, St Martin's Press, 493 p.).
Donc John Stanislaus Joyce (1849-1931) est le père de James Joyce, l'ainé, et premier des 10 survivants d'une fratrie qui s'étale sur 11 années, avec la mère Mary « May » Jane Murray (1859-1903). Il est dit que le père John a souffert d'avoir été fils unique, d'où son désir de rattraper la chose par son déploiement de virilité. James et ses frères l'appellent affectueusement Pappie. Il descend d'une famille Joyce avec un James Augustine Joyce, marié à une Ellen O'Connell. La plupart de ces ascendants avaient leurs portraits à l'huile qui garnissaient en 1939 les murs de leur appartement au 34 rue des Vignes à Paris, avant de déménager à l'Hotel Lutétia, puis à Zurich, laissant derrière eux cette galerie de famille. Il y a cependant des doutes sur l'authenticité de ces portraits et du peintre en cause, John Comerford, un peintre de Cork.
Tous ces ancêtres sont originaires du Joyce Country dans l'ouest de l'Irlande. le nom même de Joyce dérivant du breton Iodoc, un diminutif de Iudh, qui signifie « lord ». Une origine différente vient de Joyce Country (Dúiche Sheoighe), une région à cheval sur les comtés de Galway et Mayo, toujours dans l'ouest de l‘Irlande. Dans cette région, les premiers colons, du nom de « Seoige » en celte, s'établissent dans ce qui formera plus tard le « Connacht Gaeltacht ». La colonie s'établit sur la Joyce River, dans la Maum Valley à l'ouest du Lough Mask. La Joyce River se jette ensuite dans le Lough Corrib sur les rives duquel se trouve la Cong Abbey, lieu de sépulture du dernier « High King of Ireland », soit Roderick O'Connor (Ruaidhri Ua Conchubair), dont on retrouve trace dans Finnegans Wake. Ce dernier roi est mort en 1198, après avoir succédé à son père Turloch O'Connor. Tous deux ont combattu l'invasion des anglo-normands lors de la conquête de l'Irlande (cf FW 11).
A côté de ce Joyce Country se trouve le Ashford Castle, siège de la famille Guinness, qui tire ses titres d'une petite ile nommée Ardilaun. John Stanislaus Joyce a toujours prétendu que le premier Lord Ardilaun, soit Sir Arthur Edward Guiness, a tout d'abord été battu aux élections par les Joyce. On retrouve cette opposition, marquée par de l'ironie « Chateaubouteille de Guiness » (chateaubottled Guiness), (toujours dans FW ch 11)
Pour la petite histoire, les Joyce se marient ensuite avec les O'Flaherty, devenant alors plus irlandais que les irlandais eux-mêmes. le plus renommé est un certain Thomas Joyce, marié à une Nora O'Brien. le frère de cette dernière, Roland a été le confesseur de Edward II, le roi anglais, homosexuel notoire le plus connu (1284-1327). A ne pas confondre avec Edward III the Confessor (1002-1066) seul roi anglais à avoir été canonisé.
Pour en revenir aux grands-parents de James Joyce, donc à James Augustine Joyce, marié à une Ellen O'Connell, la fortune ou le rang social provient surtout du côté des O'Connell. le 4 juillet 1849, Ellen accouche d'un garçon John Stanislaus et empoche 10 guinées, une belle somme, pariée par un ami pour qui aurait le premier fils. Ce sera un enfant unique, et seulement le troisième fils dans la succession.
On peut se demander si cet enfant ne fonde pas une suite sur un socle de sentiment sexuel, ou plutôt de son absence. En effet, par la suite, John Stanislaus se révélera avoir une fécondité pour laquelle les Joyce étaient réputés, alors que le O'Connell, dont Daniel, le plus proche parent, l'étaient en négatif. John Stanislaus se vantait de ne pouvoir jeter une pierre sur un mur d'usine à Cork ou à Kerry sans frapper un batard du Libérateur (ainsi se désignait il).
Pour sa vie publique, John Stanislaus se rapproche du politicien nationaliste Charles Stewart Parnell, bien que la liaison adultérine de ce dernier avec Kitty O'Shea lui ait fait grand tort. A la mort de Parnell en 1891, Joyce se retire de la politique et mourra en 1931 à l'âge respectable de 82 ans. Sa femme meurt bien avant en 1903.
Pour ce qui est des années parisiennes de la famille Joyce, James prenait soin de se montrer en famille, se faisant peindre avec son fils Giorgio et son petit-fils Stephen, avec le grand père, montrant ainsi quatre générations successives. La mort de John Stanislaus coïncide à quelques mois près avec la naissance du petit-fils Stephen, pour lequel James Joyce écrira le poème « Ecce Puer ». « Un enfant dort / Un viel homme est mort / Oh père abandonné / Pardonne à ton fils ! ».
La rupture avec le père se fait cependant en 1904, lorsque James et Nora partent, pour Zurich, puis finalement Trieste et Pola. Leurs études respectives, inachevées devaient en faire des médecins la vocation du père se dilue tout d‘abord dans le chant, ténor apprécié. Son fils Stanislaus l'admirait. Après son engagement auprès du parti de Parnell, il a une charge, une véritable sinécure qui lui rapporte 500 £ par an. Mais il est accusé d'indélicatesses pour avoir quelque peu confondu les cotisations et sa poche. Il se met alors à boire. Ces scènes sont racontées dans le livre de Stanislaus « My Brother's Keeper » et fournissent un éclairage spécifique sur la famille. « Mon père était encore au début de la quarantaine, un homme qui avait fait des études universitaires et n'avait jamais connu un seul jour de maladie. Mais même s'il avait une famille nombreuse de jeunes enfants, il n'avait aucun sens des responsabilités envers eux ». Tout est dit ou presque en deux phrases. Insouciance du père. Insouciance, plus tard, du fils. Et la situation ne s'arrange pas à partir de 1903. « Quand Pappie est sobre et relativement à l'aise, il est facile avec des échanges agréables bien qu'il soit enclin à soupirer et à se plaindre et à ne rien faire. Sa conversation est évocatrice et humoristique, ridiculisant sans méchanceté et acceptant la paix comme un élément de confort. » En avril 1904, il écrit : « Quand il y a de l'argent dans cette maison, il est impossible de faire quoi que ce soit à cause de l'ivresse et des querelles de Pappie. Quand il n'y a pas d'argent, il est impossible de faire quoi que ce soit à cause de la faim, du froid et du manque de lumière ». C'est dit sous une autre forme, mais montre bien la dépendance de la famille aux humeurs et boissons des parents. Les scènes sont parfois à la limite du sordide. On comprend que James ait eu envie de quitter l'Irlande. Ainsi en 1904, « Pappie est ivre depuis trois jours. Il a crié car il se faisait botter le cul par Jim. Toujours un seul mot. « O Oui! Frappez-le, nom de Dieu ! Lui casser le cul d'un coup de pied, lui casser le cul ensanglanté de trois coups de pied. O Oui! Juste trois coups de pied ! » Et ainsi de suite à travers une obscénité torturante. J'en ai marre, j'en ai marre ». Décidément, les scènes ayant pour dialogue un « Oui » sonore ne sont pas que l'apanage de Molly, ou ne sont pas totalement sorties de l'imagination de James. le 6 août, il nota qu'« il n'y a pas de dîner dans la maison ». le journal de Stanislaus se termine à ces dates, remplacé par un journal tenu par Charlie, le plus jeune frère. Mais les scènes deviennent de plus en plus insupportables.
Total, après le départ de James avec Nora pour l'Italie, Stanislaus s'embarque pour Trieste pour rejoindre son frère, et Charlie part à Boston.
Après la mort de sa plus jeune fille, Mabel, à l'âge de 18 ans en 1911, John Stanislaus « ne pouvait plus supporter de vivre avec ses filles et leurs reproches, dits et non-dits. Ses relations avec eux tous étaient maintenant devenues activement hostiles dans les deux sens. » de 1920 jusqu'à sa mort en 1931, il vécut seul dans une pension de famille, où il semble qu'il entretenait des relations cordiales avec la propriétaire. Ces dernières années de sa vie, il ne revoie pas ses fils, ceux-ci n'ayant aucune raison de retourner en Irlande. Tout ce qui restait dans la chambre du vieil homme à sa mort, a rapporté le mari de la propriétaire, était « un vieux costume, un manteau, un chapeau, des bottes et un bâton » et une copie de la pièce de James Joyce « Exilés ».
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Quand Pappie est sobre et relativement à l'aise, il est facile avec des échanges agréables bien qu'il soit enclin à soupirer et à se plaindre et à ne rien faire. Sa conversation est évocatrice et humoristique, ridiculisant sans méchanceté et acceptant la paix comme un élément de confort.
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